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Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

vendredi 1er juillet 2016.

 

Un mouvement sunnite local a obtenu en 2005 l’attribution d’un terrain “réservé” où avait été érigée une mosquée, puis, plus tard, une école franco-arabe.
Mais le Donoble, coutume sèmè (siamou pour l’administration néocoloniale) qui revient chaque 40 ans, approche, et les Sèmè veulent récupérer ce terrain car Djòmò tobrà Tien, la divinité propre à cette coutume, s’y trouve. Aucune conciliation à l’amiable n’a abouti, et c’est l’impasse. La justice républicaine peut-elle trancher ?

Les Sèmè, a priori tolérants et accueillants, ont laissé s’établir et s’exprimer les religions importées, dont l’islam malgré l’agressivité de son prosélytisme par haut-parleurs interposés. En 1998, à l’initiative d’un musulman sunnite, Barro Diongwalé Siriki, la construction d’une mosquée a commencé sur une zone proche du centre-ville, revendiquée désormais par les autorités coutumières comme étant le “nombril” de leur culture sèmè.

À l’époque, les Sèmè coutumiers ont laissé faire. Pourquoi ? Parce que la construction s’est arrêtée, par manque d’argent, ou à cause du décès du musulman sunnite ? D’après le dièron (chef du village), les vieux de l’époque n’avaient pas suffisamment conscience du danger. Ce n’est qu’au fil des ans, refus après refus lors de tentatives de conciliation, que la tension a monté et qu’ils ont pris conscience que les jeunes générations, davantage instruites et engagées politiquement, ne sont pas ou plus disposées à se laisser agresser culturellement, aussi certains vieux craignent-ils désormais de ne plus pouvoir maîtriser l’impatience des plus jeunes, quand d’autres sont peut-être disposés à ne pas la maîtriser, mais à l’utiliser pour obtenir un résultat que leurs aînés n’ont rien fait pour obtenir.

Comment un mouvement sunnite s’est approprié une réserve coutumière d’un hectare et demi

Techniquement, après 1986, rien ne s’opposait à son attribution, le terrain était considéré comme réserve sans destination particulière, sur les plans consultables en Mairie ou aux impôts, par suite d’une modification des plans antérieurs pour servir l’idéologie de la révolution d’août 1983. Il faut pouvoir comparer les deux plans pour prendre la mesure de la volonté des révolutionnaires d’affaiblir les pouvoirs coutumiers, et de modifier l’approche, par le biais des plans administratifs, du concept même de tradition.

Avec cette modification, plus de notion vague d’un énigmatique “habitat traditionnel” qui aurait pu laisser supposer l’existence d’un quelconque patrimoine culturel immatériel. La révolution était matérialiste, scientifique, et seul le peuple était sacré ; désormais, les réserves porteraient clairement la mention de leur destination : “espace vert”, “jardin public” ou l’ironique mention “lieu sacré”, pour marquer les réserves où les “coutumiers” avaient construit, non pas des lieux de cultes, mais ce que bon leur semblait. Et les réserves qui ne porteraient aucune mention particulière seraient soit des réserves administratives, soit des réserves sans destination prévisible jusqu’à une demande d’attribution, pour y implanter des commerces, une école ou un lieu de culte, voire l’implantation d’une ONG, le coût d’attribution variant beaucoup selon la destination prévue, de 15 F le m2 pour une école à 1.000 F le m2 pour un commerce ; et le coût pour un lieu de culte se situe entre 150 à 250 F le m2.

Le premier lotissement, fait en 1969, ne concernait que certains quartiers de la ville, et son plan est introuvable tant à Orodara qu’à la Direction régionale de l’urbanisme, mais il a été conservé dans les archives d’un défenseur de la culture sèmè. Sur ce plan initial, toutes les réserves coutumières portent une mention “T”, avec une légende “T pour habitat traditionnel”, sans les distinguer, qu’elles soient à usage coutumier (constructibles, habitables par des humains, mais non fragmentables en parcelles distinctes), ou à usage cultuel (non constructibles et non-habitables par des humains). Le gommage de cette mention “T”, sur les réserves non bâties au moment du lotissement de 1986, ainsi que la suppression de la légende, les a libérées de leur caractère coutumier.

L’administration locale venue ensuite n’ignorait pas cette atteinte aux pouvoirs coutumiers, mais pourquoi revenir sur cet “affranchissement” s’il permettait de servir d’autres intérêts ? Et pourquoi enquêter sur l’éventuel lien d’une réserve apparemment libre avec le patrimoine culturel immatériel, c’est-à-dire cultuel de l’ethnie autochtone, avant de l’attribuer à un autre mouvement religieux ? L’idéologie rampante des années Compaoré, Laissez-moi faire ce que je veux, et je vous laisse faire ce que vous voulez, a permis ce genre d’opération éthiquement douteuse à laquelle le maire CDP de l’époque s’est prêté, ou plus vraisemblablement plié, pour obéir à une directive d’El Hadj Djiguenaba Barro, puissant relais provincial du pouvoir Compaoré, et musulman sunnite. À ce double titre, il est légitime de supposer que Djiguenaba Barro a été l’instigateur du rapt de cette réserve coutumière au bénéfice du mouvement sunnite. Par ailleurs, il faut savoir que l’intermédiaire unique entre la communauté musulmane sunnite locale et les différentes instances de l’administration (Haut-commissariat, Mairie, Service des impôts), nécessairement francophone et arabophone, a été Monsieur Zeba, enseignant, jusqu’à ce qu’il soit déféré l’an dernier pour liens présumés avec des djihadistes.

Pourquoi avoir construit une mosquée à cet endroit ? Il ne manquait pourtant pas de réserves en terrain “neutre” dans ce chef-lieu de province, pour y implanter une mosquée et une école franco-arabe. Nous verrons plus loin dans cette enquête qu’assurément, le but de cette opération était de saper les bases de la religion, et de la culture sèmè.

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage

“Rien ne saurait justifier l’attitude de ces dits coutumiers, hormis le mépris pour leur communauté”, dit l’acte d’appel au jugement de non recevabilité de la plainte du mouvement sunnite, pour “trouble têtu de la propriété”, contre Coulibaly Krin, coutumier et forgeron de son groupe de dwo au quartier Kouarino, à ce titre intermédiaire incontournable entre les coutumiers de ce quartier et les chefs (coutumiers, ou de village), mais simple maillon de l’ensemble complexe et hétérogène appelé “autorité coutumière”.

Selon l’acte d’appel, “depuis l’année 2009, ils [les Sunnites] voient leurs activités troublées de façon intempestive par quelques dits membres de la communauté coutumière”. Cependant, l’acte d’appel n’en cite que deux sur une période de cinq années :

“En 2009, ils ont empêché la prière du vendredi par le fallacieux prétexte qu’ils auraient appris que les femmes sunnites allaient venir à la mosquée, chose qui consiste à braver l’interdiction de leur coutume qui voudrait que pendant la période concernée, aucune femme, aucun enfant ne sorte de la maison”.

C’était la période de la coutume du dwo, qui se déroule successivement, d’un quartier à l’autre, et dont la durée varie de 36 h à 60 h. Au quartier Kouarino, le dwo dure une nuit, une journée, puis une deuxième nuit. Pendant la période du dwo, toutes les ouvertures des cours doivent être temporairement condamnées [ce qui se fait avec les moyens du bord] pour que femmes et enfants y restent et ne puissent rien en voir. Si une femme ou un enfant doit malgré tout se déplacer pendant cette période, ils doivent devenir aveugles le temps du déplacement, un panier recouvert d’un pagne sur la tête ; certain(e)s de font guider au moyen d’une corde qu’ils ou elles tiennent en main, même si ce n’est pas la règle. Les autorités coutumières ont proposé aux Sunnites que, pour les prières de la journée du dwo, leurs femmes se déplacent ainsi ou, exceptionnellement, prient à la maison, mais les Sunnites ont refusé.

“En 2014, les lampes extérieures à la mosquée et l’école franco-arabe, une barrique et plusieurs bouilloires restées dehors ont été prises pour cible et que n’eut-été l’intervention de la gendarmerie, le Directeur de l’école et sa famille auraient été molestés”

Cela s’est passé le jour du dwo de cette année-là, pour la même raison de la venue des femmes. Nous n’avons vu d’installation électrique sur aucun des bâtiments, et n’avons pas eu l’occasion de rencontrer le Directeur de l’école franco-arabe, mais le chef du village, s’il ne conteste pas les faits, ne comprend pas pourquoi ils sont reprochés à un individu unique, quand le dwo concerne tous les coutumiers.

L’acte d’appel précise ensuite que “ces attaques ont vite fait place à des réclamations qui, au départ, étaient présentées sous la forme de simples sollicitudes [sollicitations ?], [et] qu’il s’agit de l’injonction à eux faite par les dits coutumiers de leur laisser un pan de leur parcelle”.

Selon les autorités coutumières rencontrées, elles n’ont pas demandé grand-chose, si peu de la superficie (entre 1% et 2 % des 15 447 m2) qu’il est difficile de comprendre pourquoi les Sunnites ont refusé le sacrifice d’une étroite bande à l’arrière du long mur de l’école, qui plus est en bordure de terrain ; sauf si la “sollicitude” devenue réclamation a, en effet, un motif grave et important pour les Sèmè, suffisamment important pour qu’on s’y intéresse tout particulièrement, ce que nous ne manquerons pas de faire dans la suite de cette enquête.

“Que face à leur refus, ils [les Sèmè] ont même entrepris de planter des arbres dans leur enceinte pour ainsi, disent-ils, délimiter leur partie”. Arbres que les Sunnites ont arrachés, pour marquer leur esprit de conciliation et de tolérance.

Peut-on se plaindre de “trouble de la propriété” sans existence légale ni possession d’un permis d’exploiter ?

Il est curieux… ou inconsidéré voire intrépide, mais pas sans conséquence, d’aller à la justice comme le fait Monsieur Traoré Kalifa au titre de président d’un mouvement sunnite local qui n’a aucune existence légale ! En effet, le n° de récépissé fourni dans l’acte d’appel (n° 2013-000474/MATS/SG/DGLPAP/DAOSOC, du 26 avril 2013) n’est pas celui de la création d’un mouvement sunnite local, mais celui d’une modification de l’organe dirigeant du Mouvement sunnite du Burkina Faso, dans lequel le nom de Traoré Kalifa ne figure pas, ni la reconnaissance d’un quelconque mouvement sunnite local d’Orodara.

En outre, l’arrêté brandi comme un titre de propriété dont disposerait le mouvement sunnite n’en est pas un, ce n’est qu’une attestation provisoire, pour s’être acquitté des droits d’attribution. Il n’y a donc pas trouble de la propriété.

Et les Sunnites n’ont pas de permis d’exploiter dans la mesure où le site n’a pas été clôturé, et qu’ils n’ont pas réalisé les 300 millions (environ) que le dossier d’instruction déposé prétendait qu’ils allaient investir, dans la construction d’une mosquée et d’un collège d’enseignement technique franco-arabe. En lieu et place d’un collège d’enseignement technique, une simple école à trois classes avec bureau attenant a été construite. Difficile dans ces conditions d’atteindre 300 millions en investissement, à moins de creuser un puits et de faire constater par huissier que 250 millions y sont jetés, recouverts d’une couche de béton !

Gageons que les autorités coutumières sèmè, quel que soit le jugement rendu le 29 juin prochain à la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso, défendront désormais leur patrimoine culturel avec force et conviction, ce qu’elles ont manqué de faire pendant très longtemps. Souhaitons que cela puisse se faire aussi paisiblement que possible, malgré l’intolérance intrinsèque de leur adversaire.

Souhaitons aussi qu’au terme de cet affligeant épisode, des Sèmè se décideront à réclamer que le droit républicain, qui interdit tout haut-parleur à moins de 300 m d’une habitation, s’applique pour la paix des populations. Un tel jugement ferait jurisprudence, et contraindrait peut-être les mouvements religieux musulmans à davantage d’humilité, au lieu de se comporter agressivement comme ils le font par leur théâtre braillard.

Jacques Zanga Dubus
ozdubus@gmail.com

[Nous avons commencé cette enquête après avoir été contacté par des Sèmè inquiets. Entre-temps, l’un d’entre eux a tenté de faire paraître le contenu d’une pétition que les autorités coutumières ont envoyée au ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité. Une deuxième partie de l’enquête traitera des coutumes traditionnelles des Sèmè]



Vos commentaires

  • Le 1er juillet 2016 à 14:06, par le sèmè En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Merci pour le travail abattu

  • Le 1er juillet 2016 à 15:22, par nik En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Très mauvaise narration, incompréhensible, revoir la copie

  • Le 1er juillet 2016 à 15:40 En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Qu’ALLAH te pardonne

  • Le 1er juillet 2016 à 15:57 En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Le récit de ce monsieur est d’un flou extraordinaire qu’on y comprend rien..mais la fin n’est ni plus ni moins qu’un appel à la violence.
    Dans une société civilisée, les conflits quelque soit leur raison ou origine sont réglés par des voies judiciaires.. Et c’est dans l’intérêt de tout le monde.

  • Le 1er juillet 2016 à 15:57, par Le Vigilant ! En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Les années à venir connaîtront la promotion et l’émergence des conflits liés au foncier. Cela n’est qu’un cas parmis mille autres.

  • Le 1er juillet 2016 à 16:07, par le politicard En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Mon ami, ton texte est incompréhensible. Je ne peux même pas faire un résumé de ton enquête. Qu’est ce que tu as voulu écrire comme message ? Désormais, écris en français.

  • Le 1er juillet 2016 à 16:39, par Leste En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Enquête très intéressante et excellente narration. Il est sans doute temps que certaines choses soient dites.
    - À nik (internaute 2), à l’internaute 4 et à politicard : quand on ne comprend pas, on ne s’énerve pas, on demande. Quelqu’un dans votre entourage pourrait peut-être vous aider ...

    - À l’internaute 3 : Tout en suggérant qu’il "pardonne" (on ne sait trop quoi), on sent que, si vous étiez à la place d’Allah, l’auteur de cet article n’en aurait pas pour bien longtemps !

  • Le 1er juillet 2016 à 17:11, par LE DAUPHIN En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Quel esprit maléfique ! Tu réclames le va-t-en-guerre des coutumiers contres les musulmans, filles et fils des mêmes communautés ? Saches qu’en situation de conflit, ils auront tous plus à perdre qu’à gagner. Je te rappelle que la terre appartient à l’ Etat et tout conflit foncier de ce genre, à défaut d’être réglé à l’amiable, doit être porté devant les tribunaux compétents ; et toutes les parties doivent se plier à leurs décisions. Ne tentes pas le diable, il n’aime que ça !!!

  • Le 1er juillet 2016 à 19:21, par coulibaly andré En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    René Dumont avait bien raison quand il disait que l’Afrique noire est mal partie.Pauvre Afrique !Tes fils sont prêts à tout pour défendre les religions importées,que dis je ! imposées.Ils ont même du mépris pour les us et coutumes de leurs aieux.Quand redeviendrons nous nous même ?

  • Le 1er juillet 2016 à 20:04, par Zack En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    À la lecture de votre article je constate les choses suivantes :

    1- Votre soit disant enquête manque d’objectivité. Vous êtes juste defenseur d’un camp et vous n’êtes pas crédible.

    2- Vous avez la haine dans le coeur ! Au lieu de partir de l’idée que les deux camps sont tous frères et peuvent et doivent trouver des solutions pour vivre en harmonie, vous considérez les musulmans comme des énémis à abattre.

    3- Vous melangez tout : Politique, religion, appartenance ethnique, richesse etc. C’est dangereux !

    4- Votre texte est très mal écrit. Il ne donne pas l’impression que vous souhaitez une solution mais que vous avez seulement pour but de deverser votre haine. Ce pays n’a pas besoin de ça.

  • Le 1er juillet 2016 à 23:10, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Il manque le premier paragraphe de cet article :
    Un mouvement sunnite local a obtenu en 2005 l’attribution d’un terrain “réservé” où avait été érigée, sans aucune autorisation, une mosquée, puis, plus tard, une école franco-arabe.
    Mais le Donoble, coutume sèmè (siamou pour l’administration néocoloniale) qui revient chaque 40 ans, approche, et les Sèmè veulent récupérer ce terrain car Djòmò tobrà Tien, la divinité propre à cette coutume, s’y trouve. Aucune conciliation à l’amiable n’a abouti, et c’est l’impasse. La justice républicaine peut-elle trancher ?
    La justice du Tribunal de grande instance d’Orodara a jugé la plainte du mouvement sunnite irrecevable, alors les Sunnites sont allés en appel. L’huissier de justice, Maître Kouanda, près de la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso, a rédigé un appel que la justice n’a pas enrôlé pour vice de forme (l’appel convoquait les deux parties le mercredi 29 juin, alors que le mercredi aucune audience de référé ne se tient). Mais Maître Kouanda n’a pas "jugé utile" de prévenir les deux parties que l’audience n’aurait pas lieu, et une quarantaine de personnes, musulmans et coutumiers, se sont déplacées pour rien, d’Orodara à Bobo, aller et retour, occasionnant pour tous énervement, fatigue et frais inutiles !

    Pour ceux qui n’ont pas compris ou ne veulent pas comprendre, ou qui calomnient l’auteur, comme le fait l’internaute LE DAUPHIN lorsqu’il prétend que l’auteur cherche à dresser les coutumiers contre les musulmans, attendez de lire la deuxième partie de l’enquête, et si vous ne comprenez toujours pas, il suffit de demander !
    1. Cette réserve d’un hectare et demi a été attribuée sans aucune consultation auprès des autochtones et des coutumiers, ce qui est illégal.
    2. Le conflit ne vient pas de cette illégalité, mais de ce que les Sunnites réclament désormais l’exclusivité de l’exploitation du site où, depuis qu’il y ont construit une mosquée en toute illégalité (ils ont construit, puis entrepris de régulariser sept ans plus tard), se tenaient conjointement les deux cultes. L’un cinq fois par jour, l’autre une fois par an et tous les quarante ans.
    3. Le "président" du mouvement sunnite (président entre guillemets puisque le mouvement sunnite local n’a aucune reconnaissance légale), est d’ethnie Sèmè, il a été longtemps coutumier, il était tradipraticien et pauvre.
    Il est toujours tradipraticien, et n’est devenu musulman qu’il y a une dizaine d’années, comme par hasard l’année où le terrain a été attribué, là où des musulmans avaient construit une mosquée 7 ans auparavant. Depuis l’attribution de la réserve, il est devenu très riche. Il roule en Mercedes, construit des bâtiments en série et vend des médicaments à son effigie en pharmacie. Tant mieux pour lui, mais pourquoi les Sunnites se sont-ils implantés sur le lieu où se tiennent les cultes ancestraux des Sèmè, et pourquoi veulent-ils maintenant les en chasser ?
    4. DAUPHIN, tu es un requin camouflé en dauphin ! Car ce sont les Sunnites qui cherchent la guerre !
    Quand la maison de ton voisin brûle, tu vas te précipiter pour l’aider à éteindre le feu, mais si c’est ton propre frère qui met le feu à la maison familiale, et qui l’active pendant que le reste de la famille essaie de l’éteindre, comment le feu peut-il être éteint ?
    5. Le roi Salomon, dans "les Paroles du sage", ou l’Ecclésiaste", a dit : "J’ai vu les lieux de justice, là est l’injustice.". Les coutumiers sèmè ont tenté, depuis 7 longues années, des conciliations à l’amiable, en vain. Qu’un Sèmè s’en remette à la justice de l’Etat, pour obtenir qu’on lui reconnaisse le droit de ne pas respecter ses parents, est un affront pour ces parents, et les coutumiers sèmè le vivent ainsi.
    6. La terre n’appartient pas à l’Etat, sinon il n’y aurait plus aucun chef de terre au Burkina Faso. Or, il y en a partout, que ce soit en pays mosse ou ailleurs au Burkina.
    7. Au contraire de la mosquée sunnite du quartier Kouarno, la mosquée du grand marché d’Orodara n’a jamais fait l’objet du moindre conflit avec les coutumiers, pour la simple raison que ce sont eux qui ont donné aux musulmans cette réserve, pourtant coutumière selon le plan de zonage de 1969
    8. Il ne s’agit pas de déclencher une guerre, mais de rechercher la sunna, la vérité !
    Jacques Zanga Dubus (webmaster, laisse passer !)

  • Le 2 juillet 2016 à 01:16, par Yako En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    "Religion importée,dont l’agressivité de son prosélytisme x haut-parleurs interposés"Voila un extrémiste païen,un petit égaré de province.Prions pour lui.

  • Le 2 juillet 2016 à 06:18, par sidkatoo En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    J’ose croire que la parcelle n’est pas un prétexte, sinon à vous lire la situation est semblable à un conflit religieux entre des frères d’une même localité.
    Le sujet de votre enquête devrait être abordé avec plus de prudence, de respect pour chaque partie et avec plus de maitrise sur les deux identités enquêtées. Je me permets quelques questionnements :
    - Est ce que les musulmans sunnites de la localité ne sont-ils pas aussi des autochtones et ayant les mêmes coutumes ancestrales ?
    - en dehors des informations reçues des sème, avez vous rencontrer l autre protagoniste dans le cadre d votre enquête ?
    - quels liens faites vous entre l’inculpation de Mr Zeba pour liens présumés avec djiadistes, le mouvement sunnite de Orodara, la mosquée, le CDP, Régime Compaore, BARRO DJIGUENABA, .... ? Votre enquête me semble être un reportage au profit des sème.

  • Le 2 juillet 2016 à 07:11, par Jeanine Debo En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Article tendancieux et anti-musulmans
    De plus une note de 1/10 pour la narration !

  • Le 2 juillet 2016 à 09:36, par Siddik En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Article dangereux. Le modérateur ne doit pas laisser passer ce genre d’écrit capable de provoquer un conflit.

  • Le 2 juillet 2016 à 09:46, par Daouda En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Bien-sûr tout ce que les musulmans font sont correct ! "Prions pour ce type", "que Dieu pardonne ce type" telles sont les commentaires des un et des autres.
    Tout est claire dans cette enquête à moins d’être intellectuellement formaté pour ne laisse passer aucun argument différent de la "morale religieuse". Ceci constituerait un grand danger pour un État laïque comme la nôtre.
    Je pense qu’il faut saluer le courage de Jacques.
    Noubreux sont les personnes qui ne peuvent pas savoir ce que la culture représente dans nos sociétés africaine. Ce que les sunnites de Orodara veulent c’est de tuer nos coutume, imposé une ligne de pensée(leurs pensées) et par là même tuer toute l’ethnie sèmè car notre culture, nos coutumes constituent notre identité.

  • Le 2 juillet 2016 à 10:32, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    L’internaute SIdkatoo pose des questions à laquelle je vais tenter de répondre :

    1. Est ce que les musulmans sunnites de la localité ne sont-ils pas aussi des autochtones et ayant les mêmes coutumes ancestrales ? En majorité, en effet, (auxquels s’ajoutent des fonctionnaires "étrangers", pour la plupart enseignants), et c’est ce qui rend le conflit si délicat. Est-ce la peine d’ajouter que la plupart des musulmans pratiquent (en secret) les coutumes de leurs ancêtres ? Pourquoi les Sunnites refusent-ils la "promiscuité" des cultes ? Dans la mosquée de Diarradugu, à Bobo, se trouve un fétiche et les deux cultes cohabitent sans problème.

    2- en dehors des informations reçues des sème, avez vous rencontrer l autre protagoniste dans le cadre de votre enquête ? Oui, et c’est par ses propres femmes que la date de construction de la mosquée a pu être déterminée avec précision, en recoupant la mémoire qu’elles ont de leurs grossesses. J’aurais aimé rencontrer d’autres Sunnites, surtout francophones, mais ceux que je connais, avec qui j’ai des rapports tout-à-fait cordiaux, sont devenus très discrets, éloignés de ma personne depuis que la procédure judiciaire a été engagée, comme si j’étais d’un seul coup devenu un "ennemi" potentiel !

    3 - quels liens faites vous entre l’inculpation de Mr Zeba pour liens présumés avec djiadistes, le mouvement sunnite de Orodara, la mosquée, le CDP, Régime Compaore, BARRO DJIGUENABA, .... ?
    Les liens sont complexes, loin d’avoir été tous mis à jours (l’enquête continue), et je suis très prudent sur ce sujet.
    a / L’arrestation de M. Zeba est un fait, et le lien reconnu avec le mouvement sunnite local est qu’il les représentait auprès de l’administration (comme le dit l’article), en tant qu’intellectuel à la fois francophone et arabophone. Point. Ce sont les autorités qui ont déféré Mr Zeba pour liens présumés avec les djihadistes, pas moi, et je n’en tire aucune conclusion particulière : je ne suppose ainsi aucun lien particuler entre M. Zeba et le CDP, le régime Compaoré ou Barro Djiguenaba.
    b / Par contre, le lien entre El Hadj Djiguenaba Barro, le régime de Compaoré et le CDP est public et bien connu. Ce qui l’est moins, ce sont les manoeuvres de Barro Djiguenaba à différents niveaux : économique quand il s’est approprié une partie des espaces commerciaux du marché central d’Orodara ; politiques, par les pressions exercées sur les maires CDP de l’époque à tous niveaux, mais aussi pour que la mairie d’Orodara soit transférée dans son village ! Et religieux pour l’expansion de l’islam sunnite dans la région. C’est pourquoi j’ai considéré qu’il était légitime de supposer que Barro Djiguenaba est en partie responsable de l’attribution de cette réserve coutumière à un mouvement sunnite, qui jusque là n’existait pas. Il y avait bien une petite communauté sunnite autour de Barro Diongwalé Siriki, mais pas organisée. Après la mort de ce croyant, et parce qu’une réserve demandée à l’administration (mairie) pour qu’y soit installé un lieu de culte ne peut être attribuée à un particulier, il devenait nécessaire qu’un "mouvement religieux", avec quelqu’un pour le représenter, se mette à exister. Et, formidable "hasard", c’est à ce moment-là que Traoré Kalifa est devenu musulman, sunnite, "président" du mouvement sunnite local, puis riche. L’enquête continue

    4 - Votre enquête me semble être un reportage au profit des sèmè.
    Pour être tout-à-fait franc, je considère qu’en Afrique, il ne faut rater aucune occasion d’en découdre avec les religions du Livre, pour l’érosion culturelle qu’elles imposent, aussi ne comptez pas sur moi pour faire un reportage sur l’islam ou le christianisme, catholique ou protestant ! Mais là n’est pas le propos ! C’est d’un affront fait par les Sèmè sunnites à leurs parents, auxquels ils doivent pourtant le respect, dont il s’agit. Et le respect "devrait" consister, en l’occurrence, a laisser cohabiter les deux cultes, ce que les Sunnites refusent.
    La même question reviendra toujours : Pourquoi le choix de cette réserve-là, sinon pour détruire la coutume, et la culture sèmè par la même occasion ? En conséquence vient une autre question : La diversité culturelle DOIT-elle passer par l’islam sunnite ?

    Jacques Zanga Dubus

  • Le 2 juillet 2016 à 11:30 En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Il Y A Bcp D’islamophobes intello dans ce pays, mais qui n’expriment leur islamophobie que de façon voilée. vous avez eu le courage de l’exprimer clairement. Bravo.

  • Le 2 juillet 2016 à 14:53, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Je voudrais bien qu’on m’explique ce que cet article a d’islamophobe !

    "L’islam a un prosélytisme agressif par haut-parleurs interposés". Vrai, ou Faux ? Vrai, et point n’est besoin d’être extrémiste païen pour le reconnaître ! Que ceux qui en doutent aillent vivre au quartier Colma à Bobo, où une cour sur deux a sa mosquée ET son haut-parleur. Ce n’est pas de l’islamophobie que de citer des faits !

    " les vieux de l’époque n’avaient pas suffisamment conscience du danger". Quel danger ? Les musulmans seraient-ils dangereux ? Pas tous, mais ce n’est un secret pour personne que les extrémismes musulmans sont tous issus du mouvement sunnite ! MAIS, ce qui est dangereux, c’est l’acculturation, et sur ce point toutes les religions importées sont acculturantes, et dangereuses pour la diversité des cultures.

    Il ne s’agit pas d’islamophobie mais de défense de la diversité culturelle, et l’islam, s’il est une culture, n’a rien d’une culture africaine.

    Les Sunnites ont arraché des arbres plantés par les coutumiers. Vrai ou faux ? VRAI ! Alors, faudrait-il taire des faits pour ne pas heurter la susceptibilité des Sunnites ? NON !

    "Gageons que les autorités coutumières sèmè défendront désormais leur patrimoine culturel avec force et conviction, ce qu’elles ont manqué de faire pendant très longtemps."
    Incitation à la guerre, la défense d’un patrimoine culturel ? NON, NON, NON et NON !

    "Souhaitons que cela puisse se faire aussi paisiblement que possible" Appel à la guerre ? Mais apprenez à lire !
    "malgré l’intolérance intrinsèque de leur adversaire". Islamophobie, d’oser dire des Sunnites qu’ils sont intolérants ? Faut arrêter l’hypocrisie crasse et regarder ce qui se passe : Les Sunnites n’acceptent pas la proximité avec une autre religion. Approchez une mosquée sunnite d’une mosquée schiite, ou tidiane, et les conflits vont apparaître, et pas du fait de mes articles !

    Internaute Siddik, ce n’est pas l’article qui suscite le conflit, mais le conflit qui a suscité l’article !!

  • Le 2 juillet 2016 à 18:53, par Leste En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Il faut saluer le fait que, pour une fois, l’auteur d’un article répond point par point à ses critiques, lesquels, hélas, plutôt que d’apporter une réplique raisonnée, réagissent de manière apparemment épidermique.
    Est-il besoin de rappeler que l’intolérance (je dirais l’obscurantisme) dont font preuve les sunnites est très souvent mis à nu, y compris par de nombreux musulmans ?
    Je vis à Bobo, et le profond dérangement que beaucoup subissent du fait du tapage provenant des hauts-parleurs des mosquées n’est pas une invention ! Sachons admettre la critique - ou démontrer en quoi elle est injustifiée.
    Il n’est pas question d’empêcher qui que ce soit de pratiquer quelque culte que ce soit. Il est question ici que chacun puisse jouir de ses droits, notamment celui de ne pas être constamment dérangé par des pratiques religieuses, quelles qu’elles soient. C’est à ce prix que le pays continuera de connaître la paix, sans risquer de sombrer dans des situations que vivent des pays pas si lointains.

  • Le 3 juillet 2016 à 13:41, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Internaute Leste,
    Tous mes remerciements pour votre apport dépourvu d’hypocrisie.
    Voici une réflexion sur ce qui différencie foncièrement les coutumes sèmè et l’islam sunnite.
    Le seul patrimoine culturel immatériel accepté par les musulmans est, à notre connaissance, Allah.
    Il n’en est pas de même pour les religions animistes.

    À cause du sang versé, et de la connotation négative du terme « fétiche » généralement appliquée aux autels sacrificiels, les dénigrements ne manquent pas au sujet des religions traditionnelles, dans les commentaires des Africains convertis aux religions du Livre. Ainsi, au sujet des rites sèmè, pour nombre de protestants, « leurs manières-là, c’est du Satan ! ». Ils oublient que le dieu de l’Ancien Testament, le dieu d’Abraham et de Jacob, réclamait le sang des bœufs par flots (voir Job) ; c’était un dieu vengeur et sans pitié, qui lançait sortilèges et plaies à toute occasion. Ce dieu là est aussi celui du Coran.

    Les Sunnites, eux, retiennent leur langue, mais ont demandé aux autorités administratives qu’un arrêté soit pris pour que le rite du dwò n’ait lieu que la nuit, ce qui leur permettrait d’exercer leur “propre” culte la journée en toute tranquillité. Ainsi “sans doute” serait célébré par eux un culte de la lumière, et par les coutumiers, un culte des ténèbres. Ce manichéisme insensé est nuisible à la paix entre les communautés, il est diviseur et en cela diabolique au sens étymologique du terme [diable, du grec diabolos : qui désunit, qui divise ; ou calomniateur, selon une autre traduction, ce qui revient au même]. D’ailleurs, les coutumiers Sèmè sont les premiers à affirmer que les sorciers œuvrent la nuit, et les Sunnites les derniers à publier qu’Al-^icha‘, la prière de la nuit, devrait en principe durer toute la nuit, ce qui ne fait pas pour autant d’eux des sorciers !

    Les oppositions fondamentales entre l’animisme et les religions importées

    L’animisme des Sèmè (comme toute croyance selon laquelle des animaux, des éléments naturels ou des objets abritent des puissances surnaturelles et reflètent l’idée d’une indispensable fusion de l’homme et du monde qui l’entoure), diffère essentiellement des religions importées par la proximité du monde invisible qu’elle considère (génies et mânes des ancêtres) et le patrimoine culturel immatériel qu’elle mobilise. La plupart des religions traditionnelles ouest-africaines partagent néanmoins l’idée d’un dieu créateur plus lointain. Pour les Sèmè, c’est Diòno, ou encore Diònosô ou Diossò, “le grand d’en haut”.

    Pour ceux qui croient au dieu des religions importées, “Il” a placé l’homme au sommet de sa création, au-dessus des animaux et des éléments naturels, placés là pour lui, pour qu’il en fasse ce que bon lui semble.

    Ces deux conceptions du rapport de l’homme à son environnement et au monde sont radicalement opposées, contradictoires et inconciliables. Pour l’animisme, il s’agit de fusion avec la nature ; pour les religions du livre, il s’agit de la dominer. Et pour l’islam sunnite qui détient la sunnà, la vérité, il s’agit aussi de suprématie sur les autres religions, d’hégémonie.

    La tolérance a-t-elle des limites ?

    La société sèmè a été, est et sera toujours accueillante à l’égard de l’étranger : il est sacré et doit être bien reçu s’il est de passage [Nombreuses sont les histoires dans lesquelles un mendiant, un lépreux, se révèle être un génie bienfaisant venu proposer un pacte aux humains]. S’il reste, il est d’autant mieux accepté s’il est utile à la communauté, et davantage s’il s’y intègre complètement. La question est de savoir où se situe la limite de la tolérance, si l’accueilli décide de jouer son propre jeu aux dépens des coutumes de la communauté qui l’accueille.

    Par ailleurs, la société sèmè a été, jusqu’ici, tolérante aux idées religieuses des autres. Anne Fournier, chercheur qui travaille depuis plusieurs années sur les sites sacrés et la coutume chez les Sèmè, précise : « Les religions animistes savent comment inclure certaines nouveautés, notamment des fétiches. Tant que les nouveautés viennent de sociétés qui fonctionnent sur le même principe, et qui partagent à peu près le même socle de croyances, cela ne pose pas de problème. En accueillant les nouvelles religions, les Sèmè ne pouvaient s’attendre à les voir revendiquer ensuite une exclusivité qui ne fait pas partie de leur propre mode de pensée ».

    Une autre question est de savoir où se situe la limite de la tolérance s’il ne s’agit pas d’un accueilli, mais d’un membre de la communauté qui ne joue plus le jeu de sa propre communauté, mais celui d’une religion importée pour générer autour de lui une communauté parallèle afin qu’elle le soutienne, et que soit accordé davantage de crédit à ses visées personnelles, aux dépens de sa communauté d’origine.

    Les Sunnites prêchent la tolérance dans les statuts de leur mouvement national, mais les faits témoignent du contraire, la presse en a rempli des colonnes. Au niveau strictement local, en 2016 les Sunnites de la mosquée du quartier Kouarino ont voulu empêcher les fidèles de la mosquée shiite du quartier Sogo de fêter Mouloud, la naissance de Mahomet.
    Plus subrepticement, comme c’est arrivé à Monsieur S…, enseignant, musulman shiite entré dans la mosquée sunnite du quartier Kouarino pour y prier, dès qu’il a été repéré comme non-sunnite [par les quelques poils qu’il a juste sous la lèvre inférieure, et sa façon de prier, les bras le long du corps], sans être chassé ouvertement il a été poussé, par chaque nouvel arrivant, jusqu’à se retrouver dehors !

    Qu’est-ce qui rend le lieu investi par les Sunnites si important pour les Sèmè ?

    Historiquement, c’est là où s’est très longtemps tenu le marché, ainsi que son fétiche qui en protège les activités et évite les troubles inhérents à toute concentration humaine ; quand le marché a été déplacé en centre-ville, son fétiche l’a suivi, laissant sur place trois autels auxquels les Sèmè coutumiers sacrifient en des occasions particulières. En l’an IV de la révolution, il avait été question d’y faire une auto-gare, en laissant accessible aux coutumiers la zone qui les concernait. Cette “sollicitude” à l’égard de la religion traditionnelle autochtone peut étonner, de la part de révolutionnaires décidés à balayer les forces “arriérées et rétrogrades” du pays. Ce qui étonne aujourd’hui, c’est que cette simple reconnaissance de la liberté “universelle” de culte est refusée aux Sèmè par des musulmans qui prétendent, par ailleurs, prêcher la tolérance.

    Nous n’avons pas “vu” les autels, car pour voir, encore faut-il savoir ce que l’on cherche ! Le dièron, chef du village, nous a dit : « si vous avez cherché des amas pierreux, vous ne pouviez en trouver, et il y a un fétiche que vous ne pouviez pas voir, car c’est un végétal ; les deux autres sont également discrets, mais si vous cherchez bien dans les herbes, vous les trouverez ». Voici, dans l’ordre où il nous les a présentés, les noms et fonctions des puissances associées aux autels sacrificatoires :

    – Moukronkòno (le caillou de la vieille femme), là où repose l’esprit de l’ancêtre des Sèmè du quartier Kouarino, à proximité de l’endroit où se trouvait sa concession, et à qui la communauté sèmè (toutes composantes confondues) fait appel et sacrifie chaque année à la veille du rite de dwò (les Lô, pour l’administration néocoloniale) ;

    – Djòmò tobrà Tien (le dieu Tien qui rassemble les foules), à qui les Sèmè sacrifient chaque 40 ans, en ouverture et en clôture du Donoble ; cette puissance travaille à la cohésion des populations, c’est une entité qui rassemble, et invite aussi des non-Sèmè à venir s’établir chez eux, sans aucune distinction que ce soit, à condition qu’ils respectent les coutumes sèmè, à défaut d’y adhérer.

    – Tênsò, ou Kiênsò (le grand caïlcédrat) est la puissance devant laquelle se prennent toutes les grandes décisions, après une réflexion de chaque instance des autorités coutumières dans son propre vestibule ; l’arbre n’est plus là, mais l’autel oui, et les grandes décisions s’y prennent toujours.

    De ces trois entités, aucune n’a pour but de désunir, bien au contraire, Djòmò tobrà Tien est même le rassembleur par excellence. Mais c’est aussi un juge, et un punisseur pour ceux qui le déshonorent, ou le provoquent outrageusement.

    Tous les 40 ans, les pouvoirs changent de main et de génération
    .
    Chez les Sèmè, le Donoble est un grand rituel collectif d’initiation qui a lieu tous les quarante ans et opère le renouvellement de la société par la promotion d’une nouvelle génération d’initiés et le renouvellement des autorités coutumières du dwo de chacun des quartiers. Ce grand rituel collectif aurait dû avoir lieu la dernière fois en 1985, mais parce que les révolutionnaires avaient empêché la tenue du dwo l’année précédente, leur présence l’année suivante pour la préparation d’un nouveau lotissement, puis la guerre de Noël entre le Mali et le Burkina, ont été autant d’éléments qui ont le repoussé le Donoble en 1986. Les préparatifs du prochain Donoble ont déjà commencé.

    Voici le témoignage d’un jeune adulte Sèmè, considéré comme initié dans le Donoble parce qu’il est né dans les trois ans qui ont suivi le dernier en date : « La coutume qui a lieu tous les 40 ans est une cérémonie très importante pour les Sèmè. C’est au cours de cette cérémonie que tous les jeunes concernés sont véritablement instruits des conduites à tenir, des valeurs qu’ils devront défendre. Comment vivre en harmonie avec son cadre de vie (la nature, les hommes…), tels sont les enseignements qui leurs sont donnés. Les jeunes sont tenus de faire 3 mois dans la brousse loin de leurs familles pour apprendre à être utiles aussi bien aux hommes qu’à la nature. Et aussi apprendre tout le contenu de la culture sèmè. Lorsque leur enseignement est terminé, et le jour du terme fixé, c’est sur le site que le mouvement sunnite a investi que la cérémonie devrait se terminer, pour sacrifier au fétiche du Donoble. En aucun cas, le lieu ne peut être déplacé. »

    Selon Anne Fournier, « Il est généralement possible de déplacer rituellement au moins certains autels, chez les Sèmè comme ailleurs. Il s’agit cependant d’une procédure exceptionnelle qui nécessite l’accord de la puissance honorée à l’endroit considéré, et le paiement d’une amende rituelle qui peut être très coûteuse. »

    Le dièron, chef du village, nous a assuré que si ces trois fétiches avaient pu être déplacés, ils l’auraient été, et les Sèmè n’auraient pas engagé autant de tractations à l’amiable pour les sauvegarder. Il y avait de l’amertume dans sa voix : le sentiment que l’échec d’une conciliation amiable – en fait une fin de non-recevoir, exprimée par le recours du mouvement sunnite à une procédure judiciaire – représentait pour lui un terrible gâchis.

    Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Burkina Faso

    Le patrimoine culturel immatériel est le creuset de la diversité culturelle et le garant du développement durable, comme le soulignent la Recommandation de l’UNESCO sur la sauvegarde de la culture traditionnelle et populaire de 1989, la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle de 2001, et la Déclaration d’Istanbul de 2002 adoptée par la troisième Table ronde des ministres de la culture.

    L’une des idées les plus récentes, pour la sauvegarde de la culture traditionnelle et populaire, est le projet de reconnaissance et de promotion de personnes déclarées « Trésors vivants » en raison de leurs connaissances et de leur savoir-faire. Très séduisante sur le papier, et relativement facile à appliquer si les personnes en question sont assimilables à des artistes, cette idée peut poser des problèmes très délicats quand la notion de sacré et un aspect cultuel sont associés à leurs activités, ce qui est souvent le cas. En effet, un rituel n’est pas fondamentalement un spectacle, ce qui s’y joue n’a pas toujours vocation à être montré et expliqué à tous. De plus, qui pourrait se prétendre compétent pour sélectionner les « Trésors vivants » sur les “bons” critères, et qui pourrait assurer que désigner ainsi quelques vedettes aiderait réellement au maintien d’une culture vivante ?

    En 2014, le Burkina Faso a bénéficié d’un fonds pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, intitulé « Inventaire et promotion du patrimoine culturel immatériel au Burkina Faso ». L’inventaire s’est déroulé dans les régions des Hauts-Bassins et des Cascades en 2014, et plusieurs départements de la province du Kénédougou, dont Orodara, en ont profité, mais le “nombril de la culture sèmè” n’a pu être inventorié à cause de la mosquée sunnite qui s’y dresse.

    Si la promotion du patrimoine immatériel au Burkina passe uniquement par l’inventaire de leurs sites sacrés et la reconnaissance de leurs « Trésors vivants » sous la houlette de l’Unesco et de l’Etat, on peut certainement s’inquiéter pour les Sèmè. Il faut souhaiter pour la sauvegarde de leurs coutumes qu’ils se décident à être davantage sur le qui-vive quant aux agressions qui cherchent à les atteindre. Sinon, ils risquent fort d’être réduits à se transformer en simples groupes folkloriques, porteurs de masques magnifiques, et aux danses spectaculaires.

    Jacques Zanga Dubus

  • Le 18 juillet 2016 à 14:26, par Le Canon En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    M. Zanga, votre détermination est bien perceptible mais n’oubliez jamais que l’espace culturel des sème a changé depuis l’introduction des religions révélés, le passage du colon, l’arrivée d’autres groupes sociaux à Oradara, etc etc. Ce changement est pour de bon et plus rien ne sera comme avant. Sinon, les autochtones auraient le plein pouvoir sur leur terre et ce débat ne se poserait même pas. De la Haute Volta post coloniale au Burkina Faso post insurrectionnelle, la liberté de conscience suppose que ceux qui ont choisi une voie spirituelle autre que le sème ont aussi le droit de posséder des espaces de culte dans la même localité. J’aurais compris et accepté entièrement votre position si les sunnites étaient allez s’installer sur le terrain sans aviser une autorité habilitée comme on le constate souvent dans les non lotis. Ils ont un titre de propriété ou au moins un début de titre de propriété. Dans tous les cas, l’administration a été informée d’une manière ou d’une autre de leur présence en ce lieu. Aussi, les coutumiers qui se réveillent aujourd’hui pour revendiquer cet espace doivent s’en prendre aussi à eux-mêmes pour avoir laisser faire depuis des années. Toute la philosophie propre au sème que vous magnifiez est à priori valable pour ceux qui y adhèrent. En l’absence d’une solution à l’amiable, la voie judiciaire reste le dénominateur commun pour éviter que certains ne se rendent justice eux-mêmes tel que les coutumiers ont déjà donné le ton de façon très regrettable. Si vous parcourez l’histoire des croyances au Burkina Faso, vous trouverez dans des musées des objets sacrés sensés être inamovibles, vous trouverez que des bois sacrés sont devenus aujourd’hui des boulevards, des fétiches réputés ont été vendus par ceux mêmes qui les adoraient. Aussi, vous trouverez des cultes bien conservés en tout depuis des générations. Mêmes les religions révélés ne résistent pas toujours aux vicissitudes de la vie et à l’usure du temps. Ainsi va le monde.
    Soyez rassurer d’une chose, si la suite des évènements démontrent clairement que les sème ont plus droit à cette portion de terre de Orodara, malgré la distance, je les soutiendrai sans réserve pour que leurs droits soient respectés mais si par contre ce sont les sunnites qui y ont droit je les soutiendrai aussi de toutes mes forces pour qu’ils puissent continuer à exercer leur culte en ce lieu.
    Moi, je suis musulman. Les enseignements que j’ai reçus venant du prophète Muhammad (paix et salut d’Allah sur lui) m’interdisent d’insulter les croyances autre que la mienne. Ils m’enjoignent de n’être ni oppresseur, ni opprimé et surtout de dire la vérité fusse - t-il contre ma personne ou mes proches. Je ne soutiendrai aucun coreligionnaire pour brimer d’autres personnes qui ne partagent pas la même foi que moi. Et le Saint Coran ajoute que Allah a prééminence sur moi et mes proches et le fait de dire la vérité de cette manière est une obligation divine à laquelle je ne peux déroger. Sachez qu’il n’y a pas plusieurs versions du Saint Coran. De tous temps les musulmans ont toujours eu le même Coran. De mon expérience des temps modernes aucune personne ne m’a déjà rapporté qu’il est allé à un endroit du monde et qu’il a trouvé une mosquée où était récité un Coran différend de celui avec lequel prie tous les musulmans du Burkina Faso.
    M. Zanga, sachez que l’Islam est une tradition spirituelle dont le message est transmis sous forme de révélation. L’Islam intègre de ce fait tous les messages révélés et le Saint Coran n’est que la synthèse de tous ces messages. La diversité des croyances fait partie de thèmes les mieux abordés dans le Saint Coran et la question des sème ne saurait surprendre un musulman. Si vous connaissez l’histoire d’Ibrahim (Abraham (sur lui la paix d’Allah)), celle de Moussa (Moise (sur lui la paix d’Allah)), de Youssouf (Joseph (sur lui la paix d’Allah)) l’aversion que vous avez pour les religions révélées et particulièrement pour l’Islam diminuerait beaucoup. Sachez des pans entiers de l’histoire de l’Islam se sont déroulés en Afrique avec (Abraham (sur lui la paix d’Allah)), Moussa (Moise (sur lui la paix d’Allah)), Youssouf (Joseph (sur lui la paix d’Allah)) et même Muhammad (paix et salut d’Allah sur lui) à des périodes où le culte d’Allah a existé aux côtés du culte des idoles et autres formes de croyances. L’Islam n’est pas une religion étrangère à l’Afrique.
    Revenant au différend foncier, sachez que pour moi en tant que musulman, toute la terre appartient à Allah et à Lui Seul. C’est ce même Allah qui a voulu la diversité dans la création et dans les croyances. Aucun musulman ne devait soutenir que des coutumiers soient injustement dépossédés de leur lieu de culte. Aussi, aucun musulman ne devrait accepter que des sunnites soient déguerpis injustement parce qu’ils pratiquent une religion autre de celles des autochtones d’une localité. Que la sagesse prime et que le droit soit dit et après que chacun respecte le verdict des tribunaux ou les engagements pris devant les éventuels médiateurs.
    M. Zanga, apprenez de l’Islam à la bonne source, vous verrez que le débat sera plus serein, dépassionné et pas du tout incendiaire.

  • Le 21 juillet 2016 à 23:15, par mike En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    C’est la vrai version de l’histoire merci a toi mon frère.. La vérité fait mal ainsi est fait la vie....

  • Le 22 juillet 2016 à 09:25, par bilan traore En réponse à : Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

    Rien n’est tard si la vie continue bonne solution pour les deux cans moi je suis entré les deux cans siamou et aussi musulman gue dieux nous aides tout les siamou tous siamou musulmans sunites demande dieux pourque orodara soit en paix et anavant les coutumiers la même chose où est la place de justice bonne connpleison à tous les siamou