Retour au format normal
lefaso.net

CGD : Fin d’une formation BRIDGE pour l’équipe de la CENI

mardi 27 décembre 2016.

 

L’équipe de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a bénéficié, du 19 au 23 décembre 2016 à Ouagadougou, d’une formation BRIDGE (Building ressources in democracy governance and election). L‘objectif est de mettre au top le staff de cette institution en charge de l’organisation des élections pour les défis démocratiques à venir notamment, le référendum constituant en vue.

Cette formation BRIDGE (Building ressources in democracy governance and election ; en français, Bâtir des ressources pour la démocratie, la gouvernance et les élections) est un programme de perfectionnement professionnel modulaire avec un accent particulier sur les processus électoraux. Cette session a été co-assurée par les enseignants à l’Université Ouaga II, Pr Augustin Loada et Dr Aboul Karim Sango, tous deux, experts nationaux en la matière (communément appelés facilitateurs).

« En 2015, notre pays a été cité en exemple à travers l’élection couplée du 29 novembre. Après ces élections jugées crédibles et acceptées par l’ensemble des acteurs, la CENI a procédé au renouvellement de son staff, une nouvelle équipe dirigeante est-là avec pour tout premier défi, le referendum constituant. C’est au regard de l’importance de cette consultation électorale pour l’enracinement de la démocratie dans notre pays, qu’on a trouvé nécessaire de convier cette institution pour un atelier de formation », précise le chargé de programme du CGD, Assegna Anselme Somda, représentant le directeur exécutif de l’institution. La CENI étant, pour les responsables du CGD, une institution au cœur de la démocratie, en ce sens que les élections sont au centre du processus démocratique et la crédibilité, la transparence et l’acceptation des résultats des élections sont devenues des enjeux majeurs pour les « jeunes démocraties » comme le Burkina.

« Pour éviter ce qu’on a pu voir dans d’autres pays, on a trouvé qu’il sied de continuer à renforcer les capacités d’une institution comme la CENI pour qu’elle puisse faire face, justement, aux différents défis. L’équipe ayant été entièrement renouvelée, toute nouvelle équipe a besoin d’être formée, accompagnée, pour pouvoir être efficace. Cela est d’autant important qu’on est sorti des élections du 29 novembre 2015 avec beaucoup de satisfaction. Ça veut dire que nous sommes montés très haut et il faut faire en sorte à s’y maintenir au moins, à défaut d’aller encore plus loin. D’où la pertinence de telles initiatives, si nous voulons que le Burkina puisse rester dans les grands standards de la démocratie », mise l’ex-président de la commission des affaires sociales et du développement durable du Conseil national de la Transition (CNT), Assegna Anselme Somda.
La formation a porté sur plusieurs modules, notamment la notion même de référendum, le cadre juridique de son organisation, le suivi électoral, les médias et les élections, etc.

« Vous faites honneur à votre serment »

Selon les explications de M. Somda, l’ambition du CGD dans le cadre de ces nouvelles réformes, c’est de faire en sorte que l’on dépasse les « Constitutions d’Etat » pour aller vers les « Constitutions citoyennes » et qui s’inscrivent dans la durée. « Au regard des évènements que notre pays a connus ces deux dernières années, nous voulons une Constitution qui soit porteuse des aspirations du peuple, exprimées les 30 et 31 octobre 2014 », prône-t-il avant d’exhorter dans cet esprit, l’appropriation de la Constitution par les populations ; la Constitution ne devant plus être, poursuit-il, la chasse gardée des juristes, des intellectuels.

Pour le président de la CENI, Newton Ahmed Barry, cette formation, qui constitue la troisième reçue par son institution depuis son installation le 1er août 2016, vise à permettre à l’ensemble de l’équipe, de se préparer à mieux accomplir ses missions avec tous les atouts professionnels possibles. ‘’ Cet atelier apporte un module nouveau dans le cadre de ce que nous avons appris jusqu’à présent, qui est donc la problématique du référendum auquel nous allons être confronté en 2017 (probablement, ou en tout cas, pas loin de 2017) qui constitue donc, un des points forts de notre agenda. Mais déjà, évidemment, il faut s’y préparer’’, perçoit le premier responsable de la CENI.

A en croire Newton Ahmed Barry, cet atelier a permis de mettre en exergue des aspects organisationnels et à nu un certain nombre de faiblesses du corpus législatif, spécifiquement par rapport à la formule référendaire qui est arrêtée. « Si effectivement nous savons faire avec les révisions de la Constitution, l’écriture d’une nouvelle Constitution alors que l’autre Constitution est toujours en vigueur, est quand même une nouveauté. Je pense que nous sortons de cet atelier enrichis par rapport à cette problématique, donc prêts à faire face aux obligations », félicite-t-il, souhaitant que cette démarche du CGD envers son institution soit le début d’une collaboration.

D’ores et déjà, M. Barry pense notamment à la possibilité d’ouvrir des discussions autour « d’une autre faiblesse des processus électoraux africains à savoir, la faiblesse du taux de participation aux scrutins ». La faiblesse du taux de participation impacte, fait-il observer, forcement sur la légitimité des dirigeants qui en sortent, « même s’ils acquièrent par ailleurs la légalité ». Il se dit ravi de la qualité des facilitateurs (formateurs) et des modules qu’ils ont dispensés. Pour lui, l’assiduité des participants montre le sens d’attachement de ceux-ci et leur sens de responsabilité par rapport à leurs missions. « Vous faites honneur à votre serment », a lancé pour conclure, le président, Newton Ahmed Barry.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

Réaction de participants …

Adama Kéré, vice-président de la CENI :

Adama Kéré, vice-président de la CENI

Cette initiative est vraiment à louer parce qu’habituellement, c’est la CENI qui allait vers les partenaires pour solliciter des formations et il se trouve que, c’est un partenaire, en l’occurrence le CDG, qui est venu vers nous pour proposer cette formation que nous avons beaucoup appréciée. L’équipe actuelle est-là, il y a juste quelques mois. Même si nous avons été des acteurs plus ou moins indirects des processus électoraux, nous n’avions jamais eu l’occasion d’organiser nous-mêmes, les élections. Cette équipe a donc besoin, naturellement, de s’outiller pour répondre aux défis qui attendent l’institution. Cette formation vient vraiment renforcer nos compétences dans la gestion et la supervision des élections à venir.

Tasséré Sawadogo, rapporteur de la CENI :

Tasséré Tasséré, rapporteur de la CENI

Nous avons retenu beaucoup des modules dispensés au cours de cet atelier. La gouvernance électorale étant comme la gouvernance classique – qui veut dire anticiper – nous sommes-là pour renforcer nos capacités autour de l’organisation du référendum, du cadre juridique, du cycle électoral, des médias et des élections, du vote des Burkinabè de l’étranger. Nous retenons simplement que, contrairement à ce que pensent nombre de personnes, pour arriver au référendum, il y a tout un ensemble de textes qu’il faut prendre bien avant. Et il y a une organisation particulière à mettre en place. Et très souvent, la remarque est qu’on a un taux de participation relativement faible au niveau des référendums. A travers le volet « médias et élections » par exemple, on s’est focalisé sur l’éducation citoyenne qui indique que toutes les parties prenantes doivent s’engager à éduquer les citoyens pour que le taux de participation soit plus élevé et qu’il y ait moins de bulletins nuls. Là, du coup, on a, à la fois, la légalité et la légitimité. Donc, on retient énormément de choses au niveau du cycle électoral et cela permet la planification ; les défis immédiats à venir étant le référendum et même la reprise des municipales partielles. Je suis membre du démembrement de la CENI depuis 1991, j’ai participé aux élections présidentielles de 1991, au référendum (de juin 91, ndlr), président de la CEPI (Commission électorale provinciale indépendante) plusieurs fois au niveau de la région du nord. Au niveau de la CENI centrale, c’est la première expérience et cela me permet de capitaliser les expériences antérieures au service des missions qui nous sont assignées. Nous sommes conscients de notre mission et c’est comme l’a dit notre serment, c’est la neutralité et les élections libres, équitables et transparentes.

Esther Somé, secrétaire générale de la CENI

Esther Somé

On retient que la formation est vraiment la bienvenue, parce qu’il y a des thèmes d’actualité, à l’image de l’organisation d’un référendum, le vote des Burkinabè de l’étranger, la gestion des médias en périodes électorales. Ces thèmes sont très pertinents, parce qu’avec la Commission constitutionnelle en place, cela veut dire que dans le viseur du gouvernement, il y a le référendum. Cet atelier nous a donc permis de discuter de façon pratique, de comment ce référendum peut être organisé, quels sont les préalables à réunir afin que le cadre juridique soit bien adapté à l’organisation de ce référendum et aussi de discuter du vote des Burkinabè de l’étranger (le code électoral donnant droit à nos compatriotes vivant à l’étranger de prendre part aux consultations présidentielles et référendaires). Nous saluons à sa juste valeur donc, la tenue de cette session de formation.

Personnellement, j’ai été particulièrement captivée par le volet relatif aux dispositions pratiques à prendre au niveau du cadre juridique et légal pour que le référendum ait lieu, parce que nous sommes dans une situation, j’allais dire, où on a une Constitution qui est en vigueur mais qu’on est en train d’élaborer une nouvelle qui sera soumise au référendum. Il faut donc réfléchir davantage pour que le cadre juridique soit vraiment bien adapté pour ne pas être en porte-en-faux avec la nouvelle Constitution.

Propos recueillis par O.L.O
Lefaso.net