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Lutte contre la pratique des Mutilations génitales féminines à Damesma : Des journalistes au contact de la réalité

LEFASO.NET | Par Aïssata Laure G. Sidibé
vendredi 16 décembre 2016.

 

Le secrétariat permanant du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision de concert avec le Fonds des nations Unies pour la population organise du 14 au 17 décembre 2016, une sortie de terrain avec des hommes de médias dans la région du centre-nord (Kaya). Cette activité s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des activités du programme conjoint mutilation génitale féminine (MGF) UNFPA-UNICEF.

Les objectifs poursuivis par cette sortie sont entre autres de réactiver l’intérêt de l’opinion publique sur les MGF, constater les changements comportementaux face aux MGF dans le Centre-nord. Dans le village de Damesma située à une quinzaine de kilomètres de Kaya, les journalistes ont pu toucher du doigt l’état d’avancement de la lutte contre la pratique de l’excision. Le constat a été encourageant. Après les salutations d’usage, le Nabdogo-Naaba a reconnu que les mutilations constituent une grave violation des droits de l’enfant. En effet, au nom des pesanteurs socioculturelles, elles subissent dans le silence le rituel du rasoir ou le couteau. Les conséquences pour leur santé sont dramatiques.

Il s’agit, selon lui, des douleurs lors des rapports intimes, la fistule de même que des complications lors de l’accouchement. L’hémorragie et la chéloïde ne sont pas en reste. Qu’à cela ne tienne, la pratique des MGF semble être un lointain souvenir à Damesma. « Nous sommes heureux du résultat auquel nous sommes parvenus aujourd’hui », se réjouit M. Ouédraogo qui rassure qu’elle n’est plus pratiquée chez-eux. Mais ce résultat probant, ils les doivent en partie aux acteurs qui œuvrent jour et nuit pour combattre ces traditions néfastes. Au nom des habitants du village et en son nom propre, il leur a adressé ses sincères remerciements.

La conversion des exciseuses

Les journalistes ont également discuté en aparté avec une fille qui a subi l’excision et avec des anciennes exciseuses dont Salimata Santi. Cette ressortissante de raibila-mossé, nous raconte à cœur ouvert le nombre de filles qu’elle a excisées, les leçons tirées, ainsi que de sa reconversion. « J’ai excisé au moins 10 filles », nous a-t-elle dit. Un nombre à prendre avec des pincettes quand on sait qu’elle s’adonne à cette pratique depuis belle lurette. Par ailleurs, elle a assuré avoir appris de ses erreurs. « Au fil des années, j’ai pu constater les conséquences de cette pratique pour la santé des filles. Voilà pourquoi, j’ai décidé de déposer à jamais mon couteau », a-t-elle affirmé avec énergie. Désormais, elle consacre son temps avec neuf autres, à sensibiliser les femmes sur les méfaits de la mutilation génitale féminine.

« Nous avons enregistré six cas de séquelles dont une réparée. Il s’agit d’une fille nouvellement mariée qui est victime d’un accolement prolongé et il n’y a pas de possibilité de rapport sexuel », a de son côté déclaré l’acteur terrain de l’Association pour le développement intégré du Burkina Faso, Issouf Ouédraogo. En effet, cette association intervient depuis plus de quatre ans dans trois communes du Sanmatenga à savoir Kaya, Ziga et Korsimoro. Elle bénéficie de l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) par le biais de la direction provinciale de l’action sociale. « Nous sommes en train d’aller au terme de la pratique de l’excision et si ça continue comme ça, je crois que ça sera un abandon définitif et durable », a-t-il souligné.

Aïssata Laure G. Sidibé
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