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Le mouvement citoyen « Y’EN A MARRE » à la CODER : « La réconciliation nationale est une question nationale et elle ne saurait se limiter à des accommodements… »

vendredi 14 avril 2017.

 

Un conglomérat d’opposants déchus suite à l’élan révolutionnaire déclenché par notre peuple les 30 et 31 Octobre 2014, la CODER (Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation) conduit en ces moments une caravane pour (dit-elle) la consolidation de la paix. Loin des victimes du système Compaoré, elle a apparemment rencontré plusieurs personnalités du pays, elle a même été entendue par le chef de l’Etat. Un des pères fondateurs de l’éphémère Front Républicain indexé par de nombreux Burkinabè comme celui par qui est passé le scandale du « on va modifier l’article 37, pian ! » est le chef de peloton de cette caravane.

Véritablement, le fils de l’autre n’a pas compris que c’est parce que le peuple n’avait pas été impliqué dans leur projet de modification constitutionnelle, que tout leur clan a vécu ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre 2014. La réconciliation nationale est une question nationale et elle ne saurait se limiter à des accommodements entre l’Assemblée nationale, le parti au pouvoir, les partis de l’opposition, les autorités coutumières et religieuses ; elle passe par un débat qui devra se poser d’abord au sein du peuple. Cette humilité vous a manqué quand le rapport du collège des Sages vous avait été rendu à la suite du drame de Sapouy. La réconciliation est l’aboutissement d’un processus vérité-justice.

Il y a des raisons de douter de la bonne foi de la CODER

La première fois que nous nous sommes inquiétés pour la paix dans ce pays (modification de l’article 37), ceux qui étaient les architectes du drame qui s’annonçait s’étaient autoproclamés bons Samaritains (Front Républicain, ABC, FEDABC …) pour sillonner le pays avec des messages de paix.

La seconde fois, après l’insurrection, alors qu’il était question de pardon et d’inclusion, est survenu un putsch manqué pour rétablir dit-on le CDP dans ses droits. Osons croire qu’avec la très remarquable présence dans le peloton du distingué « Musulman-Moaga du Plateau central » (reconnaissons lui cela) cette fois-ci, la situation serait meilleure. Osons croire qu’il ne s’agit d’un plan B pour le parti déchu et ses alliés pour reconquérir le pouvoir. Cependant, il reste des raisons de s’interroger.

Qu’est-ce qui fait courir la CODER ?

Ce n’est pas la réconciliation que la CODER craint de ne pas obtenir ; elle est plutôt effrayée par les conséquences des vérités qui seront déballées. Ce qui sortira de ces assises pourraient définitivement nuire à ces gens qui ne veulent pas accepter que lorsqu’on joue au PMU et qu’on perd, on a perdu. Qu’est qui fait courir la CODER quand elle sait :

1) qu’une structure comme le HCRUN est en place pour la problématique de la réconciliation ;

2) que le HCRUN dispose du rapport du collège des Sages qui est un document de référence et qui reste d’actualité ;

3) que les Burkinabè sont magnanimes ; pour preuve depuis les différentes résistances (30 et 31 octobre 2014, putsch du 15 septembre 2015) ils(CDP et compagnie) n’ont enregistré aucune perte en vie dans leurs rangs. Dieu sait faire les choses, le contraire n’aurait pas été possible.

Le Président de la CODER en disant craindre la justice des vainqueurs minimise la clémence des victimes du putsch et de l’insurrection. Il n’appartient pas au fautif de fixer sa peine. Si le pardon avait habité leur esprit, Thomas Sankara et ses compagnons d’armes auraient bénéficié ne serait-ce que de ce que vivent Djibrill Bassolet, Gilbert Diendéré et compagnie, c’est-à-dire la prison ; ils n’auraient pas été exécutés le 15 octobre 1987. Si le pardon avait habité votre cœur, le Mogho Naaba et le grand chancelier l’auraient obtenu pour le Commandant Boukary Jean-Baptiste Lengani et le Capitaine Henri Zongo. Si le pardon avait fait partie de votre agenda, Norbert Zongo, Oumarou clément Ouédraogo, Boukary Dabo, Guillaume Sessouma, Elisée Sanogo et bien d’autres hommes de rang seraient encore de ce monde.

Sur notre continent comme ailleurs sous d’autres cieux, la justice n’a jamais été impartiale au sortir des crises où les seigneurs perdent leur pouvoir. A chacun son tour chez le coiffeur, ne nous chatouillez pas pour rire ; quand on prend un individu en flagrant délit de vol, ce n’est pas pour partager équitablement avec lui ce qu’il a volé. On dit souvent que la meilleure façon de se défendre c’est d’attaquer ; n’est-ce pas ce à quoi joue Maitre Gilbert et ses amis. Tirons des leçons de ce simulacre de cette journée de pardon initiée par le CDP qui n’a point connu l’adhésion du peuple ; une initiative qui ne lui a rien apporté et qui n’a inspiré nulle nation ailleurs dans le monde.

Nous invitons le président de la CODER à plus de sérieux. Si comme les ténors du MPP, ils avaient quitté le Titanic du CDP au moment où le peuple tout entier avait mal et marre de la gouvernance Compaoré, on n’en serait pas là. Qu’il s’accorde un long moment d’hibernation. Pour être franc, qu’il sache que son apparition sur les écrans de télévision dans maints milieux réveille des rancœurs et de la désapprobation. Comme conseils au Musulman-Moaga du Plateau central qui n’est ni de près ni de loin mêlé à ce qui fait courir ses nouveaux alliés : qu’il effectue le bon salvateur, car comme le dit l’adage, « celui qui effectue un atterrissage sur des braises est appelé à faire un autre bond ». S’il ne fait pas ce bon, il perdra la miette de crédibilité qui lui reste.

A l’intention du HCRUN, notre souhait est qu’il utilise le rapport des Sages écrit à la suite des assassinats du 13 décembre 1998. Que cette structure travaille à ancrer dans la tête des générations à venir que des gouvernants à une époque de notre histoire s’étaient comportés d’une façon indélicate envers le peuple et que ce dernier avait refusé la compromission. Pour conclure : maintenant que la CODER a rencontré Blaise Compaoré, la preuve est faite que cette démarche est un plan B. Pour notre part, l’ultime message à l’endroit des animateurs de cette nébuleuse, c’est que, quelle que soit la forme sous laquelle elle se présentera à nous, notre réaction ne se fera pas attendre. Si ailleurs on a permis à des nostalgiques d’arborer les posters de Blaise Compaoré, ce ne sera pas partout le cas. Wait and see. Quand un homme refuse, il dit non !

Pour le mouvement
Le président
Daouda Kambé OUATTARA.



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