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Dérives scolaires au Burkina Faso : Quel sens donner à la jeunesse d’aujourd’hui ?

jeudi 2 février 2017.

 

Le pays des « Hommes intègres », pour faire dans la périphrase, traverse une période assez cruciale pour sa marche vers l’édification d’une société qui garantisse véritablement la paix et un développement équitable à l’ensemble de ses citoyens. Dans ce périple, il semble malheureusement pris en otage par une jeunesse dorénavant déterminée à s’affirmer au gré de ses envies, peu importent les valeurs à elle transmises.

Aujourd’hui, quand on demande à un Jeune sa conception de la vie, sa réponse est, plus qu’aventuriste et naïve, je dirai épicurienne : « la vie, il faut la vivre quotidiennement et pleinement pour mieux savourer ses délices ! » Cette conception forge nécessairement une mentalité plus moderne et périlleuse d’une nouvelle génération d’hommes qui veut marquer de son empreinte et à sa manière la destinée de l’humanité. Certes, il est vrai que l’homme est l’architecte de son propre devenir. Par conséquent, tout ce à quoi il aspire devra l’être à des fins utiles c’est-à-dire concourir à son bonheur. Mais, l’ambition ou la volonté de réussir et de contribuer à l’édification d’une société forte, paisible et fortunée doit s’accompagner d’une patience, d’une prudence et d’une habileté qui nous permettent à la fois de nous réaliser et d’accomplir des œuvres au profit d’autrui en restant dans la limite d’un des principes fondamentaux de la vie : le respect inconditionnel de l’éthique.

La patience, la prudence et la dextérité : voici « la sacrée trinité » qui ferait défaut à la jeunesse. Tout doit se faire vite ! Peu importe ce qui s’en suivra ! Juste pour dire que certains Jeunes se trouvent dans une sorte de dédale qui les égare à petit feu et les éloigne d’emblée d’une issue heureuse. En effet, « vivre pleinement la vie » revient indubitablement à prévaloir l’action au profit de la réflexion, accorder plus foi en la Matière qu’à l’Esprit. C’est donc se laisser consumer par une sorte de bestialité déconcertante. Marthe Gagnon-Thibaudeau met en garde contre cette conception erronée de la vie en déclarant que : « Posséder sa jeunesse fait ignorer la jeunesse ! » (Le Mouton noir de la famille)

La notion de responsabilité semble une denrée rare chez la plupart d’entre eux , raison pour laquelle : on peut échapper à l’autorité parentale et s’exprimer n’importe comment sans détour, on peut faire la vitesse avec son engin sans crainte pour sa vie et sans considération aucune pour celle des autres, on peut consommer toutes sortes de stupéfiants (drogue, cigarette, alcool…), on peut vandaliser des enseignants et camarades qui refusent d’obéir à des mots d’ordre, on peut détruire des équipements scolaires, porter atteinte aux symboles de la Mère Patrie en restant impassibles, on peut détruire des feux tricolores, faucher mortellement des hommes de sécurité en service et que sais-je encore ! Non ! Ce n’est pas cela que le Burkina Faso veut léguer à ses futurs bâtisseurs que sont les Jeunes. Certes, aussi légitime soit-elle dans le fond, toute revendication peut être entachée si la méthode fait défaut.

Un Jeune digne de ce nom ne doit plus être ce nourrisson sadique qu’il faut surveiller avec extrême prudence. Ce n’est pas non plus cet animal qu’il faut opprimer par peur de désagréments. C’est à mon avis cet être là qui est conscient de la responsabilité qui lui incombe vis-à-vis de lui-même et de son entourage. Il n’abuse pas de sa jeunesse comme un usufruit. Il en jouit prudemment car une jeunesse bien entretenue est un présent inestimable. Mais une jeunesse sadiquement réclamée devient une malédiction incomparable. La beauté de la vie ne relève point du conformisme ou de la mode. Elle est inhérente à l’idéal que tout un chacun se fixe et qui respecte les valeurs fondamentales de l’homme. La jeunesse n’est donc point synonyme d’une vie démesurée et sans orientation. Ce n’est non plus pas le moment où l’on se dit devoir jouir pleinement de sa liberté. Elle est au contraire le moment d’une vie mieux réfléchie et concrète. C’est la période où l’on appréhende le sens des valeurs humaines et se nourrit d’expériences des autres. Elle est donc l’âge des méditations profondes sur les acquis sociaux : leurs avantages et leurs inconvénients pour la réalisation de nos projets.

Voilà comment, à mon humble avis, tout Jeune se réalise et cultive le sens de la responsabilité !

KONATE Mohanz Ben Djébal
Conseiller des Affaires culturelles



Vos commentaires

  • Le 2 février 2017 à 09:10, par kwiliga En réponse à : Dérives scolaires au Burkina Faso : Quel sens donner à la jeunesse d’aujourd’hui ?

    Et maintenant, la jeunesse comme bouc émissaire.
    Mais la jeunesse, comme évoqué dans l’article n’est elle pas le reflet des valeurs transmises par la génération précédente.
    Nourri aux trucages électoraux et à la corruption, pétrie par la gabegie et les détournements de deniers publics, s’inspirant des libérateurs d’exciseuses et des Koglweogo,... que pourrait-on en attendre ?
    Notre génération a montré et continue de montrer l’exemple sur la voie de l’égoïsme et de l’individualisme, alors plutôt que de jeter l’opprobre, tentons plutôt de nous remettre en question et d’agir dans un sens plus collectif.

  • Le 2 février 2017 à 09:45, par philo En réponse à : Dérives scolaires au Burkina Faso : Quel sens donner à la jeunesse d’aujourd’hui ?

    Merci cher camarade de l’ENAM. Tu as tout dis, nos jeunes manquent de patience.

  • Le 2 février 2017 à 13:41, par faber En réponse à : Dérives scolaires au Burkina Faso : Quel sens donner à la jeunesse d’aujourd’hui ?

    Frère, félicitation pour ce bel écrit d’une grande philosophie. J’ajouterai qu’en plus de ces valeurs intrinsèques que doit s’approprier chaque jeune, il faut que les familles reprennent leurs responsabilités d’éduquer, accompagner et de corriger le jeune qui est en voie de construction. Que l’Etat soit le garant de la sécurité et de la justice et l’équité pour tous. Et que les autorités apprennent à se départir de leurs faiblesses et de leurs mentaux de démagogues, et que force reste à la loi pour ré-instaurer l’ordre partout où besoin est.
    Bref, que toute la société s’assume, de là, les jeunes retrouveront les repères fondamentaux à la construction de leur vie et l’étau social les contraindra à s’y conformer.

  • Le 2 février 2017 à 14:16, par Ratogzita En réponse à : Dérives scolaires au Burkina Faso : Quel sens donner à la jeunesse d’aujourd’hui ?

    Grand merci à Kwiliga pour sa réplique ; mais un rappel à la jeunesse en dérive : L’avenir vous appartient et il se prépare , votre façon de vous exprimer est la preuve que vous êtes conscient du mauvais exemple que vous lèguent vos ainés alors rectifiez le tire si vous aspirez à des lendemains meilleurs . Ce n’est pas parce que ma maman était exciseuse que moi je le ferais de nos jours , mon père coupeur de route moi j’ai le choix entre la police et la gendarmerie et je vivrai dignement de mon salaire sans envier " raquette ou 5000 ".La fille de pute n’est pas forcement pute.