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lefaso.net

Vie politique nationale : Le CFOP-BF, un vrai dilemme pour « Zèph. » !

jeudi 8 septembre 2016.

 

Comme l’ont si bien annoncé des observateurs dès les premières heures de la configuration politique actuelle du Chef de file de l’opposition politique au Burkina-Faso (CFOP-BF), Zéphirin Diabré est dans une posture politique très difficile, voire délicate.

Aujourd’hui, l’on peut dire sans risque de se tromper que « Zèph. » est dans un véritable dilemme ; une posture qui engage son avenir politique. Se retrouver dans une opposition avec les adversaires d’hier pour s’opposer aux anciens ‘’camarades’’ de lutte est un angle dont les bords sont très difficiles à arrondir. « La position actuelle de Zéphirin Diabré aurait été nettement mieux si le CDP n’occupait pas les premiers rangs (3ème force politique, ndlr) à l’issue des élections législatives. Dans sa position actuelle, le chef de file de l’opposition se retrouve coincé entre deux forces politiques (le MPP et le CDP, ndlr) qui se regardent en chien de faïence… Si fait que par moment, il se voit en quelque sorte obligé de jouer, sans le vouloir, un rôle d’équilibriste. Mais, jusqu’à quand cela va durer ? Il va devoir s’assumer à un moment donné », observe un analyste politique pour qui, le CFOP-BF dans sa configuration actuelle est « comme des crabes dans un panier, difficile à ajuster ».

La présence du CDP au CFOP-BF est « un élément qui complexifie » la tâche de Zéphirin, qui aurait certainement voulu éviter une situation de ce genre. Et Zéphirin Diabré lui-même ne manque pas d’occasion pour subtilement laisser échapper cette angoisse. A titre d’exemple, à maintes reprises, il a tenté de ‘’se détacher’’ de l’institution (CFOP-BF), en soulignant que le chef de l’opposition (qu’il est) n’est pas le chef de l’opposition politique ni le chef des partis qui ont déclaré leur appartenance à l’opposition politique au Burkina. Il en est plutôt le porte-parole, et est « le premier responsable du parti de l’opposition ayant le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée nationale ». Il est « la voix de tout consensus qui se dégagerait au sein de l’opposition sur les questions essentielles relatives à la vie de la nation », précise bien Zéphirin Diabré. Mais, comment arriver à un « consensus » dans un tel contexte où tous semblent ne pas voir de la même façon, la conduite ‘’des choses’’ au CFOP-BF ? La preuve de cette divergence de vue est exprimée par ce responsable de parti politique qui ne décolère pas face à ce qu’il a qualifié de « passivité » de Zéphirin Diabré dans une situation nationale où il y a pourtant beaucoup à faire. Pour ce dernier, plusieurs facteurs pourraient expliquer « l’inconséquence » de Zéphirin Diabré à « jouer pleinement son rôle » dont son « rapprochement au Président du Faso, Roch Kaboré ». La même source confie donc que face à ce constat, un « front dur de l’opposition » pourrait incessamment voir le jour « afin de faire bouger les lignes. Il faut secouer le pouvoir et ses ministres qui, visiblement, n’ont pas encore pris la mesure de l’urgence des attentes des Burkinabè ». Qui sont les potentiels membres de ce ‘’front’’ ? Boule de mystère. Est-ce tout cela qui a ‘’contraint’’ Zéphirin Diabré à ressusciter ‘’dare-dare’’ la « Coalition Zèph. 2015 pour un vrai changement » rebaptisée ces dernières heures « Coalition des Forces Démocratiques pour un vrai Changement, CFDC) ? Rien n’est à exclure. Car, en annonçant l’organisation d’une conférence nationale des insurgés les 29 et 30 octobre 2016, Zéphirin Diabré se fait prêter non seulement l’intention de récupération politique d’une « lutte commune », surtout par le parti au pouvoir et ses alliés mais prend également une distance avec certains de ses collaborateurs actuels du CFOP-BF, notamment le CDP.

« C’est au parti au pouvoir que les insurgés ont placé leur confiance, en votant son candidat comme Président du Faso et en lui donnant une majorité parlementaire ; si conférence des insurgés il doit y avoir, elle devait être organisée par le MPP », estime un leader de la société civile. Du côté du parti au pouvoir, l’on semble ne rien comprendre de la position de M. Diabré. « Zèph ne doit pas oublier ses alliés de lutte d’hier. (…). Cette façon de faire suscite des interrogations sur les intentions réelles de Zéphirin Diabré », s’insurge un cadre du parti au pouvoir sans autres commentaires. Au CDP, les sentiments sont également mitigés, sinon irritants. « Pendant qu’on parle de réconciliation nationale, lui, il envoie des projets qui vont davantage diviser les Burkinabè. Si ce n’est de la récupération politique, à quoi sert réellement un tel projet ? Zéphirin Diabré ne doit pas oublier que parmi les insurgés, il y avait aussi des militants et sympathisants du CDP qui n’étaient pas en phase avec les décisions de la direction politique dont celle portant révision de l’article 37. (…). ». Dans cet environnement politique, « Zèph. » va devoir jouer pour une survie politique avec, à l’actif et par obligation de confort, les casquettes de président de l’UPC, responsable de la CFDC et porte-parole de l’opposition. Que réserve donc la faune politique nationale dans les jours à venir ? A suivre !

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net



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