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Ibrahim Maré, maire de l’arrondissement n°11 (Karpala) : « Nous allons fonder toute notre action sur l’homme dans toutes ses dimensions »

mercredi 24 août 2016.

 

Il a pour nom, Ibrahim Maré. Il est conseiller d’administration scolaire et universitaire de métier. Il a été élu le 21 juin 2016, maire de l’arrondissement n° 11 sous la bannière de l’Union pour le progrès et le changement(UPC). L’homme a recueilli lors du vote 15 voix contre 12 pour son concurrent sur les 27 conseillers de l’arrondissement, tous présents ce jour-là. Son installation est prévue pour se tenir le 17 septembre prochain. C’est lui que nous avons rencontré afin qu’il nous parle de l’arrondissement dont il a désormais la gestion. Il a été aussi question du récent congrès de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF), de la relecture annoncée du statut de l’élu local et du Code général des collectivités territoriales.

Leafso.net : Pouvez-vous nous présenter l’arrondissement n°11 dit Karpala dont vous avez en charge la gestion ?

L’arrondissement °11 est situé dans la partie Sud-ouest de la ville de Ouagadougou. La population de l’arrondissement est estimée à 216 207 habitants selon des chiffres de l’institut national de la statistique et du développement (INSD 2012). Il a été créé par la loi n°066-2009/AN du 22 décembre portant découpage des communes urbaines à statut particulier au Burkina Faso.

La population de l’arrondissement est repartie dans six secteurs que sont les secteurs 46, 47, 48, 49, 50 et 51. Il faut noter que Balkuy, Dagnongo, Ouittenga et Yamtenga, villages auparavant, sont de nos jours repartis dans les secteurs ainsi qu’il suit : Balkuy (secteur 49) , Dagnongo (secteurs 47 et 48), Ouittenga (secteur 49) et Yamtenga (secteurs 46 et 47).

Il est limité au Nord par l’arrondissement n°10, notamment par la rue 28.150, au Sud par l’arrondissement n°12 (route de Pô), à l’Est par les communes rurales de Saaba et de Koubri, à l’Oeust par l’arrondissement n°5 (Boulevard des Tensoba).

En attendant la construction du bâtiment de la mairie de l’arrondissement n°11 à son siège au secteur 48, l’administration du bâtiment de la mairie occupe provisoirement les locaux d’un bâtiment administratif situé à côté du château d’eau au secteur 51.

Le conseil municipal compte 27 conseillers dont 11 de l’UPC ; 11 pour le MPP. 4 pour le CDP et 1 pour le NDT.

3-Pour cette dernière génération d’arrondissements créées et dont Karpala fait partie, ce ne sont pas les chantiers qui manquent. Quelles sont les grandes priorités auxquelles vous allez vous consacrer au cours de votre mandat ?

Comme vous le dites si bien, les besoins sont énormes. Nous avons à cœur le désenclavement de l’arrondissement qui est périphérique à la commune de Ouagadougou. Vous avez dû constater que pour arriver ici même à la mairie, c’est un problème. Je plaisante souvent en disant que nous sommes une commune semi urbaine. C’est dire que la configuration de l’arrondissement nous oblige à nous concentrer sur beaucoup de chantiers. En effet, les attentes des populations sont énormes.

Nous allons d’abord mettre l’accent sur le désenclavement de l’arrondissement. Nous avons des problèmes de voieries sur lesquels nous allons immédiatement nous pencher car vous n’êtes pas sans ignorer que « le développement passe par le développement de la route ».

Nous avons aussi à cœur, le développement économique et social. Les populations ont des besoins sociaux qui se résument essentiellement à la prise en charge sanitaire mais aussi éducative.

Il y a aussi le volet sécuritaire. L’arrondissement de par sa jeunesse, a besoin d’un certain nombre d’infrastructures. Voyez-vous, il n’y a pas de service de police ou de gendarmerie dans tout l’arrondissement. Donc le problème sécuritaire est réel et nous tient beaucoup à cœur.

Il y a également le volet sport et loisir qui figure en bonne place dans notre programme de mandat. Il nous faut des infrastructures pour l’épanouissement de la jeunesse qui reste le fer de lance du développement. Tout cela va s’inscrire bien sûr dans le plan du développement de la ville de Ouagadougou.

4-Les ressources se font de plus en plus rares. Comment comptez-vous mobiliser les vôtres pour l’exécution de votre programme ?

C’est vrai. Les ambitions étant énormes, il faudra bien sûr qu’on ait les moyens de notre politique. Et en la matière, les ressources sont rares et nous ne sommes pas favorisés par la nature en termes de ressources naturelles. Donc, la première ressource sur laquelle on doit compter c’est l’homme. Nous allons fonder toute notre action sur l’homme dans toutes ses dimensions. Nous mêmes, nous allons prendre des initiatives à la tête pour mobiliser et les forces vives et les populations de l’arrondissement afin qu’elles contribuent efficacement au développement de leur arrondissement.

Il y a naturellement la subvention de l’Etat, les ressources propres de la commune et nous allons aussi jouer sur des partenariats avec d’autres communes en terme coopération décentralisée et des organismes nationaux ou internationaux.

Cependant, nous insistons sur le développement endogène en mettant l’homme au cœur de nos actions. En effet, c’est la ressource humaine qui va nous permettre d’atteindre nos objectifs. Sinon, même si nous avons des milliards, on aura du mal à réaliser notre programme sans l’adhésion des populations.

5-Le congrès de l’Association des municipalités a refermé ses portes le 20 août 2016. Que retenez-vous de ce congrès en général et du thème : « Rôle et place des communes dans la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES) » qui a été retenu en particulier ?

Effectivement, nous avons participé les 19 et 20 aout 2016 au 6ème congrès de l’AMBF (Association des municipalités du Burkina Faso) qui s’est très bien passé et qui a vu la relecture des textes de notre association ainsi que le renouvellement de l’organe dirigeant.

Je retiens de ce congrès qu’il a été l’occasion pour nous de découvrir l’AMBF. Sa genèse nous a été faite par le ministre d’Etat, Simon Comparé de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure qui nous a édifiés sur la création et le fonctionnement de l’AMBF de nos jours. C’est une organisation si elle n’existait pas, il fallait la créer.

C’est le seul cadre qui permet aux maires de se retrouver, de prendre langue et de partager leurs expériences, les idées et leurs problèmes.

Du thème, qui porte sur le rôle et la place des communes dans la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social du Président du Faso, Roch Kaboré, nous estimons que ce programme ne saurait être mis en œuvre efficacement sans la participation des différentes communes. Le PNDES nous a été expliqué de fond en comble et nous nous sommes imprégnés de tous ces aspects. Pour sa mise en œuvre. C’est un programme ambitieux et nous même en tant que élu local, notre ambition est de travailler pour le bonheur des Burkinabè. Ce sont deux idées qui se rencontrent. Les différentes communications qui nous ont été données, vont nous permettre de travailler sereinement.

6-Un nouveau bureau de 48 membres a été mis en place. Et pour le président entrant, le maire de la commune de Ouagadougou Armand Béouindé, ce bureau prend en compte les différentes régions, mais aussi les différents partis politiques. Etes-vous de cet avis ?

Oui, je confirme cela.

Pas d’autres commentaires ?

NON.

7-Votre ministre de tutelle, Simon Compaoré à l’occasion de ce congrès a annoncé la relecture du statut de l’élu local pour aussi « adoucir les exigences de la fonction ». Une chose qui était attendue par les maires que vous êtes et qui n’ont pas de rémunérations officielles liées à la fonction ?

Il a été en effet fait cas de la relecture du statut de l’élu local, toute chose que nous trouvons normale. Parce que depuis un certain temps qu’il a été question de décentralisation dans ce pays, on a dit dans le Code général des collectivités territoriales que le mandat du conseil municipal est gratuit. Quand on a à travailler pour la collectivité et qu’il faut le faire gratuitement c’est bien parce que c’est un sacerdoce. Mais la pratique s’est avérée qu’il y a des difficultés qui sont de nature même à engluer l’action publique au niveau local.

Vous allez retrouver des conseillers qui pratiquement n’ont aucune source de revenus. Certains pour la plupart se sont entièrement lancés dans la conquête du pouvoir politique et sont arrivés à se faire élire. Alors qu’il n’y a pas d’émoluments en ce qui les concerne. Et pourtant, ils doivent exercer un certain pouvoir et mettre en œuvre des politiques publiques. Donc ça pose problème. Il convient donc de corriger ces aspects en relisant le statut pour lui donner plus de dynamisme.

Vous voyez que de plus en plus, il y a une exigence de résultats de la part des pouvoirs locaux, toute chose qui implique aussi, une certaine charge en terme de travail et demande que l’élu local, soit à un niveau de vie qui ne le mette pas dans l’indigence et qui ne le rende pas vulnérable à certaines tentations.

8-Il a été aussi question de la relecture du Code général des collectivités territoriales pour davantage l’adapter aux réalités du terrain. Votre commentaire ou des aspects particuliers que vous souhaiteriez voir pris en compte ?

Ce que je puis vous dire, c’est que le Code général des collectivités territoriales a été adopté il y a de cela une vingtaine d’années. Aussi, vous conviendrez avec moi que les textes et les hommes par le fait du temps, deviennent désuets et qu’il faut élaguer certaines choses pour les adapter aux réalités du milieu.

Un des points dont on parle concerne justement les émoluments de l’élu local dont on vient de parler. Un autre point concerne le transfert des compétences et des ressources. Cela était prévu et devait être matérialisé. Il faut revoir le texte fondamental pour le rendre opérationnel.

Il y a aussi certains aspects en matière d’organisation et d’élection même des conseils municipaux qu’il faut revoir. En temps opportun, nous allons faire des propositions afin que le texte réponde véritablement aux aspects pratiques sur le terrain. C’est un texte qu’il faut réviser au risque de connaître des problèmes de fonctionnement.

Actuellement, vous voyez qu’il y a comme une certaine instabilité dans la gestion des mairies et des conseils municipaux. Aussi, dans la relecture du texte, il faut songer à prendre ces aspects en compte même pour ce qui concerne l’élection du maire. Il faut par exemple qu’on en arrive à une formule où au sortir des élections au suffrage direct, le parti qui aura automatiquement le plus grand nombre de conseillers soit celui-là qui ait le poste de maire. Pour éviter des politiques politiciennes qui vont conduire à des instabilités.

Les populations se sentent dans ces cas grugées. Nous avons voté massivement pour telle ou telle autre formation politique qui a eu le plus de conseillers. Et à l’arrivée, la formation en question n’a pas le fauteuil du maire. C’est le sentiment actuel de certaines populations qui ne sont plus en phase avec les conseils municipaux. Ce sont des aspects qu’il convient de corriger et je crois que cela se fera dans la relecture du texte.

9-Un appel à lancer aux populations de votre arrondissement ?

Le premier appel que je veux lancer aux populations de l’arrondissement n° 11, c’est leur dire que nous revenons de loin avec un passif lourd à solder. Je leur demande donc de la compréhension et un grand sens du civisme parce qu’aujourd’hui, nous sommes dans un pays où les gens confondent maintenant de simples cordes à des serpents. Aujourd’hui, il suffit d’un rien et déjà on veut par présomption dire qu’il y a ceci ou cela. Comme on le dit, « chat échaudé craint l’eau froide », et ils ont aussi raison. Mais j‘en appelle à leur sens du civisme. Je les appelle à faire confiance à la nouvelle équipe qui est là et nous accompagner dans la mise en œuvre de notre programme. Du reste, nous sommes en train de mettre au point notre plan communal de développement qui sera soumis aux populations pour amendements et adoption. Quand ça sera fait, je souhaiterais après notre installation que les populations adhèrent à sa mise en œuvre.

Il faut que les populations acceptent de se comporter conformément à la loi, en faisant preuve de civisme à tout point de vue. Le civisme fiscal qui va permettre de soutenir les actions de développement d’une part et le civisme d’autre part en matière de contentieux. Si on n’est pas d’accord avec telle ou telle autre chose, la solution n’est pas de se lever pour marcher et casser le peu de chose qu’on a. Il y a d’autres voies de recours pour se faire comprendre. J’en appelle donc à leur sens du civisme et de participation aux actions qui seront engagées par le conseil municipal.

Propos recueillis par Angelin Dabiré
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