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Processus électoraux au Burkina : Vers une constitutionnalisation de la CENI ?

jeudi 30 juin 2016.

 

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) et ses partenaires ont organisé, du 28 au 29 juin 2016, à Ouagadougou, un atelier national d’évaluation participative du processus électoral 2015-2016. Objectif : capitaliser les acquis desdites élections en vue d’une meilleure organisation des prochaines échéances électorales au Burkina. Cette rencontre a réuni plus de 80 participants issus des institutions étatiques, des partis politiques, des Organisations de la société civile, des Partenaires techniques et financiers ainsi que de la CENI et de ses démembrements. Des recommandations issues de cet atelier, figure en bonne place la nécessité de constitutionnaliser la CENI pour plus d’indépendance.

Le domaine électoral reste un domaine assez complexe mettant en jeu plusieurs acteurs aux attributions différentes mais complémentaires. Et, la concertation apparait comme la clé de voute pour réussir les processus électoraux. Ainsi, s’inscrivant dans cette logique de dialogue et de concertation, les participants venus des treize régions du Burkina ont échangé, deux jours durant, sur la mise en œuvre des processus électoraux de 2015 et de 2016. Avec pour objectif de capitaliser les acquis des élections de 2015 et de 2016 afin de permettre une meilleure organisation des prochaines échéances. « J’ai apprécié la franchise et le pragmatisme avec lesquels vous vous êtes exprimés sur les différents sujets abordés dans les sous-ateliers. Ces qualités exprimées ont permis d’aboutir à des résultats appréciables que l’on pourrait exploiter dans le sens de l’atteinte des objectifs assignés à l’atelier d’évaluation », s’est réjoui le président de la CENI, Barthélémy Kéré, lors de son discours de clôture.

« Ces élections constituent dans notre sous-région une référence »

C’est le Général Siaka Sangaré, délégué général des élections du Mali, président du réseau des compétences électorales francophones, président du réseau des structures électorales de l’Afrique de l’Ouest, qui a facilité les travaux. « Ces élections constituent dans notre sous-région une référence », a-t-il confié. Avant de saluer l’initiative d’organiser cet atelier qui permettra de consolider les acquis et corriger les faiblesses si petites soient-elles. « J’ai relevé à l’occasion de ma modération, l’engouement, l’enthousiasme de tous les participants et que les débats ont été d’un niveau très élevé. Nous sommes arrivés à des conclusions et des recommandations très pertinentes qui doivent permettre dans les années à venir de parfaire les élections au Burkina Faso », a-t-il ajouté.

Sans verser dans une autosatisfaction béate, les différents participants, acteurs des processus électoraux de novembre 2015 et décembre 2016 se sont réjouis des conjonctions d’intelligences, de ressources et d’initiatives ayant permis d’atteindre un tel niveau de performance. La CENI, à la veille de la fin du mandat de ses membres actuels, a jugé nécessaire d’enclencher ce processus de manière rétrospective, participative et prospective. L’objectif est de procéder à l’évaluation d’ensemble des opérations électorales de 2015 et 2016 pour en identifier les insuffisances et parvenir ainsi à la capitalisation des acquis du processus. Les améliorations éventuelles s’agrègeront aux leçons tirées et la réplicabilité de l’initiative sera arrimée aux bonnes pratiques.

Propositions et recommandations

Au sortir de ces deux jours d’échanges, des propositions et recommandations, on retiendra, entre autres :

- la nécessité d’aller vers une constitutionnalisation de la CENI à moyen terme pour relever le défi lié à son indépendance, à son autonomie financière, à sa professionnalisation et à l’élargissement de ses compétences ;
- la remise à niveau et l’harmonisation du cadre juridique des élections pour éliminer les ambiguïtés, les vides juridiques et les chevauchements constatés ;
- le maintien en l’état de l’article 154 nécessitant néanmoins un ajustement avec la loi sur les quotas (genre) et un aménagement pratique tel que le positionnement zebré ;
- retenir seulement la Carte nationale d’identité et éventuellement le passeport comme documents devant servir pour l’enrôlement biométrique ;
- échelonner le renouvellement des membres de la CENI par exemple sur une base des 2/5 tout en procédant à l’harmonisation de l’organe délibérant avec la nouvelle cartographie politique issue des urnes ;
- officialiser le cadre de concertation pour permettre d’engager un travail de fond sur des sujets techniques.
- l’acquisition de sièges permanents et conséquemment dotés en matériel immobilier (pour les démembrements de la CENI) pour la conservation des archives, une meilleure sécurisation et pour mettre fin aux bureaux sous tentes ou sous hangars.
- la réorganisation des démembrements de la CENI par souci de rationalité.

Des préoccupations à approfondir

Aussi, de manière transversale, quelques préoccupations nécessitant un approfondissement ont été soulevées. Il s’agit, entre autres de la question de la fiabilité de l’état civil, du coût des élections, du vote des Burkinabè de l’étranger et de la perpétuation des cadres de concertations.
Le développement institutionnel et le renforcement organisationnel de la CENI sur la base des recommandations de cet atelier devraient permettre de maintenir le cap en mettant en œuvre un plan d’actions pour l’élimination des faiblesses afin de saisir les opportunités et mettre en lumière les acquis pour leur pérennisation. A ce rendez-vous de l’histoire, tous les témoins ont reconnu et apprécié la partition jouée par Me Barthélémy Kéré et son équipe.

« Les recommandations seront soumises aux acteurs et aux décideurs dans l’espoir de susciter en eux une réaction appropriée en temps opportun afin d’impacter positivement le système électoral », a assuré Barthélémy Kéré.

Moussa Diallo
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 1er juillet 2016 à 02:28, par SOGOSSIRA de Tuiré En réponse à : Processus électoraux au Burkina : Vers une constitutionnalisation de la CENI

    Nous les nègres aimons trop compliquer les choses, pour un rien il faut constitutionnaliser ; à un moment donné c’était la chefferie traditionnelle maintenant c’est la CENI demain ce sera X ou Y comme si la constitution était une baguette magique qui fait des miracles . C’est la pertinence de l’organisation et la qualité des acteurs de la CENI qui détermine son efficacité et non le simple fait de la constitutionnaliser. Les grandes démocraties que nous aimons copier sans réfléchir n’ont pas eu besoin de constitutionnaliser une structure en charge des élections pour crédibiliser leur système électorale.
    La proposition de l’acquisition de sièges permanents et conséquemment dotés en matériel immobilier pour les démembrement des la CENI ne me semble pas raisonnable parce que ´la CENI n’a pas une activité continue elle ne travaille qu’à l’occasion d’élection.

  • Le 1er juillet 2016 à 02:44, par Un citoyen En réponse à : Processus électoraux au Burkina : Vers une constitutionnalisation de la CENI ?

    Ils osent parler de plusieurs aquis sans mentioner les dérives qu’on a tous constatées. Ils ne disent rien de concret. Où sont passés les manquement du MPP ? Où sont passés les annulations des résultats dans les arrondissements où le partis au pouvoir était en retard avec sa liste de candidats ? Pourquoi n’ont-ils pas mentioné les sous versés impunément pour l’achat des voies par certains partis ? Ne nous distrayez pas ! La seule "faiblesse" de la CENI est qu’elle n’a aucune force d’indépendance.