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« Les femmes consomment de plus en plus la drogue au Burkina », Christine Kafando, commission ouest-africaine de lutte contre la drogue

lundi 27 juin 2016.

 

Le 26 juin est la journée mondiale de lutte contre la drogue. Le phénomène est grandissant sous nos cieux malgré d’énormes efforts de lutte contre la consommation. Qu’en est-il de la consommation par la gente féminine ? Christine Kafando point focal de la commission ouest-africaine de lutte contre la drogue répond.

Lefaso.net : Quel est l’état des lieux de la consommation de la drogue chez les femmes ?

Le Burkina, faut-il le dire, est devenu un pays de consommateurs. Pourtant on a toujours pensé qu’il était plutôt un pays de transit. Mais plus ça transite, plus ça se consomme. Et la gente féminine est très concernée surtout dans le milieu des travailleuses du sexe. Elles utilisent la drogue pour être solides et fortes afin de pouvoir satisfaire leurs clients. Il y a d’autres groupes spécifiques dont les femmes sont ciblées comme des revendeuses de la drogue. Elles sont généralement derrière les hommes qui les amènent à consommer la drogue. En effet, lorsque nous avons mené notre démarche auprès des usagers de la drogue, ils ont témoigné que toutes les copines qu’ils ont eues consomment de la drogue. Malheureusement, nous n’avons pas de chiffres. Il n’y a pas eu d’enquête, encore moins d’étude formelle pour nous donner une base au niveau national. Mais il est évident qu’au Burkina il y a des « consommateuses » de drogue.

Elles consomment généralement quels types de drogues ?

Il y a plusieurs types de drogues. Et je pense qu’il n’y a pas une préférence pour les femmes. Il y a par exemple le cannabis, le crack, le gnamba (une drogue artisanale), le « bléblé », certains comprimés pharmaceutiques, etc…
A votre avis, qu’est-ce qui pousse les femmes à utiliser la drogue ?
C’est le fait qu’elles n’aient pas de situation socioprofessionnelle équilibrée. Elles n’ont pas recours à des services d’accompagnements.Elles ne peuvent pas négocier leur place dans la société. Elles n’ont pas accès à des terres propres à elles. Bref, elles sont souvent diminuées de tout. C’est généralement ce qui les pousse à consommer la drogue de façon involontaire.

A la maison des associations, est-ce que vous recevez souvent des cas ?

Oui, quelques fois. Des familles même appellent pour poser des situations. Des femmes viennent témoigner et expriment leur envie d’arrêter la consommation. Mais à la maison des associations, nous n’avons pas beaucoup de moyens, du coup, on les réfère chez le psychiatre. Ce qui malheureusement ne répond pas à leur besoin. Elles nous disent très souvent qu’elles ont besoin d’un système de santé qui puisse leur permettre une réintégration sociale. Mais au Burkina, cela n’existe nulle part.

Y a-t-il des actions mises en place pour réduire le phénomène chez les femmes ?

Malheureusement au Burkina, c’est maintenant que les regards sont tournés vers la problématique de la drogue. En ce moment, le ministère de la promotion de la femme et celui de la sécurité sensibilisent et mobilisent pour qu’on ait des structures. En ce qui nous concerne, nous communautaires, nous sommes en train de travailler pour sensibiliser et faire le plaidoyer auprès des politiques afin qu’ils mettent en place un système qui répond au mieux aux besoins essentiels.

Propos recueillis par Bassératou KINDO
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