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Région de l’Est : Un consortium de quatre ONG en croisade contre la malnutrition

samedi 17 juin 2017.

 

Pour la résilience des populations vulnérables de la région de l’Est, un projet piloté par Action contre la faim (ACF) a été lancé ce 16 juin 2017 à Fada N’gourma. « Renforcement durable et intégré de la résilience des populations vulnérables à l’insécurité nutritionnelle dans la région de l’Est », c’est l’intitulé du projet financé par l’Union européenne avec une enveloppe d’environ 4 milliards de F CFA. D’une durée de trois ans, l’initiative devrait changer qualitativement la vie de plus de 278 000 personnes de 12 communes des provinces du Gourma, de la Tapoa et de la Komandjari.

Région à fortes potentialités floristiques, fauniques et halieutiques, c’est l’image, pas fausse, que l’on a de la région de l’Est. Mais le changement climatique, l’érosion des sols et bien d’autres facteurs depuis quelques années entrainent la baisse des productions et mettent de milliers de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire. Les taux de la région en matière de malnutrition sont d’ailleurs supérieurs à la moyenne nationale.

A en croire le secrétaire général de la région de l’Est, l’enquête nutritionnelle 2016 a révélé un taux de la malnutrition aigüe globale de 8,6% dans la région de l’Est, contre un taux national de 7,6%. Quant à la malnutrition chronique, elle est de 34,6% au niveau régional, alors qu’au niveau national on est à 27,3%.

C’est donc pour changer la donne que les ONG internationales, Action contre la Faim(ACF), GRET et Helvetas, ainsi que l’ONG nationale Tin Tua, unissent leurs efforts pour améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle afin de promouvoir la résilience des populations. Ce 16 juin 2017 a marqué le lancement officiel du projet dans le chef-lieu de la région.

Mobiliser les autorités régionales et locales, ainsi que les autres partenaires pour la mise en œuvre du projet afin de susciter une synergie d’actions sur le plan opérationnel ; mener des actions de plaidoyer sur des questions majeures auprès des autorités et des leaders de la région, c’étaient entre autres les objectifs de cet atelier marquant le début des activités.

Selon Marc Sekpon directeur pays de ACF qui pilote le consortium, il s’agira d’accompagner les communautés à s’armer et à se préparer contre les chocs climatiques (des pluies de plus en plus espacées, irrégulières, des terres érodées, avec en conséquence des productions en baisse). Lutter contre la pauvreté chronique en donnant le minimum de fonds d’investissement aux populations les plus fragiles, sera l’autre leitmotiv du projet.

Une série d’activités vont être menées de manière conjointe et concertée entre tous les partenaires, a indiqué pour sa part Eric Pitois, de la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, et en charge du Fonds fiduciaire d’urgence. Les bénéficiaires du projet vont recevoir non seulement des conseils en nutrition, mais aussi de l’argent pour mener des activités génératrices de revenus. Des activités HIMO (Haute intensité de main d’œuvre) comme la réhabilitation de routes, l’aménagement de petits périmètres irrigués… sont prévus et seront des sources de revenus.

Un partenariat solide, une expertise variée pour la résilience

Chacune des quatre ONG qui participent à la mise en œuvre du projet apportera son expertise très variée pour la résilience des populations vulnérables. La conviction du secrétaire général de la région, Mahamad Michara est que le combat contre la malnutrition sous toutes ses formes dans la région de l’Est doit se mener suivant une approche multi acteurs, le phénomène étant multi factoriels.

« Le combat doit être coordonné, concerté, intégré pour donner plus de chance de relever le défi, cela est gage de pérennité des acquis à engranger », a poursuivi le SG, représentant du gouverneur de la région à la cérémonie de lancement du projet.
Justement, c’est le concept même du projet qui est d’avoir une action multisectorielle sur la nutrition, la protection sociale, le renforcement des moyens d’existence, répondra Eric Pitois. En plus, l’esprit du projet est novateur. Il faut rendre les bénéficiaires autonomes au bout de trois ans, mais aussi appuyer les services décentralisés de l’Etat, et encadrer les communes pour qu’avec la décentralisation des fonds, elles puissent progressivement prendre le relais à la fin.

Ainsi, ACF qui intervient dans le cadre de la nutrition sera une passerelle pour que les populations vulnérables bénéficiaires aient accès au marché. C’est là que Helvetas qui a une grande expérience dans le domaine du marché sera d’un grand apport. Quant au partenaire Tin Tua qui connait très bien la région et ses populations, elle va travailler sur les aspects de redevabilité et de gouvernance.

« Comment s’assurer que les communautés aient leur mot à dire dans la mise en œuvre du projet et que les gouvernants soient redevables par rapport aux résultats du projet au partenaire », explique le directeur pays de ACF. Enfin l’ONG GRET qui a une expertise dans l’alimentation des nourrissons et la production de farine pour les enfants, renforcera le partenariat avec son savoir-faire.

C’est donc « un partenariat solide pour apporter une expertise très variée nécessaire pour la résilience », a résumé le directeur Marc Sekpon.
D’une durée de trois ans, « Renforcement durable et intégré de la résilience des populations vulnérables à l’insécurité nutritionnelle dans la région de l’Est » qui coutera environ 4 milliards de F CFA, sera mis en œuvre dans 12 communes des trois provinces de la région de l’Est que sont le Gourma, la Tapoa et le Komandjari.

MoagoulbaThiombiano, premier adjoint au maire de Matiakoali

« Vraiment il y a beaucoup d’enfants qui souffrent de malnutrition dans la commune de Matiakoali. Dans les centres de santé, le phénomène est croissant et les enfants malnutris sont chaque dont diagnostiqués. Souvent on les évacue à Fada pour une meilleure prise en charge, en ce qui concerne les cas extrêmes. Mais certains enfants mourraient. J’ai donc espoir que la situation va changer avec ce projet. Je connais bien les ONG ACF, Helvetas et Tin Tua qui ont déjà travaillé dans notre commune. Comme elles se sont mises ensemble, la situation va changer. »