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PAN African minerals Tambao : Les ex-travailleurs dénoncent le silence du gouvernement

LEFASO.NET | Par Moussa Diallo
vendredi 16 décembre 2016.

 

Les activités de Pan african minerals Tambao ont été suspendues par le gouvernement de transition, puis le gouvernement actuel. Un retrait du permis d’exploitation est même à l’ordre du jour. Les employés licenciés suite à cette suspension ont organisé une conférence de presse le 16 décembre 2016 pour prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur leur situation et sur le risque de drame économique et social qui se profile à l’horizon, si cette affaire n’est pas convenablement gérée. Ils regrettent surtout l’attitude du gouvernement qui leur a fermé toutes ses portes.

Ils sont 73 employés à avoir été licenciés le 14 octobre 2015. Tout est parti d’une décision du gouvernement de la transition, le 15 janvier 2015, de suspendre les activités d’exportation du minerai de manganèse de Tambao par une lettre du ministre des mines. Deux autres suspensions suivront le 23 mars et le 22 juin 2015 portant respectivement sur l’exploitation et sur l’accord cadre de partenariat public-privé conclu entre l’Etat burkinabè et la société Pan african minerals en aout 2012. Cette série de suspensions a fini par avoir raison des emplois du personnel. Après avoir été mis en congé administratif d’un mois, puis en chômage technique total ou partiel de six mois, ils ont finalement été licenciés, les activités étant arrêtées depuis dix mois.

« Licenciés dans ces conditions suite à des mesures prises par notre propre gouvernement, le personnel n’a pas eu du ressort pour négocier des mesures d’accompagnement intéressantes. Le protocole d’accord signé sous l’égide de la direction générale du travail et dont copie a été transmise au ministre auteur des actes de suspension ainsi qu’au président du Faso de l’époque, prévoit le paiement des droits suivant les modalités ci-après : 20% au moment du licenciement ; 40% au plus tard trois mois après la levée du manganèse stocké à Kaya ; 40% au plus tard six mois après la levée des suspensions et sous réserve de l’acheminement à Abidjan du manganèse stocké à Tambao », explique Salifou Kassia, principal animateur de cette conférence de presse.

Seulement 20% des droits ont été payés

Ainsi, conformément aux dispositions du protocole d’accord, seulement 20% des droits des travailleurs licenciés ont été payés, le paiement des autres 80% étant lié à la levée des suspensions et la vente du minerai.

C’est dans ce contexte qu’une lueur d’espoir apparait pour les licenciés. Car, le gouvernement de la transition a autorisé, le 18 décembre 2015, la reprise de toutes les activités de la société. Puis, un comité est mis en place en juin 2016, pour opérationnaliser le dispositif d’acheminement du minerai stocké à Kaya et à Tambao. Mais, cet espoir sera de courte durée puisque l’actuel ministre en charge des mines n’enverra pas son représentant pour assister à la pesée du minerai, empêchant ainsi la réalisation de l’opération.

Face à ce refus d’envoyer son représentant, les ex travailleurs entament des démarches pour mieux comprendre les raisons. Mais, les lettres, les demandes d’audience auprès du ministre en charge des mines restent sans suite. Face à ce silence, ils se tournent vers le chef du gouvernement pour demander son implication personnelle dans la résolution de ce problème. Aucune suite là aussi. Mais, ils ne se découragent pas et tentent de ‘’frapper plus haut ‘’. Ils adressent des lettres d’audience au président du Faso. Peine perdue puisque c’est toujours le silence radio.

C’est dans ce contexte qu’intervient la recommandation de la commission d’enquête parlementaire, proposant le retrait du permis de Tambao. « En cas de rupture de l’accord de partenariat ou de retrait du permis d’exploitation, la société sera inévitablement dédommagée au regard des dispositions légales applicables à son contrat et à son permis d’exploitation. Mais, qu’en sera-t-il de nous travailleurs de Pan African ? », s’interrogent les conférenciers du jour.

73 personnes licenciées, 2500 emplois directs et indirects perdus

Certes, ils sont 73 personnes licenciées le 14 octobre 2015. Mais, les conférenciers estiment à plus de 2500 le nombre d’emplois directs et indirects perdus du fait de la suspension des activités de Pan african. Face à cette situation préoccupante, les travailleurs de Pan African minerals Burkina SARL et de Pan african Tambao SA, tout en dénonçant le silence du gouvernement, regrettent l’attitude du gouvernement qui leur a totalement fermé ses portes. Aussi, ils ne manquent pas de dénoncer « un acharnement sans fondement » sur leur (ex) employeur et une prise en otage du paiement de leurs droits de licenciement. En tous les cas, ils disent se réserver le droit de se constituer en victimes collatérales de « toute décision malheureuse » que pourra prendre le gouvernement et demanderont à être dédommagés en conséquence.

Sur la crédibilité du rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité sociale des entreprises, les (ex) travailleurs de PAN african se posent des questions. Ils disent n’avoir pas eu droit à la parole bien qu’ils aient fait le déplacement pour apporter leur part de vérité lorsque la Commission s’est rendue sur le site de Tambao.

Après cette sortie, le gouvernement va-t-il enfin se décider à les recevoir ? Ce ne serait certainement pas une rencontre de trop au regard du nombre de personnes affectées par cette ‘’crise’’ qui met de nombreuses familles dans un état de dénuement.

Moussa Diallo
Lefaso.net



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