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Attaque de Yimdi : 17 ans de prison pour les cerveaux, 10 ans pour les autres !

LEFASO.NET | Par Tiga Cheick Sawadogo
jeudi 6 avril 2017.

 

Après neuf jours de procès, le tribunal militaire a rendu son verdict dans l’affaire de l’attaque de Yimdi dans la soirée du 6 avril 2017 à Ouagadougou. Le sergent-Chef Ali Sanou , le cerveau a écopé d’une peine de prison de 17 ans ferme au même titre que le Sergent Ollo Poda Stanislas Silvère. Les autres peines vont de 10 à 3 ans de prison ferme. Le civil impliqué, Yago Sabkou et le soldat de première classe Salfo Kosporé qui étaient poursuivis pour recel de malfaiteurs et complicité de vol aggravé, ont été acquittés pour infractions non constituées.

17 ans de prison ferme pour le Sergent-Chef Ali Sanou et le Sergent Ollo Stanislas Silvère Poda. Les deux sous-officiers sont reconnus coupables de complot militaire, vol aggravé, désertion à l’étranger en temps de paix.

10 ans de prison ferme pour le soldat de 1ère classe Ollé Bienvenu kam, le soldat de 2e classe Handi Yonli, 1ère classe Boureima Zouré, 1ère classe Hamado Zongo, 2e classe Aboubakren Ould Hamed, Sergent Salif Couldiaty, Caporal Abdoul Nafion Nebié, Caporal Desmond Toé, Caporal Hamidou Drabo,1ère classe Djimaldine Napon, 1ère classe Abou Ouattara, 2e classe Issouf Traoré et 2e classe Seydou Soulama. Le complot militaire est retenu pour tous avec d’autres infractions. La désertion à l’étranger ou à l’intérieur en temps de paix.

Quant aux Sergent-chef Lahoko Mohamed Zerbo, Roger Koussoubé et l’Adjudant Kossè Ouékouri, ils ont été condamnés à trois ans de prison ferme pour désertion à l’étranger en temps de paix.

Le caporal Issaka Ouédraogo lui a pris six mois de prison assortis de sursis, pour détention illégale d’armes et de minutions.

Le seul civil impliqué dans l’affaire, Yago Sabkou, et le soldat de 1ère classe Kosporé Salfo sont acquittés de recel de malfaiteurs et complicité de vol aggravé, pour infractions non constituées.

Un coup de massue pour les accusés qui quelques heures auparavant semblaient confiants. Certains ont regagné leur place le visage grave, pendant que d’autres ne laissaient transparaitre aucun sentiment. A l’énoncé verdict, une fille s’est évanouie dans la salle. Une fois dans la cours du tribunal, le Sergent-Chef Ali Sanou tente de consoler sa femme, les yeux rouges. ‘’Ta force sera ma force’’, lui dit-il.

Le tribunal, présidé par Seydou Ouédraogo a par ailleurs décidé de la confiscation du scellé de matériels militaires au bénéfice des forces armées nationales. Et ce n’est pas tout. Il a prononcé la confiscation du véhicule de marque BMW du Sergent-Chef Ali Sanou, ayant servi au transport des armes volées et à la fuite des assaillants, au profit du trésor public.

Cinq jours pour faire appel

La décision du tribunal n’est naturellement pas du gout des avocats de la défense. Me Odilon Gouba, avocat de Sergent Ollo Poda Stanislas, s’est dit déçu à l’annonce du verdict. « Il est jeune, c’est un soldat très compétent. Il a donné toute sa vie à l’armée burkinabè. C’est vrai qu’il a commis une erreur, mais qui ne commet pas d’erreurs dans sa vie ? Je suis déçu parce qu’il y a des infractions qui n’étaient pas constituées, nous avons apporté la démonstration juridique, notamment le complot militaire. Le Sergent-chef Ali Sanou a assumé, et a dit comment il a manipulé ses éléments pour les amener sur le terrain de Yimdi. La justice n’a pas été dite, comme cela devrait être. Cela ne reflète pas l’instruction qui a été faite à la barre. Les pièces produites à l’audience, le débat contradictoire, ont montré la faiblesse de l’accusation », a regretté le conseil commis d’office. C’est après concertation avec son client, qu’une suite sera donnée, son contrat d’avocat commis d’office ayant pris avec l’annonce du verdict. Les avocats ont cinq jours pour se pourvoir en cassation.

Pour Me Kako Bruno Ouattara avocat du sergent-chef Ali Sanou, ce fut une surprise, même s’il dit comprendre le verdict. « Complot suppose qu’on veut prendre le commandement ou le pouvoir. Sanou a dit qu’il avait juste besoin d’une arme pour sauver la vie des gens. On s’arrête juste aux actes préparatoires, sans aller au bout. Nous estimons que la décision est lourde, en même temps, nous comprenons que le tribunal veut satisfaire l’opinion publique ». En tout cas, Me Kako Bruno Ouattara s’est déjà pourvu en cassation.

Le procès a eu lieu environ 15 mois après les événements. C’est le 22 janvier 2016 que la poudrière a été attaquée et le procès a débuté le 28 mars 2017.

Tiga Cheick Sawadogo
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