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La discipline, principale force du peuple taïwanais

jeudi 18 août 2016.

 

Si la discipline fait la force des armées, elle est inéluctablement « la toile de fond de tous les exploits », selon les mots de l’écrivain québécois Michel Bouthot. Et ce n’est pas le touriste qui découvre Taiwan pour la première fois qui dira le contraire. L’ordre qui y existe lui fera presque oublier la beauté des gratte-ciels, le vrombissement des bolides et des scooters et la profusion des appareils hi-Tech. Bienvenue à la capitale, Taipei, la destination où la discipline mérite plus qu’un article.

Le Burkina Faso est sept fois plus grand que la République de Chine Taiwan, avec sa superficie de 36 000 km2. L’un est un pays sahélien et l’autre est une île. Tous deux subissent cependant des catastrophes naturelles : sécheresse et inondations pour le premier, séismes et typhons pour le second. En 2016, l’économie burkinabè repose essentiellement sur l’agriculture ; 60 ans plus tôt c’était pareil à Taïwan. Sauf que sur l’ile de Formose, l’on a compris au fil du temps que la première ressource d’un pays qui aspire au développement, c’est son capital humain. Santé, éducation et formation professionnelle sont les chantiers prioritaires qui ont retenu l’attention des Taïwanais.

Cet investissement a porté fruit et le moins que l’on puisse dire c’est que la discipline est aujourd’hui la chose la mieux partagée. Quand on arpente les artères de Ouagadougou et juste après de Taipei, l’on est très vite frappé par le contraste qui existe entre ces deux villes en matière de circulation routière. Dans la capitale burkinabè, le motocycliste porte à peine un casque. Et même s’il l’enfile, il n’est pas rare que les rétroviseurs de l’engin soient arrachés. Hélas, c’est devenu un effet de mode !

A Taipei, c’est tout le contraire. Le port du casque y est obligatoire depuis l’an 2000 car à l’époque, les accidents de la circulation étaient l’une des principales causes de décès derrière le cancer, les maladies cardiaques et le diabète. Pour couronner le tout, le permis de conduire à moto est aussi obligatoire. Si vous n’avez pas plus de 400 nouveaux dollars taiwanais (environs 5000 F CFA) en poche, il vaut mieux donc respecter la loi.

Pour ce qui est du respect des feux tricolores, le Burkinabè est sur la bonne voie. Il faut y voir dans ce changement de comportement, les effets de l’opération musclée des polices nationale et municipale contre l’incivisme. Et même s’il s’arrête au feu rouge, l’usager de Ouagadougou est très souvent sur le passage « piétons ». A Taipei, le non respect des feux tricolores est presqu’un crime, et le piéton peut bien traverser la route sans aucune crainte d’être renversé par un chauffard. En fait, la ville est truffée de caméras de surveillance et il est bien difficile de se jouer les « bandits » du far West sans être vu.

Bref ! Il serait absurde de penser que la République de Chine a atteint son niveau de développement actuel sans une culture de la discipline. D’ailleurs, toutes les grandes nations sont passées par là. Le Burkina Faso a beaucoup à apprendre et il devrait s’y mettre très vite s’il veut atteindre l’émergence tant clamée dans les campagnes électorales, séminaires et fora.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net



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