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365 jours du président du Faso : le CGD dresse le diagnostic autour d’un dialogue

LEFASO.NET | Par Youmali Koanari (stagiaire)
vendredi 30 décembre 2016.

 

Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et ses partenaires notamment Diakonia, la Convention des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL), Water Aid, ont fait un examen critique des 365 jours de gouvernance du Président Roch Kaboré, afin de montrer les forces, interpeller sur les insuffisances, et mieux, proposer des solutions d’amélioration pour une meilleure gouvernance démocratique. Ce dialogue a eu lieu le jeudi 29 décembre 2016 au Conseil burkinabè des Chargeurs.

Après un régime de 27 ans renversé par un soulèvement populaire des masses exacerbées par leurs conditions sociales et économiques, Roch Kaboré a accédé au pouvoir par la voie des urnes. Une année après avoir prêté serment, quelle regard les citoyens ont-ils de l’exercice du pouvoir par le premier des Burkinabè ? A quelques heures de la conférence de presse du président Kaboré sur le bilan de sa gouvernance, prévue en direct sur les antennes de la télévision nationale, OSC, partis politiques, membres du gouvernement, élus parlementaires et chercheurs, ont répondu à l’appel du CGD pour faire un examen critique de ces 365 jours du Président Roch Kaboré.

Pour ce qui est du constitutionnalisme et de la citoyenneté, le Professeur Augustin Loada a rappelé qu’une nouvelle Constitution est en cours d’élaboration selon les principes démocratiques. « Cela dotera le pays d’une bonne loi fondamentale élargira les libertés et la démocratie au Burkina Faso », a-t-il rassuré. Aussi le conseil constitutionnel a censuré deux propositions de lois durant ces 365 jours. Ce qui traduit d’un encadrement de l’exercice du pouvoir par la loi fondamentale, la Constitution.

S’agissant de l’Etat de droit, les rapports de l’Etat avec la société et les rapports sociaux semblent être dominés par l’autoritarisme avec la progression des hommes de non droit, si l’on s’en tient à la progression des groupes d’auto-défense notamment les Koglweogo qui prennent la chose sécuritaire en main sur le dos des droits fondamentaux des citoyens. En matière de justice, « clé de voute de l’état de droit », beaucoup de choses restent à faire pour garantir l’indépendance de la justice, selon le Pr Loada. Sans remettre en cause l’indépendance des magistrats il pense qu’en matière de redevabilité des magistrats, des mécanismes peuvent être mis en place pour contrôler leurs actions.

Le conférencier estime également que les droits civiques et politiques des Burkinabè sont généralement respectés. Mais pour ceux économiques et sociaux les fortes attentes des populations existent toujours. En témoigne, selon lui, le climat social est marqué par de fortes demandes sociales exprimées par les syndicats en dépit d’un dialogue de sourds entre ceux-ci et le gouvernement.

Après avoir fait remarquer que les élections présidentielles et législatives ont été « justes et honnêtes », le Pr Augustin Loada a déploré les violences qui ont émaillé les élections municipales en 2016 et qui posent aujourd’hui le problème de la réconciliation nationale et de la justice.

Pour lui, le réveil parlementaire notamment sur la question foncière et minière constitue un bon point pour la gouvernance démocratique « en ce qu’elles permettent plus de transparence et d’informations dans ces domaines ». Cependant, la question de la lutte contre la corruption demeure un terrain difficile car « il n’y a pas eu de suite judiciaire à toutes les accusations de corruptions une année après les accusations ». Et le conférencier d’inviter l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat à faire le point.

« Au niveau de la gouvernance du secteur sécuritaire, la démilitarisation du pouvoir et la dépolitisation de l’armée est un travail de longue haleine et le processus en cours prendra du temps », estime le Pr Loada. Même s’il demeure satisfait du rôle important joué par les medias dans la construction démocratique, il note quand même que « certains hommes de media distributeurs de cartons rouges sous la transition ont été promus et décorés par le pouvoir en place ». « Ce qui pose le problème de media partisans et redevable », a-t-il mentionné

Sous l’angle économique, le Dr Alain Siri indique que l’opérationnalisation de la plate-forme SYLVIE est un point positif car elle a permis d’élargir les recettes douanières. La mise en place d’une taxe sur les résidences bâties et non bâties également ont permis d’élargir la recette fiscale. A cela s’ajoute la conférence de Paris sur le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES) qui a connu un franc succès. Aussi pour l’élaboration de ce PNDES « bien ficelé et prenant en compte les aspirations du peuple » a pris moins de temps que ses précédents, selon le conférencier.

Les insuffisances à relever sur les 365 jours du président du Faso, à en croire le Dr Siri, concernent le retard dans le démarrage des grands chantiers d’électrification, la faiblesse des investissements sur les infrastructures routières, la lenteur de la réorganisation de l’administration publique.

Pour le ministre d’Etat Simon Compaoré, cet exercice est une preuve que le Burkina se hisse doucement dans le cercle des nations démocratiques. Il a félicité les initiateurs de ce dialogue et dit avoir les « critiques constructives ».

« Le but de cet exercice n’est pas d’instruire un procès mais de mettre en exergue les insuffisances pour être corrigé. D’ailleurs le gouvernement n’est pas le seul acteur du changement auquel nous aspirons, le parlement, la justice, la société civile, les medias, l’armée, l’administration, les partis politiques, les citoyens pris individuellement sont aussi acteurs, et si chacun joue bien son rôle, l’espoir est permis », a conclu le Pr Augustin Loada.

Youmali KOANARI (Stagiaire)
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Vos commentaires

  • Le 30 décembre 2016 à 04:50, par Gangobloh En réponse à : 365 jours du président du Faso : le CGD dresse le diagnostic autour d’un dialogue

    Tout cela est bien égrené et bien dit . Il reste maintenant que chacun joue son rôle ,du président de la république au citoyen de boinsé-yaar. Le changement de mentalité à tous les niveaux. Une révolution de conscience est necessaire . Tous les maux cités par les conférenciers, peuvent trouver solution si nous le voulons. Tout est question de conscience et de volonté seulement.

  • Le 30 décembre 2016 à 08:44, par Sidzabda En réponse à : 365 jours du président du Faso : le CGD dresse le diagnostic autour d’un dialogue

    Nous avons senti du Roch ce jeudi 29 décembre !!! très à l’aise et répondant sans embage aux questions et avec satisfaction. sous les mêmes cieux à d’autres époques, on aurait assisté à un protocole d’interview avec des questions bien préparées et les réponses connues d’avance. Mais ici, rien de tout cela. maintenant, moi j’ai confiance, Roch est la solution pour un Burkina meilleur. et comme il l’a dit, il faut que chacun change et c’est là le hic, alors que chacun se mette au travail !!!

  • Le 30 décembre 2016 à 09:12, par Aboubakar SOURA En réponse à : 365 jours du président du Faso : le CGD dresse le diagnostic autour d’un dialogue

    Nous félicitons les initiateurs de ce cadre constructif. Du reste, ne dit-on pas que le poisson pourri par la tête ? Alors nous estimons que l’ instauration d’ une véritable justice sociale et économique forcera la discipline dans les habitudes des populations.Cette discipline même qui est le secret de la bonne santé économique du Dragon asiatique.