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Exploitation minière : Le BUNEE veille au respect des politiques environnementales

LEFASO.NET | Oumar L. OUEDRAOGO
jeudi 20 avril 2017.

 

Depuis 2009, le Burkina se classe parmi les grands producteurs d’or. Si ce boom est un apport considérable dans l’assiette fiscale, il n’en demeure pas moins que la situation suscite parfois des inquiétudes, notamment en ce qui concerne l’impact de cette activité sur l’environnement. Conscient de cela, le gouvernement s’est doté de structures de contrôle, notamment le bureau national des évaluations environnementales (BUNEE). Ce mardi, 18 avril 2017 à Roxgold Sanu (société minière sise à Bagassi dans la province des Balé, région de la Boucle du Mouhoun), les responsables de cette structure ont procédé au lancement officiel d’une campagne d’inspection environnementale dans les sociétés minières.

Le Code de l’environnement et le Code minier astreignent les sociétés minières à mener une étude d’impact environnemental aux fins de recenser tous les effets possibles de l’activité sur l’environnement, proposer les mesures de minimiser les risques et des plans de réhabilitation des sites après la phase d’exploitation. Cette étape est impérative à la délivrance du permis d’exploitation. D’où l’intérêt pour l’Etat de suivre les activités des sociétés minières dans leur phase d’exploitation pour se rassurer du respect des normes et engagements, notamment en ce qui concerne la préservation de l’environnement. C’est à cette mission de suivi et de contrôle qu’est commis le Bureau national des évaluations environnementales (BUNEE), une structure du ministère de l’environnement, de l’économie verte et du changement climatique.

La cérémonie d’ouverture avec le directeur Général du BUNEE, Tidjani Zougouri(débout) et le directeur général de ROXGOLD SANU, André Baya( à sa droite)

Selon son directeur général, Tidjani Zougouri, le BUNEE est chargé de veiller à la mise en œuvre de la politique en matière d’évaluations environnementales. Il s’agi précisément du suivi et de la conduite des inspections environnementales. Des équipes d’inspection effectuent donc des sorties sur les sites d’exploitation minière pour le contrôle de tout ce qui est requis en la matière. « C’est pour voir si effectivement, les clauses environnementales sont respectées ; parce qu’avant qu’elles (sociétés minières) s’implantent, il y a eu une évaluation environnementale, un plan de gestion environnementale et sociale qui est élaboré. C’’est cet outil qui nous permet de suivre les activités sur le terrain et de voir si les engagements des mines vis-à-vis des questions environnementales sont respectées. (…). Comme vous le savez, l’activité minière a quand même un impact sur les différentes composantes de l’environnement à savoir l’air, l’eau, le sol », situe le directeur général du BUNEE, Tidjani Zougouri.

Le directeur Général de BUNEE(en chemise noire), Tidjani Zougouri, entouré de ses collaborateurs

Au niveau des exploitations minières, plusieurs installations font l’objet d’inspection ; des prélèvements aux fins d’analyses. Toute la démarche d’inspection (prélèvements et analyses) se fait en référence aux normes définies par les textes en la matière. « Nous nous référons aux textes en matière d’environnement. Il y a par exemple les normes de qualité des eaux (eaux de surface, eaux souterraines). Lorsque nous contrôlons et constatons des non-conformités, cela voudrait dire qu’il y a problèmes au niveau d’une installation et nous interpellons pour qu’on puisse corriger. Parallèlement, la mine fait aussi des prélèvements ; c’est pour confronter les deux résultats, parce qu’il n’est pas souvent facile d’accepter qu’on a pollué… En ce moment, il faut confronter les résultats, voir toute la chaîne ; qu‘est-ce qui a marché, qu’est-ce qui n’a pas marché. Aussi, avant de conduire l’activité d’inspection, le Procureur du Faso (du ressort territoriale) est informé ; l’inspection peut déboucher sur des poursuites », détaille Tidjani Zougouri qui procédait ainsi au lancement officiel de la campagne d’inspection des sociétés minières (du 9 avril au 9 juillet 2017) installées sur l’ensemble du territoire. L’on note deux types d’inspection : l’inspection programmée et celle spontanée.

Journée d’inspection dans les installations de Roxgold Sanu

Le directeur général du ROXGOLD SANU, André Baya

Aussitôt la phase de lancement terminée, l’équipe d’inspection arpente les installations de la mine pour les prélèvements. Une étape précédée par des échanges avec les responsables de la société minière au cours de laquelle, les deux parties vont présenter leur organisation respective. « Nous voulons être un exemple partout, surtout en matière de respect des normes environnementales. Nous sommes des amis de la nature », a accueilli le directeur général de Roxgold Sanu, André Baya, précisant que la société n’a rien à cacher ; elle a plutôt des valeurs à partager.

A titre illustratif, M. Baya affirme que de 2015 à ce jour, plus de 60 mille plants ont été mis en terre avec plus de 90% de réussite (pour environ 7000 arbres détruits dans la phase d’installation de la mine). Les responsables de la société minière ont également fait une présentation des infrastructures, du système de management environnemental de la mine et la responsabilité sociétale. Ainsi, en terme de dégradations environnementales, Richard Zoundi du département environnement de la mine, confie qu’en 2016, aucune plainte n’a été enregistrée ; aussi bien des communautés que de l’Etat. Mieux, Roxgold Sanu a été lauréate du prix Responsabilité sociale des entreprises minières (Prix RSE 2016) d’un collectif d’organisations de la société civile pour ses « bonnes pratiques et ses innovations au-delà de ses obligations contractuelles ». Pour les responsables de Roxgold Sanu, il s’agit pour leur société de rester fidèle à son slogan :’’être la meilleure de sa génération ‘’. Les dirigeants de la mine ont relevé dans cette lancée que les recommandations de la dernière inspection (mai 2016) ont été mises en œuvre, à l’image du centre d’incinération des déchets qui passe d’une fosse de brûlage à un compartiment d’incinération. « La plupart des recommandations étaient déjà dans notre planning ; l’inspection a simplement précipité leur mise en œuvre », souligne Philibert Sawadogo du département environnement de Roxgold Sanu.

Prélèvement d’échantillon d’eau souterraine

La phase de terrain à proprement dite à consister en des prélèvements dans les composantes requises. Entre autres lieux, le parc à résidus, le piézomètre (pour un échantillon d’eau souterraine), la retenue d’eau (barrage) à quelques encablures du parc à résidus, la déchetterie avec ses compartiments de stockages par types de déchets, le centre d’incinération et la zone d’épandage de boues. Un périple de plusieurs heures marqué par de nombreuses questions d’éclaircissements et d’informations de l’équipe d’inspection à celle de la mine. Le travail prend fin par un bref échange entre l’équipe d’inspection et les responsables de la mine. En attendant les résultats des prélèvements, l’équipe du BUNEE note avec satisfaction, la mise en œuvre effective des recommandations de la dernière inspection. D’où ses félicitations et encouragements à la société minière à poursuivre dans cette dynamique. Pour le directeur général de Roxgold Sanu, André Baya, c’est avec plaisir que les recommandations (s’il y a lieu) seront toujours mises en œuvre. « Personne n’est parfaite, c’est pour cela qu’on travaille en collaboration avec vous », s’ouvre M. Baya pour qui, l’on a souvent besoin de regards externes pour attirer l’attention sur certains aspects. « Un inspecteur n’est pas un adversaire, c’est un ami, un collaborateur », rassure André Baya.

Le BUNEE : ses forces, mais aussi ses insuffisances !

Le parc à résidus

« Ce qu’on peut faire, on le fait jusqu’au bout. Mais ce qu’on ne peut faire, on ne le fait pas. Comme on ne peut faire tout, on cible et on le fait bien », avoue le directeur général du BUNEE, Tidjani Zougouri. En clair, certains paramètres échappent donc au contrôle de la structure, par manque de moyens. « Pour un pays minier, il faut les moyens pour protéger notre environnement », suggère-t-il avant de soutenir que le contrôle des composantes de l’environnement requiert d’énormes moyens. « Nous sommes-là et nous nous intéressons aux aspects de la qualité de l’eau ; parce qu’aujourd’hui, nous disposons d’un minimum pour contrôler la qualité des eaux. Peut-être pas tous les paramètres, mais certains. Par exemple, pour la qualité de l’air, ça demande des moyens », poursuit Tidjani Zougouri.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Oumar L. OUEDRAOGO
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