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Entrepreneuriat : Marthe Toé/Paré, de la comptabilité à l’élevage de dindons

LEFASO.NET | Herman Frédéric BASSOLE
mercredi 11 janvier 2017.

 

Le Programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP) et la Maison de l’Entreprise du Burkina Faso (MEBF) poursuivent leur périple à la rencontre des entrepreneurs modèles qui ont bénéficié d’une subvention dans le cadre de leur convention. Après Koudougou et Dédougou, c’était autour de la ville de Bobo-Dioulasso et ses environs d’accueillir l’équipe, ce mardi 10 janvier 2016.

Démissionner de son poste de comptable d’un important cabinet de la place pour se consacrer à l’élevage, il faut de la passion et surtout du cran pour le faire. Et Mme Toé Marthe l’a fait sans hésiter ; elle qui s’est toujours sentie à l’aise en milieu rural. En 2006, elle menait l’élevage des dindons à domicile avec seulement 33 dindonneaux au départ. La basse-cour s’est vite agrandie jusqu’à 200 dindons. Et depuis qu’elle s’est déportée sur sa ferme avicole située à Dodougou à une trentaine de km de Bobo-Dioulasso, la promotrice est nantie aujourd’hui de 600 têtes de dindons. « Sans la subvention du PAFASP et de la Maison de l’entreprise à hauteur de 3 217 500 F CFA, on n’aurait pas réalisé tout ce que nous avons réalisé ici », reconnait-elle en précisant que le premier volet de l’appui du PAFASP lui a permis de bénéficier d’un forage, d’abreuvoirs, des mangeoires, bref tout ce qui était indispensable pour agrandir son business. Et avec la subvention obtenue grâce à la convention PAFASP/MEBF, la promotrice dispose d’une loge flambant neuve pour l’engraissement de la volaille. Un broyeur polyvalent et une couveuse sont en cours d’acquisition

1700 dindons dans le viseur

L’élevage de dindons est une activité qui rapporte beaucoup, à en croire Mme Toé. Au départ, les mâles coutaient 15 000 F CFA, mais aujourd’hui leur prix est de 35 000 F CFA contre 10 000 F de moins pour les dindes. « La ferme ne rencontre aucune difficulté pour l’écoulement des dindons », foi de Mme Toé qui confie qu’elle n’arrive même pas à satisfaire sa clientèle très variée. « En fin d’année, la plupart des éleveurs de dindons me donnent leurs dindons pour que je puisse les vendre », renchérit-elle. A cause du vide sanitaire, les gallinacés ont été envoyés sur un autre site en attendant l’arrivée d’autres reproducteurs.

L’électrification de la ferme est indispensable pour les couveuses et Mme Marthe Toé espère d’ici là installer des panneaux solaires afin de réduire certaines charges liées au transport sur Bobo-Dioulasso. Le volet transformation est également dans le viseur de l’entrepreneure qui se trouve assaillie souvent, lors de la Thanksgiving (fête très populaire aux Etats- Unis), par des commandes de clients Américains et Ivoiriens à partir du Burkina Faso et d’Abidjan. En attendant, grâce aux infrastructures et au matériel en cours d’acquisition, l’ex-comptable reconvertie ambitionne produire 1700 dindons par an.

Une mangueraie de 34 hectares

A quelques kilomètres de la ferme avicole, toujours à Dodougou, s’étendent des manguiers à perte de vue sur un périmètre aménagé de 34 ha appartenant à Samuel Domba, promoteur de Agro-Burkina Sarl. Grace à la subvention, le producteur agricole a aménagé trois hectares irrigués avec le système goutte à goutte. « Il a également bénéficié d’une assistance, précise Omary Tarpaga du PAFASP, pour le montage et la mise en œuvre de son plan à l’export qui comportait une mission commerciale sur l’Allemagne, la France et la Belgique ».

Le promoteur de Agro-Burkina Sarl a également vu ses capacités renforcées grâce à plusieurs formations notamment en gestion et en système de management de la qualité. C’est en cela que le duo PAFASP/MEBF a été bénéfique pour les entrepreneurs car « un projet dans lequel on injecte beaucoup d’argent sans la formation est voué à l’échec », tranche M. Tarpaga. Bénéficier d’une subvention c’est bien, mais avoir une culture bancaire et posséder un business plan bancable c’est encore mieux. Et le tandem PAFASP/MEBF a également permis de coacher les entrepreneurs et d’organiser des rencontres B2B avec des institutions financières.

Avant de se rendre à Dodougou, notons que la mission s’est rendue dans la zone industrielle n°2 de Bobo-Dioulasso et à Penny où elle a constaté de visu la construction de l’unité de séchage de mangues de Mamadou Ouattara qui a bénéficié d’une subvention de près de 20 millions de francs CFA et la construction d’une autre unité, celle de Nebnooma Ido qui a reçu une subvention de 22 millions de francs CFA. Selon l’entreprise chargée de l’exécution des travaux, la première infrastructure d’une superficie de 465 m2 sera prête dans deux semaines et la deuxième dans environ un mois et demi. Les infrastructures seront donc prêtes pour la campagne de la mangue qui s’annonce fin mars-début avril.

Au total, ce sont 177 anciens bénéficiaires du programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales et nouvelles petites et moyennes entreprises qui ont bénéficié du fonds de subvention de la convention PAFASP/MEBF. Ils ont été retenus par un comité de sélection à l’issue d’un processus, depuis l’appel à candidature jusqu’au diagnostic en passant par la présélection.

Herman Frédéric Bassolé
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