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Crimes de sang et économiques impunis : La piqûre de rappel aux autorités

LEFASO.NET | Tiga Cheick SAWADOGO
lundi 22 mai 2017.

 

« Les journées de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques » ont débuté ce 19 mai 2017. Au premier jour du mouvement à la maison du peuple de Ouagadougou, c’était le forum de dénonciation. Les affaires restées impunies ont été mises sur la table. Les autorités ont été interpellées sur la nécessité de la justice pour tous.

Le premier jour des 48h retenues pour dénoncer l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques, a coïncidé avec le 27e anniversaire de l’assassinant de Dabo Boukari, étudiant de 7eme année de médecine, porté disparu depuis 1990. Le représentant de l’Union générale des Etudiants du Burkina (UGEB), est revenu sur le contexte de la répression en 1990 sur le campus de Zogona, de l’arrestation des étudiants qui ont été torturés au Conseil de l’entente ; desquelles tortures Dabo Boukari a succombé.

Une affaire, parmi tant d’autres non élucidées. Les familles des victimes, les parents et amis et le peuple réclament toujours justice. Malgré l’insurrection populaire, l’arrivée des nouvelles autorités et la récente découverte de la supposée tombe de l’étudiant, rien ne semble bouger en termes de justice.

Les organisateurs disent ne pas sentir l’engagement des autorités à faire la lumière sur les crimes de sang, mais aussi économiques. « Notre pays vit une crise profonde sur les plans politique, économique, social et sécuritaire. Au regard de son ampleur, surtout après l’insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance victorieuse au putsch de septembre 2015, les discours et actions sociopolitiques des tenants du pouvoir sont peu rassurants », a regretté Elie Tarpaga, président de la coordination des Comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou.

Concernant les crimes économiques, les organisateurs ont égrené entre autres,

-  la réfection de la mairie de Ouagadougou. Simon Compaoré, aujourd’hui 1er vice-président du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir, ndlr), épinglé par la Cour des comptes dans son rapport annuel 2005

-  Les Affaires Ousmane Guiro ; de la CNSS ; de la Banque agricole et commerciale du Burkina(BACB)

-  l’Affaire Joseph Paré, ancien ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifiques de 2006 à 2011, épinglé par l’autorité supérieure de contrôle d’Etat dans son rapport 2011 pour des dépenses irrégulières de 262 millions.
A cela, s’ajoutent les crimes de Sang. Thomas Sankara, Guillaume Sessouma, Dabo Boukari, Norbert Zongo, Flavien Nebié, Blaise Sidiani, Emile Zigani, Assad Ouédraogo, le juge Nebié, les victimes de l’insurrection populaire, ceux de la résistance au coup d’Etat de septembre 2015…

« Le présent forum se veut un espace d’interpellation et un cadre de mobilisation et d’actions conscientes et organisés, pour venir à bout de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques », a poursuivi Elie Tarpaga pour qui, les autorités actuelles sont plutôt dans « des manœuvres dilatoires », pour se réconcilier avec leurs anciens compagnons politiques ; tout en laissant le peuple dans sa soif de justice. Des représentants de victimes, ou des victimes elles-mêmes ont ainsi pris la parole dans l’enceinte de la maison du peuple, pour témoigner.

Foi des initiateurs des journées de dénonciation, le pays va mal. « Il n’est pas un seul segment de la société burkinabè aujourd’hui, qui ne se plaigne, fustigeant l’arnaque politique de ceux-là qui, le verbe démagogiquement haut et la main sur le cœur, promettaient ciel, terre et mer, une fois qu’ils accèderaient au pouvoir… »

« Les journées de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques » ont été organisées par une coalition de 10 organisations de la société civile. Parmi lesquelles, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples( MBDHP), le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), l’Union générale des étudiants du Burkina ( UGEB).
Lire aussi : http://lefaso.net/spip.php?article77186

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 22 mai 2017 à 06:18, par Gangobloh En réponse à : Crimes de sang et économiques impunis : La piqûre de rappel aux autorités

    Rêve ou plaisanterie ? Peut- on juger tous les crimes de sang et économiques des 27 ans de reigne de Blaise devenu Blaise Kouadjo ? Les dossiers déjà instruits ou encours d’instruction oui . Sinon après 10 ou 15 ans que disent les textes de de loi sur un dossier non instruit ?? En attendant il faudra faire revenir Blaise Kouadjo et le " dénaturalisé". Et ensuite ressusciter des morts. Si je comprends bien on ne veut pas de jugement même des dossiers cités dans les revendications. Sachons revendiquer pour ne pas se ridiculiser ou se faire manipuler .

  • Le 22 mai 2017 à 09:04, par Raphaêl En réponse à : Crimes de sang et économiques impunis : La piqûre de rappel aux autorités

    A l’attention de ceux qui s’acharnent périodiquement sur Simon Compaoré par adversité subjective, sachez qu’on ne saurait être plus royaliste que le roi. Peut-être que vous ne suivez pas assez l’actualité .Sinon, la Cour des comptes en 2015 lors d’une émission sur la RTB télé, a fait savoir que les irrégularités qu’elle avait signalées dans la procédure de marchés publics de la Mairie sous l’administration de Simon Compaoré ont été corrigées par les services municipaux selon les règles de l’art. La Cour des comptes fait des observations simples ou assorties d’amendes lors de ses contrôles. La Mairie de Banfora a ainsi été sommée de payer une amende. Pour ceux qui ne le savent pas encore, le contrôle de la Cour des comptes sur la Mairie de Ouagadougou n’a nullement relevé un cas de détournement comme certains le pensaient. C’était juste une question de procédures de passation de marchés publics qu’il fallait suivre comme il se doit. Beaucoup de services publics ont tiré une source d’inspiration dans cette observation de la Cour des comptes pour se conformer aux procédures en la matière et éviter les vices de formes. Pour ce qui concerne les lotissements, la loi n’autorisait pas les actes de lotissements par les maires centraux des villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Cette tâche incombait donc aux conseillers et maires d’arrondissements. En 2008, Simon Compaoré, très remontré contre des scandales de lotissements dans des arrondissements de la commune, avait organisé des audiences foraines pour que les citoyens dénoncent publiquement toutes les irrégularités dont ils se plaignaient. C’est ainsi que des conseillers et maires d’arrondissements qui s’étaient rendus coupables ou complices de mauvaises pratiques, ont fait l’objet de poursuites judiciaires. Quand on a des faits à se reprocher, on n’organise pas des audiences publiques où les citoyens sont libres de faire des dénonciations. Comprenez que sur le plan des irrégularités de lotissements, Simon Compaoré n’a rien à se reprocher

    • Le 22 mai 2017 à 11:01, par Maurice En réponse à : Crimes de sang et économiques impunis : La piqûre de rappel aux autorités

      Bonjour monsieur Raphaël

      Je voudrais vous soutenir et vous dire que je suis parfaitement d’accord avec votre écrit. C’est clair et net.
      Il y a des personnes qui sont toujours prêtes à discréditer les uns et les autres sans pouvoir
      apporter la moindre preuve de ce qu’elles avancent. C’est dommage mais cela fait partie de la vie.
      Nous devons apprendre à respecter et à tenir pour innocent, même un interpellé, jusqu’à ce que la justice
      le condamne, a plus forte raison un citoyen qui ne se reproche rien.