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La fin de l’épidémie à VIH est possible : Chaque acteur doit s’y engager

Ceci est une déclaration du Réseau accès aux médicaments essentiels (RAME) dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le SIDA 2016.
mercredi 30 novembre 2016.

 

La journée mondiale de la lutte contre le SIDA est célébrée chaque année le 1er décembre. Etablie depuis le 1er décembre 1988 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et approuvée pour sa célébration annuelle par l’Assemblée Générale des nations unies, cette journée est un moment propice pour se livrer à une réflexion sur ce qui a été accompli à l’échelle nationale et internationale en termes de lutte contre le sida et sur ce qu’il reste encore à faire.

Selon le rapport 2015 de l’ONUSIDA, 1,1 million de personnes à travers le monde sont mortes de maladies liées au Sida en 2015. On estimait qu’en 2015, environ 36,7 millions de personnes à travers le monde vivaient avec le VIH.

Toujours selon le même rapport 2015 de l’ONUSIDA sur l’épidémie, la prévalence de l’infection à VIH dans la population adulte du Burkina Faso est estimée à 0,90% en fin 2014. Mais cela ne doit pas cacher la réalité de certaines localités qui, selon les statistiques de 2015 du SP/CNLS-IST, ont des prévalences supérieures à la moyenne nationale : Gaoua (2,6%), Koudougou (2,5%), Bobo-Dioulasso (2,2%), Ouagadougou (2%) et Ouahigouya (1,2%). Au cours de l’année 2015, 3 033 cas de Sida et 190 717 cas d’IST ont été identifiés, a noté le secrétaire permanent du CNLS/IST, Didier Romuald Bakouan le 03 octobre 2016 lors de la conférence de presse de lancement des activités commémoratives des 30 ans de lutte contre le SIDA au Burkina Faso.
Le nombre de personnes vivant avec le VIH est estimé à 110 000 dont 95 000 adultes et 13 000 enfants de moins de 15 ans. Parmi ces adultes, 57 000 sont des femmes. Par ailleurs les décès dus au Sida sont estimés à 3 800 décès ; et les orphelins du fait du Sida à 75 000 selon le rapport 2015 de l’ONUSIDA.

Après des décennies de lutte contre le VIH/Sida, la communauté internationale exprime l’espoir de venir à bout de l’épidémie à l’orée 2030. Cet espoir est sous tendu par les résultats d’une étude publiée en 2011, qui indique que la mise sous traitement antirétroviral précoce d’une personne infectée peut réduire de 96% le risque de transmission du VIH à son partenaire séronégatif.

Nous estimons que l’espoir est effectivement permis si nous renforçons les messages de préventions, si nous arrivons à dépister à temps toutes les personnes infectées par le VIH, à les mettre sous traitements et en assurant un suivi régulier de la qualité des soins qui leur sont prodigués. C’est dans ce sens que la communauté internationale a adopté les objectifs 90.90.90 qui signifient que d’ici 2020, 90% des personnes infectées connaissent leur statut sérologique, 90% des personnes infectées sont sous traitement antirétroviral et 90% des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.

Le monde a aujourd’hui les moyens d’atteindre ces objectifs en 2020 et éliminer le VIH/Sida en 2030. Cependant, la bataille n’est pas encore gagnée. Nous devons faire face à plusieurs freins de la lutte contre le VIH/Sida de nos jours. Parmi ces freins, nous pouvons retenir essentiellement :

 la baisse de l’attention des populations et des bailleurs de fonds sur la question du VIH/Sida. Elle est le résultat cumulé de plusieurs facteurs dont : l’accroissement de l’accès aux traitements qui a changé le visage de l’épidémie, la baisse des activités de promotion des mesures de prévention, la réduction des taux de séroprévalence, ainsi que les nombreux cas de mauvaises gestions des ressources ;

 la persistance de la stigmatisation et la discrimination, surtout à l’endroit des populations clés. Ce qui empêche ces derniers d’avoir accès aux soins les plus appropriés pour freiner la transmission au VIH à leur sein.

Les dysfonctionnements récurrents dans les programmes de prévention et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida minés par des ruptures de stocks, l’insuffisance en personnel de santé, les pannes d’appareils de diagnostics, la stigmatisation et la discrimination en milieu de soins, etc. Sur ce dernier point, l’Observatoire Communautaire sur l’Accès aux Services de Santé (OCASS), mis en place par le RAME au Burkina Faso, en Guinée et au Niger, en collaboration avec des organisations à base communautaires ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : si nous ne trouvons pas des solutions définitives aux dysfonctionnements des systèmes de prévention et de prise en charge des PvVIH, aucun espoir de finir avec l’épidémie à VIH n’est permis.

C’est pourquoi le RAME saisi à nouveau l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida pour interpeler tous les acteurs sur la nécessité d’adopter des résolutions chacun à son niveau pour concrétiser l’espoir d’en finir avec le VIH. Nous appelons dans ce sens :

 à chaque individu de la communauté : de rester conscient que le VIH reste présent dans la cité, que les traitements disponibles permettent de ne plus en mourir, mais qu’il est toujours préférable de prévenir l’infection et éviter ainsi de subir les contraintes du traitement ;

 aux acteurs de la société civile : de rester mobilisés pour achever le travail dans lequel ils ont été les pionniers. La réduction des financements est une contrainte qui doit nous interpeller à mettre en exergue nos capacités d’innovation et d’adaptation liées à nos assises communautaires. Nous devons renforcer la couverture et la qualité de nos services, nous devons nous engager résolument dans la défense des droits de tous et toutes celles qui ont droits aux soins et qui en sont exclus. Nous devons nous battre pour que chaque pièce d’argent investie dans la lutte produise un résultant dans le sens de l’élimination du VIH ;

 aux dirigeants des pays africains : d’investir plus de ressources dans la lutte contre le VIH, d’appliquer une tolérance zéro dans la gestion des ressources affectées à la lutte, de décider que trop de personnes au sein de vos peuples sont mortes et restent actuellement toujours affectées par le VIH. Tout doit être mis en œuvre pour s’assurer de la pertinence et de l’efficience des choix stratégiques ;

 à la communauté internationale : de prendre conscience que nos populations ont assez des concepts et autres modèles théoriciens. Nos populations veulent réellement croire à la fin de l’épidémie à VIH/Sida. Elles ne méritent pas à l’orée de 2020 et 2030, des grandes messes pour lancer de nouveaux concepts.

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