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Burkina Faso : où en est la réforme de l’armée deux ans après l’insurrection populaire ?

vendredi 13 janvier 2017.

 

La présente réflexion d’Abdoul Karim Saidou, docteur en science politique et assistant à l’Université Ouaga 2, analyse les enjeux de la réforme de l’armée au Burkina Faso, deux ans après la fin du régime de Blaise Compaoré. Cette réforme s’inscrit dans le processus de changement impulsé par l’insurrection d’octobre 2014. La stabilité du nouveau pouvoir dirigé par le président Roch Kaboré et la résilience du pays à la menace terroriste constituent les principaux enjeux. De par sa portée, et malgré les changements qu’elle a suscités, la réforme n’induit pas encore un changement de paradigme sur la politique de défense.

La chute de Blaise Compaoré en octobre 2014 suite à une insurrection populaire a ouvert un vaste chantier de réformes politiques au « pays des hommes intègres ». Plusieurs chantiers ont été ainsi lancés pour traduire le slogan des insurgés, « plus rien ne sera comme avant ». Une des questions majeures est celle de l’armée, institution longtemps politisée, désormais appelée à se transformer face à de nouvelles exigences politiques et sécuritaires.

En raison des vicissitudes de l’histoire politique du Burkina, l’armée burkinabè est devenue une armée politique, c’est-à-dire une armée qui considère sa participation dans la gestion du pouvoir politique comme une de ses missions légitimes . Le retour à la vie constitutionnelle en 1991 n’a pas mis un terme à l’intrusion de l’armée dans le jeu politique.

C’est pourquoi, sa dépolitisation apparait comme un enjeu fondamental dans le processus de changement lancé avec l’insurrection. A cet effet, plusieurs mesures ont été prises depuis le départ de Blaise Compaoré dans le sens d’une réforme globale de l’armée, dont la dissolution en 2015 du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), garde prétorienne de l’ancien président .

Mais comme le montre le rapport d’International Crisis Group (ICG), la dissolution du RSP n’épuise pas la réforme de l’armée . Plusieurs autres défis restent à traiter. C’est au président Roch Marc Christian Kaboré, élu le 29 novembre 2015, qu’il revient de s’attaquer à ces défis. Deux ans après le départ de Blaise Compaoré, où en est-on avec la réforme de l’armée ?

L’objectif de cet article est d’analyser les enjeux de ce processus censé répondre aux exigences de la démocratie et à la menace terroriste. La réforme présente un enjeu pour la stabilité du nouveau pouvoir, et constitue un site de débat sur le renouveau démocratique. Tout en s’inscrivant dans le processus de changement enclenché depuis l’insurrection, cette réforme n’en reste pas moins conservatrice dans sa portée ; elle n’interroge pas encore les fondements de la doctrine de défense héritée du régime Compaoré.

Une transition sous haute surveillance militaire

Les acteurs de l’insurrection populaire de 2014 prônaient la rupture avec les pratiques de l’ancien régime. Dans ce processus, le RSP qui était l’épine dorsale de l’armée, mais agissant comme une « police politique », devait disparaitre ou être réformé . Mais le RSP a survécu à l’insurrection populaire. Mieux, il a infiltré les institutions de la transition en imposant le lieutenant-colonel Zida d’abord comme président intérimaire avant l’adoption de la charte de la transition, puis comme premier ministre. En plus, l’armée a siégé au sein du Conseil national de la transition (CNT), l’organe législatif de la transition . Dans le premier gouvernement de la transition, le premier ministre Zida s’est attribué le portefeuille de la défense nationale et la sécurité intérieure a été confiée au colonel Auguste Barry.

L’intrusion de l’armée dans la transition était inévitable. Ainsi que le soulignait Samuel Finer il y a trois décennies, lorsqu’une crise politique aboutit à un vide institutionnel, l’armée apparait objectivement comme la seule alternative pour gérer l’Etat . C’est ce qui s’est produit à la suite de la démission de Blaise Compaoré le 31 octobre 2014. En dehors de l’armée, aucune force politique n’était en mesure de prendre le pouvoir. L’armée étant au cœur de la transition, elle en a influencé l’agenda. Le RSP a mis son veto à toutes les propositions visant à le réformer. Dès le départ, les tentatives pour inscrire la réforme du secteur de la sécurité dans l’agenda de la transition se sont heurtées à la résistance de l’armée.

La première tentative fut celle du débat sur l’adoption de la charte de la transition en novembre 2014. La société civile avait proposé une « commission défense et sécurité » au nombre des organes de la transition, pour réfléchir sur la réforme du secteur de la sécurité . L’armée, peu ouverte au contrôle externe, y avait fait objection. C’est quelques mois plus tard que la réforme de l’armée a été introduite dans l’agenda de la transition, lorsqu’elle fut intégrée dans les attributions de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR), un organe institué par la charte de la transition.

Les crises récurrentes entre le premier ministre Zida et le RSP n’ont pas facilité la mise sur agenda des questions militaires . La principale source de discorde était l’idée de la dissolution du RSP, ce que redoutaient le général Diendéré et ses hommes. Ce dernier, « au passé très controversé, voyait sans doute en cette dissolution, sa future neutralisation politique » .

Le RSP imposa ses choix au président Kafando quant à ses prérogatives militaires. Ainsi, les trois postes stratégiques pour la sécurité présidentielle finirent entre les mains de trois de ses hommes : Le lieutenant-colonel Céleste Coulibaly comme Chef de corps du RSP, le Commandant Théophile Nikiéma à la tête du Cabinet militaire de la présidence du Faso et le colonel-major Boureima Kéré comme Chef d’Etat-major particulier du président du Faso.

Le RSP exigea ensuite le départ du premier ministre et de tous les militaires du gouvernement. Cette nouvelle exigence entraina un remaniement ministériel le 19 juillet 2015. Le premier ministre Zida parvint à sauver son poste, mais céda le portefeuille de la défense. Le ministre de la sécurité, le colonel Auguste Barry fut quant à lui contraint de quitter le gouvernement. En revanche, les autres ministres militaires furent maintenus ainsi que les militaires qui siégeaient au CNT. Le président Michel Kafando pris en charge les portefeuilles de la défense et de la sécurité intérieure.

Il faut souligner que dès le début des tensions, le président Kafando mis en place le 6 février 2015 une commission pour réfléchir sur la restructuration du RSP, parallèlement à la CRNR. Plusieurs options avaient été examinées par cette commission présidée par le général Diendéré . Au final, elle proposa le maintien du RSP assorti de quelques réformes mineures.

Malgré les tensions avec le RSP, le CNT a adopté le 5 juin 2015 deux lois sur les forces armées : la loi n°19-2015/CNT portant statut des personnels des forces armées nationales et la loi n°020-2015/CNT portant avancement des personnels d’active des forces armées nationales . L’un des points majeurs était la dépolitisation de l’armée. En effet, avec la loi n°19-2015/CNT, tout militaire désirant s’engager en politique doit au préalable démissionner, alors qu’auparavant une disponibilité suffisait. La loi°020-2015/CNT changea les critères régissant la promotion du grade de général, en élargissant, à titre exceptionnel, cette possibilité aux officiers au grade de lieutenant-colonel.

Si la dépolitisation de l’armée a été soutenue par les partisans de la transition, elle a été décriée par les partisans de l’ancien régime. Pour ces derniers, cette réforme visait à écarter de l’élection présidentielle en perspective le général Djibril Bassolé et le colonel Yacouba Ouédraogo, deux anciens ministres sous Blaise Compaoré.
La réforme relative à la promotion au grade de général était taillée à la mesure des ambitions du lieutenant-colonel Zida. Sans surprise, ce dernier fut élevé au grade de général. Cette réforme, qui a d’ailleurs été abrogée le 24 novembre 2016 par l’Assemblée nationale, n’a pas été du goût du RSP, et de l’Etat-major général des forces armées. Elle a contribué à aggraver les contradictions entre les autorités de transition et le RSP.

L’invalidation des candidatures des partisans de l’ancien régime aux élections et la proposition de la CRNR visant à dissoudre le RSP ont servi de prétexte au coup d’Etat de septembre 2015. L’échec de ce coup de force et la dissolution du RSP qui en a découlé ont ouvert la voie à d’autres réformes sur l’armée.

La fenêtre d’opportunité ouverte par le putsch manqué de septembre 2015

Le rythme des réformes s’est accéléré après l’échec du putsch conduit par le RSP en septembre 2015. En effet, après la prise du camp Naaba Koom II où étaient retranchés les putschistes, le Conseil des ministres annonça la dissolution du RSP le 25 septembre 2015. Dans la foulée, et pour combler le vide ainsi créé, le gouvernement de transition mis en place en début décembre 2015 le Groupement de sécurité et protection républicain (GSPR) pour assurer la sécurité du Président du Faso.

Cette nouvelle unité hybride est composée d’éléments de l’armée de terre, de la gendarmerie et de la police. Le GSPR n’est pas sans poser quelques difficultés du fait de son caractère mixte. Ses éléments étant issus des corps différents et n’étant pas régis par les mêmes statuts, la cohésion de cette nouvelle unité n’est pas aisée à construire.

Cette mesure fut précédée par la réforme du secteur des renseignements. Le gouvernement créa le 16 octobre 2015 l’Agence nationale de renseignements (ANR). Placée sous l’autorité du président du Faso, l’ANR « a pour principales missions de recueillir et d’exploiter, au profit du Président du Faso, ainsi que du Gouvernement, les renseignements reconnus d’intérêt vital pour la sécurité du Burkina Faso » . Elle est aussi chargée de coordonner « les activités des structures chargées du renseignement intérieur/extérieur et de la lutte contre le terrorisme » . La création de l’ANR comblait un autre vide créé par la dissolution du RSP dont le chef, le général Diendéré, jouait un rôle prépondérant dans le système de renseignements.

Il fut également créé le 17 octobre 2015 sous l’autorité du président du Faso le Conseil de défense et de sécurité, « chargé entre autres, de coordonner les questions relatives à la sécurité intérieure et extérieure, de coordonner la sécurité nationale du pays, de définir les orientations stratégiques et les priorités nationales en matière de défense et de sécurité et de prévenir et de gérer les crises » . Ce Conseil, qui devait être constitué de hauts responsables de la défense et de la sécurité, n’a pas été mis en place.

Enfin, sur proposition de l’armée, le président Kafando mis en place le 8 décembre 2015 une nouvelle commission pour réfléchir sur la réforme de l’armée. Composée exclusivement de hauts gradés de l’armée , cette commission devait proposer, dans un délai de six mois, le plan stratégique de l’armée pour la période 2017-2021. La mise en place de cette nouvelle commission s’écarte de la proposition de la CRNR relative à « l’organisation des Etats généraux de la défense » . Or, selon Jean Pierre Bayala, magistrat-colonel à la retraite, seule l’option des « états généraux » peut permettre une réforme structurelle de l’armée .

La décision d’exclure les civils de la réflexion sur l’armée traduit la réticence des militaires à ouvrir le champ de la défense au contrôle civil. Comme le soulignent Augustin Loada et Mathieu Hilgers, au Burkina, « les questions militaires et de sécurité apparaissent comme des domaines tabous dans l’espace public » . Le caractère élitiste de ce processus pose également le problème de la représentativité des autres couches qui constituent l’armée, notamment les jeunes officiers. Il reste donc à savoir si les orientations stratégiques définies reflètent la diversité des courants qui traversent l’armée.

Au-delà de ce problème d’inclusion, la décision d’engager une réflexion stratégique sur l’armée, une semaine après l’élection du nouveau président du Faso, a de quoi surprendre. Il semble s’agir d’une stratégie de l’armée, véritable initiatrice de ce processus, pour mettre le nouveau chef suprême des armées devant le fait accompli. Le président du Faso étant l’autorité chargée de définir la politique de défense, l’installation de cette commission, au moment où celui-ci était en attente de son investiture, révèle la volonté de l’armée de soustraire les questions de défense aux aléas de la concurrence électorale et de l’alternance.

La stabilisation du pouvoir comme enjeu de la réforme

Avec une armée politisée, la question de la stabilité du nouveau pouvoir devient un enjeu important. L’insurrection populaire et la transition, qui se voulaient des processus de rupture avec le système Compaoré, ont paradoxalement renforcé la politisation de l’armée. En effet, sa participation dans les institutions de transition a battu en brèche son caractère apolitique . Le président de la transition Michel Kafando était son candidat, ce qui illustre la volonté hégémonique des militaires. L’armée s’est donc érigée en acteur politique. Le premier ministre Zida était accusé, à tort ou à raison, de nourrir des ambitions autres que de diriger le gouvernement de transition.
La charte de la transition a permis aux militaires de violer leur statut, comme le souligne Léon Sampana : « le fait que ces militaires soient en activité et non en disponibilité dans ces institutions serait contraire aux prescriptions du statut des personnels des forces armées si la charte n’avait pas couvert l’illégalité » . La « sortie des autoritarismes » en Afrique a toujours posé ce dilemme aux nouveaux dirigeants : que faire des militaires qui ont « goûté » au pouvoir ? Au Burkina, si certains officiers semblent avoir réussi leur retour dans l’armée, il n’en est pas de même pour d’autres qui ont du mal à s’affranchir de leur « casquette » politique.

Pour le nouveau pouvoir burkinabè, la gestion de ces militaires politisés est donc un grand défi pour sa stabilité. Deux groupes de militaires sont concernés. Il s’agit d’abord des officiers restés fidèles à Blaise Compaoré jusqu’à sa chute, et suspectés d’être toujours d’intelligence avec lui. Ces hauts gradés issus de la révolution sankariste sont, selon l’expression de Mahaman Tidjani Alou, des « militaires politiciens » .

Il s’agit ensuite des militaires qui ont géré la transition et qui sont perçus comme des proches de l’ancien premier ministre Zida, qui a maille à partir avec le nouveau pouvoir. Ce dernier a été nommé ambassadeur aux Etats-Unis vers la fin de la transition, mais cette nomination a été annulée par le Président Kaboré. En exil au Canada, le général Zida semble devenu la bête noire du nouveau régime ; et la gestion politicienne de cette affaire est susceptible d’accentuer les tensions au sein de l’armée.

L’armée est en outre traversée par une fracture entre jeunes officiers et hauts gradés. Cette tension latente s’est manifestée lors du putsch manqué de septembre 2015 au cours duquel ces jeunes officiers ont pris l’initiative, face à l’inaction de la hiérarchie militaire, de mener la résistance contre le RSP. Le commandant Evrard Somda, chef de l’unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale, serait le cerveau de cette résistance . Ainsi, « le coup d’Etat de septembre 2015 a accentué le clivage générationnel entre jeunes militaires, dont les aspirations sont proches de celles du peuple, et une hiérarchie qu’ils considèrent comme embourgeoisée, attachée à ses privilèges et souvent proche de l’ancien régime » .

La décision du président Kaboré de gérer personnellement le ministère de la défense répond à la volonté de préserver la cohésion de l’armée. Le maintien pendant une année du chef d’Etat-major général des armées, le général Pingrenoma Zagré, réputé être un officier modéré, semble répondre à cette même logique.

Le déficit de cohésion au sein de l’armée ne peut être résorbé que dans le cadre d’un processus politique global incluant toutes les sensibilités. A défaut, il reste la mise à l’écart des militaires perçus comme des opposants politiques. Leur exclusion des postes stratégiques priverait l’armée de certaines compétences, et peut être aussi une menace pour le pouvoir en place. En clair, si ces militaires sont mis dos au mur, le risque est grand qu’ils s’organisent pour résister à leur marginalisation. Ceci n’est pas sans rappeler le cas des bérets rouges, unité d’élite sous le président Amadou Toumani Touré au Mali, dont les éléments, mis à l’écart par la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo, tentèrent un coup de force qui fut violemment réprimé .

L’armée, un des chantiers brûlants de la réforme constitutionnelle

La réforme de l’armée est un des sites de la construction démocratique. Elle figure en bonne place dans l’agenda de la commission constitutionnelle installée le 29 septembre 2016 par le président Kaboré. Cette commission est chargée de produire le projet de Constitution de la 5e République. La réforme doit contribuer à instaurer un contrôle démocratique de l’armée. Plusieurs questions sont ainsi posées à la commission constitutionnelle.

L’avant-projet de Constitution élaboré par la CRNR pendant la transition est l’une des bases de travail de la commission. Cet avant-projet de Constitution contient un chapitre sur l’armée, qui énonce les principes d’une armée républicaine et définit ses missions. La commission doit trancher sur la nécessité ou non de consacrer un titre à l’armée dans la Constitution, avant de se prononcer sur son contenu.

La CRNR a proposé d’instituer un « screening » sur la nomination du chef d’Etat-major général des armées. Dans la Constitution en vigueur, sa nomination est une prérogative du président du Faso. Il est proposé qu’elle soit soumise à un avis conforme de l’Assemblée nationale. Selon certains militaires, cette réforme peut renforcer la politisation de l’armée, car si le candidat à ce poste doit avoir l’approbation des députés, il pourrait être tenté de chercher des alliés dans les partis politiques .

En attendant que la commission tranche, le parlement, à travers sa « Commission de la défense et de la sécurité » (CODES), renforce sa collaboration avec l’armée. Par habitude, les militaires sont peu enclins à se soumettre à un contrôle civil . Mais selon Halidou Sanfo, président de la CODES, l’armée fait de plus en plus montre d’esprit d’ouverture .

La question du droit des militaires à occuper des hautes fonctions civiles est également posée. Selon la loi 019-2015/CNT portant statut général des forces armées nationales adoptée sous la transition, les militaires de carrière désirant s’engager en politique doivent au préalable demander leur radiation de l’armée. Il leur est aussi interdit d’adhérer à des associations à caractère politique. Par contre, ils peuvent être appelés à occuper des hautes fonctions civiles . Le 24 novembre 2016, le parlement a modifié cette loi pour, entre autres, expliciter cette dernière disposition, sans remettre en cause le caractère apolitique de l’armée.

Si cette réforme ouvre la voie à la nomination de militaires dans le gouvernement, le président Kaboré exclut pour le moment cette possibilité. Il est clair en effet qu’un usage abusif de cette disposition pourrait conduire à un retour déguisé des militaires dans le jeu politique ; cela d’autant plus que l’armée ne semble pas prête à abandonner la politique aux civils. Comme le souligne Léon Sampana, « même si l’armée a remis le pouvoir aux civils, ces derniers ne sont pas les seuls à le gérer. Sans doute habitués à monopoliser la vie politique burkinabè depuis 1966, les militaires n’ont pas encore intégré l’idée qu’il puisse se mettre en place un pouvoir politique sans qu’ils n’en soient des parties prenantes » .

En outre, la commission doit traiter de la question de savoir si le président du Faso peut cumuler sa fonction avec un poste nominatif, notamment celui de ministère de la défense, comme c’est le cas avec le président Kaboré. Les avis sont partagés sur la question. Si ce choix du président Kaboré est dicté par le souci de la cohésion au sein de l’armée, il faut s’interroger sur sa valeur ajoutée, dans la mesure où le président du Faso reste dans tous les cas le commandant en chef des forces armées. En plus, un tel arrangement a l’inconvénient de le priver de « fusible » en cas de crise au sein de l’armée. Ce cumul de postes affecte aussi le pouvoir de contrôle du parlement, car le Président du Faso est politiquement irresponsable devant lui.

Les acteurs s’interrogent également sur la pertinence d’une participation de l’armée à la sécurité intérieure. Selon l’article 24 du décret portant organisation du maintien de l’ordre , l’armée est érigée en « force de troisième catégorie », intervenant sur réquisition, en appui à la police et à la gendarmerie et en cas de nécessité. Si ce recours à l’armée peut s’avérer nécessaire selon les contextes, il comporte des risques, ainsi que le souligne Jean Pierre Bayala : « le militaire appelé en renfort et non spécialiste du maintien/rétablissement de l’ordre ne fait pas toujours la différence entre la notion d’ennemi au combat et celle de manifestant. Cette confusion ou grave méprise peut avoir des conséquences dramatiques, en particulier celle de troubler davantage l’ordre public » .

La réforme constitutionnelle devra aborder aussi l’avenir de la justice militaire, considérée comme un des vestiges du régime défunt. Cette institution est décriée par certains acteurs qui estiment que son lien hiérarchique avec le pouvoir politique est incompatible avec l’indépendance de la justice. Sa suppression serait à l’ordre du jour . Une telle réforme est rejetée par l’armée, qui n’hésitera pas, si nécessaire, à user de son droit de véto au sein de la commission constitutionnelle pour préserver cette institution.

Par ailleurs, selon certains acteurs, la réforme doit s’attaquer à la question de la gouvernance financière au sein de l’armée . Pendant la transition en 2015, la CRNR a indiqué dans son rapport que sous le régime Compaoré, « les finances publiques de l’armée étaient quasiment hors contrôle » . Selon ce rapport, « le secret défense est utilisé de manière abusive pour soustraire toutes les dépenses de l’orthodoxie financière et du contrôle » . Dans le même sens, Jean Pierre Bayala souligne que la confidentialité « est devenue pour les forces de sécurité un fourre-tout, justifiant leur refus absolu de se voir soumis à des contrôles externes » . Cette question nécessite une relecture de la notion de confidentialité dans le secteur de la sécurité.

La réponse mitigée à la menace terroriste

Avec la menace terroriste, la réforme de l’armée s’oriente vers un nouvel enjeu. Dans les régimes semi-autoritaires , l’appareil sécuritaire est mobilisé davantage pour la sécurité des autorités et de leur pouvoir que pour la sécurité des citoyens . Ce fut le cas du régime Compaoré où, selon Lona Charles Ouattara, l’armée « apparaît plus que jamais comme une armée au service d’un régime et non de l’Etat impartial » . Le processus lancé depuis la transition entend rompre avec cette doctrine. Désormais, il s’agit moins de sécuriser le président du Faso que d’assurer la défense du territoire face au terrorisme auquel l’armée est peu préparée. Sous le régime défunt, le Burkina en était épargné, en raison de la politique pro-terroriste de Blaise Compaoré .

Aujourd’hui, le Burkina est entre deux feux, harcelé par des présumés terroristes, et en proie aux attaques d’ex-éléments du RSP . Ces derniers ont tenté à plusieurs reprises de déstabiliser le pays, dont en octobre 2016 lorsqu’une opération, qui aurait été fomentée par le sergent-chef Gaston Coulibaly, a été déjouée . Cela pose la problématique de la nature de la menace. La question qui se pose est de savoir si n’est pas la volonté présumée de l’ancienne élite dirigeante de reprendre le pouvoir qui alimente la menace terroriste. C’est là l’énigme à élucider pour construire la riposte.
Si la collusion entre l’ex-RSP et les terroristes reste à ce jour une hypothèse, il faut souligner que ce type d’alliance de circonstance est courant en Afrique .Quoi qu’il en soit, il est évident que les attaques terroristes récurrentes dont le Burkina est l’objet servent objectivement les intérêts de l’ancienne élite dirigeante.

Pour répondre à ce nouveau défi sécuritaire, le président Kaboré hérite d’une armée aux moyens modestes, mais qui a fait montre de résilience. Après la chute de Blaise Compaoré, l’armée a en effet gardé sa stabilité malgré ses problèmes de cohésion. Cette stabilité s’explique par la qualité de son organisation, comme le souligne un rapport d’ICG : « Disciplinées, les forces armées burkinabè ont été pendant longtemps un exemple en Afrique de l’Ouest, même si cette qualité s’est peu à peu diluée, entrainant les mutineries du premier semestre 2011 et une réforme en cours. L’armée burkinabè n’a jamais été pléthorique comme c’est par exemple le cas en Guinée. Ses officiers supérieurs ont tous reçu une formation de haut niveau et l’équilibre entre les différents grades a toujours été respecté » .

Malgré ses qualités, l’armée burkinabè est appelée à renforcer ses capacités . Son incapacité à répondre aux attaques récurrentes révèle ses faiblesses. L’attaque meurtrière du 16 décembre 2016 contre un de ses détachements à Nassoumboum en est une illustration. La résilience du Burkina face au terrorisme doit s’insérer dans la stratégie du G5 Sahel . Mais en attendant que cette stratégie régionale se mette en place, l’armée burkinabè doit faire face, avec ses moyens limités, à la menace sans cesse grandissante.

Le président Kaboré s’est engagé à doter l’armée de moyens conséquents. A cet effet, parallèlement à la réforme constitutionnelle, il a annoncé, à l’occasion du 56eme anniversaire de l’armée nationale le 1er novembre 2016, deux importantes mesures à partir de 2017 : l’opérationnalisation du plan stratégique 2017-2021 de l’armée et une loi de programmation militaire pour la période 2017-2027, qui devrait permettre à l’armée de « disposer de matériel et d’équipement adéquats pour être à la hauteur des défis sécuritaires actuels et à venir » .

Au niveau stratégique, le président du Faso entend lancer une « révision de la politique nationale de défense » . Ce processus n’est pas encore engagé après douze mois de présidence. En matière de gouvernance, deux lois sur l’armée ont été adoptés par l’Assemblée nationale le 24 novembre 2016. Il s’est agi de modifier les lois 020-2015/CNT et 019-2015/CNT du 5 juin 2015 portant respectivement conditions d’avancement des personnels d’active des forces armées nationales et statut général des personnels des forces armées nationales. A plusieurs égards, la relecture de ces textes renforce la qualité de la gouvernance de l’armée .

Ces annonces et réformes tardent à produire des résultats concrets et le sentiment d’insécurité se développe dans les zones frontalières avec le Mali. Il est clair que ces réformes ne peuvent produire leurs effets que dans le moyen et long terme ; ce qui appelle à définir une réponse immédiate au terrorisme. C’est sans doute dans ce sens qu’au niveau du commandement de l’armée, le président Kaboré a décidé le 28 décembre 2016 de remplacer le chef d’Etat-major général des armées, le général Pingrenoma Zagré, par le colonel-major Oumarou Sadou. Au-delà du changement d’hommes, le nouvel environnement politico-sécuritaire oblige à repenser l’appareil sécuritaire pour le faire évoluer vers la sécurité du pays et des citoyens et rompre ainsi avec la doctrine précédente.

Conclusion

Lancée il y a deux ans, la réforme de l’armée présente des résultats mitigés. Dans sa substance, le processus de réforme reste incrémental, peu ambitieux et n’induit pas un changement de paradigme en matière de politique de défense. L’armée reste un sujet tabou dans l’espace public. Les politiques de défense sont définies selon le modèle de « l’action corporatiste silencieuse » privilégiant le huis clos , alors que des voix s’élèvent pour exiger un processus ouvert et holistique.

Le défi majeur est donc l’appropriation par les acteurs du concept de gouvernance du secteur de la sécurité . C’est le sens de la recommandation d’ICG au gouvernement burkinabè en janvier 2016 : « Les nouvelles autorités devraient engager rapidement la réforme de l’armée et développer une stratégie globale de défense et de sécurité à travers la publication d’un livre blanc. La réforme de l’armée devra s’effectuer sous contrôle parlementaire et la commission en charge de celle-ci devra intégrer des civils et des retraités des forces de sécurité » .

Si l’armée est officiellement soumise à l’autorité civile, les questions militaires restent de facto son « domaine réservé » ; ce qui, selon certains auteurs, n’est pas compatible avec la démocratie . Il est légitime de se demander qui, du président du Faso et de l’armée, détient la réalité du pouvoir militaire. De 1966 à 2014, l’armée n’a eu de commandant en chef que des militaires, et l’idée de se faire commander par un civil ne peut se banaliser que dans la durée. La pauvreté programmatique des partis politiques et le déficit d’expertise civile sur les questions militaires favorisent ce modèle décisionnel centré sur les militaires.

Pour le reste de son mandat, et au-delà du remaniement à la tête de l’armée, il reste à savoir si le président Kaboré tiendra sa promesse électorale de réviser la politique de défense, une politique désuète et inadaptée au nouveau contexte politico-sécuritaire. Jusqu’ici, la réforme s’est limitée aux aspects opérationnels, sans remettre en question la doctrine de défense. Or, la recherche d’une réponse structurelle à la crise de l’armée ne peut se faire sans une relecture critique des textes relatifs à l’organisation générale de la défense et à la politique de défense . La nécessité de ce changement de paradigme est d’autant plus urgente que sur le terrorisme, l’existence d’un dispositif opérationnel contraste paradoxalement avec l’absence d’un référentiel stratégique .

Abdoul Karim SAIDOU

Kees Koonings and Dirk Kruit (eds), Political armies : the military and nation building in the age of democracy, London, Zed Book, 2002, p. 1.
Jean-Jacques Wondo, « Le Burkina Faso et son armée mis au pas par le Régiment de sécurité présidentielle ? », Note d’Analyse du GRIP, 22 septembre 2015, Bruxelles.
ICG, Burkina Faso : transition acte II, Briefing Afrique de Crisis Group N°116, 7 janvier 2016, p. 2.
Voir Diogène Traoré, « Situation nationale : Faut-il dissoudre l’armée burkinabè ? », www.lefaso.net, 20 avril 2011.
Les députés représentant les forces de défense et de sécurité étaient au nombre de vingt-cinq (25) sur quatre-vingt-dix (90) députés.
Samuel Finer, The man on horseback : the rise of the military in politics, London, Pinter, 1988.
Fulbert Paré, « Sous-commission Défense et Sécurité : ce qu’il ne fallait pas élaguer de la Charte », www. Lefaso.net, 8 février 2015.
Voir Roger Bila Kaboré, Un peuple debout : chute de Blaise Compaoré, coup d’Etat de Diendéré au Burkina Faso, Ouagadougou, Edition Firmament, 2016, p. 81-84.
Jean-Jacques Wondo, « Le Burkina Faso et son armée mis au pas par le Régiment de sécurité présidentielle ? », op cit, p. 6.
En plus du premier ministre Zida, trois autres militaires siégeaient dans le gouvernement de transition, le colonel Aboubacar Ba, ministre de l’énergie et des mines, le colonel David Kabré, ministre des sports et loisirs et le colonel Auguste Barry, ministre de l’administration territoriale et de la sécurité. A la suite du remaniement du 19 juillet 2015, seul ce dernier quitta le gouvernement.
Ces options étaient : sa dissolution pure et simple et le redéploiement de ses éléments dans d’autres unités, sa délocalisation hors de la capitale pour exercer des missions militaires classiques excluant la sécurité du président du Faso, sa recomposition pour y admettre la gendarmerie et la police, et son maintien en l’état.
Voir Ministère de la défense nationale et des anciens combattants, Rapport de la commission de réflexion sur la restructuration du régiment de sécurité présidentielle, Avril 2015, p. 19-20.
Les deux textes ont été modifiés par l’Assemblée nationale le 24 novembre 2016.
Le code électoral adopté en avril 2015 par le CNT interdisait aux personnalités ayant soutenu le projet de référendum initié par Blaise Compaoré de se présenter aux élections, en application d’une disposition de la charte africaine de la démocratie, de la gouvernance et des élections de l’Union africaine adoptée en 2007.
Décret n°2015-1150/PRES-TRANS du 16 octobre 2015 portant création d’une Agence nationale de renseignement (ANR), JO n°52 du 24 décembre 2015.
Ibid
www.aib.bf, 18 octobre 2016.
Présidée par le colonel-major Alassane Moné, secrétaire général du ministère de la défense nationale, elle était composée de quinze membres, dont onze colonels-majors, trois colonels et un lieutenant-colonel. La commission était appuyée par cinq personnes ressources, dont deux généraux de brigade et trois généraux de division.
CRNR, Les voies du renouveau : rapport de la commission de la réconciliation nationale et des réformes, 2015.
Entretien à Ouagadougou, 6 décembre 2016.
Augustin Loada et Mathieu Hilgers, « Burkina Faso : un soulèvement pas inattendu, mais une armée résiliente », Politique africaine n°2013/3 N° 131, p. 189.
ICG, Burkina Faso : neuf mois pour achever la transition, Rapport Afrique N°222, 28 janvier 2015.
Léon Sampana, « « La démilitarisation paradoxale du pouvoir politique au Burkina Faso » in Axel Augé et Amandine Gnanguênon (dir.), Les armées africaines et le pouvoir politique au sud du Sahara, Paris, Les Champs de Mars n°28, octobre 2015, p. 43.
Mahaman Tidjani Alou, « Les militaires politiciens » in Kimba Idrissa (dir.), Armée et politique au Niger, Dakar, Codesria, 2008, p. 93-124.
Hervé Christ, « Burkina-Faso : Commandant Evrard Somda, le tombeur de Diendéré », www.leadernews.net, 31 octobre 2015.
ICG, Burkina Faso : transition acte II, op cit, p. 12.
Abdoul Karim Saidou, « Conflits armés et sécurité au Sahel : analyse comparée des politiques sécuritaires du Niger et du Mali face aux rébellions touarègues », in Ibrahim Mouiche et Samuel Kalé Emusi (dir), Gouvernance et sécurité en Afrique francophone subsaharienne : entre corruption politique et défis sécuritaires, Addis Abeba, UPEACE, 2015, p. 327-345.
Entretien à Ouagadougou, le 15 novembre 2016.
Léon Sampana, Le contrôle semi-démocratique des Forces de Défense et de Sécurité en Afrique de l’Ouest : cas du Burkina Faso et du Sénégal, Thèse en sciences politiques et sociales, Université de Namur, janvier 2013.
Entretien avec Halidou Sanfo, 22 décembre 2016
Cette loi n’interdisait donc pas la nomination des militaires aux hautes fonctions civiles. Selon ses articles 142 et suivants, le militaire est mis en position de détachement de « plein droit » lorsqu’il est nommé membre du gouvernement.
Léon Sampana, « La démilitarisation paradoxale du pouvoir politique au Burkina Faso », op cit, p. 48
Il s’agit du décret 2005-025/PRES/PM/SECU/MATD/DEF/MJ du 31 janvier 2005.
Jean Pierre Bayala, « Le Burkina Faso » in Alan Bryden et Boubacar N’Diaye (dir), Gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l’ouest : bilan et perspectives, Zurich, DCAF, 2011, p. 60.
Voir Courrier confidentiel n°120 du 25 novembre 2016.
Toutes les composantes de la commission disposent de ce droit de veto. L’armée ne peut utiliser ce droit de veto qu’avec le soutien des forces paramilitaires avec lesquelles elle siège comme composante.
Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a recommandé un audit sur les finances de l’armée sur les cinq dernières années. Voir CGD, Rapport sur la gouvernance de la sécurité au Burkina Faso, Ouagadougou, 2016.
CRNR, Les voies du renouveau : rapport général de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes, 2015, p. 44
Ibid
Jean Pierre Bayala, « Le Burkina Faso », op cit, p. 67.
Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzacchetti, (dir.), Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire : le cas du Burkina Faso, Paris, Karthala, 2010.
Alan Collins, Contemporary security studies, Oxford, Oxford University Press, 2016.
Voir Lona Charles Ouattara, « De la nécessité de réformer l’armée », www.lefaso.net, 4 septembre 2012
Michel Luntumbue, « Burkina Faso : vulnérabilités et risques de turbulences », Note d’Analyse du GRIP, 17 septembre 2013, Bruxelles, p.10-11.
Abdoul Karim Saidou, « Gérer l’après Compaoré : la politique « ivoirienne » du nouveau pouvoir burkinabè », Note d’analyse du GRIP, 24 juin 2016, Bruxelles
Voir Courrier confidentiel n°119 du 10 novembre 2016.
Au Niger, des militaires en conflit avec le pouvoir de Mamadou Tandja, avec à leur tête le commandant Kindo Zada, avaient rejoint les rebelles touaregs du MNJ en 2007. Voir Abdoul Karim Saidou, Conflit armé et démocratisation en Afrique : cas du Niger, Deutshland, Editions universitaires européennes, 2015, p. 475.
ICG, Burkina Faso : avec ou sans Compaoré : le temps des incertitudes, Rapport Afrique 205, 22 juillet 2013, p. 19.
Augustin Loada et Peter Romaniuk, Prévention de l’extrémisme violent au Burkina Faso : vers une résilience nationale dans un contexte d’insécurité régionale, Global Center on Cooperative Security, juin 2014, DCAF.
Tisseron Antonin, « G5 Sahel : une simple organisation de plus ? », Éclairage du GRIP, 25 mars 2015.
Roch Marc Christian Kaboré, Discours à l’occasion de la célébration du 56e anniversaire des forces armées nationales, Ouagadougou, 1er Novembre 2016.
Rock Marc Christian Kaboré, Mon programme, Ouagadougou, MPP, 2015, p. 25.
A titre illustratif, les nouveaux textes instituent une incompatibilité entre le statut de chef coutumier et celui de militaire, ils relèvent le niveau de recrutement des soldats, améliorent le plan de carrières des militaires, etc.
Patrick Hassenteufel, Sociologie politique : l’action publique, Paris, Armand colin, 2014, p. 58.
Alan Bryden et Boubacar N’Diaye (dir), Gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l’ouest, op cit. p. 8
ICG, Burkina Faso : transition acte II, op cit, p. 2.
Larry Diamond, « Is the third wave of democratization over ? An empirical assessment », Helen Kellogg Institute for International Studies, Working Paper n° 236, 1997.
Il s’agit de la loi n°26/94/ADP du 24 mai 1994 portant organisation générale de la défense nationale et son modificatif n°007-2005/AN du 07 avril 2005.
Cette politique a été adoptée par décret n°2004-146/PRES/PM/DEF du 19 avril 2004.
Le Burkina dispose d’une législation et des unités anti-terroristes, mais il n’existe pas encore de stratégie globale.


L’auteur
Abdoul Karim Saidou est docteur en science politique et assistant à l’Université Ouaga 2 au Burkina Faso. Il est chercheur associé au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) de Bruxelles. Ses recherches portent sur les conflits armés, les politiques de sécurité et les processus démocratiques en Afrique de l’ouest.



Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2017 à 12:23, par Gangobloh En réponse à : Burkina Faso : où en est la réforme de l’armée deux ans après l’insurrection populaire ?

    Hummmhhh il y a une malhonnêteté manifeste quelque part. Dans un Etat dit démocratique il ne devrait pas y a voir de secrets absolus surtout sur la gestion financière dans toutes les institutions ( demembrements ) de l’état. Il ne suffit pas aussi d’être militaire pour maîtriser la chose militaire. Tout est question de réflexion, de conception, ce qui est différent du maniement des armes et là encore le militaire n’est pas le Dieu du maniement des armes car il y a le concepteur, le fabricant. Alors vouloir que tout qui touche à la chose militaire soit un secret pour les autres appelés civils, est difficilement compréhensible pour un citoyen éclairé . Dans toute organisation, il y a un secret pour atteindre un objectif mais de là à en abuser , il y a quelque chose qui se cache derrière. Dans une démocratie il ne devrait pas y avoir des intouchables à vie et supérieurs aux autres du simple fait qu’ils détiennent un objet dangereux appelé arme. Surtot que ces dites armes sont payées avec l’argent du contribuable national et international. Notre conscience doit nous quider à nous départir du négatif qui nous fait passer l’intérêt personnel au détriment de celui collectif .

  • Le 15 janvier 2017 à 07:38, par YIRMOAGA En réponse à : Burkina Faso : où en est la réforme de l’armée deux ans après l’insurrection populaire ?

    La dite reforme de l’armée doit être relue pour s’adapter à la réalité économique de notre pays ? Dans la dite reforme, on a fait que statuer sur l’avancement des OFF supérieurs ? En particulier de colonel major à Général de brigade, 6 mois d’ancienneté, et encore au moins de brigade à divisionnaire, 6 mois ? Ainsi, Zagré passait divisionnaire en 2016 avec rétroactive, et les autres, toute la clique qui a combattu Zida passait pour compter en 2017 selon les trimestres ? On serait à plus d’une dizaine rien que 2016 ?
    Et pourtant, rien qu’un ordre initial pour combattre des assaillants à moto au nord, on se réfugie dans l’absolu en clamant guerre asymétrique ?
    Quelle incompétence ? On a vu à la guerre de Noel des responsables politiques diriger des unités sur le champ de combat ?
    Plus de nomination de généraux autre que le CEMGA ? Lui au moins, pour assurer le grand commandement ? Aussi, à revoir la retraite pour ramener à la professionnalisation ? Ramener au strict parce qu’on doit pas mourir en activité ? C à D diminuer ? On doit être toujours serviable à la retraite ? Surtout les Off supérieurs ?

  • Le 15 janvier 2017 à 08:09, par Gayendé En réponse à : Burkina Faso : où en est la réforme de l’armée deux ans après l’insurrection populaire ?

    Les institutions sont à l’image du système de gouvernement. A système imparfaitement démocratique correspondent forcément des institutions imparfaitement démocratiques. Ce ne sont pas les institutions qui déterminent le système, mais l’inverse ! Travaillons donc à renforcer la démocratie burkinabè et toutes les institutions suivront inévitablement. Et cela commence par le politique et les politiques. S’entêter à vouloir faire l’inverse est tout sauf démocratique. C’est de la naïveté ou de la mauvaise foi.