Retour au format normal
lefaso.net

Presse privée du Burkina : Le gouvernement prend l’engagement « ferme » d’apurer la dette d’ici à deux semaines

LEFASO.NET | Par Oumar OUEDRAOGO
mercredi 17 mai 2017.

 

48 heures après la publication de leur lettre ouverte au sujet de leurs factures impayées (http://lefaso.net/spip.php?article77163), les organisations patronales de la presse privée du Burkina Faso ont été reçues par le destinataire de ladite note, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, dans la soirée de mardi, 16 mai 2017. Ces échanges, qui ont eu lieu à la Primature, ont été assortis d’un engagement « ferme » du gouvernement de liquider sa dette envers la presse privée. Et ce, d’ici à deux semaines.

Le Premier ministre a eu des échanges de qualité avec les créanciers. Pas seulement sur la question du passif, mais également sur bien d’autres aspects relatifs au dynamisme de la presse privée dans tout son ensemble. Si fait que les deux parties sont ‘’convenues’’ de se retrouver de façon périodique pour échanger sur l’ensemble des volets qui contribuent à la vitalité des organes privés. C’est en résumé ce qu’on retient des propos du Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, à l’issue de leur aparté qui a duré plus d’une heure. Le Chef du gouvernement avait à ses côtés, le ministre de la communication, Remis Fulgance Dandjinou, et celui délégué au budget, Edith Clémence Yaka.

En effet, par une lettre ouverte, signée du 10 mai 2017, les structures associatives des entreprises de presse privée (presse écrite, presse audiovisuelle, presse en ligne) avaient attiré l’attention du Premier ministre sur la promesse non-tenue au sujet de la dette. Cette dette s’élève à environ 650 millions FCFA (formellement déclarée). Cette lettre ouverte fait suite aux différents échanges qui ont eu lieu à divers niveaux avec le gouvernement, mais qui sont restés, jusque-là, restés sans réponses. ‘’Ce que je voudrais dire est que, d’entrée de jeu, j’ai tenu à indiquer, de manière très solennelle et très ferme, la fierté que j’ai de constater la vitalité de la presse privée au Burkina.

Je leur ai signifié également toute l’admiration que le gouvernement a vis-à-vis de la presse privée, parce que je considère que l’existence d’une presse libre, indépendante, dynamique, est un des maillons essentiels de la vitalité démocratique et de la défense de la liberté dans notre pays’’, a situé Paul Kaba Thiéba. A l’en croire, le gouvernement, « au plus haut niveau, le Président du Faso, est extrêmement sensible » à tout ce qui concerne la presse privée. « C’est pourquoi, j’ai décidé (et j’ai donné des instructions aux ministres qui sont en charge des dossiers), de l’apurement de toutes les dettes de l’Etat vis-à-vis des organes privés d’ici à deux semaines (au plus tard) et de m’en rendre compte. Il n’est pas question que des ambiguïtés puissent exister sur cela », a signé Paul Kaba Thiéba.

Selon le Premier ministre, le gouvernement a des convictions fortes sur les questions relatives à la liberté, la gouvernance, à la presse. « Il n’est pas question que nous, par des pratiques qui sont purement administratives, puissions mettre en péril la vitalité de ce pilier de démocratie », souligne-t-il. Mieux, poursuit M. Thiéba, des instructions ont été données pour que les factures ne traînent plus dans les tiroirs. ‘’La question des factures est derrière nous ; puisque nous avons regardé de long en large, les sources des problèmes. Nous avons identifié les sources de ces problèmes. Au niveau du ministère des finances, un dispositif idoine sera mis en place pour que cela ne se produise plus’’, engage en substance le Premier ministre.

La dette n’a pas été le seul sujet d’échanges entre les parties, la Télévision numérique terrestre (TNT) et l’opérationnalisation du Fonds d’Appui à la Presse Privée (FAPP) ont aussi été scrutées. Ainsi, sur la TNT, l’on retient que le basculement vers cette technologie sera effectif à partir de septembre 2017. Selon Paul Kaba Thiéba, lorsque son gouvernement reprenait en main ce dossier en mai 2016, il était en léthargie depuis deux ans. Le gouvernement a alors mis en place un comité de pilotage avec un chronogramme dont toutes les dates ont été jusque-là tenues. ‘’Si tout va bien, en principe, à partir du mois de septembre 2017, la TNT sera effective au Burkina Faso. Il est prévu que l’implémentation et l’opérationnalisation puissent se faire de manière progressive jusqu’en septembre 2018’’, a rassuré Paul Kaba Thiéba, précisant que toutes les étapes techniques qui doivent amener vers cette opérationnalisation sont scrupuleusement respectées par le comité de pilotage, présidé par lui-même.

En ce qui concerne le Fonds d’Appui à la Presse Privée, le Chef du gouvernement a rassuré qu’il est du devoir de son gouvernement de travailler à préserver, à approfondir les acquis et à faire en sorte que la presse, sous toute sa forme (en ligne, écrite, audiovisuelle) se diversifie et se multiplie, « parce que ça fait notre richesse ». Pour lui, toutes ces questions relèvent de la nécessité de renforcer la démocratie, la liberté. ‘’Je suis très content, parce que nous avons eu des échanges très fructueux, qui nous ont permis d’explorer les voies et moyens pour essayer de trouver des solutions aux différents problèmes qui se posent à la presse privée aujourd’hui’’, dit-il, énumérant bien d’autres aspects liés par exemple aux enjeux fiscaux, à l’accès à la publicité de l’Etat.

Le porte-parole des patrons de presse privée, Boureima Ouédraogo, par ailleurs président de la Société des Editeurs de la Presse privée (SEP), dit prendre acte des engagements pris par le gouvernement sur l’ensemble des points abordés.
Sur le Fonds d’appui à la presse privée, M. Ouédraogo a rappelé qu’il est l’aboutissement d’une longue lutte des entreprises de presse au Burkina. Créé en novembre 2015, le FAPP n’est pas encore opérationnalisé. « Là encore, nous avons été rassurés que dans de meilleurs délais, le Fonds sera opérationnel », a confié Boureima Ouédraogo.

S’agissant de la TNT, le porte-parole des patrons de presse privée a aussi souligné le fait que certaines entreprises de presse privée (déjà dans le dispositif technique, ndlr) ont contracté des engagements avec des banques qui attendent un début de remboursement. Cela fait deux ans, poursuit-il, que ces médias attendent. ‘’Mais les banquiers ne peuvent pas continuer à attendre qu’ils (ces patrons de presse, ndlr) démarrent effectivement leurs activités avant de pouvoir payer. Là encore, le gouvernement a été sollicité pour un accompagnement. Mais, sur ce point, on n’a pas obtenu un engagement ferme en termes d’appui à ces acteurs qui attendent face aux banquiers. Cependant, la promesse ferme de faire en sorte que la TNT puisse démarrer en septembre 2017 peut être un début de réponse ‘’, explique Boureima Ouédraogo.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net



Vos commentaires