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EX-STMB : Las d’attendre leurs droits, les ex-travailleurs annoncent des mouvements …

LEFASO.NET | Par Oumar OUEDRAOGO
mardi 30 mai 2017.

 

A en croire le porte-parole, ils sont plus de 200 ex-employés de l’ex-Société de transport Mixte Bangrin SA (STMB SA) à exprimer leur désarroi face à ce qu’ils qualifient d’injustice à leur égard. En situation de conflit depuis 2011, ces ex-travailleurs disent avoir épuisé toutes les voies, mais se heurtent à la ‘’mauvaise foi’’ de leur ex-patron, malgré les décisions de justice. Las d’attendre, ils annoncent des mouvements (sit-in) dans les jours à venir devant le domicile de leur ex-employeur, Hamadé Bangrin Ouédraogo. Pour en savoir davantage sur cette crise, nous avons échangé à travers un jeu de questions-réponses avec le porte-parole du groupe, Somnoma Yaméogo.

Lefaso.net : Pouvez-vous faire un résumé de la situation ?

Somnoma Yaméogo : Le 31 décembre 2011, la STMB SA a mis la clef sous le paillasson et un préavis de rupture de contrat a été signé par l’administrateur général pour nous signifier qu’au terme de notre contrat, la société va nous remettre notre certificat de travail ainsi que nos droits légaux. Mais deux mois après la fermeture de la société, rien ; ni certificat de travail ni droits légaux. C’est ainsi qu’après concertations et sur conseils de notre organisation syndicale (l’Organisation nationale des syndicats libres, ONSL), nous sommes allés à l’inspection du travail en mars 2012.

Après trois tentatives de conciliation infructueuse, un PV (procès-verbal) a été dressé le 4 mai 2012, nous renvoyant à l’arbitrage du TGI (Tribunal de grande instance) de Ouagadougou. Sur conseil de notre organisation syndicale également, nous nous sommes attachés les services d’un avocat. Le tribunal, en son audience du 12 juin 2013, a condamné la STMB SA pour licenciement abusif. L’avocat de notre ex-employeur a fait appel (interjeté appel, ndlr) devant la Cour d’appel. Là-bas, la Cour d’appel a, le 3 juin 2014, confirmé le jugement du TGI et condamné la STMB SA à payer. Depuis, nous sommes en attente d’entrer dans nos droits légaux, les responsables de la société ne veulent pas s’exécuter.

Lefaso.net : Vous êtes combien d’ex-travailleurs dans la situation ?

Somnoma Yaméogo : Ceux qui sont sur la liste, engagés pour le combat en justice, sont plus de 200 personnes. Il y en a plus, mais tout le monde n’est pas engagé de la même manière, parce que certains ont évoqué des liens de famille (avec l’ex-employeur). Donc, ceux qui sont réellement engagés sont un peu plus de 200. Donc, nous poursuivons nos droits.

Lefaso.net : Que dit votre avocat à ce stade ?

Somnoma Yaméogo : Il est là… Si on revient en arrière, après le dernier acte de justice (l’arrêt de la Cour d’appel), rien n’a bougé. On est parti d’abord avec un premier huissier (nous taisons le nom, ndlr), qui s’est révélé un de ses proches (de l’ex-employeur) pour l’exécution de la décision ; il a pris nos dossiers déposés, environ une année et il n’a rien fait, il n’a rien fourni... Quand on est parti le voir, il a retourné le dossier. Nous avons remis le dossier à un autre huissier… qui a, en un temps record, fait une lettre de carence, parce qu’il a vérifié tout, il n’y avait plus rien au nom de la STMB SA pour pouvoir liquider. Ce qui veut dire qu’au moment où on était devant la justice, les responsables de la société liquidaient tout le patrimoine de la société.

Lefaso.net : Pensez-vous que votre avocat était au courant de cette évolution (la liquidation des Biens de la STMB SA) ?

Somnoma Yaméogo : En fait, on ne sait vraiment pas. C’est ce qui a fait que, finalement, nous avions dit qu’on ne comprend plus rien dans le dossier. Nous avons demandé un conseil pour cela, s’il y avait lieu, il devait quand même demander qu’on scelle les Biens ! Mais, si on laisse le temps de vendre les Biens et on vient après dire qu’il n’y a plus rien, c’est difficile. C’est très difficile…, difficile pour nous.
Lefaso.net : C’est le même avocat que vous avez depuis le début de l’affaire ?
Somnoma Yaméogo : C’est le même, on n’a pas changé. Actuellement, c’est le syndicat (ONSL) qui poursuit l’affaire avec nous, qui nous aide.

Lefaso.net : Vos derniers échanges avec l’avocat remonte à quand ?

Somnoma Yaméogo : Le 7 octobre 2016, on a tenu une conférence de presse et depuis ce jour, il n’a plus dit quelque chose, aucun contact. On a dit qu’on ne comprend plus rien, nous sommes avec le syndicat seulement.

Lefaso.net : Mais, votre syndicat dit quoi par rapport à l’évolution du dossier ?

Somnoma Yaméogo : Notre syndicat a suivi les choses, il a essayé de négocier, mais jusqu’à présent, ça ne bouge pas. C’est pour cela que nous envisageons un mouvement pour exprimer leur désarroi.

Lefaso.net : Que voulez-vous dire, clairement ?

Somnoma Yaméogo : On a prévu un sit-in dans les jours à venir devant le domicile de notre ex-employeur, Ouédraogo Hamadé Bangrin.

Lefaso.net : ça veut dire qu’à ce jour, il n’y a aucun Bien au nom de la STMB SA ?
Somnoma Yaméogo :
Il n’y a plus de Bien appartenant à la STMB SA. Le directeur général, Mahamadi Ouédraogo (il est l’administrateur, mais le président-directeur général, c’est Hamadé Bangrin Ouédraogo) reconnaît et il nous avait même dégagés un temps pour payer. Mais en réalité, c’était pour gagner du temps (jouer sur le temps). En mars (2017), on avait déclaré qu’on partait en sit-in. C’est là qu’il est venu nous donner trois millions, ensuite un million quatre cent cinquante mille. Au finish, il est revenu nous dire que lui, il n’a pas d’argent.

Le syndicat a donc cherché à voir le PDG (président-directeur général) pour lui expliquer la situation. C’est-là qu’il a dit qu’il a remis l’entreprise à son fils (Mahamadi Ouédraogo). Pourtant, nous avons des documents qui montrent qu’il n’a pas légué l’entreprise, c’est lui qui continue de travailler avec Mahamadi Ouédraogo, qu’il a placé comme directeur général. Et il dit que comme il l’a remise à ce dernier, lui, il n’en parle plus. Pourtant, tous les Biens que nous voyons ont commencé avec la STMB SA.

Lefaso.net : Avez-vous eu des échanges avec le PDG depuis le début de l’affaire ?

Somnoma Yaméogo : C’est au syndicat qu’on a demandé de voir avec lui, pour lui expliquer ce qui se passe. Le syndicat a envoyé une personne-ressource pour aller le voir et il a dit que si c’est l’affaire de la STMB SA, il n’en parle pas. C’était dans le mois d’avril (2017).

Lefaso.net : Et avec le directeur général ?

Somnoma Yaméogo : Quand on part le voir, il dit qu’il n’a pas d’argent, mais qu’il va payer. Maintenant, quand ? Il ne s’engage pas clairement.

Lefaso.net : Quel est le montant total que la société doit aux ex-travailleurs ?

Somnoma Yaméogo : C’est plus de 200 millions qu’il doit à l’ensemble de ceux qui ont fait la démarche jusqu’à la justice.

Lefaso.net : Depuis que le directeur général vous a remis la dernière somme, vous avez eu des échanges avec lui ?

Somnoma Yaméogo : C’est le syndicat qui l’a appelé pour comprendre, parce que ce qu’il a donné est insignifiant, qu’il vienne dire au moins comment et sur quelle échéance il va payer la totalité de la somme. C’est par téléphone qu’ils se sont parlé. Pour fini, la dernière nouvelle est qu’il a dit qu’il n’a pas l’argent et qu’on peut faire ce qu’on veut. Avec le soutien du syndicat, nous lui avons adressé une lettre avec ampliations au niveau des ministères concernés pour signifier notre volonté de tenir des manifestations pour protester contre ce mépris.

Lefaso.net : Avez-vous approché des autorités pour soumettre votre préoccupation ?

Somnoma Yaméogo : Elles sont au courant, parce qu’on se dit qu’elles sont informées sur tout ce qui se passe dans l’administration. Et même qu’il y a des ampliations que nous leur faisons.

Lefaso.net : Pensez-vous que la capacité financière actuelle de votre ex-employeur lui permet de payer les 200 millions ?

Somnoma Yaméogo : Je peux vous dire que la société n’est pas tombée en faillite. Quand vous prenez les actes de justice, il est démontré par A+B que ce n’est pas ça. Et même si c’était le cas, il y a des procédures à adopter en la matière, pour la liquidation. Et jusqu’à présent, il n’y a pas eu de procédure de liquidation…

Lefaso.net : Vous affirmez qu’il n’est pas incapable de payer vos droits, la justice vous a donné raison, mais il ne s’exécute pas. Finalement, à quoi est donc due cette situation ?

Somnoma Yaméogo : Certainement qu’il (ex-employeur) est adossé à des ‘’forces de frappe’’ quelque part. Nous pensons que c’est vraiment une façon d’encourager l’incivisme. Et comme quoi, ceux qui n’ont rien ont toujours tort. C’est vraiment regrettable. Peut-on parler de changement, si les uns ont le droit de marcher sur les autres ? Je suis franchement découragé. Je le dis également, parce que depuis 2011, il y a neuf décès dans notre groupe (parmi les ex-employés, ndlr) ; ils ont laissé derrière eux, des orphelins.

Outre ces cas, il y a des gens qui ne sont plus à mesure de payer la scolarité de leurs enfants (ils éprouvent des difficultés pour se nourrir, à plus forte raison, parler de l’école de leurs enfants). C’est une catastrophe, ces gens-là quand vous discutez avec eux, vous allez verser des larmes. C’est très difficile pour nous (quand on sait que certains parmi eux ont passé plus de 15, 20 ans à travailler pour la société). Pendant ce temps, ceux qui nous doivent, et qui ne veulent pas nous permettre de survivre, ne sont pas dans l’impossibilité de payer nos dus (les droits). Ils ne sont pas à ça près.

Quelqu’un qui est capable d’être représentant régional de la Chambre régionale de commerce n’est pas n’importe qui ; si tu n’as pas un certain chiffre d’affaires, tu ne peux pas y être, à plus forte raison, occuper une certaine position. Ce n’est donc pas une question d’argent, il ne veut simplement pas payer. C’est tout.

Lefaso.net : Votre mot de fin ?

Somnoma Yaméogo : Que tous ceux qui peuvent vraiment nous aider, nous aide pour qu’on puisse entrer en possession de nos dus pour soulager ces nombreuses familles de ces ex-travailleurs.

Propos recueillis par Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
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