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Santé et dividende démographique : Les parlementaires de la CEDEAO invitent à baisser les indices de fécondité

LEFASO.NET | Moussa DIALLO
lundi 24 juillet 2017.

 

L’espace CEDEAO est peuplé aujourd’hui de 335 millions d’habitants. Le taux de croissance économique oscille entre 5 et 6%. Dans le même temps, cette zone enregistre le taux de fécondité le plus élevé au monde, soit 5,6 enfants par femme. A ce rythme, la région pourrait voir sa population doubler, voire tripler et atteindre le milliard d’ici à 2050. Pour les optimistes, ces perspectives démographiques sont réjouissantes. Pour les sceptiques, elles sont effrayantes. Pour tous, elles invitent à la réflexion. C’est dans ce cadre que des parlementaires de l’espace CEDEAO, la Mauritanie et le Tchad étaient à Ouagadougou, du 20 au 22 juillet 2017, pour réfléchir sur le financement adéquat de la santé, du dividende démographique et des politiques de population.

La situation démographique peut constituer un potentiel pour le développement des pays africains ou, au contraire, une bombe à retardement. D’où l’urgente nécessité de contenir la poussée démographique si les pays de l’espace CEDEAO, la Mauritanie et le Tchad veulent promouvoir un réel développement viable et durable. « Il est impératif pour nos Etats de réduire le taux de fécondité en agissant sur les rythmes de croissance de leurs populations car avec moins de personnes à scolariser, nourrir et soigner, on dispose de plus d’opportunités pour favoriser ou pour induire une croissance économique forte », lance Salifou Diallo, le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso. Du directeur général de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) à la coordonnatrice résidente du système des Nations Unies au Burkina, en passant par le représentant de la Banque mondiale, l’ambassadeur de France au Burkina, le directeur de la mission ouest-africaine de l’USAID ou le président du parlement béninois, tous ont insisté sur la nécessité de contrôler la démographie pour espérer capturer le dividende.

Le développement est multidimensionnel et il convient par conséquent d’avoir une claire conscience de la concomitance des différents secteurs. C’est du reste, le point de vue des institutions de développement internationales. « Offrir une santé de qualité aux populations, c’est poser les fondements d’un capital humain disposé à porter le développement et l’émergence de nos pays », a confié Metsi Makhetha, la coordonnatrice résidente du système des Nations Unies au Burkina.

« Nous avons noté tout au long des travaux que vous avez compris l’urgence d’agir. Nous saluons l’engagement des parlementaires à soutenir activement toutes les stratégies des gouvernements visant à renforcer les investissements pour l’amélioration de la qualité de la santé des populations. Nous fondons beaucoup d’espoir dans cet engagement collectif », a-t-elle poursuivi.

Accroitre les budgets alloués au secteur de la santé d’au moins 2% par an
Au cours de ces trois jours de travaux, parlementaires et experts ont échangé sur les outils et mécanismes pour assurer le financement adéquat de la santé et agir sur les rythmes de croissance des populations.

Sur le financement adéquat de la santé, dans la déclaration finale, les présidents des parlements nationaux des Etats membres de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad prennent l’engagement solennel, entre autres :

 à faire des arbitrages conséquents aux projets de budget de nos Etats respectifs afin d’obtenir des accroissements annuels successifs d’au moins 2% des budgets alloués au secteur de la santé, avec en perspective d’atteindre l’objectif minimum de 15% de la déclaration d’Abuja à l’horizon 2025 ;

 de contrôler rigoureusement la mise en œuvre des politiques en matière de démographie et de santé afin de nous assurer de la bonne utilisation des crédits alloués à la santé au profit des populations ;

 d’accorder une attention particulière aux problématiques liées au financement des systèmes de santé nationaux de nos pays, à travers la prise en compte et l’inscription effective de cette question au rang des priorités de nos Etats respectifs ;
 de nous investir résolument auprès de nos exécutifs dans le cadre d’un plaidoyer constant en vue de parvenir à une augmentation croissante des budgets nationaux de nos Etats consacrés à la santé conformément à la déclaration d’Abuja adoptée lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sur le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectueuses connexes, tenue à Abuja au Nigéria du 24 au 27 avril 2001 ;

Parvenir à trois enfants par femme

Il est impératif pour nos Etats de réduire le taux de fécondité

Sur le dividende démographique et les politiques de population et développement, les présidents des parlements ont pris l’engagement solennel d’accorder une bienveillante attention au sein des parlements de nos Etats respectifs, à l’examen de toutes les questions relatives aux politiques nationales de population de développement et de santé, en vue de contribuer au succès de la transition démographique de nos Etats dans la perspective de la capture du dividende démographique pour accélérer la croissance économique ; de soutenir activement toutes les stratégies et interventions des gouvernements respectifs.

Dans ce cadre, ils invitent les pays de la CEDEAO, la Mauritanie et le Tchad à œuvrer pour faire baisser leurs indices synthétiques de fécondité respectifs à trois enfants au plus par femme d’ici à 2030. Ils invitent également chaque parlement à organiser un dialogue national sur le dividende démographique y compris avec les confessions religieuses, coutumières et de la société civile d’ici à fin 2018. Mais, aussi de mettre en place un comité interparlementaire des parlements respectifs sur le dividende démographique pour le suivi des engagements.

Pour la mise en œuvre effective de ces engagements, les parlementaires et les exécutifs des Etats de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad pourront compter sur le Système des nations Unies pour appuyer les pays dans le choix d’investissements structurants et tournés vers plus d’équité, plus d’inclusion et plus de résilience. « Je vous réitère notre disponibilité à vous accompagner techniquement et financièrement dans cette dynamique soutenue pour l’amélioration des conditions de vie de vos compatriotes et le développement économique et social, durable, de vos pays », a assuré la coordonnatrice résidente du système des Nations Unies au Burkina, Metsi Makhetha.

Moussa Diallo
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