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Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

vendredi 31 mars 2017.

 

Interpellé par le député N’Goumion Bernard Somé, le ministre de la santé était devant l’Assemblée nationale le 27 mars 2017 pour faire le point sur la situation des maladies cardio-vasculaires au Burkina. Une situation alarmante selon le Pr Nicolas Médah qui met en garde contre certaines habitudes alimetaires comme la sédentarité, le porc au four et le « pouré » (abâts). Nous vous proposons l’intégralité de son intervention..

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Honorables députés,
Mesdames et messieurs

Je voudrais au nom du département de la santé vous remercier de l’intérêt que vous accordez à la grande problématique de la montée en puissance des maladies cardio-vasculaires dans notre pays. Au travers d’un questionnement pertinent, l’Honorable Député passe en revue des aspects très importants, auxquels j’apporte les réponses suivantes :

1. De la situation des maladies cardiovasculaires dans le reste du pays ?

Les maladies cardiovasculaires représentent un fardeau de plus en plus lourd sur la santé mondiale et nationale, du fait, entre autres, des changements actuels en termes de mode de vie.

Aujourd’hui, on estime qu’un tiers des décès dans le monde est dû aux maladies qui affectent le cœur et les vaisseaux sanguins, surtout dans leurs complications d’hémiplégies (paralysies de l’hémicorps) et d’accident vasculo-cérébral (AVC).

Selon les résultats de l’enquête STEPs (enquête par lots de villages et de ménages) réalisée au Burkina en 2013, la prévalence globale de l’Hypertension artérielle (HTA) au sein de la population de 25 à 64 ans était de 17,6 % soit 865 638 personnes hypertendues. Cette prévalence augmente avec l’âge de façon globale dans les 2 sexes. Elle est de 24,8% en milieu urbain soit 304 941 cas et de 14,8% en milieu rural soit 545 942 cas.

Les régions les plus concernées sont la région du Centre avec 32,7% soit 264 277 personnes, suivie de la région des Hauts-Bassins avec 24,7% soit 141 175 personnes et la région de l’Est avec 20,8% soit 86 348 personnes.

Dans notre pays, la proportion des sujets de 40 à 64 ans ayant un risque de survenue d’un évènement cardiovasculaire fatal ou non dans les 10 prochaines années était de 7,8 % en 2013 soit 383 637 personnes.

2. Des éléments explicatifs de la récurrence ces dernières années des pathologies cardio-vasculaires, quand on sait qu’elles existaient à peine dans les décennies passées ?

L’évolution des modes de vie et la transition nutritionnelle favorisent l’exposition des populations aux facteurs de risque et l’éclosion de ces maladies cardiovasculaires.

Les facteurs tels que la mauvaise alimentation (certaines graisses alimentaires présentes dans les produits laitiers, la viande et les huiles hydrogénées et certaines margarines), le manque d’activité physique (la sédentarité), et surtout la consommation de tabac ont tendance à s’accumuler avec le temps et à augmenter le risque global de développer des maladies cardiovasculaires.

L’âge, le surpoids, l’obésité, le diabète, la consommation abusive d’alcool, la non consommation ou la faible consommation de fruits et légumes, une alimentation riche en sel et en graisses, sont les principaux facteurs de risque pour l’hypertension.

3. De ce que fait le ministère de la santé pour prévenir ces maladies ?

3.4.
Depuis 2013 le ministère de la santé a mis en place un programme national de lutte contre les maladies non transmissibles qui a élaboré un plan stratégique intégré de lutte contre les maladies non transmissibles dont l’HTA et les maladies cardio-vasculaires validé en 2016.

Actuellement à travers ce programme, le ministère de la santé met en œuvre des actions de promotion de modes de vie sains tels que la pratique d’activités physiques en collaboration avec le ministère en charge du sport, les conseils nutritionnels, la lutte contre le tabagisme et la consommation à doses nocives d’alcool, la lutte contre l’obésité et la sédentarité.

La surveillance de la tension artérielle fait partie des soins primaires de base dans toutes les formations sanitaires et des examens annuels de santé pourraient être proposés dans un programme national de dépistage des maladies cardio-vasculaires.

Il faut également noter l’amélioration des plateaux techniques de nos hôpitaux, la disponibilité des médicaments antihypertenseurs et cardio-vasculaires.

En perspective, il serait séant de trouver un financement pour la mise en œuvre du plan stratégique intégré de lutte contre les maladies non transmissibles. Honorables députés vous devriez veiller à ce qu’une ligne budgétaire de lutte contre les maladies non transmissibles soit inscrite dans le budget de l’Etat.
Le ministère coordonne et encadre également les actions des ONG et Associations sur la sensibilisation et le dépistage de l’HTA et des maladies cardio-vasculaires sur l’étendue du territoire.

De ce que fait le Ministère de la santé pour prendre en charge les pathologies cardiovasculaires et cela mérite d’être à nouveau souligné, c’est avant tout la prévention des facteurs de risque et la promotion de modes de vie sains qui constituent la solution.

En effet, l’adoption de modes de vie sains peut réduire une pression artérielle élevée de même que les mesures hygiéno-diététiques telles que la diminution de l’apport en sodium (sel), en alcool et en protéines animales, la perte de poids et la pratique régulière de l’activité physique. Une augmentation des apports potassiques, des fruits et légumes, contribue à un meilleur contrôle tensionnel et à l’amélioration du pronostic cardiovasculaire.

Par ailleurs, des graisses comme celles que l’on retrouve dans les huiles de soja et de tournesol, l’huile de poisson peuvent avoir un effet bénéfique dans la diminution du risque cardio-vasculaire. Un régime riche en fruits, légumes, en fibres, en céréales complètes et poissons, une consommation limitée d’alcool, de graisses et de viande peuvent contribuer à réduire le risque de développer certaines maladies cardiovasculaires.

Dans le PNDES il est inscrit la construction d’un Institut de Cardiologie pour offrir une prise en charge spécialisée aux complications des maladies cardio-vasculaires qui tuent les burkinabè ou occasionnent des évacuations sanitaires coûteuses.

Je voudrais à toutes fins utiles rappeler à l’attention de l’Auguste assemblée que le Ministère a fait en sorte que depuis l’année 2016 chaque CHR dispose de 2 Cardiologues ce qui permet d’améliorer sensiblement la qualité de la prise en charge des affections cardio-vasculaires.

Telle est Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés, la substance de la réponse que j’apporte à la pertinente question de l’Honorable Député N’GOUMMION Bernard SOME.
Je vous remercie de votre aimable attention.

Le Ministre de la santé

Professeur Nicolas MEDA
Chevalier de l’ordre national



Vos commentaires

  • Le 30 mars 2017 à 14:26, par Zemosse En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Mci au ministre qui a tiré la sonnette d’alarme car la,situation est inquiétante .je propose qu’une sensibilisation régulière se fasse à la télé et radio (comme cela se fait en Europe ) par des petit message en bas de la télé du genre : "faites une activité physique reguliere" ; "éviter de consommer trop gras,trop sucré, trop salé" ; "manger régulièrement des fruits et légumes ". Avant chaque journal à la,radio ou à la télé , faites passer ces messages, ou’demander à un spécialiste de venir’exposer en deux’ trois minutes, les causes des’maladies cardio- vasculaires .et cela régulièrement.
    Ça ne coûte pas grand chose pour la santé de la population et ça peut réduire les évacuations en Europe ou en Tunisie

  • Le 30 mars 2017 à 15:33, par Npiessan En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    IL semble que les bouillons culinaires y sont pour quelque chose ; quelqu’un peut-il nous éclairer ?

  • Le 30 mars 2017 à 16:13, par Cheikh En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Félicitations au ministre ! Mais notre problème en Afrique en général et au Burkina en particulier, ne réside pas dans la méconnaissance de l’existence des maladies. Il réside plutôt dans le manque de structures appropriées ici pour leur prise en charge. Si bien que très souvent, il faut que vous ayez soit la chance d’être évacué, soit l’opportunité d’être traité par des spécialistes étrangers en missions périodiques sur place ici. N’empêche que dans tous les cas, malheur à vous si vous n’êtes qu’un salarié moyen, ne comptant sur d’autres ressources que son salaire ! Adieu alors à l’espoir de guérison, à la tranquillité, voire à la vie tout court.

    • Le 31 mars 2017 à 13:22, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

      - Cheikh, c’est ce paragraphe qui m’intéresse le plus : ’’Dans le PNDES il est inscrit la construction d’un Institut de Cardiologie pour offrir une prise en charge spécialisée aux complications des maladies cardio-vasculaires qui tuent les burkinabè ou occasionnent des évacuations sanitaires coûteuses’’.

      Par Kôrô Yamyélé

    • Le 31 mars 2017 à 16:57, par Horus En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

      Cheick, ce que vous dites au sujet de la connaissance de ces pathologies est très pertinent et en même temps, nous savons tous que les plateaux techniques sont inexistants ou très rares d’où le coût élevé du traitement ici ou pour ceux qui en ont les moyens, à l’étranger. De ce fait, il faut connaître les comportements à risques et simplement les éviter ou carrément les éliminer quand ces comportements font partie de nos habitudes, sachant que nous n’avons que peu de chance de recevoir les traitement appropriés en cas de maladies cardiovasculaires surtout si nous "achetons" nous-même ces maladies.

  • Le 30 mars 2017 à 16:18, par Siaka En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Voici une réponse technique rendue compréhensible par tous ! Bravo Mr le Ministre. A propos de la formation, si l’on vise l’excellence il est mieux commencer tôt. Si l’on veut être un excellent médecin de santé publique il faut aller tôt sur le terrain du management du système de santé (on a grandement besoin). Si l’on veut être un excellent cardiologue ou un excellent spécialiste de médecine interne (diabete, HTA, goutte, goitre) mieux vos commencer tôt la spécialisation dans le domaine ou l’on veut exceller au bénéfice de nos populations. Une spécialisation en cardiologie c’est être d’abord médecin (Bac+8) puis (Médecin +4). Les quatre années de spécialisation sont celles ou le médecin est entièrement à la disposition de l’hôpital (sans vie de famille presque). Si l’on sait que parmi ceux qui sont en spécialisation certains n’ont ni salaire ni indemnité pour seul tord d’avoir réussi tôt au concours d’entrer en spécialisation, c’est à ne rien comprendre.

  • Le 30 mars 2017 à 17:11, par J&B En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Il serait bon de renforcer les peines d’emprisonnement pour les cas de fraudes sur les aliments. Vous faites les rayons des alimentations par exemple, vous verrez que pratiquement toutes les huiles sont stickées "sans cholestérole". Ce faisant on les vend chères. Le consommateur fait le sacrifice de choisir ces huiles avec la certitude qu’elles ne sont pas nuisibles. Or il se fait arnaquer. Il faudra que par moment le Labo national de santé publique fasse des prélèvement inoppiné dans les points de vente des produits alimentaires pour régulièrement s’assurer de la qualité et de la conformité des étiquettes.

  • Le 30 mars 2017 à 17:27, par Compatner En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Félicitations.... Bonne intervention.... Les évacuations sanitaires coûteuses, on n’en veut plus.... Bien dit... Vous avez de l’avenir M. le Ministre... Courage

  • Le 30 mars 2017 à 18:07, par en verité je vous le dis En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Avoir un gros ventre est un signe d’aisance chez beaucoup d’homme .Certaines femmes avalent des produits pour être grosse car les commerçants qui ont l’argent aiment les grosses femmes.Comment conseiller ces gens qui se sentent à l’aise a travers leur surpoids jusqu’à ce que la maladie les terrassent pour qu’ils accusent d’autres personnes de sorcellerie. changons de comportement et de mentalité car comme le dise les cardiologues c’est nos bouches qui creusent nos tombes ce n’est pas la mort le problème mais l’invalidité dans ce monde actuel.Au BF nous avons des fruits à toute saison mais c’est difficile car l’argent de condiment ne suffit pas de payer les fruits.Alors je propose que ceux qui boivent deux bouteilles de bière ou de sucrerie en consomment une bouteille l’argent d’une bouteille pour payer des fruits

  • Le 30 mars 2017 à 19:59, par Fidèle En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Pourquoi n’évoque t’il pas la question des cubes maggy ou jumbo qui sont un véritable fléau pour l’hypertension, les risques cardio... ? alors que nous avons le soumbala qui, cerise sur le gâteau, contribue à lutter contre l’hyper tension. Savez vous que nos éleveurs utilisent ces cubes pour rendre stérile leurs mâles dans leur troupeau ? alors, on comprend mieux la baisse rapide de la fertilité de l’Homme au Nord comme au Sud avec de tels mixtures chimiques qui devraient être interdite purement et simplement.
    Avoir un slogan de manger des fruits et légumes est bon si c’est du bio. Mais, si ce sont nos légumes avec des eaux pollués comme ceux qui sont produits en aval de l’usine de tannage, ou des légumes pulvérisés de toutes sortes de produits chimiques, je crains fort que l’on aggrave la situation sanitaire de la population et cela a déjà commencé avec le nombre exponentiel de cancer aux 4 coins du Burkina et autres maladies liés à ces produits chimiques sans compter le nombre élevé d’empoisonnement....

    • Le 31 mars 2017 à 10:23, par Zemosse En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

      Tout’a’fait d’accord avec toi. Je le répète, il,faut sensibiliser toujours sensibiliser par,la,radio,la,télé et,cela,tous,les,jours,il ne fau pas se lasser. Inviter régulièrement (la rti le fait régulièrement ) un spécialiste sur ces questions, qui va en qq mn expliquer en français facile ce qu’est l’AVC, les,causes, ce qu’il,faut’éviter.ce qu’il,faut faire .. Moi j’en ’ai pris,conscience grâce aux télé étrangères ; au Burkina on préfère diffuser des clip bidons et autres emissions ’inutiles qui abrutissent la,jeunesse.

  • Le 31 mars 2017 à 13:33, par Tiendré En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Petit Dagari, présentation intéressante mais incomplète. Au regard de l’opportunité et au regard de son grade on dira : "Peut mieux faire".

  • Le 31 mars 2017 à 15:03, par Wendpagnagde En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    La construction des structures ne servent à rien. Il faut prévenir surtout faire de la prévention. Et cela ne dépend pas des institutions mais des individus. Quand on pense que manger du porc au four à tout vent, boire la bière et avoir un gros ventre est un signe d’aisance, c’est la connerie. La prévention est d’abord individuelle. Quelque soit les programmes mis en place, Si la population ne prend pas conscience, Ça ne sert à rien.
    Quand dans un pays les gens ne vont voir le médecin que sur un brancard et vouloir que le médecin fasse de la magie, Il y’a un problème. Les causes de décès d’origine cardio-vasculaires sont dues dans 70% des cas à l’hypertension artérielle.
    Quand on forme des médecins bac +12 et on refuse de les payer, Les autres les débauches et offrent mieux. Il faut améliorer les conditions de salaires des medecins
    Les évacuations sanitaires n’ont jamais résolu le problème de santé. Nous disposons des spécialistes mais pas des moyens techniques. À quoi sert bon de les envoyer en province
    nous avons un plateau techniques High reçu de chirurgie cardiaque qui chome, des médecins formés en rythmologie et interventionnelles qui choment.
    En plus nous voyons les structures privées comme ne faisant pas partie de l’offre de soins, alors qu’il faut les appuyer pour mieux améliorer l’offre.
    Face à toutes ces technologies, le burkinabé ne peut pas se payer les soins. L’état ne pourra pas subventionner la prise en charge indéfiniment comme la gratuité des soins. Il faudra mettre en place un système de sécurité sociale en place.

  • Le 31 mars 2017 à 16:30, par Cheikh En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Merci à Kôrô Yamyélé pour la parenthèse. Mais je t’assure qu’au Burkina ici, il faut s’estimer privilégié pour bénéficier d’une évacuation coûteuse ou pas ! Combien sont morts avec leurs maladies, sans même réussir frapper à cette salutaire porte de l’évacuation, Dieu seul le sait. De plus avec ce que j’ai personnellement vécu tout récemment, je suis très bien placé pour dire qu’il n’y a pas que les maladies cardio-vasculaires qui coûtent ou tuent le plus au Burkina hein ! Le ministre n’a qu’à encore bien scruter pour voir, et il s’en rendra compte !

  • Le 1er avril 2017 à 08:44, par Zemosse En réponse à : Maladies cardio-vasculaires au Burkina : Le ministre de la santé sonne l’alerte

    Je propose à Faso.net, d’inover en faisant aparaitre en permanence sur votre fenêtre un spot à l’attention de vos lecteurs :" faites,une activité physique reguliere " éviter l’excès d’huile ,de sel ,de sucre" "éviter de,grignoter entre les,repas" "consommer régulièrement des fruits et legumes". Faites le, je vous assure que vous aller sauver des vies et Dieu vous le rendra.