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PROGIS-BF (Projet pour la gestion intégrée de la sécheresse au Burkina Faso) : Une réponse pour la résilience à la sécheresse

Publi-info
dimanche 15 janvier 2017.

 

Dans le cadre de la collaboration entre le Partenariat Mondial de l’Eau (GWP) et l’Organisation Météorologique Mondiale, un Projet de Gestion Intégrée de la Sécheresse en Afrique de l’Ouest (PROGIS/AO) a été élaboré et est mis en œuvre par le Partenariat Régional de l’Eau de l’Afrique de l’Ouest (GWP/AO). Le PROGIS/AO a pour but d’améliorer la résistance à la sécheresse des pays, des communautés et des écosystèmes.

La sécheresse et la désertification sont de sérieux défis qui ralentissent le développement en Afrique avec des impacts négatifs sur la santé, la sécurité alimentaire, les activités économiques, les ressources naturelles et environnementales. Les 2/3 de la superficie de l’Afrique sont classés en zone désertique ou sèche dont la majeure partie est concentrée dans la zone sahélienne ouest africaine, la corne de l’Afrique et le sud du Kalahari. L’Afrique de l’Ouest est donc la zone la plus concernée par les effets néfastes de la sécheresse.

Le Projet de Gestion Intégrée de la Sécheresse en Afrique de l’Ouest a été lancé le 28 janvier 2015 à Ouagadougou au Burkina Faso. Le PROGIS est mis en œuvre au Burkina Faso par le Partenariat National de l’Eau du Burkina (PNE-BF). Les activités ont démarré avec une revue des initiatives et des projets en cours dans le domaine de la sécheresse aux niveaux de trois (3) pays à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger ainsi que dans la sous-région ouest africaine. Cette revue a permis de faire une cartographie des projets existants dans le domaine de la sécheresse au niveau national.

Suite à la revue des initiatives, des insuffisances ont été constatées en termes de coordination et de capitalisation des actions menées dans le domaine de la sécheresse en Afrique de l’Ouest. Il a été décidé de :
 Mettre en place une plateforme, un mécanisme de plaidoyer, de coordination, d’analyse et d‘apport en conseil dans le domaine de la gestion intégrée de la sécheresse.
 Mettre en place un projet de démonstration à la suite des concertations et des collectes de données au niveau national.
• LE PROGIS c’est d’abord la plateforme de gestion intégrée de la sécheresse au Burkina Faso : PGIS/BF
cette plateforme multi–acteurs, PGIS- BF, créé en octobre 2016 , est un mécanisme de plaidoyer, de coordination, d’analyse à caractère virtuelle et présentielle regroupant des acteurs œuvrant dans la gestion de la sécheresse

La Plateforme pour Gestion Intégrée de la Sécheresse Burkina Faso (PGIS-BF) est à caractère technique, apolitique, non confessionnelle et à but non lucratif. C’est un organe de concertation composé d’acteurs impliqués dans la Gestion de la Sècheresse. Elle est placée sous la tutelle du secrétariat Permanent pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (SP/GIRE)
Elle a pour mission d’ :
 Influencer les politiques et la pratique d’une gestion plus intégrée de la sécheresse en suivant une approche de la GIRE à travers le plaidoyer et le lobbying auprès des décideurs politiques à tous les niveaux (local, national et international).
 appuyer ses membres dans la recherche de voies et moyens susceptibles d’adapter les conditions de vies des populations et d’atténuer les conséquences néfastes de la sécheresse.

La PGIS –BF vise entre autres à :
• Assurer le réseautage, la coordination des acteurs et des regroupements de la société civile intervenant dans le domaine de la sécheresse ;
• Faciliter l’échange d’expériences entre les organisations de la société civile ainsi qu’avec d’autres réseaux nationaux, régionaux internationaux autour de la problématique de gestion intégrée de la sécheresse ;
• Contribuer à la sensibilisation et à l’information du public sur la sécheresse et ses impacts sur la vie des populations par le biais d’articles de presse ou de médias, de débats de conférence, de campagne de sensibilisation ou toute autres stratégies de communication appropriée. Le comité de pilotage est constitué de 14 membres que sont : SOS- SAHEL, l’INERA, DGESS/MRAH, SP/CONEDD, PAPE/DGFF, DG/METEO, SP/GIRE, DGRE, 2ie, AJADD, DGEVCC, Burkina Demain, ANERE et le PNE-BF.
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• Le PROGIS
C’est aussi la promotion de pratiques innovantes de résilience à la sécheresse par la mise en place d’un parc agro forestier multifonctionnel dans la commune de Komki Ipala

Le Burkina Faso, pays sahélien, est confronté à une dégradation massive de sa biodiversité dû à la sècheresse. Depuis les années 1970 des efforts ont été consenti par le Gouvernement, les ONG, la société civile dans la lutte contre la sécheresse. Malgré ces efforts, environ 4 millions de Burkinabè reste toujours exposé aux alias du phénomène de la sécheresse. L’analyse de la revue des initiatives dans le domaine de la sécheresse a montré qu’au BF, les actions visant à la lutte contre la sécheresse étaient essentiellement des actions de conservation au détriment des actions de restauration. Par ailleurs, les différents reboisements organisés chaque année par les institutions ont montré leurs limites du fait du non suivi des jeunes arbres plantés.

Ainsi de nouvelles approches innovantes sont nées telle que la technique de mis en défend du sol.

Ce projet constitue une intégration de plusieurs pratiques agro-sylvopastorales afin d’être innovant dans le reboisement. En effet, le modèle de reboisement classique a montré ces limites. Au vu de la dégradation de l’environnement, il faut trouver des moyens pour restaurer la nature et lutter contre la sècheresse.
Situé dans la province du Kadiogo, à 47 km de Ouagadougou, dans la commune rurale de Komki Ipala précisément dans le village de komki, le site du projet de démonstration.

D’un cout total d’environ vingt-cinq millions de francs, le projet a pour but de contribuer à restaurer et exploiter durablement les écosystèmes pour accroitre la résilience des populations rurales à sécheresse. Il s’agit spécifiquement de :
1. Reconstituer et gérer le couvert végétal et la biodiversité végétale
2. Générer et partager des connaissances sur le projet
3. Renforcer les partenariats et les capacités des bénéficiaires
Le parc agro forestier multifonctionnel c’est :

• 2 hectares aménagés et protégées par une Clôture
Bassin de rétention d’eau de 5 m sur 5 avec deux bras de collecte de longueur de 10m pour une capacité de rétention de 53m3. Il est implanté au point le plus bas du terrain. Ce bassin vise à :
 collecter les eaux de ruissellement pluvial

• Bassin de rétention superfic de 2m sur 2 avec une hauteur de 80 centimètre qui permet de stocker 4m3 d’eau. Il assure la disponibilité permanente d’eau sur le site
• Haies vives anti érosives : c’est une clôture vivante. elle joue le rôle de brise vent, de protection du site
• Reboisement d’arbres
• La mise en œuvre du Zai : réalisation de poquets qui consiste à collecter l’eau de ruissellement afin de favoriser son infiltration sur des terres généralement dégradées.

Le projet pilote est mis en œuvre selon une méthode participative avec la forte implication des acteurs locaux. Ce projet est une école où tous les acteurs locaux, les bénéficiaires, les élèves sont venus apprendre et s’inspirer. Des travaux de Trouaison en passant par l’implantation des poteaux, la confection du grillage de la clôture, le creusage des bassins, le creusage de la tranchée de la haie vive, la scarification du sol etc…tout a été fait par les bénéficiaires aidés par des riverains. Les bénéficiaires ont eux-mêmes réalisés les travaux de pépinière pour la production de 8000 plants dont 3000 ont ensuite servie au reboisement le site.

Ce projet a été mis en œuvre avec l’appui des partenaires tel que : Autorités coutumières, comité villageois de développement, Mairie, services déconcentrés (agriculture, environnement) de komki Ipala
En termes de résultats atteints on peut citer :
1. La conviction du groupement kogoloweogo et surtout du propriétaire terrien qui a mis à disposition son terrain de 2 Ha pour les besoins du projet.
2. L’accompagnement de la mairie et des services déconcentrés de komki Ipala
3. 2 hectares de terres dégradées récupérées et protégées
4. 8000 plants produits
5. La repousse de la state herbacée
6. Le reboisement
7. Le renforcement de capacités (formations des bénéficiaires, sensibilisation des acteurs, voyage d’étude) des populations sur des techniques de récupération et des pratiques respectueuses de l’environnement

On peut également noter en termes de bénéfice de ce projet :
 La forte attraction créée par le site pilote au sein des populations
 Le sourire et la fierté des bénéficiaires du projet
 La vente du fourrage produit sur le site
La mise en œuvre du projet pilote du PROGIS a permis de tirer des leçons et de faire des recommandations pour la mise en œuvre d’u projet similaire :
1. L’implication des autorités coutumières, administratives et techniques avant la mise en œuvre facilite le réajustement et une meilleure mise en œuvre
2. La valorisation des connaissances locales permet d’élaborer des projets adaptés aux populations riveraines
3. Le partage d’expérience entre les nouveaux bénéficiaires et les anciens permet de créer un cadre d’échanges afin de briser les dernières résistances et faciliter la conviction d’atteindre un succès probable

PROGIS-BF