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Ecole burkinabè : Quel profil de citoyen dès la fin de la scolarisation de base ?

Ceci est une tribune de Poussogho N. Désiré, Ingénieur de recherche INSS/CNRST, Département des Sciences de l’Education, sur l’école burkinabè.
vendredi 14 octobre 2016.

 

Réflexions sur le profil du sortant de l’école dès la fin de la scolarisation de Base, « des sages et des forgerons de demain » : prolégomènes d’un dispositif de formation axé sur la compétence pour une école burkinabè plus utile

Résumé général

Au Burkina Faso, l’école ne forme pas les élèves à interagir avec leur milieu. Les parents, les employeurs ne font plus beaucoup confiance à l’école car ils ont la forte conviction que l’école forme des « citoyens sans mains », c’est-à-dire des citoyens qui ne sont pas productifs. Si nous voulons que l’école burkinabè soit une école attractive, une école qui « donne envie », elle doit former des citoyens utiles à eux-mêmes et aux autres, capable de participer en toute intelligence au développement du pays. Un citoyen utile reconnaît les problèmes que pose la vie de tous les jours, la vie en société et peut chercher des solutions adéquates. Pour cela, il doit être formé à reconnaître les problèmes et posséder toute une panoplie de réponses parmi lesquelles choisir.

L’objectif de cet article est de définir dans les grands axes le profil du citoyen que l’école burkinabè pourrait former dès la fin de la scolarisation de Base pour propulser le Burkina Faso vers un développement certain car l’école est utile au développement du pays ou n’est pas. Le pays ne disposant pas suffisamment de moyens, il ne faudrait pas qu’une grande partie soit consacrée à une école inutile. C’est un risque si des changements radicaux n’interviennent pas rapidement. L’école du Burkina Faso, doit préparer l’élève à la Vie : la vie personnelle, la vie familiale, la vie du pays, la vie du continent africain.

Introduction générale

L’école, creuset du savoir est la forme moderne des rites initiatiques dans la société africaine et plus particulièrement au Burkina Faso. C’est une institution éducative qui a pour prétention de former des intellectuels aptes à lire, à écrire, et à compter en vue de s’ouvrir au monde, de s’éclairer et de bien se comporter en société. La noblesse de son rôle ne faisant aucun doute, elle demeure la meilleure institution pour former des citoyens de demain et n’a d’autres choix que de se reformer en fonction des situations et besoins du moment. Cela y va de son efficacité.

Au Burkina Faso, comme dans bien d’autres pays africains, l’école a tendance à perdre de sa notoriété et de son importance du fait de l’incompétence, de l’inaptitude et de la situation socio-professionnelle précaire ou incertaine constatées des sortants de l’école dès la fin de la scolarisation de Base. En effet, l’école semble ne plus payée à coup sûre sur le plan de la stabilité financière et socio-professionnelle.

Comment alors permettre à l’école de concilier son rôle de formateur à celui d’assureur d’avenir ? Pour ce faire, il faudra qu’elle forme une nouvelle génération de sages et de forgerons et pas les moindres à la disposition de la société burkinabè. Ainsi, l’objectif général de ce travail, vise à définir dans les grands axes le profil du sortant de la scolarisation de Base au Burkina Faso. Un dispositif de formation ne saurait être mis en place sans prendre appui sur le référentiel de compétence des formés. De savoir ce que doit être le formé en adéquation avec les besoins d’une société burkinabè en pleine mutation, constitue les prolégomènes où préliminaires d’un paradigme de formation axé sur la compétence.

Cet article n’a nullement l’intention de proposer un référentiel de compétence des sortants de la scolarisation de Base au Burkina Faso. Il est juste une réflexion sur le profil que le scolarisé burkinabè devrait avoir à la fin de la scolarisation de Base. La méthode adoptée pour la rédaction de cet article repose sur l’analyse du contenu d’un certain nombre de documents tels que des conférences, des communications scientifiques, des documents d’archives, des articles scientifiques, des entretiens, des observations et constats ainsi que sur l’analyse de connaissances personnelles.

I- De l’utilité de l’école en général pour l’écolier burkinabè

Une école doit se vouloir utile en développant des connaissances utilisables par les élèves en les aidant à faire un lien entre leur vie de tous les jours et ce qui est entraîné et appris à l’école. Il faut noter que le savoir purement scolaire enseigné en français, langue totalement étrangère pour l’enfant d’un milieu non francophone issu de la campagne ou des banlieues, le déconnecte de sa vie de tous les jours. Il y a de fortes présomptions qu’il ne comprenne pas ce dont il s’agit quand il entend parler de choses qu’il n’a jamais vues ou remarquées. Ainsi une institutrice nous disait qu’un enfant de 7-8 ans n’arrivait pas à comprendre le mot nuage, il n’avait jamais remarqué et on ne lui avait probablement jamais fait remarquer un nuage dans le ciel. Dès lors, il lui est difficile qu’il s’intéresse, qu’il écoute, qu’il apprenne.

Et pourtant dans un pays si dépendant de la pluviométrie, il est indispensable ou en tout cas utile de savoir ce qu’est un nuage. Il ne pourra guère, si ses parents ne parlent pas le français, expliquer à la maison ce qu’est un nuage car il n’aura peut-être même pas compris que le maître parlait du ‘’sawata ‘’ en moré, mot qu’il n’a jamais entendu. Nous reprendrons les avantages et les limites des écoles bilingues. Le savoir utilisé résulte d’un apprentissage effectif. Voilà pourquoi Philipe Meirieu déclare que l’apprentissage s’effectue réellement que lorsque l’individu arrive à faire jouer l’identification et l’utilisation l’un sur l’autre de manière active et finalisée d’où sa formule mathématique : .

L’école doit permettre aux élèves de pouvoir identifier des éléments utiles dans les savoirs scolaires dont ils auront besoin afin de pouvoir les utiliser dans la vie pour comprendre où ils sont et ce qui se passe afin de réagir adéquatement. Une école qui se veut utile est celle qui outille harmonieusement l’individu afin de l’aider à pouvoir mieux comprendre le monde et se faire comprendre. Pour comprendre le monde, il faut être capable de l’observer avec attention, de nommer ce que l’on observe et d’en dire les propriétés utilisables.

Comprendre c’est construire des interprétations, traiter l’information pour aboutir à une connaissance, à partir de ce qui est observé, par exemple des symboles pour les lettres et les chiffres, des pictogrammes pour les écriteaux. Mais pour avoir prise sur le monde, il faut pouvoir raisonner c’est-à-dire produire des inférences28, se dire si c’est cela que ça veut dire alors je tourne à droite devant un écriteau bleu avec une flèche à droite. Enfin il faut évaluer28 la situation présentée pour décider de l’action, choisir après évaluation, par exemple de ralentir dans un virage serré. Ces trois éléments réunis c’est-à-dire la construction des interprétations, la capacité de raisonner ou la production d’inférence, la capacité de choisir en fonction d’une évaluation pertinente, permettent des décisions d’actions pertinentes, des choix de solutions les plus adaptées ainsi que de se situer avec réalisme dans le monde où il vit. Comprendre le monde c’est être capable de choisir quel rôle il m’est possible d’y jouer. C’est être un citoyen compétent.

Comprendre le monde c’est comprendre comment il fonctionne, puis le cas échéant, pouvoir reconnaître les besoins spécifiques de la société où l’on vit, les problèmes spécifiques auxquels cette société est confrontée, puis établir un plan d’action pour les résoudre. C’est réagir avec compétences aux changements, s’adapter continuellement. Nous pouvons alors dire qu’une école utile est celle qui permet aux sortants du système de pouvoir comprendre le monde ainsi que d’agir sur et dans le monde. Dès lors toutes connaissances permettant de comprendre le monde seront jugées comme étant utiles. Cela va des langues parlées, langues locales ainsi que le français, à la connaissance des bases de comptage et de calcul et des mesures utilisées qui sont soit empruntées au système décimal, soit au système local. Il est très utile de savoir le nom des objets usuels et de leurs composantes qu’ils soient traditionnels comme la houe pour cultiver ou plus récents, comme la motocyclette pour se déplacer ou le poste de radio ou de télévision pour être informé en langue locale, éventuellement en dioula qui est la langue commerciale en Afrique de l’ouest et en français qui est la langue officielle et celle du fabriquant, pour comprendre le mode d’emploi, et de la monnaie, pour ne pas perdre en transposant de manière erronée. Ceci chaque fois qu’une transaction de service devra s’effectuer, commerciale ou de réparation, entre autres.

Les personnes non scolarisées éprouvent beaucoup de difficultés à indiquer le prix en francs, comme indiqué sur la monnaie. Le prix peut être donné en base 5, la plus petite pièce de monnaie disponible, ça fait paraître le prix apparemment cinq fois plus petit. Et, par expérience se faire rendre la monnaie cinq fois moins et le marchand y perdra beaucoup, par exemple rendre 600 f CFA (3’000/5) au lieu de 3’000 francs CFA. Ce sera aussi difficile de vendre un objet en le désignant avec précision, par exemple pour une ampoule électrique ne pas confondre avec douille à crochet ou à vis. Pour les mesures, il serait utile de pouvoir convertir la capacité, en fait le volume, et non le poids du contenu de la grande boîte de purée de tomate vide qui est devenue un instrument de mesure, en poids exprimé en kilogramme.

L’école de base aux Burkina Faso a pour objectif de donner un ensemble de savoir, savoir faire, savoir être et également savoir vivre ensemble aux élèves dans toutes les disciplines académiques et domaines de la connaissance. Ces différentes capacités et compétences ne doivent pas seulement être accumulées en tant que capacités ou compétences vides de sens, mais être utilisées et utilisables à bon escient.

II- De l’utilité de produire une nouvelle génération de sages et forgerons pour le Burkina Faso de demain

La sagesse est dans notre culture le produit de l’expérience de la Vie, vie locale le plus généralement, donc vécue dans la région même. Le Sage au Burkina Faso est une personne âgée dont la parole fait autorité. Rappelons ici que nous sommes dans une culture de l’oralité.

Le Sage est le leader naturel de sa communauté par sa compréhension du monde d’ici. Il est donc le chef indispensable au bon fonctionnement de sa communauté. Communauté insérée dans le monde rural. Aujourd’hui au Burkina Faso, le sage éprouve des difficultés à donner des conseils adaptés, par exemple, lors de nouveaux problèmes agricoles et d’élevage auxquels sa communauté est confrontée. Il éprouvera de la difficulté à juger du bien fondé des propositions de nouvelles technologies provenant de l’occident qui ont été conçues dans une logique et une culture de la recherche scientifique d’une part et conduite au Nord où le climat n’est pas le même qu’en Afrique subsaharienne d’autre part.

Cette culture est complètement étrangère au non scolarisé et dès lors il ne peut exercer son esprit critique, évaluer un objet qu’il ne comprend pas. Il y a donc une sorte de fracture sociale entre le sage qui n’a pas toutes les connaissances pour produire un conseil éclairé et l’attente normalement, selon la tradition, de ses interlocuteurs. Il lui manque également l’esprit critique nécessaire pour saisir les portées, bonnes ou mauvaises, des innovations techniques qui lui sont proposées. Le citoyen scolarisé a pu développer à l’école cet esprit critique si utile à la communauté qui doit être apte à critiquer en connaissance de cause. C’est, ou ce serait, le rôle de l’école que de développer un esprit critique constructif. Il ne s’agit pas d’accepter tout ce qui est nouveau, moderne comme bon ipso facto ou comme mauvais car venant des Blancs, sous entendu n’étant pas traditionnel, ou pire encore venant du colonisateur donc à combattre.

Si le sage autrefois était le pont entre les générations, entre le passé et le présent par son savoir d’expérience, aujourd’hui l’école devra permettre au citoyen scolarisé d’être, le pont entre le savoir produit en occident et le savoir local traditionnel de sa communauté d’origine. Par conséquent l’école devra mettre à disposition de la communauté de nouveaux sages qui comprendront ou au moins connaîtront bien les savoirs traditionnels et maîtriseront la portée des savoirs venant d’ailleurs, c’est-à-dire des citoyens enracinés dans leur propre culture tout en étant ouvert sur le monde, sur les technologies modernes, ces technologies étant souvent utiles, indispensables même au développement et l’autonomie alimentaire, par exemple, du pays. Mais l’on ne peut se dispenser d’un examen rigoureux des avantages et inconvénients, des catastrophes écologiques ou économiques, par exemple pour le coton OGN, peuvent toujours être à craindre.

Toute communauté si elle veut vivre et survivre doit s’adapter à l’évolution, bonne ou mauvaise du monde. Dans le cas de l’Afrique subsaharienne, la pluviométrie est en baisse et la désertification s’étend, c’est là, devant ces phénomènes climatiques nouveaux, que la communauté des citoyens scolarisés pourra jouer son rôle de pont entre la connaissance qu’elle a des nouvelles technologies utiles au développement agricole et les savoirs ancestraux traditionnels. Ceci aboutira à introduire des innovations qui seront bien réfléchies, analysées avec un sens critique rigoureusement entraîné. Est-ce que la nouvelle technologie mise au point sous un autre climat sera adaptée aux conditions climatiques d’ici ? La communauté des citoyens scolarisés pourra donc servir de pont entre le savoir d’une civilisation du progrès technologique et le savoir traditionnel et empirique des sages qui eux font le pont entre l’expérience du passé et le monde actuel.

La communauté des citoyens efficacement scolarisés par leurs connaissances et une bonne maîtrise du sens critique représente une communauté indispensable dans la structure sociale du pays, un peu à l’instar de la minorité des forgerons. Les forgerons sont indispensables pour fabriquer des outils métalliques dont des objets contendants ou tranchants, potentiellement dangereux. Ils semblent "jouer avec le feu" pour créer les objets, alors que le feu détruit une récolte, un cheptel pris dans un feu de brousse, les cases d’un hameau. Les agriculteurs et éleveurs craignent le feu qui est destructeur alors que pour les forgerons il est un outil incontournable. La communauté des forgerons est indispensables à la poursuite de la vie du pays, en fabriquant des marmites qui permettent de manger cuit, donc à se nourrir condition indispensable à la vie. La communauté paysanne produisant ce qui va être mis à cuire dans la marmite, les deux communautés même si l’une n’est pas organisées autour du sol mais autour de compétences spécifiques et atypiques, non agricoles en l’occurrence. Le forgeron comme le paysan mangent dans une marmite ce que le sol a produit. Les communautés ne peuvent vivre en s’ignorant et sont indispensables l’une à l’autre.

L’école est le seul moyen pour faire acquérir des connaissances que l’individu ne peut pas acquérir par lui-même et ailleurs. Si l’origine du savoir est issu de la culture traditionnelle, il est de fait une connaissance empirique, pas expliquée parce que pas comprise. Par exemple en mooré on dit de l’eau qui s’évapore qu’elle sèche ce qui est une absurdité. Les connaissances empiriques nécessitent d’être soumises au sens critique et au questionnement épistémologique pour devenir des savoirs à enseigner, c’est indispensable. C’est comme cela que tous les savoirs se sont construits.

Les scolarisés, à l’image des forgerons, forment donc une communauté à part, mais très récente, issue de la colonisation, dont la nécessité n’est pas démontrée pour tous, c’est une communauté spécifique dans la communauté nationale. La communauté scolarisée produit des savoirs qui assimilés deviennent des connaissances qu’elle met à la disposition de la société dont elle fait partie puisque cette communauté est constituée comme le dit Edgard Morin d’homo sapiens sapiens, d’hommes qui savent qu’ils savent . Et ce n’est que par l’école que l’on peut savoir que l’on sait, par l’évaluation du savoir qui est pratiquée. C’est pour fabriquer de réel homo sapiens sapiens qu’il serait judicieux de d’abord évaluer et mettre en évidence ce qui est su avant de compter les fautes. Mais ça c’est un autre problème qui dépasse le cadre de cet article.

Par conséquent l’école a le devoir d’enseigner ce qui unit et ce qui libère nous dit Olivier Reboul. En effet un enseignement qui unit vise à intégrer chaque individu d’une façon durable, à une communauté aussi large que possible. La communauté des scolarisés peut participer au développement de notre pays, le Burkina Faso en faisant le pont entre les savoirs ancestraux et les connaissances récentes sur les phénomènes qui régissent le monde. Cette communauté des scolarisés, qui en fait n’existera pas en tant que communauté constituée, devra fonctionner sur le principe des groupements NAAM qui est de partir des gens, de ce qu’ils savent, de ce qu’ils sont, de ce de qu’ils vivent, de ce qu’ils savent faire, de ce qu’ils veulent, selon le modèle de l’arbre à palabre animé par le Sage. Ceci permet de satisfaire à la devise « développer sans abimer ». Le modèle des forgerons à qui l’on s’adresse en cas de conflits d’intérêts entre deux protagonistes, agissent selon le même principe. Personne ne sort abîmé, ou trop abîmé de la séance de conciliation et tout le monde a un peu appris sur lui, sur l’autre, sur comment doivent aller les choses, tout le monde s’est un peu développé sans y laisser plus de plumes que nécessaire.

Développer sans abimer c’est d’abord ne pas abimer l’âme des africains (Bernard Lédea Ouédraogo tient particulièrement à ce principe), c’est partir avec eux de leur savoir et de leur volonté propre à vivre bon pour eux. Pour cela, les maîtres devront d’une part être insérés dans leur communauté de base dont ils respecteront les valeurs fondamentales et connaîtront les pratiques culturelles en vigueur tout en sachant prendre de la distance et savoir être constructivement critique face aux savoirs et technologies provenant de l’occident. Pour être intelligemment critique il s’agit d’être capable de poursuivre un questionnement de type épistémologique.

2.3. De la nécessité d’avoir des enseignants compétents pour une école utile par une formation appropriée

Etre des enseignants compétents aujourd’hui au Burkina Faso est une nécessité. Un enseignant compétent doit être le pont entre le savoir occidental, c’est-à-dire les connaissances hypothético-déductives issues d’une démarche scientifique, et le savoir local traditionnel et empirique de leur communauté d’origine. Ce que le sage traditionnel, qui est le pont entre le passé et le présent, entre les générations, ne peut pas faire par manque de connaissances actualisées. Par conséquent les enseignants doivent être formés autrement pour pouvoir être en mesure de participer à la création de citoyen nouveaux capables d’êtres ces ponts. Ce qui suppose très probablement une formation complètement repensée et calibrée pour répondre aux besoins actuels, surtout éclairée par un questionnement épistémologique des pratiques culturelles en regard des savoirs venus d’ailleurs. Des connaissances en épistémologie cognitive (Piaget), ceci eu égard à la jeunesse des élèves encore en développement est également nécessaire. Ils devront surtout être des forgerons compétents pour calmer des esprits qui s’échauffent contre le modernisme ou du manque de respect des valeurs identitaires africaines.

si aujourd’hui nous voulons que l’école burkinabé soit une école utile pour tous, une école qui développe des compétences sociales utiles, une école pour le développement du pays, il est nécessaire d’avoir des enseignants extraordinairement bien formés, compte tenu de leur faible bagage, le BEPC ; des enseignants particulièrement compétents dans la mesure où il est difficile de former de très jeunes personnes à devenir autonomes intellectuellement parlant dans un environnement qui ne favorise pas cette autonomie des jeunes. Et, il apparaît que le niveau de recrutement qu’est le BEPC et que deux ans de formation soient bien insuffisants au regard du temps de formation institué dans d’autres pays et du taux des acquis scolaires qui demeure très faible . Avec un (1) an de formation théorique et une (1) année de stage pas toujours sérieusement encadré, il est difficile d’outiller l’enseignant pour qu’il puisse répondre au niveau d’exigence indispensable à être un maître compétent du XXIe siècle. Tout pousse à penser qu’il faut prévoir un maître « nouveau », un maître qui réponde aux besoins d’une société en mutation et en un temps où les savoirs s’enrichissent régulièrement, les vérités d’aujourd’hui sont rapidement obsolètes.

Conclusion générale

Le temps semble venu de préparer la jeunesse actuelle, qui est abondante, à affronter les défis d’un pays en mutation, qui cherche à se développer pour être à la hauteur des pays émergents. Une vision plus dynamique de l’Ecole qui doit être adaptée à son temps doit être adoptée. Scolariser la jeunesse c’est investir dans le futur. Tout investissement a un coût et le retour sur investissement en éducation est assez tardif. Tout semble dire que l’on ne peut pas continuer comme cela, les enfants et une partie, difficilement chiffrable de la population, se désintéressent de l’école, préférant gagner de l’argent avec de l’or, or qui n’est pas inépuisable.
Les jeunes sortants des hautes écoles peinent à trouver du travail et leurs employeurs ne les trouvent pas très bien formés, ne maîtrisant trop souvent pas bien le français écrit, se montrant peu habiles et pratiques. Les chômeurs sont de plus en plus nombreux ce qui va poser et pose déjà des problèmes d’insécurité et de petite délinquance à grande échelle. Comme on dit au Yatenga "si tout le monde vend du beure personne n’achète du beure". Ils ne peuvent pas tous être de petits vendeurs ambulants.

L’école devrait apprendre à déceler les problèmes et à y porter les remédiations dans beaucoup de domaines, autrement dit il faudrait mettre l’accent sur la formation de futurs artisans répondant aux besoins locaux de techniciens plus que d’artistes, bien compétents parce qu’intelligemment scolarisés à être des citoyens utiles qui pourraient devenir de petits entrepreneurs donnant du travail. En un mot l’école, de l’école de base à l’école professionnelle doivent être à la base d’un changement sociétal où la compétence est valorisée. L’argent suivra.

Les maîtres actuels sont d’accord d’être compétents et reconnaissent que la compétence ne s’acquière pas sans efforts personnels. Il y a urgence car à ce qui se dit de plus en plus et par des personnes autorisées, on recrute dans les écoles de formation des maîtres ceux que l’on ne veut pas ailleurs. Seront-ils compétents à conduire le pays vers le développement souhaité ?

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