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L’opposant Tshisekedi : Oppositions jusqu’à son inhumation

lundi 13 mars 2017.

 

Décédé le 1er février 2017 à Bruxelles d’une embolie pulmonaire, la dépouille du sphinx de Limete Etienne Tshisekedi n’a toujours pas été rapatriée et le lieu de son inhumation n’a toujours pas été déterminé. Une situation qui donne lieu à des contestations entre les différents camps au détriment de l’accord politique du 31 décembre 2016.

Famille biologique, famille politique, « combattants », Gouvernement, autant de camps qui s’opposent autour de la question du rapatriement et de l’inhumation de la figure historique de l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi, créant un imbroglio sur les derniers hommages à celui que les partisans appelle « Leader maximo ». En effet, sa famille biologique, celle politique et le Gouvernement congolais ne s’accordent toujours pas sur le l’endroit où il sera inhumé.

Pour sa famille biologique et celle politique, notamment l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) désormais dirigé par son fils Félix Tshisekedi, l’inhumation de leur icône doit se faire au siège du parti à Limete où un mausolée devra être érigé en son nom.

Cependant, le gouvernement exclut cette option d’enterrer Etienne Tshisekedi dans un site urbanisé habité notamment à Limete. Il motive cette décision par la volonté de ne pas violer les textes en matière d’organisation des funérailles en RDC. Il propose plutôt que le défunt président de l’UDPS soit enterré au cimetière de la commune de la Gombe dédié aux personnalités, dans un espace de 500 m2.

La famille biologique qui avait épousé cette option et avait avancé la date du 11 mars pour le retour de la dépouille, a fait volteface le 6 mars dernier par la voix de Mgr Gérard Mulumba, frère cadet du défunt. De retour de Bruxelles, il confie ceci : « Lorsque nous étions à Bruxelles, nous pensions que tout le monde était d’accord pour l’enterrer sur ce site choisi par les autorités de Kinshasa. Mais une fois sur place, nous nous rendons compte que les membres de la famille restés à Kinshasa et la base de l’UDPS sont catégoriquement opposés à cette option ». Ce revirement reporte bien entendu le retour de la dépouille à une date ultérieure, mais sans la préciser.

En outre, la famille Tshisekedi annonce qu’elle pourrait demander une autopsie. Elle soupçonne en effet une erreur médicale et s’interroge. « Pourquoi a-t-il fallu attendre autant de temps pour opérer mon père alors qu’il avait très mal à la jambe gauche, se demande Félix Tshisekedi ? Pourquoi avoir réalisé une anesthésie générale, là où une anesthésie locale aurait pu suffire, poursuit-il ? » L’éventualité d’une autopsie du corps pourrait encore retarder le rapatriement de la dépouille.

Cette situation n’est pas sans conséquences sur l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre. En effet depuis sa disparition le 1er février, les pourparlers sont suspendus et les militants de l’UDPS exigent l’inhumation de leur leader disparu avant la mise en œuvre de l’accord tout en menaçant de créer des troubles. Aussi, au sein du Rassemblement, des mésententes s’éveillent sur la désignation de Felix Tshisekedi aux fonctions de président du Rassemblement et du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) qu’occupait Étienne Tshisekedi avant son décès. Dans toute cette tergiversation, Joseph Kabila continu tranquillement d’occuper le fauteuil présidentiel qu’il devait céder depuis décembre dernier et les élections auxquelles il ne doit pas participer en tant que candidat est visiblement de prendre du retard.

Youmali Koanari
Lefaso.net
Sources : France 24, RFI, jeune Afrique, radiookapi.net