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Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

Une tribune internationale de Madame Moh Laumet-Djè, Abidjan, Côte d’Ivoire
lundi 26 juin 2017.

 

La quête du pouvoir politique reste une problématique sérieuse en Afrique. Malgré les discours et autres professions de foi sur la démocratie, la tentation d’user de la violence pour parvenir à l’Exécutif habite le cerveau de nombreux prétendants au Palais.

Depuis 1993, date de la disparition d’Houphouët-Boigny premier Président de la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens vivent au rythme des successions heurtées, loin des schémas classiques que propose la tradition démocratique : coup d’Etat (en 1999) suivi d’une transition militaire qui a abouti à une présidentielle conflictuelle, en octobre 2000. Au bout de cela, l’ascension sanglante de Laurent Gbagbo au pouvoir, par une insurrection populaire, avec le soutien d’une branche de l’armée acquise à sa cause. En 2002, soit deux années après son arrivée chaotique au pouvoir, un coup d’Etat manqué, qui se transforme en rébellion paralyse le pays pendant 8 ans. Des élections présidentielles ensanglantées et très meurtrière sanctionneront cette première décennie politique et ivoirienne de l’année 2000.

Le scrutin de 2015 s’est déroulé sans grands heurts, même si cela ne s’est pas passé dans des conditions de transparence et de démocratie. Mais le rendez-vous électoral à venir, 2020, semble présenter des signes inquiétants. Jamais, depuis la fin des hostilités de la décennie 2010 en avril 2011, la menace des armes ne s’est faite aussi probable. Les récentes mutineries, qui ressemblaient à des tentatives de putsch, confirment de plus en plus les appréhensions des uns et des autres quant à l’avenir du régime de Ouattara. D’aucuns pensent même qu’il n’arrivera pas au bout de son deuxième mandat. C’est dire que le spectre d’un putsch se fait présent.

Ici, les yeux se tournent vers le Président de l’Assemblée nationale. La raison en est toute simple : ex porte-parole de la rébellion dont les troupes constituent l’ossature des bataillons de l’armée nationale, l’homme a toujours, selon toute vraisemblance, le contrôle de la grande luette ivoirienne. Et déjà, d’aucunes, surtout ses adversaires voire ennemis l’accusent, sans le dire hautement ni officiellement, d’avoir menacé la sécurité de l’Etat.

Les ambitions présidentielles de Guillaume Soro ne sont un secret pour aucun ivoirien. Il ne me viendrait pas à l’idée de contester la légitimité d’une telle ambition. Encore moins de douter de ses chances de parvenir à l’exécutif. De tous les potentiels candidats à cette consécration suprême, il est de ceux qui réunissent les atouts les plus précieux : une connaissance réelle du terrain social, politique et surtout militaire. Il est populaire ; et sa jeunesses, ajoutée à son audace et son haut sens de la responsabilité jamais démentie en rajoutent à ses qualités de leader apte à assumer la magistrature suprême.

Un tel candidat potentiel a-t-il vraiment besoin de passer par les armes pour accéder au pouvoir d’Etat ? Notre réponse est tout de suite « non ». Et ce ne sont pas les raisons qui manquent ici.

Soro, un abonné des urnes

D’abord parce que, ex-porte parole d’une rébellion qui a meurtri le pays, Guillaume Soro sait que ce pays n’est pas prêt à accepter un chef issu d’un putsch militaire. Il sait surtout qu’il n’aura aucun soutien de la Communauté internationale ; et qu’il ne pourra pas gérer un régime militaire, au risque de commettre des massacres qui vont le mener dans une impasse. Enfin, initiateur du mouvement « Pardon et Réconciliation », il ne saurait compromettre un tel projet, noble, dans un assaut militaire qui le discréditerait aux yeux de tous.

Argument majeur qui nous dit pourquoi et comment Guillaume Soro peut parvenir à l’exécutif sans avoir besoin d’utiliser la violence militaire : la présidence de l’Assemblée nationale qu’il occupe depuis deux mandats lui a permis de sillonner le pays. Il a pu observer et vu les misères des populations du fait de la guerre. Il sait qu’il n’y a que lui et lui seul qui pourra mettre du baume au cœur de ces populations en les rassurant.

Considéré comme l’auteur de tous ces maux qui minent aujourd’hui le pays, Guillaume sait qu’il doit aller à la rencontre pacifique de ces populations, notamment celles de l’ouest et du centre qui ont le plus souffert des affres de la guerre. Qu’il tienne un langage franc sans hypocrisie. Car les populations ont besoin d’être rassurées.

La route du pouvoir nous semble tracée pour notre jeune président de l’Assemblée nationale. La victoire est à sa portée. Non, Guillaume Soro n’a pas besoin d’armes pour y parvenir. Bien au contraire, il a tout intérêt à surfer sur des idéaux rassurants et rassembleurs : la paix. Et seul celui qui a fait la guerre sait l’importance de la paix. Et Guillaume Soro sait, plus que quiconque en Côte d’Ivoire, que ce qui fut accepté hier, en 2002, ne le sera pas en 2017. Le temps des coups d’Etat est révolu en Afrique de l’Ouest. Et en politique, il faut savoir apprécier la réalité de la conjoncture, les enseignements du temps. La météo politique de l’ère politique actuelle ne tolère pas les putsch. Il n’y a qu’à voir les cas du Mali et de la Gambie ! A peine furent tolérées les insurrections populaires qui eurent lieu au Burkina Faso.

A l’examen, la rébellion peut être considérée comme un appel désespéré au dialogue. Pour preuves : quand l’opportunité s’est présentée, Guillaume Soro s’est révélé un redoutable négociateur. Avec une pointe d’humour, il affirme même, et de manière justifiée, qu’il est « le doyen des accords », tant il est le seul des acteurs politiques de notre pays à avoir participé à toutes les négociations de Lomé à Ouagadougou.

Guillaume Soro, comme bien d’autres, notamment Paul Kagamé, sait qu’une étape est passée. Il s’exerce au jeu électoral. Elu député de Ferkéssédougou (dans le nord de la Côte d’Ivoire), il rempile au perchoir de l’Assemblée nationale avec 95% des voix. Il est également élu vice-président de l’assemblée parlementaire francophone et Président de la conférence Afro-arabe. Le parcours syndical et politique de Guillaume Soro apparaît même comme une succession de défis électoraux. Rappelons, à cet effet, qu’à l’université, il a été élu SG de la Fesci face à un certain Damana Pickass. En France, il a été élu Président de la Fédération internationale des étudiants francophones (Fief). La récente déclaration de l’ex-président Henri Konan Bédié montre bien qu’il considère Guillaume Soro comme un prétendant légitime à l’Exécutif, sauf que, du point du Président du Pdci-Rda, Soro devra attendre son tour. Ceci est une autre histoire qui n’engage que le Président Henri Konan Bédié.

Guillaume Soro a-t-il des chances de remporter la prochaine présidentielle ? Nous le réaffirmons : oui. Les récentes élections de Trump, Macron, Talon montre bien que le jeu électoral est une foire à surprises. Une certitude, Guillaume Soro est dans le jeu. Et de nombreux sondages lui donnent une longueur d’avance.

Moh Laumet-Djè



Vos commentaires

  • Le 26 juin 2017 à 20:46, par Ka En réponse à : Pourquoi et comment GKS peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    Le peuple Ivoirien est très mur par les atrocités des rebelles de tout bord, et voter démocratiquement un chef rebelle qui prétend vouloir réconcilier son peuple en tant que PAN, mais qui d’autre part fait rentrer clandestinement des armes dans son pays, est de mettre plus tard la Côte d’Ivoire à feu et à sang. Dès que l’ONU a annoncé les 300 tonnes d’armes cachées par SORO, et la découverte tout dernièrement d’autres armes chez un de ses proches, la crédibilité de SORO d’être président en Côte d’Ivoire est mise en cause.

    • Le 27 juin 2017 à 08:05, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Pourquoi et comment GKS peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

      Mon ami KA, il faut lire le livre ‘’Soro le rebelle’’ et tu comprendras certainement qu’il a été contraint de faire la rébellion. A Abidjan un jour dans un taxi, un policier les arrête pour contrôle. Il laisse l’ami de Soro car son nom est à consonance du Sud et déchire la carte d’identité de Soro dont le nom est à consonance du Nord. C’est ce jour qu’il a senti que quelque chose ne va pas dans son pays et qu’il faut que ça change. D’où le coup d’état pour placer un général qui a dégonflé au dernier moment, et les gens de Gbagbo ont repris le dessus, et Soro et ses gens ont replié rapidement au Nord et ont transformé le coup d’état en rébellion.

      Par Kôrô Yamyélé

      • Le 27 juin 2017 à 11:00, par fasoo En réponse à : Pourquoi et comment GKS peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

        salut, le KORO, je vous conseille aussi de lire la recente publication sur la vraie histoire de la guerre ivoirienne, écrit par SANOGO un ancien rebelle.
        ahahha mon pauvre afrique, a cause des intérêt personnel et notre égoisme, nous allons finir par nous détruire

      • Le 27 juin 2017 à 14:03, par Ka En réponse à : Pourquoi et comment GKS peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

        Mon ami et promo Kôrô Yamyélé, tu me connais, et depuis notre jeunesse à nos jours, je n’ai jamais changé de trajectoire concernant mon opinion politique qui favorise toute alternance politique avec la jeunesse pour faire avancer notre continent. Je n’ai pas manqué d’encadrer quelques jeunes devenus responsables, d’autres gourmandes et gourmands qu’on peut citer parmi les pionnières et pionniers de notre révolution inachevée devenus par la suite des DG, des députés en fuites excet… Je connais ce que veut dire ‘’’une déviation idéologique de la jeunesse’’’ quand cette jeunesse ont subis des malhonnêtes des aînés comme à vécu notre jeune SORO connu des maquis de Ouaga et les restaurants Ivoiriens de la capitale ou on mange des agoutis et de l’atiéké au poisson. Oui j’ai lu le livre de SORO, et sa biographie qui le qualifie l’homme pressé : Et qui dit pressé rate les bonnes choses. Aujourd’hui le nom de SORO guillaume est très tacheté du noir, que ça soit en France, ou au Burkina, même dans les filets des enquêteurs de l’ONU concernant de la détention illégale d’armes de Guerre excet… Voilà pourquoi mon cher promo et ami, je dis que la crédibilité de SORO d’être élu démocratiquement comme président de la Cote d’Ivoire est exclu. Pourtant, je suis pour une alternance politique Ivoirienne avec des jeunes comme SORO, et mettre aux placards ceux qui ont fait leur temps. Bien à toi cher ami.

  • Le 26 juin 2017 à 20:54, par Dedegueba SANON En réponse à : Pourquoi et comment GKS peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    Et si on faisait un parallèle parfait avec le parcours de "Gorba" ?
    Il y a des similitudes sauf que notre Pré lui, sans doute fatigué a préféré intelligemment s’éclipser pour un autre sans doute plus consensuel.
    En outre Gorba a les mains moins ensanglantées, même s’il a dîner avec le....
    Bonne chance à nos frères de Côte d’Ivoire.

  • Le 26 juin 2017 à 23:10, par Cequejenpense En réponse à : Pourquoi et comment GKS peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    La Cote d’Ivoire a besoin de reconciliation. Ni Guillaume Soro ni aucun autre acteur majeur de la crise ne peut apporter cette reconciliation et apaiser les coeurs. On veut nous faire croire que la reconciliation est en marche. Et pourtant la realite est que ceux qui ont perdu sont soit museles soit se resignent en attendant que les dieux leurs donnent l’opportunite de la vengeance un jour. Quand on est opposant en C.I aujourd’hui, pour un bout de phrase publique on vous arrete. Il n’y a pas ca chez nous au Burkina ou vous publiez votre tribune.
    Soro, Ouattara et allies n’ont pas travaille a la reconciliation veritable. Ils ont juste" copter" ceux qui pouvaient l’etre et reduit l’espace d’epression et d’affirmation des autres (les durs).
    La CI doit assumer son histoire. Mais en pensant les blessures. Soro n’est pas cet homme qui peut diriger ce passage. Pour bcp, lorsqu’on est pro ADO mais anti candidature de Soro c’est qu’on est automatiquement pour Ahmed Bakayoko. Il n’en est rien. Cette rivalite est incensee. Et je vien ajouter que Bakayoko n’est pas non plus l’homme de la situation.

    ADO l’a compris. Il faut un element de confiance certes, mais un qui est au dessus de cette gueguerre depuis plus d’une decenie. Je vois personnellement l’actuelle vice president Duncan diriger une C.I apaisee sans et reconciliee sans pour autant ecarter les rivaux actuels de la gestion publique.

  • Le 26 juin 2017 à 23:44, par Un passant En réponse à : Pourquoi et comment GKS peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    "Le scrutin de 2015 s’est déroulé sans grands heurts, même si cela ne s’est pas passé dans des conditions de transparence et de démocratie." En quoi les elections de 2015 ne se sont passees dans des conditions de transparence et de democratie ? Par principe, si on fait une telle declaration— qui revient a remettre en cause la legitimite d’un President de la Republique— on devrait quand meme elaborer.

  • Le 27 juin 2017 à 07:48, par Truth En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    Je pense que les Ivoiriens ne sont pas dupes. Soro ne sera pas président de la Cote d’Ivoire par les urnes, par ces temps qui courent. Seul le langage des armes pourrait le propulser au pouvoir, et conscient de cela, il s’attèle à jauger son pouvoir de déstabilisation en poussant les anciens rebelles à revendiquer des primes. Et les caches d’armes découvertes viennent confirmer sa nature belliqueuse. Il pourrait devenir président de la Cote d’Ivoire en s’éclipsant un temps soit peu, et revenir dans 20 ans. Saura t—il attendre tout ce temps là ? Time will tell.

  • Le 27 juin 2017 à 07:49, par bedel En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    L’histoire de Soro Guillaume me rapelle l’histoire d’un jeune pauvre et aigri au quartier qui par le passé était toujours excité pour bruler les voitures sans chercher à comprendre qui avait tord ou raison quand il y avait des accidents entre voiture et motocycliste. Aujourd’hui il est un grand commerçant qui roule en voiture et il a peur que quelqu’un brule sa voiture si par malheur il fait un accident avec un motocycliste. Quoi qu’on dise, si Soro devient Président aujourd’hui, il aura des milliers de rebelles demain.

  • Le 27 juin 2017 à 07:58, par Zélé En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    "Que par un coup d’état comme il a l’habitude de faire " ...

  • Le 27 juin 2017 à 09:35, par sergy En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    Moh Laumet-Djè,se sont vous autres,pseudo-intellectuels dont la panse est primordiale au cerveau qui faites la perte de l’Afrique.Comment peux tu penser que Soro le rebelle de Bouaké puisse devenir un Homme conciliant pour diriger la Côte d’Ivoire ?J’en veux pour preuve son implication dans le coup d’état au Faso et les mutineries dans son propre pays.La place de ce criminel se trouve à la haye.

  • Le 27 juin 2017 à 09:48, par yat En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    C’est le peuple ivoirien qui l’ a élu député et l’a fait PAN ;
    UN PEUPLE RESPONSABLE

  • Le 27 juin 2017 à 14:48, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    Hum... L’auteur a visiblement travaillé dur pour cette envolée "griotique", hélas gâtée par de trop nombreuses fautes de langue mais surtout par un parti pris qui ôte pratiquement toute sa pertinence à son argumentaire. Morceaux choisis :
    « Il sait qu’il n’y a que lui et lui seul qui pourra mettre du baume au cœur de ces populations en les rassurant. »
    Visiblement, il y en qui croient toujours au leader messianique indispensable dont sont pourtant plein les cimetières. Mais même les griots laissent voir le fond de leur pensée au détour d’une phrase :
    « De tous les potentiels candidats à cette consécration suprême, il est de ceux qui réunissent les atouts les plus précieux : une connaissance réelle du terrain social, politique et surtout militaire. »
    Il a bien dit "et surtout militaire", soulignant ainsi en voulant démontrer le contraire ce dont on accuse le PAN de Côte d’Ivoire, c’est à dire d’user de la peur de son aile armée et de son stock caché d’armes pour s’imposer "démocratiquement". Alors oui, Soro K. Guillaume peut devenir président de la Côte d’Ivoire, mais ce serait osé de dire que si cela arrive, les armes n’y auront pas joué pas un rôle, même silencieux !

    • Le 27 juin 2017 à 17:15, par GUAPÉGUÉ En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

      Si chaque Homme pouvait s assumer le monde irait mieux.
      GSK qui a ce courage dans une CÔTE D IVOIRE qui revient de loin ne se trompe pas.
      Qui a dit qu il n a pas appris les leçons d un passé recent de son pays qui repense ses blessures. voici l homme que les ivoiriens doivent choisir pour apporter les changements tant attendus.
      il a une triple mission qu aucun homme politique actuel ne peut mener à bon port.
      1* SÉCURISER
      2* RASSEMBLER
      3* DEVÉLOPPER
      bonne chance aux ivoiriens.

  • Le 27 juin 2017 à 17:21, par john bri En réponse à : Pourquoi et comment Guillaume K SORO peut-il devenir Président de la République sans les armes ?

    Arrêtons de boire de l’eau par nos narines bon sang. Ce n’est pas parce que vous avez lu (un livre ou un roman) que tout ce qui est la dedans est 100% vrai...