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Soutenance de thèse : Etienne Ouédraogo décrypte la qualité de l’enseignement à l’école primaire

LEFASO.NET | Tiga Cheick Sawadogo
mardi 4 octobre 2016.

 

« Qualité de l’éducation au Burkina Faso : Efficacité des enseignements apprentissage dans les classes des écoles primaires », c’est le thème de la thèse défendue par Etienne Ouédraogo le 28 septembre 2016 à l’Université Paris V-Sorbonne en France. Pendant trois heures, l’impétrant a présenté le fruit de sa recherche de plusieurs années face au jury qui l’a jugé à la fin, digne du titre de docteur.

La qualité de l’enseignement, le sujet est débattu depuis plusieurs années au Burkina. Les enseignants, les parents et autres acteurs du domaine constatent avec amertume que le niveau des élèves se détériore progressivement. Le système éducatif du Burkina Faso va mal et fait de plus en plus l’objet de recherche.

« Qualité de l’éducation au Burkina Faso : Efficacité des enseignements apprentissage dans les classes des écoles primaires », est un thème transversal qui se situe à l’intersection de plusieurs disciplines des sciences de l’éducation : la pédagogie, la didactique, la psychologie, la sociologie afin d’éclairer ce qui relève de « la relation éducative scolaire ».

Le chercheur Etienne Ouédraogo acteur de l’éducation, est directeur de la formation initiale des personnels de l’éducation de base (DFIPEB) au ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation. C’est donc un acteur de l’éducation qui pose son diagnostic et propose des solutions à la veille de la rentrée scolaire au Burkina.

La recherche du burkinabè s’est centrée sur les facteurs d’efficacité ou supposés des enseignements-apprentissages dans des classes de CM1. Plus précisément, cette recherche a porté sur les organisateurs qui structurent et déterminent les pratiques de classe des enseignants du pays.

Le chercheur a mené une enquête exploratoire en focalisant ses analyses sur les interactions entre l’enseignant et ses élèves au cours d’une séance pédagogique, en l’occurrence de grammaire.

Etienne Ouédraogo a par la suite constitué un corpus composé d’entretiens et d’observations pour un public de 12 enseignants et 36 élèves. Il s’est ainsi échiné à rechercher les dimensions de trois organisateurs qui présentent les fréquences les plus élevées en comparaison des déclarations des élèves et des enseignants, avec la méthode déductive.

Au finish, les résultats de cette recherche tendent à montrer que le domaine de l’ « organisation pédagogique » domine dans les interactions en classe, suivi du « climat relationnel ». La « gestion didactique » est peu présente dans les classes observées.

Il relève que les enseignants observés font montre de création de climat rationnel enseignant-élèves favorable aux apprentissages dans les classes à effectif faible. Par contre dans les classes à effectif élevé (plus de 60 élèves), le climat relationnel est parfois délétère marqué par des châtiments corporels.

Aussi, le parent pauvre des inter-actions enseignant-élèves est la gestion didactique. Dans une classe à grand ou petit effectif, les enseignants mènent très peu d’activités cognitives et métacognitives. Faisant ainsi place à la répétition et à la mémorisation.

Le jury

Le chercheur après avoir donné des clés de compréhension des pratiques d’enseignement, a suggéré des actions et des modes d’intervention en faveur de l’amélioration de la qualité de l’éducation. Les résultats de ses recherches ouvrent donc la question de la formation initiale et continue ainsi que celle de l’encadrement des enseignants. Il préconise que la formation des enseignants fasse une large place à la gestion didactique, sachant que l’organisation pédagogique et l’assurance d’un bon climat relationnel dans la classe ne sont que des inputs plus éloignés de l’acquisition des savoirs par les élèves que la gestion didactique.

A l’issue de l’exposé suivi des échanges avec le jury, ce dernier a jugé le candidat, apte à porter le grade de Docteur. Il faut noter que selon un arrêté ministériel du 1er septembre 2016, il n’existe plus de mention pour les thèses. Ce qui n’a pourtant pas empêché le président de prononcer la phrase ‘’très honorable’’ au nouveau docteur, au regard de la qualité de sa recherche et de sa prestation.

Initialement enseignant au primaire, le Dr Etienne Ouédraogo a poursuivi ses études décrochant son diplôme d’inspecteur de l’ENSK en 2003 et obtenant sa maitrise en philosophie option éducation en 2005. Il est par ailleurs titulaire d’un master en planification et gestion de l’éducation obtenu en 2009 à Paris à France. C’est en 2014 qu’il a été nommé directeur de la formation initiale des personnels de l’éducation de base.



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