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Lutte contre le terrorisme : Une rencontre d’échanges pour l’information vraie et utile

LEFASO.NET | Par Nicole OUEDRAOGO
samedi 11 mars 2017.

 

Quelle est la part contributive des médias dans la lutte contre l’extrémisme violent ? La menace terroriste pèse sur le Burkina et chaque citoyen est appelé à jouer sa partition pour faire face à cette guerre à multiple facettes. Ce vendredi 10 mars 2017, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a initié une rencontre de réflexions au profit des promoteurs des médias audiovisuels.

Dans un contexte où le Burkina est doublement marqué par l’explosion du terrorisme et de l’incivisme, il convient de s’interroger sur le traitement de l’information. « La situation est très sérieuse. Elle nous interpelle d’abord en tant que Burkinabè, ensuite en tant que communicateurs qui doivent s’interroger sur leurs pratiques de tous les jours » a souligné la présidente du CSC, Nathalie Somé.

Ainsi, face à des individus dont l’objectif est de semer la terreur et déstabiliser les populations, en l’occurrence les forces de défense et de sécurité en créant la psychose, « le contexte actuel demande beaucoup de prudence dans le traitement de l’information » soutient la présidente du CSC. Cependant, une récente analyse du contenu des médias a conduit l’instance de régulation a organisé la présente rencontre d’échanges.

Des publications qui servent les intérêts de l’ennemi

« On se pose la question de savoir, si le journaliste doit tout dire dans un contexte aussi sensible que la situation sécuritaire. Certaines publications médiatiques servent les intérêts de l’ennemi. Il en est ainsi lorsqu’un média indique la position des troupes ou des équipements militaires » a déploré Nathalie Somé, soulignant que l’autorité a été plusieurs fois saisie par la hiérarchie militaire. Puis de poursuivre que : « C’est le cas lorsqu’un média vente de manière implicite les mérites des terroristes ».

Et la présidente de l’autorité de régulation de renchérir que : « C’est aussi le cas quand on accorde des espaces d’expression à des personnes soutenant des actes de violences (le cas des prêches), ou quand on invite sur un plateau de débat, des personnes qui ne maitrisent pas forcement les questions sécuritaires ». De son avis, certains médias sans le savoir, sont au service des terroristes et les journalistes quant à eux, deviennent « une arme de destruction massive ».

Devons-nous dire toutes les vérités ?

Pour le directeur des affaires juridiques du CSC, Modeste Ouédraogo, c’est la responsabilité sociale du journaliste qui est posée dans ce contexte sensible. Si l’homme de média est appelé à dire la vérité, il faudrait se demander si nous devrions dire toutes les vérités, sachant que certaines vérités peuvent nous conduire très loin. Raison pour laquelle, les médias ont été conviés à conjuguer leurs efforts dans la lutte contre ce fléau.

Bagnomboé Bakiono, le Directeur général de la radio Ouaga FM dit être conscient du rôle du journaliste dans la société. « Ce n’est pas notre rôle d’amplifier les choses puisque nous travaillons pour le bonheur des populations, pour leur quiétude, pour la paix et le développement. Il est de notre devoir de contribuer à donner des pistes de solutions » a-t-il dit. Ainsi, à la recherche de l’information utile et vraie, Bagnomboé Bakiono invite les journalistes à traiter l’information avec beaucoup de responsabilités et d’éviter le sensationnel. « Nous allons repartir discuter avec notre équipe pour recadrer leur travail au quotidien pour donner l’information utile » a-t-il promis.

Saluant la tenue d’une telle rencontre qu’il faut pérenniser, Moussa Traoré , le gestionnaire des programme de radio campus soutient : « On pourrait même se dire que le Burkina est en guerre et vu sous cet angle, chaque citoyen qui a un mot à placer sur une fréquence , doit bien choisir son mot et doit savoir quoi dire pour éviter qu’on se retrouve dans des postures non désirées » a-t-il indiqué.

Des échanges fructueux

De cette rencontre où les différents acteurs ont pris conscience que l’engagement des médias dans la recherche du vrai et de l’utile , est un outil indispensable à la lutte contre ce phénomène, il a été recommandé d’inviter les forces de défense et de sécurité à communiquer plus sur les questions sécuritaires (le CSC a été convié à aller à la rencontre des FDFS pour mener le plaidoyer) et à initier des actions de formation des journalistes et animateurs.

Aussi, il a été convenu de sanctionner les médias indélicats pour servir d’exemple, à créer une plateforme d’accès à l’information militaire et à traiter les médias sur un pied d’égalité, notamment en permettant à tous les médias privés de bénéficier des mêmes traitements en ce qui concerne l’accès à l’information gouvernementale.

L’accompagnement de l’Etat dans le développement des entreprises de presse privée et l’élimination de la concurrence malsaine entre médias (trop souvent à l’origine de certaines dérives) font également des résolutions prises au cours de cette rencontre.

Nicole Ouédraogo
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Vos commentaires

  • Le 12 mars 2017 à 18:08, par SS 20 En réponse à : Lutte contre le terrorisme : Une rencontre d’échanges pour l’information vraie et utile

    Il était temps vraiment de ramener de l’ordre dans le traitement de l’information.Aujourd’hui nos jeunes journalistes veulent déjà qu’on parle d’eux comme des spécialistes en tout genre,à la Gauthier Levinsky de france 24.
    Remarquez sur les plateaux de TV , certains parlent hasardeusement comme s’ils étaient au grin de thé ,insidieusement ils incitent les barbares du nouveau temps à vouloir perpétrer des actes criminels.
    Je m’incline devant la mémoire du regretté Salifou Badini,mais voyez le tollé que cela engendre par le fait que le gouvernement n’a pas daigné constituer une délégation pour son inhumation et même organiser des obsèques nationales , je me dis que l’une des raisons plausible pourrait être le fait que la tuerie du berger Dicko et de son fils n’a pas été suivie d’obsèques nationales alors pourquoi créer une polémique en le faisant avec l’assassinat de Salifou Badini ? car à ce qu’on dise ,le sieur Dicko aussi a joué le rôle d’informateur pour les forces de sécurité ! voilà que malgré tout le gouvernement n’a pas échappé.