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Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

Ceci est une tribune de Karim Traoré sur la présidentielle française.
jeudi 23 mars 2017.

 

En politique rien n’est définitivement donné pour acquis, surtout dans un régime démocratique. La démocratie étant par essence basée sur l’opinion publique : l’opinion publique, cette maîtresse versatile, capricieuse et exigeante ; il suffit d’un brin de scandale, de mœurs ou d’argent, peu importe, pour gripper la plus belle mécanique lancée à la conquête du suffrage universel.

C’est ce qu’il est donné de voir dans la lutte à la magistrature suprême actuelle de la France. Tout se joue et se déjoue au rythme des sondages et au gré des affaires qui écornent de plus en plus certains candidats à cette présidentielle.

Il y a à peine un an, personne n’aurait parié un kopeck sur Emmanuel MACRON alors ministre en charge de l’économie du Président François HOLLANDE. Trop jeune, pas d’expérience, jamais élu…selon ses détracteurs.

Ça c’était avant - l’appétit venant en mangeant !- qu’il ne se pique d’un destin présidentiel. Avant qu’il n’opère un parricide en douceur en volant malicieusement la vedette à son mentor HOLLANDE qui sera contraint à renoncer à briguer un second mandat, chose inédite pour un président sortant sous la cinquième république française.

A moins d’un mois du premier tour de cette élection, les dés semblent jetés chez « nos ancêtres les gaulois » et un boulevard se dégage au pied du supposé novice MACRON qui a réussi habilement à damer le pion aux barons des appareils partisans. La faute sans doute à ses adversaires englués dans leurs propres turpitudes.

Combat homérique à Gauche où Jean Luc MELENCHON (très à gauche de la gauche) selon son sens inné de la formule, « refuse de s’accrocher au corbillard » conduit par le candidat du Parti socialiste (PS) Benoit HAMON. Entendez par là, qu’il refuse d’aller assister à l’enterrement politique du PS. Une gauche qui va donc à la bataille en rangs dispersés et amenuise ainsi ses chances d’être présente au second tour.A gauche donc, on est toujours d’accord sur les désaccords !

A droite la campagne est parasitée par les bruits de casseroles que traîne François FILLON comme un boulet de forçat depuis le déclenchement du « Peneloppegate ». FILLON, le champion de la droite conservatrice, chantre de l’exemplarité, est empêtré dans les beaux draps de sa « penelopitude » et bataille dur pour sauver sa peau des fourches caudines de la justice. Faisant fi de ses jérémiades et de son agenda politique, le parquet national financier (PNF) l’a mis en examen le 14 mars dernier pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d’influence et manquement aux obligations déclaratives ». Rien de moins, la barque est vraiment chargée et la coupe du scandale a été bue jusqu’à la lie.

Dans la tourmente, il n’en finit pas de donner le tournis à ses partisans, même les plus déterminés, à force de se dédire et de parjurer, en maintenant sa candidature contre vents et marées. Un candidat à la présidentielle mis en examen ! Qu’en pense le Général DE GAULLE ? Ironie du sort, cette interrogation, cette boutade est bien de FILLON lui-même. L’arroseur arrosé en somme ! A ce rythme, DE GAULLE que les politiciens de droite de tout poil invoquent à tout va depuis l’au-delà, va finir par s’asseoir dans sa tombe à force de se retourner.

Marine LEPEN, la « patronna » de l’extrême droite a réussi à minimiser ses ennuis judiciaires en utilisant sa vieille recette de victimisation. Son discours populiste, xénophobe et démagogique séduit une frange importante des électeurs car un quart des électeurs voterait pour la porte-étendard du front national (FN) au premier tour. Pour autant, la France est-elle prête à confier son destin à l’extrême droite ? L’épisode de 2002 est encore présent dans les esprits.

Pendant ce temps, dans tout cet imbroglio inédit et difficile à décrypter par les politologues les plus avertis, MACRON, bien que comptable dans une certaine mesure du bilan du président sortant, apparait comme un immaculé chevalier blanc sans reproches, lisse, souriant, riant et rassurant. Et comme en politique tout est question de timing et souvent, hélas aussi, de calculs intéressés ou désintéressés, les soutiens ont commencé à sortir du bois.

On joue désormais du coude au portillon d’En Marche ! le mouvement qui porte le candidat en vue. Dernier éléphant du PS et pas des moindres à basculer dans le giron de MACRON : Bertrand DELANOE, ancien maire de Paris. Ce n’est pas anodin. Il ne faut pas insulter l’avenir, n’est-ce pas ? Même si c’est avec un candidat banquier d’affaires, à l’idéologie hybride ; ni de gauche ni de droite.

En France, pour les élections présidentielles il est établi trivialement que : « au premier tour on élimine, au second tour on choisit ». Ainsi, quel que soit le candidat, celui qui va affronter Marine LEPEN au second tour sera gagnant.

Tout semble concourir donc pour faire de MACRON dans quelques semaines, à presque 40 ans*, le plus jeune président de l’histoire de la république française. Imaginons ce jeune qui a déjà osé dire haut et fort : « la colonisation est un crime contre l’humanité », face aux présidents dinosaures de l’Afrique dont certains pourraient être ses grands-pères. Ça promet des étincelles le choc générationnel, si la realpolitik ne s’en mêle pas.

Petit bémol quand même : en politique tout n’est jamais définitivement acquis avant le verdict des urnes. Des sondages à l’Elysée, il y a un fossé à franchir dont seuls les électeurs détiennent la passerelle. En attendant ce verdict des urnes, place aux programmes de société des uns et des autres. Comme le disait Georges CLEMENCEAU : « On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse »

Attendons donc de voir…

*Emmanuel MACRON est né le 21 décembre 1977 à Amiens.

Karim TRAORE

karimdelabola@yahoo.fr

BP : 41 Banfora

70 23 02 28



Vos commentaires

  • Le 23 mars 2017 à 17:22, par Peuple insurgé En réponse à : Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

    Pour ma part je comprend que c’est MACRON que le Système a choisi pour diriger la France. Les médias l’encensent et la mafia du système crée des affaires pour anéantir ses adversaires. MACRON élu servira le Système : donc les mêmes misères continueront pour les peuples des états faibles qui continueront à faire les frais de l’impérialisme.
    Une Marine LE PEN serait une aubaine pour l’Afrique, car avec elle on peut espérer éviter le baiser mortel de ceux qui se faisaient dire nos ancêtres les gaulois (je n’aime pas cette expression avilissante).

  • Le 23 mars 2017 à 17:31, par Mafoi En réponse à : Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

    De ton Banfora reculé avec ses multiples problèmes comme d’ailleurs tous les coins et recoins de ce pays,ce sont les élections françaises qui t’excitent.Du grand n’importe quoi qui frise insouciance et c’est avec un tel esprit négrier que nous sommes toujours en retard.Honte à toi

  • Le 23 mars 2017 à 20:27, par Alexio En réponse à : Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

    Quelque soit la couleur politique de la France, leurs interets qui sont primordiaux aux autres. Je paris que si le FN de Lepen devenait le sortant gagnant, malheusement l arbre qui cachait des contradictions de ce parti ultra-nationaliste se retrouvera devant les faits de la realpolitique qui est domine par les grandes puissances financieres de ce monde. Elle se propose de quitter l Europe, vider la France des etrangers, surtout des musulmans dont la religion est incompatible avec la democratie, le retour du au Franc-francais. Mais elle n a jamais parler des relations priviligiees qui existent entre la France et l Afrique. Notre independance monetaire vis-avis de la France serait un cache tete chinois pour son regime monetaire. Car nos banques centrales devraient coupees leur cordon ombilical au tresor francais, et installer sa propre politique monetaire sans verser aucun quota comme a al acoutummee depuis notre fausse independance a nos jours. C est la France qui dicte et est le gerant reel de notre economie.

  • Le 24 mars 2017 à 01:08, par Bemi En réponse à : Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

    L’âge d’un candidat français aux élections n’a aucun intérêt pour notre pays (en France les plus grands racistes ne sont pas toujours des vieux, mais des jeunes aussi). Ce qui est important pour le Burkinabé qui réfléchit, c’est quelle est la politique du candidat pour le Burkina et grosso modo pour l’Afrique.

    Et pour ça laissez-moi vous dire que Macron affiche la même condescendance que tous les dinosaures de la France-Afrique. Ne vous laissez pas leurrer par ses déclarations à Alger, c’est à visée seulement électorale (plein d’Algériens sont binationaux et donc votent en France). Si vous voulez ne serait-ce qu’un commencement du vrai Macron sur l’Afrique, il faut écouter par exemple son passage à RFI qui avait demandé aux candidats leur programme sur l’Afrique. Vous serez édifié.

    Tous ces gens là, surtout Fillon (tellement en son temps il s’était réjoui de la politique en RCI), n’ont au fond aucun souci du respect de la dignité des Africains, des noirs surtout (exception faite de Hamon qui n’a malheureusement aucune chance d’être élu) .

    Alors voici Macron qui espère bientôt pouvoir venir se pavaner en Afrique avec l’air hautain, condescendant, parce qu’il sera convaincu d’être en face de sous-hommes, negro-africains.

  • Le 24 mars 2017 à 02:12, par Éberlué En réponse à : Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

    Tout à fait d’accord avec Peuple insurgé. Tout - absolument tout - semble être mis en œuvre pour délégitimer et anéantir tous ceux qui pourraient faire de l’ombre à l’Élu du Système. Des ralliements en faveur du candidat Macron, venant du propre camp du candidat Hamon, au lynchage systématique des candidats Fillon et Le Pen, par presse et justice interposées, on aura tout vu ou presque !

    Enfin, M. Traoré, le critère de la jeunesse à toutes les sauces, ça devient pesant. Ce qui intéressera les Français - du moins, je l’espère -, c’est bien moins la jeunesse de leur président que son aptitude à gérer le pays.

  • Le 24 mars 2017 à 09:07, par Dibi En réponse à : Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

    Rien que des propos de journaleux très franco-francophile et incompétent à nous tracer des perspectives quant aux conséquences pour la souveraineté et l’indépendance des peuples d’Afrique et du Burkina-Faso, au regard de ce cirque électoral qui tourne à la farce et qui dégoute les Français.
    Ici seul Mélenchon met en avant un paradigme progressiste de classe. Il est peut-être aussi le seul qui ne se traine pas avec des casseroles aux fesses.
    Quant à votre Macron, je rigole de ce prétendu phénix que l’oligarchie pourrie nous sort du bois ; celui-là même qui a bradé aux Américains, pour un Euro symbolique, le groupe Alsthom, un des meilleurs fleurons de l’industrie française ; ce qui ne manque pas de jeter dans le chômage des centaines d’ouvriers à Mulhouse et sa région. Cet type d’européiste dogmatique ne promet rien de bon pour personne et encore moins pour l’Afrique. Il ne mettra pas en cause ni le FCFA (franc des colonies françaises d’Afrique), ni la satellisation de la CEDEAO en tant que structure d’intégration au grand capital prédateur.
    Alors, on arrête les analyses béates et relatives à la classe politique française qui n’a rien de bon pour l’avenir des peuples ici comme ailleurs !

  • Le 24 mars 2017 à 11:04, par TANGA En réponse à : Et si Emmanuel Macron devenait le plus jeune président de l’histoire de la République de France ?

    Disons nous la vérité, une très belle analyse sur un problème du Faso aurait été plus instructif pour nous. cela nous aurait donné à réfléchir sur le devenir de notre pays même si on ne dit rien en réponse sur lefaso.net. Il ne faut pas se dire que ce monsieur a le droit de faire des analyses sur la chose française quand il veut. Sachez que ces gens là (les occidentaux) n’ont rien à cire de nous. Ils n’ont qu’à prendre un âne ou un corbeau comme président, cela ne nous regarde pas. Quand ils commencent à s’interresser à nous Africains, c’est pour bien voir une faille, et nous précipiter dans la merde.
    M’Kiè Karima, regardes plutôt devant toi tes propres problèmes au Faso et ponds nous une analyse digne sur un sujet. Nous sauterons dessus avec joie.