Réponse du Cadre de concertation national des OSC au procureur du Faso et au syndicat autonome des magistrats burkinabè ( SAMAB)Déclaration
vendredi 10 juin 2016.Suite à la manifestation Pacifique organisée devant le palais de justice de Ouagadougou, le jeudi 02 juin 2016, le Comité exécutif du CCNOSC à travers certains medias a eu connaissance le vendredi 03 juin de la réaction du Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, et celle du Juge Antoine KABORE Secrétaire général du Syndicat Autonome des Magistrats Burkinabè (SAMAB). Ces deux sorties médiatiques qui avaient vraisemblablement pour objectif de jeter le discrédit sur l’objet du sit in organisé par le CCNOSC, ont fini par nous conforter sur notre opinion relative au mal qui ronge la justice de notre pays. Il est regrettable de constater que le procureur du Faso qui est sensé être un dépositaire du droit, sorte de son mutisme pour protester contre une autorisation légale transmise par la délégation spéciale de la ville de Ouagadougou à L’APDC (organisation membre du CCNOSC).la liberté de manifester et d’opinion telle que régit par la loi, s’impose à tous y compris aux acteurs de la justice. Il est important pour le CCNOSC de rappeler au SAMAB, que le juge est investi du pouvoir du peuple, par consequent, il est insensé d’exprimer une arrogance verbale tendant à dédouaner la justice de toutes critiques venant du justiciable. La démarche pacifique du CCNOSC a travers cette initiative, avait pour but essentiel de lancer un message fort et ferme à l’égard de l’appareil judiciaire. Et cette démarche à naturellement fait suite à l’incompréhension née de la libération sans motifs valables d’individus trempés dans des crimes économiques et de sangs. fidèle à notre rôle de veille Citoyenne, nous avons tiré la sonnette d’alarme. C’est pourquoi il est important de situer les propos tenus par la présidente d’honneur du CCNOSC (Mme Safiatou LOPEZ) dans son contexte. Sa mise en garde formulée en direction de la justice découle directement du mécontentement général de la population qui se manifeste au quotidien par un désaveux croissant vis à vis des décisions de cette même justice. Et c’est à juste titre qu’elle a interpelé la conscience de nos juges en se référant au sort subit par la défunte Assemblée Nationale (symbole de l’aveuglement et de la déviation du régime déchu). Par principe moral, incendier un édifice public ou privé est condamnable. Cependant il faut reconnaître et admettre que les Burkinabès épris de liberté, assument et restent fiers d’avoir posé cet acte ayant permis de mettre fin à l’oppression et la présidence à vie de Blaise Compaoré. D’ailleurs, pour immortaliser la portée historique de ce haut lieu (Assemblée Nationale en ruine), un musé y verra le jour et un monument y sera érigé pour symboliser la victoire du peuple Burkinabè. Pour être plus concret dans la réalisation de ce projet, le Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur Salifou DIALLO, a remis il y’a peu, un chèque de dix millions (10.000.000) F CFA au Professeur IBRIGA (représentant de la Société Civile) en guise de contribution. La vision de Madame Safiatou LOPEZ se résume en ces termes :« la justice doit se mettre au service du peuple et non à la disposition des bourreaux de ce peuple ». Mme LOPEZ n’a fait que tiré sur la sonnette d’alarme dans l’espoir que l’appareil judiciaire s’inscrive dans une dynamique de justice équitable et crédible. Malheureusement le Procureur du Faso et le Secrétaire Général du SAMAB, ont mal assimilé l’objectif spécifique de cette manifestation. pire, ces deux personnages s’inscrivent dans une dynamique d’arrogance, de menaces,et de mépris vis à vis des aspirations légitimes du peuple. Pour rafraîchir la mémoire de nos hommes de lois,il faut souligner que l’indépendance de la justice,demeure le fruit de la lutte Citoyenne, du combat populaire pour plus d’égalité, d’équité et de justice. L’indépendance de la justice, découle du combat citoyen d’hommes et de femmes qui se sont battus fièrement pour l’alternance dans ce pays. Nos juges sont donc mal placés pour s’approprier exclusivement cet acquis populaire. Voilà pourquoi, le CCNOSC : 1. Dénonce avec la dernière énergie la décision honteuse de la justice Burkinabè d’accorder des libertés provisoires sans motifs valables à des putschistes tels que Eddie KOMBOIGO. La question dans le cas d’espèce, n’est pas seulement de savoir si l’accusé remplissait les conditions de la mise en liberté provisoire. Il s’agit plutôt de chercher à savoir pourquoi d’autres détenus remplissant les mêmes conditions n’ont point bénéficié de cette même liberté provisoire ? 2. Réaffirme son attachement à l’indépendance de la magistrature, socle d’un Etat de Droit. 3. Réitère sa volonté ferme à œuvrer pour l’érection d’une justice digne et crédible. Le peuple ne saurait subir les conséquences désastreuses des décisions de justice rendues au nom de l’indépendance de la justice. Raison pour laquelle, il est plus qu’important que l’indépendance de la justice soit incarnée par des acteurs de justice crédibles en phase avec l’équité et la transparence. 4. Il interpelle les acteurs de la Justice à plus de responsabilité, en particulier la Présidente du Conseil Supérieur de la Magistrature à œuvrer à la moralisation du secteur de la justice. Enfin, le Cadre de Concertation National des OSC, reste attacher à l’alerte sociale et la veille citoyenne, il reste déterminé à conduire une lutte permanente contre toutes les formes d’injustices et d’impunités. L’action engagée le 02 Juin contre la forfaiture et la parodie de justice n’est que le début de nos actions. La lutte continue jusqu’à l’érection d’une justice sociale digne et crédible en phase avec les aspirations légitimes du peuple. Fait à Ouagadougou, le 09 Juin 2016 Pour le CCNOSC Mme Safiatou LOPEZ / ZONGO Vos réactions (78)
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