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« L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

LEFASO.NET | Par Maxime Jean-Eudes Bambara (Stagiaire)
mercredi 2 août 2017.

 

Dans le cadre du lancement du rapport 2016 de la Banque mondiale sur l’évaluation des politiques et institutions (EPI), l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, Albert G. Zeufack, nous a accordé une interview, le 25 juillet 2017. Sans détours, il a répondu aux questions relatives à la situation économique du Burkina Faso et des Etats africains de façon générale. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il soutient que les institutions internationales n’ont jamais développé un pays, encore moins l’aide. « Par contre, ces institutions ont aidé les pays qui voulaient se développer à le faire », précise-t-il. Nos confrères de L’Economiste du Faso et de Jeune Afrique y étaient également.

Quelles sont les missions d’un économiste en chef de la Banque mondiale ?

A.Z. : Le titre d’économiste en chef est assez spécial à la Banque mondiale. Nous avons près de 12000 staffs à travers le monde. Mais dans tout le groupe de la Banque mondiale, il y a moins de quinze personnes qui ont le titre d’économiste en chef. Il y en a un par région géographique et la banque a six régions géographiques. Il y en a aussi un par grand secteur d’activités : il y a un économiste en chef pour le développement soutenable, un économiste en chef pour le capital humain, un économiste en chef pour les institutions et la gouvernance. Ce sont les grandes thématiques. Ensuite, chaque institution du groupe de la Banque mondiale a un économiste en chef. La société financière internationale a son économiste en chef. Nous sommes tous coiffés par un économiste en chef pour toute la Banque mondiale.

Je suis un économiste en chef régional et mon travail consiste à faire deux choses. La première, c’est de produire des travaux analytiques de qualité, c’est-à-dire des études qui permettent d’en tirer des recommandations qui sont pertinentes pour la politique économique des pays de la région afin d’informer la conception de nos opérations pour que nos opérations soient bâties sur du solide mais aussi pour conseiller le vice-président et le directeur de la région. Ça c’est la première des choses que mon bureau fait : produire des rapports régionaux pour donner un contenu analytique à nos opérations.

La deuxième chose que l’on fait, c’est de disséminer le travail de connaissance qui est généré dans la région et donc de travailler avec les gouvernements, les institutions universitaires, les réseaux d’universitaires pour s’assurer que la connaissance produite par la Banque mondiale est mise à la disposition des autorités des politiques économiques mais aussi du grand public. Voilà pourquoi chaque fois que je visite un pays, je me fais le devoir de donner une conférence dans les universités pour échanger avec les étudiants par rapport aux méthodes, aux outils mais aussi, aux résultats que nous trouvons dans nos études pour voir en quoi cela peut être utile aux étudiants et aux enseignants.

Voilà les deux fonctions importantes que remplit le bureau de l’économiste en chef régional que je suis. Mais au-delà de tout ; l’économiste en chef est un conseiller. C’est le conseiller du vice-président de la région, c’est le conseiller du président de la Banque mondiale. Nous rencontrons le président de la Banque mondiale de façon régulière chaque fois qu’il a une question technique et analytique.

Ce n’est pas votre première visite au Burkina Faso. Qu’est-ce qui vous a le plus frappé ou le plus déçu lors de votre visite précédente ?

A.Z : Ecoutez ; j’étais au Burkina il y a près de dix ans.Vous comprenez que quand j’ai visité le Burkina pour la première fois, Ouaga 2000 n’était pas vraiment fonctionnel et je crois que c’est expressément qu’on m’a réservé une chambre à Ouaga2000 pour que je découvre cette nouvelle ville et je pense qu’elle est assez impressionnante. Elle donne les allures d’une ville moderne, une ville qui a été planifiée où il n’y a pas d’habitats spontanés et des bidonvilles comme on le voit dans beaucoup de villes africaines. Je crois que le futur c’est justement de voir dans quelle mesure on peut amener nos pays à concevoir des cadres urbains plus fonctionnels, plus collectifs. Et la collectivité ce n’est pas seulement au niveau des infrastructures, c’est connecter l’homme au lieu du travail. C’est permettre une circulation de ressources qui optimisent le gap.

Nous avons fait un rapport régional sur l’urbanisation cette année qui parle non seulement de ces problèmes de concession, des problèmes de collectivités, mais surtout des problèmes de coûts parce que ces concessions font en fait que nos villes sont plus chères au niveau des revenus si on les compare aux autres pays du monde. C’est-à-dire qu’en fait, nos villes, plutôt que d’être le creuset de l’innovation, le creuset des emplois productifs, constituent un frein au secteur primaire. Je crois que ces questions d’urbanisations sont importantes et devront faire partie de toute logique de transformation structurelle de nos pays.

Vous êtes en visite au Burkina Faso dans le cadre du lancement du rapport 2016 de la Banque sur l’évaluation des politiques et des institutions (CIPA). Pourquoi justement classer la gouvernance et les institutions des Etats ?

A.Z : Vous savez, la Banque mondiale s’organise pour octroyer, surtout aux pays à faibles revenus, des financements pour leur développement. C’est-à-dire que le guichet IDA qui est le guichet de l’Association Internationale de Développement octroie des dons et des prêts à taux extrêmement subventionnés avec une durée de remboursement extrêmement longue qui permettent aux pays de financer leur développement. Si un pays veut, par exemple, financer une route, on sait que le retour ne va pas être immédiat. Si le pays veut financer la construction de ses écoles, de son système de santé, si le pays veut financer la construction d’un port ou un aéroport et qu’on a besoin de ressources longues et de ressources moins chères, ces ressources sont nécessaires. Et donc il nous faut un indicateur, un outil pour les allouer.

Pour allouer ces ressources, nous nous basons sur la performance des pays parcequ’on sait naturellement que si vous continuez à donner ces ressources aux pays qui ne les utilisent pas bien, vous n’êtes pas en train de faire œuvre utile. Il est important de voir les pays qui sont en train de mettre en place les types de politiques susceptibles d’entrainer une croissance portée, soutenue, des pays qui sont en train de mettre en place des politiques inclusives qui réduisent l’inégalité et la pauvreté dans le temps, des pays qui sont en train de mettre en place des reformes sur la gouvernance qui amènent une gestion transparente des ressources allouées. Voilà ce qui nous motive dans l’élaboration de l’EPI ou du CPIA.

Nous analysons la qualité des réformes, mais aussi la qualité des institutions, qui sont mises en place pour mettre en œuvre ces réformes. Si un pays dit, par exemple, qu’il combat la corruption, le fait de mettre en place une agence indépendante de lutte contre la corruption c’est un signe qu’il est sérieux. Mais si cette agence est mise en place mais qu’elle n’a aucun pouvoir, c’est aussi un signe qu’il n’est pas aussi sérieux que cela. Nous prenons tout cela en compte dans l’évaluation de la qualité des politiques, mais aussi des institutions pour attribuer des notations. Ce sont ces notes qui nous permettent de décider quel est le volume des fonds IDA qu’on donne à chacun des pays. Je peux vous dire que les fonds IDA ne sont pas seulement réservés aux pays africains. Il y a 77 pays IDA, les pays considérés à faible revenu et 39 sont en Afrique sub-saharienne. Donc nous devons avoir des critères stricts, des critères transparents d’allocation. Voilà pourquoi nous faisons le CPIA.

Il y a sans doute une corrélation entre ce rapport (CPIA) et l’aide que vous donnez aux Etats ?

A.Z : Tout à fait, la note IDA rentre dans la formule que nous utilisons pour décider l’allocation, l’enveloppe pays des fonds IDA. C’est extrêmement important pour les pays de comprendre cet outil et de travailler pour améliorer les politiques que nous retenons pour s’assurer que ces pays puissent engranger plus de ressources pour leur développement. Et c’est là où je vais mentionner le deuxième aspect de cette notation ‘’EPI’’que personnellement je voudrais renforcer ; c’est qu’au-delà du financement, au-delà de l’augmentation de l’enveloppe, la notation EPI est en fait un outil de conception et de suivi des politiques économiques pour un pays et même un outil de coordination parce que nous analysons quatre blocs de politiques qui regroupent l’ensemble des éléments que nous pensons essentiels au développement.

Le premier bloc, ce sont les politiques macro-économiques, le deuxième bloc, les politiques structurelles, le troisième bloc constitue les politiques d’inclusion sociale et le quatrième bloc, les politiques de gestion du secteur public et la gouvernance. Le Rwanda a le score le plus élevé en Afrique qui est de 4/6. Des pays comme le Rwanda ont mis en place des comités au niveau du gouvernement pour suivre la mise en œuvre des réformes pour chacun des piliers de l’EPI. Et en maintenant ces réformes dans le temps, ils arrivent à réaliser un score comme celui de 4. Le Burkina en est à 3,6/6 ce qui n’est pas mauvais mais en léger recul par rapport au score qu’il avait, il y a deux ans parce que l’an dernier déjà c’était 3,6 et le score n’a pas changé cette année. Il y a trois ans, le Burkina était à 3,8. Il y a eu tout ce que vous savez en termes de perturbations dans le système ici qui ont amené un recul dans la notation du CPIA. Et je crois que ce qui est important c’est que l’opportunité du lancement de ce rapport a été l’occasion de nous accorder avec le gouvernement notamment le Premier ministre sur la nécessité de travailler pour que le Burkina retrouve cette notation de 3,8 dans un horizon prochain.

Est-ce qu’aujourd’hui vous pensez que ce rapport suscite de l’engouement auprès des gouvernements comme c’est le cas pour le rapport‘’Doing business’’ ?

A.Z : C’est une question très pertinente parce que lorsque vous connaissez les indicateurs d’un business, ils sont réduits à 10 indicateurs seulement pour évaluer l’environnement des affaires. Ils contribuent à un seul pilier de l’« EPI ». En fait, ce qui m’a amené à vouloir renforcer cet aspect de l’EPI comme outil de coordination de politiques et de suivi, c’est en regardant l’exemple de ‘’Doing business’’ où les pays se sont mobilisés quand ils ont compris que c’était important pour améliorer l’environnement des affaires. Si on pouvait répliquer le même processus et le maintenir dans la durée pour l’EPI, alors cela entrainerait un impact plus grand sur la croissance parce que l’EPI est beaucoup plus compréhensive que le « Doing business ».

Et justement, comment faire pour amener le gouvernement à s’intéresser à l’EPI ?

A.Z : Ce qu’il faut faire, c’est ce que nous venons de faire au Burkina ; c’est en fait d’expliquer, de partager l’information, c’est discuter avec les gouvernements pour qu’ils en comprennent l’importance. Dans beaucoup de pays, les ministres de finances comprennent l’importance parce qu’ils savent que ça va affecter la dotation, l’enveloppe financière du pays.

Mais les autres ministres ne comprennent pas toujours et c’est ce qui est extrêmement utile quand nous faisons ce genre de lancement parce que là nous avons l’occasion de discuter avec au moins une demi-douzaine de ministres au Burkina y compris le Premier ministre Paul Kaba Thiéba qui a tout de suite vu l’importance de cet outil. Il a donné son accord d’ailleurs pour qu’il y ait la mise en place des comités de suivi. Voilà un peu comment nous travaillons avec les pays et je crois que le Burkina, comme toujours, est un pays très sérieux et nous avons pris l’habitude quand le Burkina dit qu’il va faire quelque chose que ce soit fait. Et nous espérons travailler avec le gouvernement pour s’assurer que ça soit mis en place.

L’actualité au Burkina est aussi dominée par cette question de dividende démographique. On a vu les parlementaires de la CEDEAO qui militent pour la limitation du nombre d’enfants à 3 par femme. Comment au niveau de la Banque mondiale vous appréhendez cette question ?

A.Z : Je crois que la question de démographie est importante. Et je ne pense pas qu’elle devrait être polémique. La question de la démographie est importante. Pourquoi ? Parce que nos études montrent que la démographie peut être un atout comme elle peut être un inconvénient. Et je pense qu’il est important de garder la tête froide et de regarder la question de façon factuelle. Plus de 50% de la population africaine a moins de 25 ans. N’est-ce pas ? Ce qui veut dire que le défi que cela pose aux populations pour créer des emplois est énorme. Mais si cette population est éduquée, si cette population est mieux outillée pour se créer son propre emploi, si l’environnement des affaires est propice au développement du secteur privé, cela peut devenir un atout.

Nous avons, à la Banque mondiale, fait un rapport sur la question du poids démographique et nous concluons que tout dépend des politiques qui sont mises en place. Ce qui est le plus important à mon avis, c’est de se demander quels sont les facteurs qui amènent à la baisse du taux de fécondité dans le temps puisque c’est la tendance pour tous les pays. Et ces facteurs on les connait. Le premier, c’est l’éducation des femmes. Plus les filles sont éduquées, moins elles auront des enfants et c’est un fait qui est établi. Le deuxième facteur, c’est la participation des femmes au marché de l’emploi. Et le troisième facteur, c’est l’urbanisation. Il n’est pas surprenant que les pays où le taux de fécondité est plus élevé soient ceux où la proportion des populations en zone rurale est la plus élevée ! Donc nous pensons que les économistes doivent rentrer dans ce débat pour apporter les faits pour que cela ne soit plus dans le règne du pugilat politique.

Le poids démographique peut être un atout si on a des économistes capables de transformer cette jeunesse en opportunité, en un pilier de développement. Pour la majorité de nos pays, c’est loin d’être le cas. Il est important donc que froidement nous envisagions des mesures pour nous permettre de façon saine d’arriver à des taux de fécondité qui supportent notre croissance.

Il faut que l’on mette les faits sur la table et que l’on cesse de donner des leçons à qui que ce soit. Il ne s’agit pas d’imposer des modes culturelles aux pays ou de penser au fait qu’il y a une supériorité ou une infériorité à un certain type de fécondité ou d’autres. Ramenons le problème à l’économie. Et je pense qu’il est important que l’on se pose cette question en tant qu’Africains. On n’a pas besoin que quelqu’un d’autre, quelqu’un d’ailleurs nous la pose. Si l’on pense à la croissance future, si on pense à réduire la pauvreté, si l’on pense à éradiquer la pauvreté dans notre pays, on ne peut pas ne pas discuter de la question de la démographie. Comment allons-nous transformer ce croît démographique en opportunité de croissance ? Comment allons-nous éduquer cette jeunesse ? Comment allons-nous l’équiper d’outils pour qu’elle soit capable de profiter de la révolution technologique qui est en train de s’accélérer et où on l’on constate une fois de plus que l’Afrique est en train d’être à la traîne.

La bande passante qui est aujourd’hui un fait de vie et qui est à l’origine de la croissance d’emplois dans beaucoup de pays y compris en Afrique est extrêmement faible et peu développée dans la majorité de nos pays. Nous devons mettre l’accent sur la création de ces infrastructures physiques et virtuelles qui sont et qui seront le moteur de la croissance future. Prenons les pays comme le Kenya, la révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) a généré tout un secteur nouveau de l’économie au Kenya. Avec la monnaie électronique, le taux de pénétration du téléphone est pratiquement de 99% aujourd’hui au Kenya.

Et avec ces téléphones, le taux d’accès au secteur financier a explosé. Il y a trente ans, il y a même dix ans, si vous en tant qu’Africains vous disiez à quelqu’un que le taux de pénétration du téléphone sera de 80% dans un pays africain avant 2020, on vous aurait ri au nez. Aujourd’hui, c’est le cas et les pays comme le Kenya ont même dépassé ce taux et l’ont fait à raison de trois choses : la première chose, c’est l’adoption de cette technologie qui a permis de contourner les obstacles par exemple les lignes fixes. Si on s’était accroché à construire des lignes fixes, on n’aurait pas pu faire cela. La deuxième chose, ce sont les bonnes politiques. Le secteur a été libéralisé au Kenya et ça a éliminé tous ces monopoles et ces sociétés d’Etat mal gérées qui devenaient un gouffre financier pour l’Etat. Le secteur a été ouvert pour permettre une concurrence accrue.

Le troisième facteur, c’est le secteur privé. L’influx du secteur privé dans les télécoms a été déterminant. Je crois que c’est important de se rendre compte qu’aucune économie aujourd’hui au monde ne peut se financer ou ne peut compter uniquement sur son secteur public. La croissance où qu’elle se passe est tirée par le secteur privé. Et il y a un rôle à jouer par l’Etat. Il est important de trouver un équilibre entre ce que l‘Etat peut faire pour corriger ces défaillances du marché et ce que le secteur privé peut apporter. Mais le rôle du secteur privé est dominant.

La Banque mondiale, c’est avant tout la lutte contre la pauvreté. Et on constate qu’on est entre 40 et 41% de pauvres en Afrique. Sont-ce ses politiques qui ne sont pas adaptées ou ce sont les ressources qui sont mal gérées ?

A.Z : Ecoutez, le rapport que le bureau d’économiste en chef a publié l’année dernière sur la pauvreté en Afrique montre qu’il y a eu en fait une baisse de la pauvreté en Afrique dans les 20 dernières années. Ce qui s’est passé par contre c’est que l’élasticité de la pauvreté à la croissance n’a pas été aussi forte qu’on l’aurait souhaité à savoir que lorsqu’on a eu des pays qui étaient en train de croître à un taux extrêmement élevé (7% par an par exemple), on a vu une réduction de la pauvreté de moins de 1% par an. C’est cette élasticité qui est le problème. Comment faire en sorte que la croissance soit plus inclusive. Et voilà pourquoi dans l’EPI, nous avons tout un bloc sur les politiques inclusives, les politiques d’inclusion sociale.

On ne peut pas dire que tout a échoué en Afrique, je ne suis pas d’accord. La pauvreté a diminué, elle n’a pas diminué aussi vite que nous l’aurions souhaité ou que le gouvernement aurait souhaité, mais elle a diminué. Ce qu’il faut, à mon avis, c’est de s’assurer que l’on revienne aux fondamentaux. Et les fondamentaux c’est que quand vous faites toutes les études économétriques, le déterminant principal de la réduction de la pauvreté, c’est un emploi productif.

De toutes les études économétriques que nous avons faites, avoir un emploi productif est la condition première pour réduire sinon éradiquer la pauvreté. Donc que faisons-nous en tant que pays pour créer l’environnement de création d’emplois productifs. La majorité de nos économies fonctionne dans l’informel. Qu’est-ce qu’il faudrait enlever comme barrière pour que ces micro-entrepreneurs connaissent une croissance de leurs entreprises et créent non seulement leurs propres emplois productifs mais créent également des emplois pour d’autres. Deuxième chose, que faisons-nous pour profiter de la révolution technologique, pour faire en sorte que des jeunes africains soient capables d’utiliser l’ordinateur, le téléphone pour créer leurs propres emplois ? Il y a un problème de données qui se pose.

Et l’une des initiatives que j’ai prises quand je suis devenu économiste en chef, c’est de mettre en place une plateforme virtuelle où nous sommes en train d’amasser des données qui permettront aux jeunes africains d’avoir des informations sur la demande de produits, ce qui pourra leur permettre de rédiger des ‘’business plan’’ (plans d’affaires). Ce site internet sera ouvert avant la fin de cette année et ça permettra aux jeunes africains qui ont accès à l’internet d’aller télécharger ses informations et nous allons d’ailleurs lancer une compétition pour ces jeunes qui peuvent écrire des programmes informatiques pour convertir ces données en draft de business plan pour pouvoir accroitre les capacités des jeunes à créer leurs propres emplois.

J’aime à le dire, les institutions internationales n’ont jamais développé un pays, l’aide n’a jamais développé un pays ; par contre ces institutions ont aidé les pays qui voulaient se développer à le faire.

Un pays comme le Burkina essentiellement agricole, ça fait longtemps qu’on a injecté beaucoup d’argent, mais on a l’impression qu’on tourne en rond. On n’arrive pas à sortir du cas de la production pour créer des chaines de valeur ? Comment la Banque mondiale peut intervenir ou interviendra pour créer justement ce débit parce que les liaisons entre les chaines de valeur sont difficilement établies dans nos pays ?

A.Z : Excellente question ! Je crois que le problème que vous posez est grave : celui de l’agriculture africaine. Et une fois de plus, mon bureau a terminé un rapport sur les dépenses publiques sur l’agriculture en Afrique cette année. Alors, ce rapport déjà dit une chose ; c’est que depuis plus de 20 ans, la productivité du secteur agricole en Afrique n’a pas augmenté. On a augmenté la production en Afrique en accroissant les surfaces cultivées. On n’a pas augmenté notre productivité. L’Afrique est le seul continent au monde où la productivité agricole n’a pas augmenté, le rendement si vous voulez. La production par unité de surface n’a pas augmenté depuis les 20 dernières années. Et nous pensons que c’est dû à trois choses. La première, c’est que l’Afrique est le seul continent où la mécanisation agricole n’a pas encore été généralisée.

La deuxième chose, c’est que l’Afrique est le seul continent au monde où l’irrigation n’a pas encore pris pied. Et la troisième raison, c’est que les politiques de dépenses publiques dans le secteur agricole n’ont pas toujours été appropriées. Plus de 70% des dépenses publiques d’agriculture en Afrique vont dans les subventions agricoles plutôt que dans l’investissement sur les équipements ou les pistes rurales ou la connexion des hommes ruraux au marché. Il y a un problème de politiques appropriées pour permettre à l’agriculture africaine d’être plus productive.

La Côte d’Ivoire, locomotive de l’UEMOA est traversée par un cycle de mutineries qui inquiètent un peu la communauté des bailleurs et du développement. Alors, comment vous suivez l’évolution de l’actualité politique et surtout sécuritaire dans ce pays qui, si elle s’éternise, va enrhumer les pays de la sous-région ?

A.Z : Nous pensons que les problèmes de sécurité sont préoccupants. Et d’ailleurs, c’est l’un des risques que nous voyons dans nos projections de croissance pour l’Afrique pour l’année 2017. Nous projetons une croissance d’à peu près 2,5% pour 2017 mais si ces risques d’insécurité continuent de se matérialiser, il n’est pas impossible que ce chiffre soit inférieur parce que justement l‘insécurité, le terrorisme dans le sahel, vous le savez, n’affectent pas seulement l’Afrique de l’Ouest.

La conséquence c’est que ce terrorisme, cette instabilité détournent une bonne partie des ressources publiques déjà rares qui auraient dû être consacrées aux dépenses de développement. Il est important de se dire que la sécurité fait partie de ce qu’il faut comme préconditions du développement.

Propos recueillis par Maxime Jean-Eudes BAMBARA (Stagiaire)
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Vos commentaires

  • Le 2 août 2017 à 06:49, par Odano En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Bien dit, dans un français limpide et accessible.C’est ça être économiste et intellectuel éclairé. Comprenne qui voudra !

  • Le 2 août 2017 à 07:54, par Le p’tit futé. En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Félicitations à Mr Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale.
    Par ailleurs, monsieur le journaliste, votre titre est négativement tendancieux. Quand vous titrez que « L’aide n’a jamais développé un pays… », c’est comme si l’aide en elle-même est une mauvaise chose. L’économiste de la Banque mondiale a voulu tout simplement dire que l’aide SEULE, sans un cadrage macroéconomique solide des investissements et un engagement politique véritable a bien utiliser les ressources empruntées et les dons et sans un meilleur accompagnement du secteur privé, ne peut à elle seule amener un pays à se sortir du sous développement. Quand les ressources publiques sont volées au quart de tour, où peut-on aller avec ça ? Quand on met 100 F dans un projet, les 50 à 60 F sont détournés sous le regard et avec la complicité de nos gouvernants. Comment les projets peuvent-ils atteindre leurs objectifs dans ces conditions ? Il faut ainsi à chaque fois recommencer les investissements en ponctionnant sur les ressources destinées à l’éducation, à la santé et à l’essor de l’agriculture. Regardez nos routes construites à des coûts de milliards de FCFA pour durer normalement des dizaines d’années. Elles sont reprises au maximum deux années après à des coûts de milliards de FCFA. Où peut-on aller avec ça ? Tchrrrr. Il faut qu’on donne les moyens à IBRIGA et à son ASCE pour sévir contre ces vautours de notre république.

  • Le 2 août 2017 à 08:52, par DAMOCLES En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    ’’L’aide n’a jamais développé un pays’’. Ah bon et c’est maintenant que vous le découvrez à la BM ? Et pourquoi vous continuez sur cette voie alors ? Je recommande aux internautes l’excellent ouvrage d’une ancienne de la Banque mondiale, Dombisa Moyo. Il est édifiant.

  • Le 2 août 2017 à 08:54, par Mika Panga En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Bonjour à tous,
    Parler aujourd’hui de développement et penser que l’aide jouera un rôle important reste tout de même utopique. quoi qu’il en soit l’aide a démontrer ses limites et accentuer l’assertion qui dit que le développement est avant tout endogène.
    Il nous faut relever notre niveau de conscience au développement, repenser notre système agricole et notre système scolaire. Travailler à nourrir notre population, donner les arguments du développement à nos jeunes au lieu de faire des politiques de courts termes envers notre jeunesse qui ne fait que tourner en rond. L’un des points qui fait que nous parlons de développement au lieu de nous développer c’est la pauvreté, tant qu’il y’aura une proportion importante de pauvres, parler de développement est utopie.
    Sans souveraineté il n’y aura pas de développement !!!!
    Merci Directeur Afrique

  • Le 2 août 2017 à 09:12, par Un fils de Solenzo En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Voici un bon économiste. Excellences Messieurs Le President du Faso et Monsieur Le Premier Ministre, lisez bien ce qu’il dit par rapport au développement agricole aux points 2 et 3. C’est exactement ce que je disais dans mon post d’il ya 2 semaines. Il faut des barrages et de bonnes routes dans les Banwa. L’expert à ajoutée en son 1er point des moyens mécaniques. La balle est dans votre camps. Abandonnez les faux rapports que vos conseillers techniques qui sont en fait pour la majorités des conseillers politiques. Pour une fois appliquez les recommandations de cet expert africain et vous verrez que votre quinquennat aura une cicatrice dans les rapports de developpement du Burkina.

    • Le 2 août 2017 à 11:47, par pauvre économiste ! En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

      Combien de barrages sont sous utilisés ou non exploités dans ce pays ? combien sont mal exploités par des mauvaises pratiques qui contribuent à leur ensablement et combien sont réellement entretenus régulièrement ? alors, ne répétez pas à longueur d’années qu’il faut construire des barrages car cela ne suffit pas ! regarder Bagrépôle qui devient Bagrépôle du sous développement !

      • Le 2 août 2017 à 14:46, par Un fils de Solenzo En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

        Toi tu n’as rien compris de mon post. J’ai bien dit que la Province des Banwa a besoin de barrages (pour faire de l’irrigation) et des routes (pour écouler ses produits agricoles) car étant le grenier du Burkina. Justement c’est à cause de vous autres que l’on a commencé par faire des barrages et routes dans les zones qui n’en sont pas prioritaires ou n’en avaient même pas besoin. Évitez de répondre aux posts sans les avoirs bien lus et compris. Dans tous les cas, vous et moi sommes tous pour la cause des bons investissements.
        Fraternellement !

  • Le 2 août 2017 à 09:13, par Ben En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    De bonnes questions et de très bonnes réponses : c’est très propre.
    Merci.

  • Le 2 août 2017 à 09:34, par BURKINA NOUVO En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Merci au journaliste et félicitations au Professeur ZEUFACK pour son exploit. Il m’a enseigné dans la prestigieuse École d’Économie de l’Université d’Auvergne à Clermont Ferrand en France. C’est un grand économiste et il représente un modèle pour la jeunesse africaine.
    Merci Professeur !

  • Le 2 août 2017 à 10:40, par Abdoul En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Voila un economiste de la trempe des stiglitz. L’Afrique a de l’espoir il a toujours des fils valeureux. Grace a eux l’espoir est permis. Pas comme les mouta mouta que nous avons presentement.

  • Le 2 août 2017 à 11:04, par Alexio En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Les occidentaux ont crees ce terrorisme nous posseder et deposseder plus qu a jamais. Toutes lesstrategies sont gerees par eux par des familles a monopole finnaciere comme l ancien employe de l actuel President francais Emmanuel Macron. La famille Rochschild.

    Nos infractures dans nos campagnes sont loin a desirer. Au lieu d assoir une politique pramatique a ce endroit, nos gouvernants passent tout leur temps dans les conseils des mininstres interminables. Alors que nos pauvres paysans avec son velo ont de la peine a affreter sa recolte au marche par des sentiers battus en saison pluvieuse.

    Mr le ministre de l Agriculture est dans sa bayolle bien equipee de luxe ne recontrera jamais ce handicap des travaux champetres de ces paysans. Un pays ne peut pas se developper sans la modernisation de son agriculture, qui asussera son independance alimentaire de base.

    Le drame du Burkina- Faso est le coton. Cette culture de rente qui s est tailler des grandes surfaces sans que cela a permis cette modernisation de l ensemble de la politique agricole comme en Cote dIvoire. Ce sont ressortissants qui tiennent ce secteur en vie avec une main d oeuvre toujours a bon marche.

    De la CFDT a la Sofitex rien de change. C est toujours les memes feuilles de routes. Et s est honteux d entendre que le citoyen ne mange pas a sa faim. Alors que le pays utilse des surfaces cultivables pour le coton depuis son soit-disant independance.

    La banque mondiale une ennemie des pays en voie de developpement. Car tout est dictee par ses requins financiers appelles bailleurs de fonds. Leurs fonds er un instrument de lesclavage financier des pays en voie developpement de generationen generation.

  • Le 2 août 2017 à 11:32, par pauvre économiste ! En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    La Banque Mondiale et ses économistes en herbe se sont trompés depuis plus de 50 ans et ça continue ! ces économistes sont une race de pseudo experts qui se sont toujours trompés dans tous les pays du monde à part préconiser plus de libéralisme débridé. En plus, ils sont complètement déconnectés des réalités. Le développement d’un pays ne se résume pas à Ouaga 2000 qui est tout sauf un bon modèle ! Evidemment, quand on se promène avec des perdiems journaliers de plusieurs centaines d’euros aux frais de la princesse, on ne perçoit plus les réalités des pauvres. Regardez les tonnes de rapports pondus par cette BM aussi inutiles les uns que les autres et ne contribuent pas au développement d’un pays et encore moins pour lutter contre la pauvreté. Lisez la partie sur la productivité agricole, et vous serez sidéré que la BM a proposé des modèles clés en main inappropriée depuis des décennies puisque c’est elle avec les PAS... ! Et, cet expert ose se dédouaner à peu de frais ! Réduisons les salaires de ces experts par 5 et le monde se portera mieux en montrant l’exemple comment réduire les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres.

  • Le 2 août 2017 à 11:36, par sniper En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Tout à fait d’accord avec l’analyse faite en rapport avec la question de notre population. Le taux de croissance démographique du pays (actuellement 3,1% en moyenne par an) est un véritable casse-tête chinois. Son maintien engendrerait un chômage structurellement croissant de la jeunesse en âge d’activité avec tous les risques inhérents, un taux d’accès aux services sociaux de base (santé, eau et assainissement, éducation, énergie, etc.) plus difficile à booster. Dans notre contexte en effet, cela semble présenter plus d’inconvénients que d’opportunités de croissance et de développement dans la durée. On ne pourra réellement l’encaisser qu’en réalisant des taux de croissance à 2 chiffres sur une longue période. Or il est un FAIT que beaucoup reste à faire au niveau de l’économie de notre pays pour surpasser les 5 à 6% de taux de croissance annuel. Alors …..soyons réalistes comme les chinois qui avaient limité à 1 par femme le nombre d’enfants à procréer jusqu’à ce qu’une certaine "liberté" soit soutenable.

  • Le 2 août 2017 à 11:59, par Amadoum En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Si l’aide n’a jamais aide un pays a se developper, je ne sais que dire de ce que le Plan Marshall a fait pour certains pays europeens apres la Seconde Guerre Mondiale.
    Les problemes du Burkina Faso, et en general de l’Afrique, est que 1) l’aide aide des individus et leurs proches a se developper et non pas le pays tout entier. Et ce probleme a un nom que tout le monde connait : la CORRUPTION, sous toute ses formes ; 2) les priorites ne sont pas clairement definies.
    Les hommes qui gerent les instruments de lutte contre la corruption sont, des fois, plus corrompus que ceux qu’ils sont censes arreter ; et la corruption semble etre devenue la norme. Au lieur de payer les 25000 F CFA de contravention de circulation, on remet 5000 F CFA au policier et tout le monde est CONTENT ! Avec ces bas salaires, d’ou viennent tous ces 4X4 ?
    Tout semble prioritaire, peut etre l’est. mais avec des resources limitees, il faut que les priorites soient clairement etablies et des choix tres difficiles faits. Il est vrai que l’education et les infrastructures routieres sont tres importantes pour le developpement d’un pays, mais si le peuple a faim, c’est difficile, voire impossible, d’apprendre/enseigner ou de realiseer des routes. Au commencement, il y’avait la nourriture pour tous !

    Ou mettons-nous le DIVERTISSEMNT, surout le football qui, des fois, coute des milliards au contribuable (CAN 1998) ? .

    • Le 2 août 2017 à 17:03, par Firmin En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

      Je partage votre analyse quant au faite que l’aide n’aide pas les pays à se développer et pour illustrer vos propos vous avez pris le cas du plan Marshall proposé par les USA pour sauver les pays européens qui venaient de sortir de la 2ème guerre mondiale. Il faut retenir que l’expert économiste Albert ZEUFACK à dit que les pays qui ont voulu se développer ont utiliser l’aide et ce fut le cas de ces pays européens sortis de la guerre épuisés économiquement entre autre, . Toutes (et c’est important de le souligner) Ces pays ont refusé la perrinité de ce Marshall quand ils ont commencé à sortir du bout du tunnel . L’aide à long terme rend esclave et vous privé de votre liberté . Je pense que c’est cette idée que le Président Thomas Sankara disait " l’aide doit tuer l’aide". Merci . c’était ma petite contribution
      Firmin

  • Le 2 août 2017 à 12:51, par GAZ En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Franchement, une belle analyse de l’économiste en chef, sur toute la ligne. Nos dirigeants actuels et Blaise Compaoré avec qui ils ont cheminé, ont beaucoup contribué au développement de la Haute corruption et à pourrir la mentalité dans ce pays. Ne dit-on pas que le poisson pourrit par la tête ? Il n’y a véritablement pas de volonté politique des dirigeants de sanctionner la mal gouvernance qui touche sérieusement ce pays et les profite en premier. En somme, pour imager : "Tout le monde connaît la vieille mangeuse d’âmes mais plutôt que d’oser l’appeler la "sorcière" et arrêter ses forfaits, on préfère la révérer et l’appeler avec respect "Yaaba" (c’est-à-dire Grand-Mère en Mooré).
    Les infrastructures sont savamment surfacturées pour "graisser" des acteurs impliqués sur toute la chaîne, lors de leur réalisation, si bien que un immeuble de bonne qualité qui coûterait par exemple 1 milliard de FCFA est réalisé à 2 milliards mais de mauvaise qualité (le 1 milliard de plus ayant servi à enrichir des individus). Les concepteurs de ce pillage et de cette gabegie, véritables "délinquants aux cols blancs" comme Sankara les appelait, sont de pires racailles qui ne valent même pas mieux que les braqueurs ou autres voleurs de bétails qui écument le pays et à qui l’on s’en prend pourtant, alors que souvent c’est pour assurer leur pitence. Ils sont connus, occupent de très hautes fonctions mais ne sont guère inquiétés. Ils narguent même les populations et ne vivent pas cachés. Quelle Morale !!!
    Pour la question démographique, il ne faut pas qu’on se voile la face. Sans sa réduction, avec le chômage, le mal vivre et le mal être de la jeunesse victime de leurs prédécesseurs ainés tenant les rênes du pays, qui se sont peu préoccupés de leur avenir en ne les formant pas bien et en ne leur offrant pas structurellement des opportunités d’emploi et d’auto-emploi ; avec l’incivisme rampant toléré par un Etat faible dirigé par des hommes cupides, préoccupés par l’effacement de leurs crimes économiques et de sang commis au cours des presque 30 dernières années ; nous risquons de le payer très cher et cash...
    Peut-être que de ce chaos, on aura une renaissance avec un "Paul Kagamé" Burkinabè, visionnaire, implacable, ambitieux, qui remettra "les pendules à l’heure" en disciplinant la société de haut en bas, au prix de la "cravache"...comme ce fut fait dans ce pays. D’ailleurs, qui a parlé de réduction de la croissance démographique par la planification familiale, en lien avec l’émancipation de la femme en 1985 ? Qui parmi nos dirigeants a démontré véritablement que tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme ? Qui dans ce pays a montré qu’on pouvait soulever des montagnes quand on y croit vraiment ? Qui a fait beaucoup sur le plan économique et social avec peu de moyens ? Thomas Sankara. Pourtant, on n’exploitait pas l’or à grande échelle, etc... On a véritablement besoin d’un nouveau Thomas Sankara ou d’un Paul Kagamé (ne serait-ce que comme consultant, c’est pour rire...), pour dynamiser ce pays.
    La démocratie à la Burkinabè, depuis 1991 à ce jour, a fait élire par le "bétail électoral" des campagnes, savamment maintenu dans l’obscurantisme, des hommes sans grande ambition et vision de développement pour leur pays. Il n’y a qu’à voir la salle de conférence dite internationale de Ouaga 2000 qui ressemble à une villa, pour se rendre compte de la petitesse de projection de ces dirigeants incultes et dotés de peu d’ambition pour leur pays. Leur action est pour la plupart guidé par leur cupidité, les ambitions du ventre et du bas-ventre (comme le disait un intellectuel de ce pays). Ils travaillent et se saignent juste pour asseoir un système rentable pour eux-même et orienté vers l’entretien d’une clientèle à leur service. Ils ont moins de mérite que leur devanciers de la Haute-Volta qui avaient quand même tout fait pour conserver assez intact, la dignité du peuple ne fut-ce que dans la pauvreté et qui, à y voir de près, n’ont pas gaspillé les ressources naturelles de ce pays...Ces devanciers, pétris d’honneur et de dignité, ont eu la lucidité de conserver des unités de transformation du coton (que le pays a toujours produit en quantité non négligeable depuis la période coloniale) en pagnes comme la Voltex de Koudougou, liquidé avec la complicité de nos dirigeants actuels...leurs successeurs. Ils ont eu le mérite de léguer à ce pays, la SOSUCO et les Grands Moulins de Banfora que nos dirigeants actuels ont la peine de maintenir malgré les nombreuses privatisations et reprises...par des hommes acquis à leur solde. Le mérite des dirigeants actuels de ce pays depuis 1987, est d’avoir créé des industries pour soi-disant créer entre autre des emplois tout en faisant régresser le progrès économique et social de sa population. Sinon comment comprendre, si l’on s’en tient au jeux de l’offre et de la demande prôné par leur orientation de politique économique faisant une part belle au secteur privé, la tonne de ciment dépasse 100.000 FCFA alors qu’on a près de 6 cimenteries dans ce pays ? Pourtant, la plupart nouvellement créés, bénéficient de largesses d’exonération fiscales pour un temps puisqu’étant à leurs débuts ? Pour justifier cette inflation incompréhensible, on se cache derrière l’argument facile des coûts de l’énergie qui à elle seule, ne peut expliquer cette situation.
    Pour paraphraser le Général Sangoulé Lamizana au sujet du devenir de la Haute-Volta (Burkina Faso actuel), le Burkina Faso n’est pas pauvre, ni par ses ressources naturelles et ni par son potentiel humain qui peuvent être valorisés, mais le Burkina Faso souffre véritablement de la pauvreté de la mentalité de ses Fils et Filles. La question qui s’impose est la suivante : A quand le Burkina Faso ?

  • Le 2 août 2017 à 20:16, par Anka En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Merci GAZ. Je pense moi aussi que ce n’est qu’ une question de volonté .
    Regardez le Rwanda ,qu’ est ce que le Rwanda a comme ressources ? Souvenons nous du Burkina de Thomas Sankara .quand on veut réaliser des choses ,on compte d’abord sur ses propres forces et on choisit l’aide qui nous convient .si vous voyez des gens courir après les aides ,dites vous que ce sont des paresseux et corrompus . Encore une fois ,inspirons _nous de Kagamé et de Thomas Sankara et tout ira bien .
    Anka

  • Le 3 août 2017 à 08:59, par Cephas En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Bien dit. Joseph Ki-Zerbo le disait déjà dans "À quand l’Afrique". Ce qui compte c’est surtout la vision et la volonté politiques

  • Le 3 août 2017 à 09:55, par Lamaçonne En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    Même si l’aide ne peut pas développer un pays, ça peu quand même faire un plus. On dit que le beurre de karité ne guérit pas la plaie mais ça attenue la douleur. C(est pas de notre faute. Si le Burkinabé avait un pays comme la Côte-d’Ivoire, imaginez. On allait dépasser le niveau que la Côte-d’Ivoire a aujourd’hui. Regardez même qu’on n’est pas à cent pour cent de làbà, on a prêté pour arranger là c’est comment. Par exemple le cas de la saison de cette année où dans plusieurs régions, à l’heure où je parle le mil ne cache même pas un poussin n’en parlons pas d’arachide. Dans ce cas si on nous envoi les carcasses de moutons de tabaski de la Mecque ou du boulgour Cathwelle, Est-ce qu’on peut refuser pendant que l’estomac réclame. Le problème de la pluie, c’est çà le vrai qui peut faire avancer notre pays. A la Mecque il ne pleut pas mais eux ils ont le pétrole et les diamants. Mais au Burkina il ne pleut pas assez. Si Sankara était toujours vivant du temps de la révolution à maintenant peut être qu’il avait pu faire rentrer la mer et le chemin de fer du Ghana à la frontière comme il avait promis. Mais hélas, notre misère éternelle, qu’elle soit reposée sur notre ennemis, l’assassin Blaise. Qu’il va au diable.

  • Le 3 août 2017 à 11:42, par adiaaçonne En réponse à : « L’aide n’a jamais développé un pays… », Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale

    M. sniper, je suis pas d’avis de ce que tu a dis dans ta dernière phrase. Si les djadistes n’en finissent pas tu crois que leur ethnie en font 1 enfant par femme ? A la longue si on arrive pas à freiner cette histoire de djiadiste tu crois pas qu’on va pas attraper les jeunes par force pour le corps militaire ? Qui va faire un seul enfant et le laisser aller affronter ces djadistes dans les frontières. Aussi, finalement ça sera les enfants même des autorités qui prendront cette décision, qui seront leurs gardes corps et non nos fils. Imagine en Afrique si tu n’a pas de garçon, certaines femmes peuvent faire 3 - 4 - 5 ou 6 filles avant d’avoir un garçon. Ces filles vont toutes quitter te laisser avec le garçon. Si tu n’en a pas eu c’est l’affaire de Dieu. Mais dire de limiter on est pas d’accord. Ils n’ont qu’a créer les emplois seulement. Ils connaissent seulement qu’importer, même le dernier des petits produits.