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Elections à la présidence de la CAF : Pour qui a voté le Burkina Faso ?

LEFASO.NET | Jacques Théodore Balima
mardi 21 mars 2017.

 

On le sait, depuis le 16 mars 2017, Issa Hayatou n’est plus le président de la Confédération africaine de football (CAF). Après trois décennies passées à la tête de cette structure, le Camerounais a été battu aux urnes par le Malgache Ahmad Ahmad. Mais on ignore qui des deux candidats a obtenu le vote du Burkina Faso.

Que de surprises à cette élection. Qui aurait imaginé à plus forte raison croire que le tout puissant président de la CAF depuis 1988, Issa Hayatou pouvait ainsi être battu par un inconnu du milieu du football africain. Mais depuis le 16 mars dernier, c’est désormais une réalité. Contre toute attente, Ahmad Ahmad, qui était considéré comme un accompagnant aux urnes, a été porté à la tête de la structure faîtière africaine du football par les votants.

Ce qui aurait contribué à perdre Issa Hayatou

En place depuis 1988, le président sortant de la CAF était connu et respecté des présidents des fédérations. C’est à croire que ce respect était plus dicté par une crainte qu’il inspirait à ces derniers. Cela, parce que le président Issa Hayatou réglait toujours ses comptes avec ceux qui s’opposaient à lui. L’ancien président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma, qui a fait les frais de ses très grandes ambitions à déboulonner le Camerounais, pourrait peut-être mieux parler de lui. « Issa Hayatou est très revanchard. Ce qui fait que personne ne voulait s’opposer frontalement à lui », a confessé quelqu’un qui le connait bien.

Secondo, le président Hayatou a sans doute sous-estimé son challenger. Avec ses trois décennies, le « Roi de Garoua », croyait tout maitriser, tout mettre sous coupe réglée au point de ne pas battre campagne. Erreur. Son challenger avait, par contre, multiplié les contacts qu’il prenait discrètement avec des soutiens locaux. Sauf la COFASA, le Djibouti et quelques rares fédérations, les autres ne s’étaient pas prononcées officiellement en faveur du Malgache. Pourtant ses soutiens étaient multiples. Issa Hayatou était devenu comme l’homme à abattre.

« Nous soutenions Ahmad parce qu’il fallait l’alternance et aussi mettre fin à certaines pratiques au sein de la CAF », nous a confié l’un des responsables de la Fédération burkinabè de football. Pour convaincre les Burkinabè à voter pour lui, Ahmad Ahmad a effectué une visite dans notre pays une semaine avant les élections à la CAF. « Nous n’avons pas voulu de bruits autour de cette visite pour des raisons de stratégie », indique-t-on du côté de la FBF.

Le discours de Ahmad qui a convaincu

Ahmad Ahmad est en train d’achever un troisième mandat à la tête de la fédération malgache de football. Tout comme le football de son pays, il était un inconnu dans l’univers du football continental. Il a fait son entrée au Comité exécutif de la CAF en 2013 en tant que représentant de la Zone Sud.

Mais il était déjà au parfum des pratiques malsaines qui avaient cours au sein du Comité exécutif. A l’équipe de Sita Sangaré, il a promis de restructurer la CAF afin que les fédérations soient équitablement représentées. « Si Issa Hayatou devait respecter les choses, chaque fédération devait avoir au moins cinq représentants. Mais seulement il se retrouve que le Comité exécutif est plein de maghrébins et de Camerounais. Et ce sont en plus des vieux croulants. Le Burkina, par exemple, n’est représenté que par Sita Sangaré », a regretté l’un des hauts responsables de la FBF.

Côté financier, les fédérations devront mieux se porter. C’est du moins ce à quoi s’est également engagé Ahmad Ahmad. « La CAF recevait beaucoup d’argent mais la gestion posait problème. On avait l’impression qu’il existait une sorte d’omerta dans la gestion. Il faut que les choses également à ce niveau », a ajouté notre interlocuteur. C’est dire donc que si toutes ces promesses connaissaient une application effective, les fédérations auront plus de moyens pour développer le football sur le continent. Le Burkina en profitera aussi.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net



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