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Incivisme de la jeunesse burkinabè : A qui la faute ?

samedi 13 août 2016.

 

A l’instar d’autres pays, le Burkina Faso célèbre la Journée mondiale de la jeunesse sous le thème « Education civique des jeunes : Un instrument de prévention des violences ». A l’occasion, votre journal en ligne, Lefaso.net a tendu son micro à des citoyens pour recueillir leurs avis sur l’incivisme de la frange jeune. C’était le vendredi 12 août 2016 à Ouagadougou.

Abdoulaye Kouanda, Ex-conseiller

« L’incivisme est la sommation de plusieurs facteurs »
Le Burkina connait un regain de l’incivisme et cela pour plusieurs raisons. Il y a d’abord la question du chômage. Et lorsque tu te lèves le matin et tu n’arrives même pas à joindre les deux bouts, ça ne peut que créer des tensions. Egalement, la justice en elle seule favorise la montée du phénomène car elle ne joue pas son rôle comme il se doit. Conséquence, les gens défient son autorité pour se rendre justice. La suite nous la connaissons tous. Destruction de biens publics et privés, entre autres. Enfin, le manque d’éducation occupe une part belle dans cette histoire. Nombre de parents confient leurs progénitures à l’école soit disant que c’est le cadre idéal pour leur inculquer une bonne éducation. Mais l’éducation c’est d’abord au sein de la famille et l’école vient compléter. Comme solution, l’Etat doit renforcer la sensibilisation et résoudre le problème de chômage des jeunes.

Moïse Nanéma, Technicien en sport

« Il faut que les jeunes se départissent des actes d’incivisme »
L’incivisme est récurrent à Ouagadougou surtout en circulation. Cette situation est en partie due au manque d’éducation, au chômage et à la précarité. Pour y remédier, en plus bien sûr de la partition du gouvernement, il faut que les parents eux-mêmes soient éduqués. Car le contraire, c’est l’effet domino que nous vivons aujourd’hui. Casse, destruction des biens d’autrui lorsque les revendications ne sont pas satisfaisantes ou pour se faire entendre. Du reste, je recommande vivement à la jeunesse de toujours respecter l’autorité car les actes de vandalisme ne résolvent pas forcément un problème.

Issouf Zerbo, Agent de la force publique

« Les autorités doivent être justes »
La colère, l’inégalité sont entre autres des facteurs qui contribuent à l’essor de l’incivisme. Afin de changer la donne, il faut que les gouvernants soient un peu justes en faisant en sorte que le fils du pauvre puisse accéder à quelque chose. Mais si tout se passe pour favoriser les citadins alors que le cultivateur qui est en brousse ne gagne rien, son enfant qui est en ville ne peut qu’être aigri et frustré. Rien que l’exemple des concours de la fonction publique, il y a des brillants jeunes qui peinent à avoir un concours. Qu’est-ce qui explique cela ? Tout cela est une cause de l’incivisme.

Moumouni Ouédraogo, Particulier

« Les parents ont une part de responsabilité »
L’incivisme n’est pas l’apanage seul des jeunes. Les parents ont également une part de responsabilité. Et même que je me demande qu’est-ce que ces derniers font véritablement pour donner une bonne éducation à leurs enfants ? Comment on peut comprendre qu’un enfant sorte de la maison et revienne avec 200 ou 2000 F CFA alors qu’il ne travaille pas. Toi en tant que parent, ça doit te tiquer mais non, certains ne cherchent pas à savoir qui le lui a donné et encore moins qu’a-t-il fait pour le mériter ? Un tel comportement ne peut que favoriser l’incivisme. Ces derniers sont alors laissés à eux-mêmes. Du coup, ils pensent qu’ils ont le droit de faire tout ce qu’ils ont envie de faire. Il faut vraiment que les parents revoient leur copie en ce qui concerne l’éducation des enfants.

Adamou Nadié, Enseignant

« L’Etat doit créer des emplois pour la jeunesse »
L’incivisme c’est déjà le manque de respect des lois établies par la société en quelque sorte. La raison principale d’un tel comportement demeure le chômage. Les jeunes n’ont pas de boulot alors qu’ils aspirent à des lendemains meilleurs. Que faire alors pour lutter contre le phénomène, sinon diminuer ? Il faut forcément passer par la sensibilisation et voir comment occuper la jeunesse.

Propos recueillis par Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 13 août 2016 à 07:41, par Idriss En réponse à : Incivisme de la jeunesse burkinabè : A qui la faute ?

    Il me semble que tous ces témoignages qui essaient d’expliquer l’incivisme sont passés à coté. L’incivisme est observé à tous les âges. Ce n’est donc pas un problème de jeunes. C’est conjoncturel et c’est une mode. Lorsqu’on vous dit "je fais et il n’y a rien et il n’y aura rien" qu’attendez-vous en retour. C’est bien des autorités qui ont introduit l’incivisme et l’ont cultivé. Hors de Ouagadougou, on ne vit pas autant l’incivisme. Ce n’est ni la justice, ni l’éducation qui vont résoudre le problème. C’est le comportement responsable de ceux qui jouissent d’une responsabilité qui en viendra à bout. Tant qu’il y a aura des privilégiés injustifiés, il y aura de l’incivisme. Pourquoi n’observe-t-on pas le même incivisme lorsque nous nous retrouvons dans nos communautés à l’échelle de la famille, du quartier,.... La solution est là

  • Le 13 août 2016 à 11:08, par Sougrsoba En réponse à : Incivisme de la jeunesse burkinabè : A qui la faute ?

    "A qui la faute ? " est l’un des titres de recueil de nouvelles d’un certain Ouoba Jérôme publié sous un intitulé interpellateur : L’INCIVISME N’EST PAS LA SOLUTION. C’est mon esclave mais j’avoue que ce petit gourmanché a traité avec finesse et objectivité d’un thème d’actualité. En le lisant, on réalise que les responsabilités sont partagées dans ce phénomène d’incivisme.
    Par ailleurs, l’incivisme n’est pas seulement l’œuvre des jeunes, c’est aussi et surtout celle des gouvernants. Ces derniers ne sont pas des exemples dans leurs comportements de tous les jours : impunité, arrogance, infatuation, prévarication, laxisme, etc.

  • Le 13 août 2016 à 12:15, par Sid En réponse à : Incivisme de la jeunesse burkinabè : A qui la faute ?

    le point de vue de l’internaute 1 est pertinent. mais si la justice avait les moyens de jouer convenablement son rôle, l’impunité n’aurait plus droit de cité et cela pourrait contribuer à recadrer les choses.

  • Le 13 août 2016 à 16:12, par Kangembèga Rimwoya Patrice En réponse à : Incivisme de la jeunesse burkinabè : A qui la faute ?

    Donnez du travail à ces pauvres jeunes et vous n´entendrez plus parler d´incivisme. Personnellement je n´aime pas ce terme. Pendant que les grosses huiles du pouvoir envoient leurs rejetons (parfois des délinquants notoires) fréquenter les meilleures universités du monde, avec l´argent que leurs parents ont volé au contribuable Burkinabé, on essaie d´endormir les fils de pauvre comme nous autres avec des mots dénués de tout sens. Bon sang ! Voyez les V8 et les V10 flambants neufs qui rutilent dans les goudrons de notre capitale. Allez à Ouaga 2000 contempler ces villas cossues et vides. Faites un tour aux abords de Ouaga pour voir ces grands domaines inhabités qui puent la corruption. Allez enfin dans les villages voir de grand jour la misère de nos parents. Ces petits enfants obligés de s´asseoir à même le sol pour apprendre á lire et à écrire, s´ils ne sont pas couchés sur leurs ventres. Ces paillotes qui servent d´écoles de Lycées ou de salles de classes. Ces enseignants qui manquent de tout. Ces CSPS qui peinent á trouver l´alcool pour soigner ou désinfecter les plaies. Ces femmes et hommes qui manquent d´ eau potable. Comparez la misère de ces derniers avec l´opulence des politiques qui passent le quart de leur temps dans les boites de nuit huppées de la capitale et vous comprendrez que vous êtes en total déphasage de la réalité quotidienne au Faso.

    L´incivisme c´est vous les politiques qui l´avez créé, entretenu et développé. Il est pour nous un acte de survie quotidienne. Occupez-vous de nous, ou vous ne pourrez désormais dormir tranquille. Cessez de détourner les deniers publics pour entretenir vos innombrables maitresses et vous aurez la paix. Créez des emplois. Chassez de la fonction publique, tous ces voleurs, ces vieux qui doivent aller à la retraite, mais qui continuent à nous gouverner. Pas de justice sociale, point de paix sociale au Burkina-Faso.

    Bientôt au Burkina Faso, naitra le "Parti de l´Incivisme". Le parti contre la corruption et pour une juste répartition des ressources du pays. Chaque fois que vous poserez un acte contraire à nos intérêts, vous nous trouverez sur votre chemin.

    La patrie ou la mort, nous vaincrons !

  • Le 14 août 2016 à 12:03, par Sidbéwendé Zoungrana En réponse à : Incivisme de la jeunesse burkinabè : A qui la faute ?

    Les raisons et causes invoquées par les interviewés sont justes et bien pertinentes. Cependant, il en manque "d’autres" que sont : i)-l’avènement de nos parents de la diaspora ; ii)-le mauvais comportement des Enseignants (toutes catégories confondues). Oui ! j’en vexerai certains à travers mon intervention, mais j’assume croyant au bien-fondé de ce que je dis et, espérant que cela attirera l’attention des concernés pour qu’ils mettent de l’eau dans leurs moulins. La Côte d’Ivoire, connue pour la pagaille de sa jeunesse d’alors, n’est pas le Burkina Faso d’une part, et d’autre part, parce que c’est des impôts payés par les parents des enfants que les études des enseignants ont été payés. En effet, jadis, sans que les réclamations et autres revendications ne soient bannies, elles se passaient sans casses ni destructions. Je me rappelle de l’époque où les "Etudiants revendicateurs" organisaient des meetings, écrivaient ouvertement aux Autorités pour "réclamer, exiger etc." Et leurs revendications aboutissaient pour la plupart sans bruits ni tapages. Mais depuis 2005, après l’expulsion de nos compatriotes de leur pays d’accueil (la Côte d’Ivoire) qui leur a imposé le retour forcé au pays, les jeunes surtout issus de ceux-là sont rentrés avec l’esprit vindicatif qu’ils avaient dans ce pays. Ainsi, au niveau des Universités, un autre type de comportement est apparu ; né des pratiques de la FESCI dans ce pays parce que, créé et organisée pour cela, c’est-à-dire la pagaille pour distraire le peuple. Par ailleurs, c’est depuis les injustices, les vols et détournements, les assassinats et autres tueries injustes et injustifiés organisés par le Pouvoir d’alors, que la morve est vite montée au nez de la jeunesse qui s’est retrouvée acculée ; comportement exploitée négative par les Corps des enseignants qui y ont trouvé "voies et solutions" pour parvenir à la satisfaction de leurs revendications, même pas toujours justifiées. Oui ! de par les sabotages organisées de l’éducation de nos enfants et de l’enseignement en général (primaire - secondaire - supérieur) pour amener les parents, malgré eux, à soutenir tacitement leurs revendications pour qui, mêmes celles injustifiées parfois et le plus souvent, trouvent nécessairement solutions car comme tout le monde le sait, le Politique a peur du social. Donc paniqués, le/les Pouvoirs s’exécutent vite et rapidement sans considération aucune d’autres Secteurs de Développement que composent les sans-voix (santé - agriculture etc. en détournant les objets des volets budgétaires pour financer l’accalmie de ces réactions par eux recherchée. J’en veux pour preuve pas très lointaine, le cas de la magistrature. La pauvreté et le chômage sont deux raisons qui peuvent être retenues pour "bases". Mais, est-ce que c’est nouveau ? Avec le déclin mondial des Economies et les affaiblissements remarqués des Régimes dans tous les pays que pense-t-on pouvoir y faire ? Ces problèmes ne sont pas confinées au Burkina Faso. Il est et reste à nous de savoir rebondir pour atténuer les choses. Ce qui ne saurait être comme les jeunes en toute légitimité réclament à savoir "Tout et maintenant - Tout et Tout de suite". Et comme le disent les Ivoiriens, le "en même temps est mieux" ne pourrait pas être obtenu au Faso même si tout le monde y compris les dirigeants du pays y tient. Les temps et la nature du moment ne nous le permettent. Touchons du bois et espérons que Dieu le Tout-Puissant" nous aidera à trouver les solutions qu’il faut dans les temps les courts possibles.

  • Le 15 août 2016 à 14:05, par jan jan En réponse à : Incivisme de la jeunesse burkinabè : A qui la faute ?

    30 ans de baillonnement du Peuple, de pillage, d’assassinat et autres actes délinquants on eu raison de notre doçilité.