Maladies tropicales négligées : Et pourtant elles aveuglent, mutilent, défigurent...Du 19 au 22 Avril à Genève, des responsables gouvernementaux, des dirigeants d’entreprises pharmaceutiques et des organisations caritatives se sont penchés sur les maladies tropicales négligées. Une liste de 17 maladies plus débilitantes les unes que les autres, mais qui n’émeuvent pas grand monde, pour des raisons plutôt inavouables. Ce manque d’intérêt évident des partenaires pour ces maladies tropicales négligées dont les conséquences sont catastrophiques pour de nombreux pays, s’explique malheureusement par des raisons bassement matérielles. C’est l’avis du ministre burkinabè de la santé Nicolas Méda : Ces maladies n’épargnent pas le Burkina Faso. Il y en a même jusqu’à 14, selon le ministre de la santé, qui touchent notre pays. Collaborer. Accélérer. Éliminer Voila, tout est dit. Des maladies de pauvres qui ne risquent pas de se transformer en pandémie menaçant la quiétude des plus riches. Et qui, (faut-il s’en réjouir ?) ne tuent pas beaucoup. Maigre consolation, en réalité parce que les conséquences de ces maladies peuvent réduire à néant les efforts de développement d’un pays. Explications de Nicolas Méda :
Le comble pour des pays pauvres qui ont besoin de bras valides pour s’en sortir. Des résultats encourageants C’est sans doute ce constat qui justifie les efforts soutenus de l’Organisation mondiale de la santé et des autorités sanitaires de ses pays membres pour plus d’engagement de la communauté internationale en faveur de l’élimination de ces maladies. Et les résultats, selon le dernier rapport de l’OMS sur les Maladies tropicales négligées intitulé « intégrer les maladies tropicales négligées dans la santé mondiale et le développement » , sont plutôt encourageants : • 1 milliard de personnes traitées pour au moins une maladie tropicale négligée rien qu’en 2015 ; • 556 millions de personnes ont bénéficié d’un traitement préventif pour la filariose lymphatique (éléphantiasis) ; • plus de 114 millions de personnes ont été traitées contre l’onchocercose (cécité des rivières) : 62% de celles qui en ont besoin ; • seulement 25 cas humains de dracunculose notifiés en 2016, ce qui met l’éradication de cette maladie à notre portée ; • le nombre des cas de trypanosomiase africaine (maladie du sommeil) a été ramené de 37 000 nouveaux cas en 1999 à bien moins de 3000 en 2015 ; • le trachome – principale cause infectieuse de cécité dans le monde – a été éliminé des problèmes de santé publique à Oman, au Maroc et au Mexique. Plus de 185 000 patients ont eu une opération chirurgicale du trichiasis et plus de 56 millions de personnes ont reçu des antibiotiques rien qu’en 2015 ; • leishmaniose viscérale : en 2015, la cible de l’élimination a été atteinte dans 82% des sous districts en Inde, 97% des sous districts au Bangladesh et 100% des districts au Népal ; • la Région des Amériques n’a enregistré que 12 décès humains dus à la rage en 2015, ce qui l’a amenée près de sa cible d’éliminer la rage chez l’être humain en 2015 au plus tard. Au Burkina, les résultats sont tout aussi spectaculaires. Nicolas Meda : "N’oubliez pas le noma !" Même analyse au niveau de l’OMS ou l’on estime qu’il sera crucial d’atteindre les cibles mondiales en matière d’eau et d’assainissement. L’OMS estime que 2,4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des installations d’assainissement de base, comme des toilettes ou des latrines, tandis que 660 millions continuent de boire de l’eau provenant de sources « non améliorées », eaux de surface, par exemple. Beaucoup de raisons d’espérer donc, surtout que le plaidoyer en direction des partenaires commence à porter des fruits. Des annonces ont été faites à ce sommet de Genève, par des pays, des agences de financement et des fondations. Ils ont promis 812 millions de dollars US. Mathieu Bonkoungou Brève description des maladies tropicales négligées Dengue : maladie virale transmise par les moustiques à l’origine d’un syndrome de type grippal. Rage : maladie virale transmise à l’être humain par les morsures de chiens infectés. Ulcère de Buruli : infection cutanée débilitante provoquant une destruction sévère de la peau, des os et des tissus mous. Pian : infection bactérienne chronique affectant principalement la peau et les os. Lèpre : elle est due à une infection touchant principalement la peau, les nerfs périphériques, les muqueuses des voies respiratoires supérieures et les yeux. Trypanosomiase humaine africaine (maladie du sommeil) : parasitose transmise par les piqûres de mouches tsé-tsé. Elle est mortelle pratiquement à 100% en l’absence d’un diagnostic et d’un traitement rapides. Leishmanioses : transmises par les piqûres des femelles infectées de phlébotomes. Sous sa forme la plus sévère (viscérale), elle attaque les organes internes. Dracunculose (maladie du ver de Guinée) : infection par un nématode transmise par l’eau de boisson contaminée par de petits crustacés parasités. Échinococcose : infection due aux stades larvaires de ténias formant des kystes pathogènes. Elle se transmet à l’homme par l’ingestion des œufs éliminés dans les déjections des chiens et des animaux sauvages. Trématodoses d’origine alimentaire : elles sont contractées par la consommation de poissons, de légumes et de crustacés contaminés par des parasites à l’état larvaire. Mycétome : infection cutanée bactérienne ou fongique, débilitante et incapacitante que l’on pense provoquée par l’inoculation d’un champignon ou d’une bactérie dans le tissu sous cutané. Onchocercose (cécité des rivières) : parasitose oculaire et cutanée, transmise par la piqûre de simulies infectées. Elle provoque un prurit sévère et des lésions oculaires, aboutissant à une déficience visuelle puis à une cécité définitive. Schistosomiase : infestation par un ver parasite. La transmission se produit lorsque les larves libérées par des gastéropodes dans l’eau douce pénètrent dans l’organisme humain lors du contact avec des eaux contaminées. Géohelminthiases : groupe d’helminthiases intestinales transmises par des sols contaminés par des excréments humains. Source : OMS |