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Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

LEFASO.NET | Par Moussa Diallo
lundi 19 décembre 2016.

 

Ouagadougou accueille un séminaire parlementaire international sur la peine de mort en Afrique subsaharienne francophone, du 19 au 20 décembre 2016. Organisée par l’association « Ensemble contre la peine de mort », en collaboration avec ses partenaires, cette rencontre réunit des parlementaires et de responsables d’organisations de la société civile d’une dizaine de pays francophones. L’objectif principal est de susciter l’adhésion des parlementaires à une dynamique en faveur de la lutte abolitionniste. La cérémonie d’ouverture était présidée par le 1er vice-président de l’Assemblée nationale burkinabè.

La question de la peine de mort a toujours suscité des débats passionnés. Au Burkina, depuis 1988, on n’a jamais appliqué la peine capitale. De ce fait, il est considéré comme un pays abolitionniste de fait. A travers ce séminaire parlementaire organisé par l’association « Ensemble contre la peine de mort » (ECPM), une dizaine de pays d’Afrique subsaharienne et d’Europe (dans le cadre de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie) discuteront de cette question actuelle. « Au-delà de l’honneur, c’est prendre à bras le corps une question complexe mais très importante parce que beaucoup de pays sont dans la logique abolitionniste. Le Burkina n’a pas encore légiféré, donc ce séminaire vient à point nommé », a confié le 1er vice-président de l’Assemblée nationale burkinabè, Bénéwendé Sankara. Tout en reconnaissant la pertinence et l’actualité de la problématique, Bénéwendé Sankara n’a pas manqué de rappeler sa délicatesse et sa complexité. « Si la question des droits de l’homme est presque toujours présente dans les discours politiques, en réponse aux aspirations primaires des peuples, celle-ci révèle toute sa complexité lorsque doivent être abordées les implications objectives et dépassionnées sur la peine capitale », a-t-il rappelé.

Peut-elle être considérée seulement sous l’angle de la justice pénale ? La peine capitale est-elle une justice réparatrice ? A-t-elle un réel potentiel dissuasif ? Permet-elle d’infléchir sur la grande criminalité ? Ce sont, entre autres questions qui seront abordées au cours de ce séminaire de deux jours. En tous les cas, la tenue de cette rencontre à Ouagadougou constitue une opportunité pour notre pays de bénéficier d’expériences diverses pour s’en servir dans la poursuite des réformes engagées depuis le combat historique de l’insurrection populaire d’octobre 2014. L’honorable Sankara a aussi salué les efforts consentis par le Conseil national de la transition qui a permis d’exhumer le débat sur la question de la peine de mort dans le système pénale burkinabè. « Les conclusions de ce séminaire seront comme une lanterne que nous parlementaires et acteurs de la société civile pourrions mettre à profit pour nous assumer avec plus d’efficacité dans notre rôle d’informateur et de communicateur dans le cadre de la sensibilisation sur les enjeux de l’abolition de la peine de mort », a soutenu Bénéwendé Sankara.

Le Burkina, un pays abolitionniste de fait

Réné Bagoro, ministre de justice, des droits humains et de la promotion civique, quant à lui, rappeler que le Burkina est un pays abolitionniste de fait depuis 1988. A la date du 1er novembre 2016, 14 Etats africains sur les 54 appliquent toujours la peine de mort. « Je souhaite que la volonté du législateur burkinabè soit réaffirmée à travers la suppression de la peine de mort du code pénal à l’occasion de sa relecture. Le processus y relatif est très avancé au niveau du gouvernement », a-t-il déclaré.
Invitant à réaffirmer avec force le refus de la peine de mort et son caractère immoral, Paul Angaman, le représentant de la Fédération internationale de l’action des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT), a assuré que « la peine de mort n’est pas nécessaire pour garantir aux citoyens la sécurité ».

Peaufiner les stratégies de lutte

Embouchant la même trompette, Raphaël Chenuil-Hazan, le directeur général de l’association « Ensemble contre la peine de mort » (ECPM) estime que ce débat transcende tous les clivages. Le rôle des parlementaires étant fondamental dans ce combat pour aboutir à l’abolition de la peine de mort, le Directeur général de l’ECPM soutient qu’aujourd’hui, la question n’est pas de savoir si on va abolir la peine de mort, mais de savoir quand allons-nous l’abolir ? C’est pourquoi, cet atelier sera l’occasion de « dialoguer, travailler ensemble, identifier les stratégies particulières pour tel ou tel pays et surtout affûter nos arguments ».

Ce séminaire s’inscrit dans un prolongement de nombreux autres débats parlementaires. Certes, la tendance mondiale est à l’abolitionnisme, mais de nombreuses résistances de l’opinion publique persistent. Les attaques terroristes récurrentes ces derniers temps sont venues confortées cette position des anti-abolitionnistes sur la nécessité de maintenir la peine de mort dans l’ordonnancement juridique de nos Etats. Mais, a-t-elle réellement un effet dissuasif ? La réponse est loin d’être évidente. Le séminaire de Ouagadougou va s’en doute se pencher sur la question ?

Moussa Diallo
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 20 décembre 2016 à 07:43, par Conscience du Faso En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

    Si jamais on supprime la peine de mort au Faso, alors vive la vindicte populaire. Tu prends tout ton temps pour tuer avec sang froid mon parent innocent, je meurs avec toi si je ne peux pas te tuer seul. Des gens tuent les autres pour avoir du sang humain afin de pouvoir faire des sacifices et devenir riche ou réussir à quelque-chose, si on met la main sur eux, pas question de les conduire au commissariat ni à la gendarmerie ; on les tuent comme ils l’ont fait avec sang froid. Comme si on a besoin de tuer un homme ou une femme pour avoir du sang humain. On peut recueillir son propre sang, on peut faire un tour dans les poubelles des labos ou dans les banques de sang ; combien de tubes de sang ou de poches de sang sont jetés par jour ou par semaine ? Si jamais le Faso supprime la peine de mort, on devient tous des justiciers oeil pour oeil et dent pour dent.

  • Le 20 décembre 2016 à 09:43, par Bob le justifier En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

    N’importe quoi ! le 1er Vice président de l’assemble national, le ministre Bagoro, un parterre de députés et des OSC, réunis par une soit disante association de contre la peine de mort dirigé par je ne sais qui. une insulte à l’intelligence des personnalité réunies qui peut-être ignore les préoccupations réelles de leurs population à un moment où nous pleurons nos disparus suite à l’attentat de Nassoumbou. Personnellement je voudrais que les élites africaines assument avec responsabilité leur préoccupation à l’aune de leur réalité. les problèmes de notre peuples sont si nombreux que je considère cette campagne de sensibilisation comme une mission civilisatrice à des individus, des sauvages dont les élites non jamais su quelle direction donnée à leur peuple. "appliquer le peine de mort on applique" "annuler la peine de mort on annule" les peuples africains souffriront de leur élites.
    Bob le justicier

  • Le 20 décembre 2016 à 12:24, par camus En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

    C’est au moment où le terrorisme sauvage et sans pitié est dans nos murs que nous décidons de parler d’abolition de la peine de mort. Et bien, soit, mais il faudra nous faire des propositions concrètes : où et avec quels moyens devons-nous garder de ces djihadistes et les bandits de grands chemins s’ils nous tombaient un jour entre les mains ?

    • Le 20 décembre 2016 à 18:53, par Le Roi En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

      Très belle question camus .¨Par ailleurs , je trouve très indécente le moment choisi pour la tenue de cette cérémonie . Poursuivons avec le comble que représenterait des terroristes arrêtés et qui , lors de leur jugement , seront défendus par des avocats commis d’office et payés par le trésor publique .. Foutaises !
      Au TCHAD les choses ont été réglées de façon simple et pratique au moment où les KAMIKAZES géraient N’DJAMENA . Un simple vote à l’assemblée nationale pour rétablir la peine de mort , suivi de l’exécution d’une dizaines de terroristes quelques heures plus tard . Et voilà que N’DJAMENA baigne actuellement dans la tranquillité !

  • Le 20 décembre 2016 à 12:45, par Paligba En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

    Le moment est mal choisi. Si nous mettons la main sur un djadiste aujourd’hui il est mort.

    • Le 21 décembre 2016 à 07:41, par Guira En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

      Vraiment très mal choisi. Une rencontre de ce genre peut être reporté quelque soit l’agenda des uns et des autres. Cela s’apparente à de l’injure suprême, primo à la Nation entière et secundo, à la famille des victimes. Pensez au moins au veuves et orphelins ou ce sont vos perdiems qui vous intéressent.
      Vous voulez que si on prend un terroriste, qu’il soit enfermé, nourrit et entretenu par les impôts payés par les parents, les enfants de ceux qu’il a endeuillé. Réfléchissons un peu. Ou bien certains (on le vit tous les jours, ne vous étonnez pas) à la recherche sans limite du plaisir et des richesses, égorgent leur semblables pour recueillir le sang frais pour accomplir leur sacrifice. De tels individus, que fait-on lorsqu’on les arrête et que parmi ses victimes, il y a eu votre unique fils. Répondez-moi. On doit gardez la peine de mort, parce qu’il y a toujours des cas qui sont avérés et de flagrant délit. On ne l’appliquera pas en cas de doute.

  • Le 20 décembre 2016 à 16:54, par bien En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

    si on supprime la peine de mort, c’est dans la rue que la population va l’appliquer car on ne peut pas donner carte blanche au tueurs professionnels la chance de circuler librement dans la rue et les familles qu’ils ont endeuillé va les laisser tranquillement

  • Le 20 décembre 2016 à 20:23, par La Foudre En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

    Vous êtes en train de créer problème aux personnes que vous pensez sauver. Nous les connaissons déjà. Ce sont les ennemis du pays qui ont fui avec l’argent du peuple pendant l’insurrection. Mais c’est quand ils seront conduits à la justice qu’on parlera de peine de mort non ? Le peuple appliquera sa peine de mort avant la justice. Ce que vous faites ne sont que des plans de l’ordre mondial pour encourager la criminalité afin de réduire la population mondiale surtout africaine. C’est dommage que nos parents soit disant intellectuels se laissent berner jusqu’à ce point. Merde !!!

  • Le 26 décembre 2016 à 13:29, par SOME En réponse à : Peine de mort : Un séminaire parlementaire, à Ouagadougou, pour affûter les arguments des abolitionnistes

    Tout en souscrivant aux interventions et arguments des intervenants precedents, posons nous la question de savoir de qui sont ces personnes derriere cette initiative. Combien d’argent a ete depensé pour organiser cette rencontre et payé par qui ?

    Comprenons la guerre que l’on mene contre les africains. Le premier pays au monde qui se pretend l’exemple de la democratie pour le monde entier : les etats unis d’amerique n’ont jamais ratifié quelque accord que ce soit sur la peine de mort. D’ailleurs ils en ont fait la premiere arme pour rendre justice. (Et ce sont leurs concitoyens noirs qui en souffrent le plus, je precise).

    Allez regarder quels sont les pays qui ont aboli la peine de mort. Et pourquoi ils l’ont fait. Chaque pays a son histoire et il n’appartient pas a quelqu’un sous quelque argument que ce soit de venir nous imposer la facon dont nous voulons CONSTRUIRE NOTRE societe et VIVRE NOTRE societe.
    SOME