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Orientation budgétaire 2018-2020 : Rosine Coulibaly était face aux députés

LEFASO.NET | Herman Frédéric BASSOLE
samedi 1er juillet 2017.

 

En séance plénière, ce vendredi 30 juin 2017, les députés ont mené le débat sur l’orientation budgétaire après que la ministre de l’économie, des finances et du développement (MINEFID) eut exposé, trois quart d’heure durant, sur le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuel (2018-2020). Retour sur les axes majeurs de son intervention.

Aux termes des articles 15 et 59, respectivement de la loi portant code de transparence dans la gestion des Finances publiques et de la loi organique portant loi de Finances, il est fait obligation au Gouvernement de procéder à un débat d’orientation budgétaire (DOB) devant le Parlement. Ce débat porte sur le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuel, un outil de cadrage macroéconomique, budgétaire et financier qui couvre une période de trois ans. L’exercice auquel s’est livré Hadizatou Rosine Coulibaly, ce 30 juin 2017, a porté sur la période 2018-2020.

Reprise de l’activité économique

Faisant un rappel de l’activité économique entre 2014 et 2016, Mme le ministre indique qu’elle a été difficile à cause de la crise sécuritaire et de la maladie à virus Ebola dans la sous-région, et de l’insurrection populaire, du coup d’Etat et de la mauvaise pluviométrie. Toute chose qui a contribué à une baisse du taux de croissance à 4,7% sur la période. Mais, les choses auraient repris leur cours et selon Hadizatou Rosine Coulibaly, le taux de croissance du PIB réel se situerait en 2017 à 7,3% contre 5,9% l’année dernière. Un point positif à mettre à l’actif de la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES), selon le ministre.

308,42 milliards de FCFA ont été mobilisées au premier trimestre de 2017

C’est connu. Pour le financement de ce référentiel de développement, l’Etat doit mettre la main à la patte en mobilisant des ressources intérieures à hauteur de 60%. Comment y parvenir ? Dans son exposé, Mme Coulibaly a cité quelques réformes et mesures pour l’atteinte des objectifs. Il s’agit entre autres de l’élargissement de l’assiette fiscale, de la mise en application de la facture normalisée et les sanctions y relatives, du renforcement de la stratégie de lutte contre la fraude, le faux et la corruption, etc. Ces quelques mesures outre celles entreprises en matière d’organisation des régies financières permettent déjà, à en croire le MINEFID, d’observer une « bonne tendance » en matière de mobilisation de recettes budgétaires au premier trimestre de 2017. Ainsi, 308,42 milliards de FCFA ont été mobilisées contre 287,81 milliards de FCFA sur la même période en 2016.

Diminution des appuis budgétaires de moitié

Toutefois malgré ces « bonnes nouvelles », le gouvernement a revu ses ambitions à la baisse en ce qui concerne les appuis budgétaires. Ils passent de 336,6 milliards de FCFA à 162,30 milliards soit une diminution de plus de la moitié des prévisions. Les financements des partenaires sont « timides », a déploré Rosine Coulibaly qui explique cette situation par le fait que « les partenaires estiment que ce type de financement ne donne pas assez de visibilité à leurs actions et que les pays ne respectent pas la mise en place de réformes courageuses qui sous-tendent les appuis budgétaires ».

« Des députés insurgés »

Cette situation conduira donc le gouvernement à revoir sa copie pour ce qui est de la rationalisation des charges de l’administration « afin de dégager plus d’espace budgétaire pour la prise en compte des investissements structurants du PNDES », a indiqué Mme Coulibaly. Il est prévu notamment la réduction des dotations en carburant, la réduction des baux administratifs et des villas de fonction, la limitation du nombre de voitures au niveau des membres du gouvernement, etc.

A ce propos, le député Kiemdé Albert Elisée a demandé au gouvernement de se souvenir que les députés de l’Assemblée nationale sont des « députés insurgés », et que par conséquent il devrait avoir une rupture dans le système de société du gouvernement. Il a suggéré qu’il y ait une diminution des équipements roulants de l’Etat car ce n’est pas normal que « chaque ministère et service achète le véhicule qu’il veut ». Pour conclure son intervention, le député a lancé ceci : « Chaque année on parle et on se lève. Ce n’est pas bon. Si on ne résout pas cette question de choix de société, il y aura une autre insurrection qui viendra mettre la barre à gauche ».

2018, une année d’accélération

Développement et sécurité sont intimement liés. Et en 2018, le gouvernement compte investir 231 milliards de FCFA pour renforcer la sécurité et la défense nationale. Soit une augmentation de 51 milliards CFA par rapport à 2017.

Il compte poursuivre le processus d’apurement des dettes cette fois-ci des sociétés d’Etat. 17 milliards sont prévu à cet effet, a indiqué Mme le ministre, en rappelant qu’en 2016 et 2017, 50 milliards ont été consacrés à l’apurement des dettes du secteur privé. La mobilisation des restes à recouvrer et des chèques impayés sera également l’une des batailles du gouvernement.

Pour ce qui est du dédommagement des victimes de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et du coup d’Etat de septembre 2015, Mme le ministre a annoncé avoir pris langue avec le président du Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) afin d’avoir une estimation et prévoir une certaine somme pour « dédommager certaines victimes de ces événements malheureux ».

Toutes ces actions pourraient buter contre certains risques potentiels. Pour Hadizatou Coulibaly, il s’agit entre autres de la menace sécurité, la volatilité des cours des matières premières, la vulnérabilité de l’agriculture aux aléas climatiques, le non-respect des engagements pris par les partenaires dans le cadre du financement du PNDES, etc.

Herman Frédéric Bassolé
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