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« Il faut relire les textes portant sur la drogue pour atténuer le côté répressif sur la drogue », Charles T Somé, Rev+

lundi 27 juin 2016.

 

La consommation de la drogue est une réalité chez les jeunes scolaires. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la drogue célébrée le 26 juin, Charle Somé chargé de mission plaidoyer, droits humains des populations clés à Rev+ invite les autorités à revoir la forme répressive.

Lefaso.net : Quel est l’état des lieux de la consommation de la drogue au Burkina, particulièrement à Bobo ?

Il faut dire que le phénomène de l’abus des drogues en Afrique de l’Ouest est problématique. En effet, les Nations-Unies reconnaissent que l’Afrique de l’Ouest est passée d’une zone de transit à une zone de production et de consommation de ces produits. Ce qui montre que le problème est d’une grande envergure sous-régionale.
Au Burkina Faso, il est encore plus alarmant avec une tranche très jeune de la population qui en consomme énormément. La consommation de la drogue est très élevée en milieu juvénile. Alors que selon l’OMS la toxicomanie est une cause majeure de mortalité dans le monde avec plus de 4 millions de décès par an. D’ici 2030, ce chiffre atteindra 10 millions de décès par an et 70% de ces décès auront lieu en Afrique dont les pays en développement comme le Burkina. Nous serons plus de 19 millions d’habitants en 2020 et plus de la moitié de cette population seront des jeunes. Cela pourrait être un véritable marché pour les narcotrafiquants pour pouvoir continuer leur commerce. Autant la drogue est consommée à Bobo, autant elle l’est au niveau national. En témoignent les chiffres de saisies du comité national de lutte contre la drogue. En 2015, ce sont 59,52% de tonnes de cannabis, 1,13 kilogramme de cocaïne, 17, 84 d’héroïne. C’est dire que le phénomène est problématique. On constate par exemple à Bobo que les jeunes sont dans l’oisiveté, ils ne sont pas occupés et la consommation en milieu scolaire a doublé.

On constate justement que la consommation de la drogue est de plus en plus fréquente chez les jeunes – en milieu scolaire-. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. Il y a par exemple le système de copinage. Beaucoup sont influencés par leur camarade qui en consomment déjà. Mais il faut dire que tous, nous sommes responsables de cette situation – parents, enseignants, autorités- qui ne jouent plus leurs responsabilités. J’ajouterai aussi le régime répressif parce que tout ce qui est interdit attire. Il faudra plutôt aller vers une approche équilibrée qui prend en compte la dimension santé, l’éducation, les droits humains.

Quelles sont donc les stratégies à mettre en place pour réduire le phénomène ?

Il faudra que nos gouvernants se penchent sérieusement sur la question de la drogue. Dans ce sens, il faudra relire le code portant sur la drogue pour atténuer le côté répressif sur la drogue. Il faudra que nos gouvernements investissent dans des actions d’éducation, de santé etc. et nous en tant qu’acteurs de la société civile, nous devons accompagner l’autorité dans ce sens. Au niveau de la justice, en lieu et place des peines privatives, qu’on prononce plutôt des peines d’éducation et de réinsertion sociale. Parce que ça ne sert à rien de continuer à sur peupler la prison qui devient une charge pour le contribuable.

Propos recueillis par Bassératou KINDO
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