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Burkina international : Connaitre son passé pour mieux préparer le futur

dimanche 4 septembre 2016.

 

Une conférence publique a été animée sous l’égide de l’association « Burkina International », le samedi 03 septembre 2016 à Ouagadougou. Le conférencier en la personne du Pr Jean Marc Domba Palm, assisté du modérateur, Boureima Ouédraogo du journal « Le Reporter » est revenu sur l’histoire de la reconstitution de la Haute-Volta suite à son démembrement en 1932.

C’est par devoir de mémoire de la date du 04 septembre 1947 qui marque la reconstitution de la Haute-Volta, que l’association « Burkina International » a pris l’initiative d’organiser cette conférence. Avec pour thème : « 04 septembre 1947 : Reconstitution de la Haute-Volta, quelles leçons à tirer pour les générations présentes pour contribuer à la construction du futur Burkina Faso post-insurrectionnel ? ».
Pour le président du « Think tank citoyen, Burkina International », Harouna Kaboré, il existe plusieurs dates qui sont commémorées au Burkina Faso.

Mais « Burkina international » à travers ses membres, a pris conscience de la grande importance de cette date dans l’histoire politique de la Haute-Volta devenue Burkina Faso.
« Les Burkinabè de toutes les forces (politiques, coutumières, associatives…) se sont mis ensemble pour atteindre un objectif à savoir la reconstruction de notre territoire. Nous pensons que c’est vraiment un bel exemple d’union parce qu’il y avait nécessité effectivement de mener le combat pour la réunification du pays.

Nous allons tirer les enseignements de cette date pour nous projeter sur le futur, en espérant organiser d’autres éditions plus ouvertes et plus denses pour permettre au maximum de Burkinabè de connaitre ces moments-là ».
Harouna Kaboré a appelé les participants composés essentiellement de leaders associatifs et politiques à avoir des comportements exemplaires afin de ne pas mettre en péril la construction de la nation burkinabè.

S’agissant du conférencier et pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Domba Jean Marc Palm est directeur de recherche en histoire politique à l’INSS et auteur de plusieurs publications. Et c’est donc en cette qualité qu’il a animé la conférence. Mais, il est aussi un homme politique et fait partie de cette élite qui a animé la vie politique du Burkina Faso de 1983 à nos jours. Il est actuellement le troisième vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

L’Etat a devancé la Nation au Burkina Faso

Pour le conférencier, Jean Marc Palm Domba, c’est après 1898 que la France a créé artificiellement le Haut Sénégal Niger avec pour capitale Bamako. Un vaste territoire qui était le bastion de nombreuses révoltes avec pour populations les Mandé et les Voltaïques.

Cette entité a donc été démembrée pour que la Haute-Volta, créée le 01 mars 1919, serve de réservoir de main d’œuvre aux autres régions de l’Afrique de l’Ouest. Elle devait avoir pour capitale, Ouahigouya ou Banduigara.
Cependant, du fait que les populations Mossi étaient les plus nombreuses, le choix de Ouagadougou comme capitale a fini par s’imposer.

Le conférencier a relevé les relents séparationistes qui ont jalonné l’histoire de la Haute-Volta et qui ont abouti à la création de cercles autonomes (1920 cercle de Ouagadougou et Ouahigouya, 1921 cercle de Kaya, Tenkodogo, Koudougou).
L’écartèlement de la Haute-Volta elle, interviendra en 1932 sur des bases fallacieuses du genre l’économie n’est pas viable. Alors qu’il s’agissait en réalité, de trouver de la main d’œuvre pour alimenter l’économie française frappée par une récession. Le pays fut alors reparti au profit du Soudan (actuel Mali) ; du Niger et de la Côte d’Ivoire qui bénéficiait alors de sa plus grande portion de territoire soit 55%.

Mais très vite, des protestations verront le jour et des actions vont se mener pour la réunification de la Haute-Volta. En effet, dès cette même année, le Naaba Koom avait protesté et plaidé pour sa réunification. D’autres fils comme Philippe Zinda Kaboré, Nazi Boni…vont lutter pour la même cause.

La reconstitution aura lieu le 04 septembre 1947 et a été aussi favorisée par le contexte de la « Guerre froide » qui prévalait. Une fois reconstituée, la Haute-Volta a connu une persistance de conflits ethniques. On a connu des divisions avec par exemple l’Ouest non Moaga et l’Est Moaga, et même assisté à une tentative de création d’un 9ème territoire en Afrique de l’Ouest par Nazi Boni qui fut un échec.
Le conférencier a rappelé la grande sécheresse de 1973 qui a vu s’effectuer de vastes migrations vers les régions de l’Ouest et du Sud-ouest. Il y a donc eu un phénomène d’interpénétration des populations qui ont une origine multi-ethnique et des spécificités. Toute chose que ne manquent pas d’exploiter les hommes politiques même de nos jours.

Ce qui fait dire au conférencier, qu’il y a toujours des risques de division et de séparation. Le phénomène a-t-il dit, est réel et appelle donc à une prise de conscience.
Il faut un Etat politique qui convainc le citoyen qu’il à son destin en main ; il faut bannir les politiques et pratiques claniques qui visent à favoriser ses « parents » ; il faut défendre le droit à la différence ; renforcer ; améliorer le processus de décentralisation et permettre le développement des régions pour espérer construire une nation burkinabè. Telles sont les convictions du conférencier qui a aussi dit que : « la nation burkinabè est en construction et il faut tenir compte dans cette construction des spécificités ethniques et non les nier ».
On peut au regard de l’engouement des participants et leurs contributions aux débats dire que les objectifs de cette conférence ont été atteints.

« Burkina International » qui se veut être une association à équidistance des partis politiques, un laboratoire d’idées et une force de proposition a pour slogan « Penser pour Peser ». Comme activité proche prévue dans son programme d’activité, l’organisation d’un colloque sur la question de la relance économique en mi-octobre.

Angelin Dabiré
Lefaso.net