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Soutenances à l’ISTIC : Des étudiants décrochent leur parchemin de fin de formation

dimanche 26 mars 2017.

 

Entamée depuis le 21 mars dernier, la série de soutenances des mémoires de fin de cycle des élèves journalistes et techniciens de la promotion 2013-2016 a poursuivi son petit bonhomme de chemin ce vendredi 24 mars 2017 à Ouagadougou. A l’occasion, Ismaël Saturnin Paré, et Laguéméba Emmanuel Kaboré ont présenté et défendu leurs mémoires de fin de formation. Ils ont respectivement obtenu la note de 17/20 et 14/20.

L’exercice du métier de journaliste et le statut de fonctionnaire sont-ils compatibles ? Le pouvoir politique n’exerce-t-il pas sur le journaliste fonctionnaire une influence qui constitue un handicap au bon exercice de sa profession ? Le journaliste de la RTB-Télé arrive-t-il vraiment à satisfaire le public de plus en plus sceptique quant a l’indépendance des médias publics ? Voici autant de questions qui ont amené Ismaël Saturnin Paré à s’intéresser au thème « Télévision publique au Burkina Faso : Média public ou instrument de communication gouvernementale ». L’ambition de leur apporter des réponses a guidé sa démarche méthodologique. C’est sous la direction de Yacouba Traoré qu’il a préparé son mémoire de fin de formation à l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC).

Parti de l’hypothèse principale selon laquelle la télévision publique burkinabè est un instrument de communication entre les mains des dirigeants politiques ou du système politique en place, M. Paré a, en sus des recherches et entretiens, fait une analyse de contenu des JT de 20 heures à la RTB-Télé. Par la suite, une enquête de terrain auprès de 35 journalistes des rédactions de la RTB-télé de Bobo et Ouagadougou, et 101 téléspectateurs de ces deux localités lui a permis d’appréhender les différents points de vue sur les questions posées. En effet, explique l’impétrant, 84,2% des téléspectateurs enquêtés disent n’être pas satisfaits des programmes de la RTB-Télé, contre 15,8%. Sur la liberté d’expression 81,1%, estiment que les journalistes ne sont pas libres de leurs opinions. 63,3% autres soutiennent que les journalistes n’ont pas réellement un regard critique sur les dirigeants.

Fort de ce constat, et prenant en compte certaines réalités auxquelles font face les journalistes des médias publics, M. Paré a formulé des suggestions afin que la Nationale de l’image recouvre ses lettres de noblesse auprès du citoyen. Au nombre des recommandations, il préconise l’adaptation de ses programmes aux besoins du public, le renforcement des capacités du personnel afin que celui-ci soit en phase avec l’évolution du monde. L’élaboration d’un statut particulier pour le journaliste de média public, la réflexion sur le binôme pouvoir politique/ médias publics et l’ouverture des cycles de spécialisation a l’ISTIC, figurent également au nombre de celles-ci. Enfin, l’impétrant a milité en faveur de l’appellation média de service public en lieu et place de média d’Etat, car « cette terminologie renferme une connotation péjorative », selon lui.

« Il y a eu de gros efforts de recherche »

A l’issue de l’exposé suivi des échanges avec le jury présidé par Lézin Didier Zongo, le travail de Ismaël Paré a été jugé recevable. Il a donc été élevé au grade de conseiller en sciences et techniques de l’information et de la communication, option programme avec la note de 17/20. « Le travail a été bien mené. Il y a eu de gros efforts de recherche de la part de l’impétrant. Il avait un sujet aussi qui était assez pertinent et d’actualité », avoue Arsène Evariste Kaboré. Mais comme disait Spinoza « la perfection n’est pas de ce monde ». Ce mémoire, étant une œuvre humaine contient des imperfections que M. Paré a promis de prendre en compte dans la version finale et corrigée.

Laguéméba Emmanuel Kaboré, quant a lui, a présenté et défendu son mémoire intitulé « la vulgarisation des résultats de la recherche scientifique par les médias burkinabè de 2012 a 2016 : Cas de lefaso.net et Sidwaya », devant un jury présidé par Dr Seydou Dramé qui avait à ses côtés Dr Cyriaque Paré, directeur de mémoire de l’impétrant.

« Dans les éditions Sidwaya, il n’y a eu que 72 articles sur 60 mois. Sur la même période, on trouve moins de 100 articles de recherches scientifiques sur le site d’information, Lefaso.net », explique Emmanuel Kaboré. Les résultats de son étude, assure M. Dramé, confirment son hypothèse qui est que dans ces médias, il y a beaucoup plus de compte rendu, de reportage, d’interviews, chroniques et d’articles de fond comme les enquêtes, analyses et commentaires. Toutefois, a-t-il concédé, les chercheurs ont une part de responsabilité. « Ils ont reconnu qu’ils ne publient pas les résultats de leurs recherches au niveau de la presse classique parce qu’il faut payer les frais de publication alors qu’ils payent déjà dans les revues scientifiques pour avoir plus de visibilité dans leurs activités », foi de M. Dramé.
Les membres du jury après avoir entendu l’impétrant, lui ont décerné la note de 14/20.

A l’occasion, le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou n’a pas manqué d’encourager l’ISTIC. « Il fait un gros effort pour se mettre au niveau des institutions de formation en mettant les cours à niveau, en étant a l’écoute des besoins des étudiants, mais surtout en ayant une réflexion très prononcée sur l’ensemble des formations a dispenser », a-t-il déclaré. Ainsi, il a réitéré l’engagement du gouvernement à œuvrer de concert avec l’institut pour atteindre les objectifs à lui assignés. Par ailleurs, le ministre Dandjinou a donné son point de vue sur le thème développé par M. Paré : « L’indépendance des médias, elle est extrêmement relative. Les médias privés ne sont pas plus indépendants ou moins indépendants que les médias publics parce que les forces financières sont également des forces qui enchainent les médias ».

Satisfaite de la visite du porte-parole du gouvernement, la directrice générale de l’ISTIC, a annoncé l’ouverture de la filière communication pour la rentrée 2017-2018. Un ouf de soulagement pour les communicateurs !

Aïssata Laure G. Sidibé
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