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Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

mardi 31 mai 2016.

 

Dans les lignes qui suivent, veuve Mayaga Sanou dit avoir constitué et mis dans le circuit le dossier de réversion de la pension de son défunt mari. Et cela depuis cinq ans maintenant. Elle ne comprend pas pourquoi depuis tout ce temps, son dossier est resté sans suite au niveau de l’Ambassade de France au Burkina Faso. Lisez plutôt.

-  M. François HOLLANDE, Président de la République française
-  M. Manuel VALLS, Premier ministre et Chef du gouvernement
-  M. Claude BARTOLONE, Président de l’Assemblée Nationale et ses collègues députés
-  M. Jean-Yves LE DRIAN, Ministre de la défense de la République Française
-  M. Gilles THIBAULT, Ambassadeur de France au Burkina Faso

Je m’appelle Mayaga SANOU, épouse de feu Zezouma SANOU, Caporal-chef de l’armée française, Matricule 47984.77445, Carte de combattant n° 942 83 du 16/11/88, décédé le 15 janvier 2011 à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. J’ai quatre-vingt-un ans et je réside également à Bobo-Dioulasso.

Voici les faits :

Quelques mois après le décès de mon mari, j’ai bénéficié des arrérages de sa pension. Au cours de la même année 2011, mes enfants se sont activés à monter le dossier de la pension de réversion à mon profit. Ce dossier a été constitué avec diligence et transmis au Consulat de France par la Délégation aux Anciens Combattants et Anciens Militaires (DACAM) le 5 octobre 2011.

Depuis cette date jusqu’à ce jour, voilà cinq ans et quatre mois, je n’ai reçu aucune nouvelle de ma requête. Devant la situation, j’ai délégué mon fils de prendre attache avec la DACAM pour connaitre la suite réservée à ma demande. La réponse qui m’est parvenue m’a laissée perplexe. Mon fils dit avoir été informé que je n’étais pas la seule à attendre une réponse à la demande de pension de réversion depuis plus de cinq ans.

Face à cette situation, plusieurs questions me passent sans cesse dans la tête :
-  aurai-je la chance de toucher au moins une fois cette pension avant de mourir vu que j’ai quatre-vingt-un ans dans un pays où l’espérance de vie est courte ?
-  les autorités françaises observent-elles délibérément le silence sur mon dossier dans le secret espoir de me voir mourir pour les libérer de cette dette sans s’en acquitter ?

On se rappelle la lenteur avec laquelle la décristallisation des pensions de nos anciens combattants avait été effectuée. Pourtant, j’estime que cette pension est une dette de sang de nos maris qui n’ont pas calculé pour voler au secours de la France en détresse. Aujourd’hui, vous les descendants de leurs frères d’armes, vous trainez les pieds et vous faites des calculs « indignes » pour régler les droits afférents aux ayants droits.

Excellence Messieurs les autorités de la République française, les veuves des anciens combattants africains sont aussi des veuves des anciens combattants de l’armée française comme vos mères et vos grand-mères. Comme elles, nous avons souffert de la guerre. Comme vos mères, et vos grand-mères, nous avons souffert de l’absence de nos époux quand ils étaient partis au front avec l’espoir qu’ils en reviennent sains et saufs. Comme vos mères et vos grand-mères, nous avons travaillé à les relever des différents traumatismes de la guerre dont ils ont gardé les séquelles jusqu’à leur dernier jour.

Messieurs les autorités de la République française, pourquoi cette politique de un poids, deux mesures ? Dite-moi clairement si j’ai droit ou non à la pension de réversion de mon mari.

Je vous saurais gré des dispositions qu’il vous plaira de prendre pour me donner une suite à ma requête et à celles de beaucoup d’autres consœurs africaines qui souffrent dans le silence. Il n’est pas normal qu’en ce 21ème siècle, une lettre mette cinq ans (5) pour traverser la méditerranée alors que l’avion qui la transporte met cinq heures pour parcourir la même distance.

Dans l’espoir d’une suite bienveillante à ma requête, je vous prie de croire, Messieurs les autorités de la République française, en l’expression de ma très haute considération.

Mayaga SANOU, ménagère à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso.
Ci-joint les adresses de mon fils Kollosira Eugene SANOU, fonctionnaire à la retraite.
Email : eugeneksanou@gmail.com
Téléphone : (226) 70 59 48 88



Vos commentaires

  • Le 31 mai 2016 à 20:08, par Pascal En réponse à : Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

    Mme sanou, du courage. Ces illuminé qui nous gouvernent n’ ont pas de pitié ni pour la veuve ni pour l’orphelin. Notre mère a attendu en vain et est décédé sans toucher sa pension. À la paierie de France ont nous a dit de façon très très ferme de ne jamais y revenir. Que quand ce sera près ils vont appelé le porté fort. Cela fait 27 mois et rien.

  • Le 31 mai 2016 à 21:04, par Yaako En réponse à : Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

    Yaako, la grande Tantie ! C’est vraiment une sordide affaire.

    Mais mon souhait est que les blancs continuent fermement de nous humilier et de nous mépriser, même chez nous, c’est notre lâcheté et bêtise en tant que peuple qui permettent cela. Pourquoi les blancs font pas entre eux (l’Allemagne a payé doute sa dette à la France, la France a payé pour les déportés, même jusqu’aux USA), et c’est le noir seul sur cette terre qui est le jouet de leur fureur ? C’est que c’est lui qui a problème, il accepte vivre accroupi.

  • Le 31 mai 2016 à 21:17, par nongodo kabore En réponse à : Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

    Merci à notre grand-mère d’avoir écrit ces quelques lignes véridiques car beaucoup sont dans cette situation. Ils font passer le temps afin d’économiser au maximum sur ces pensions une fois nos parents et grands-parents morts. Qu’ils apportent des réponses maintenant ou qu’ils se taisent à jamais.

  • Le 31 mai 2016 à 21:39, par Nagandbiiga En réponse à : Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

    Chère maman Mayaga,
    En effet, vous n’êtes pas la seule dans cette situation. Cette phrase qui vous a été dite n’est pas une plaisanterie mais la triste réalité que vivent nombreuses de vos soeurs. Cette phrase est-elle légitime dans ce genre de circonstances, lorsque l’on sait comment vous avez enduré les attentes désespérées a chaque fois que votre feu mari repartait sur le champ de bataille. Ce supplice indescriptible, ma mère me l’a raconté à mainte reprises. Elle aussi attend depuis février 2010 une quelconque information sur la pension de réversion de son feu époux décédé depuis juillet 2009. J’ai eu le privilège et la chance de monter jusqu’au consulat de France mais aucune trace du dossier. Pour le moment, on attend. On attend... et j’espère que ma mère presqu’aussi âgée que vous (78 ans) aura la chance de bénéficier de son dû au moins pour aller témoigner à son mari qu’il ne se sera pas saigner pour rien. Et ça, ce n’est pas le souci des gens de la DACAM. Ils ont leur salaires qui tombent à la fin de chaque mois. Et si l’occasion se présentait, je me réserverais le plaisir de vous rencontrer pour voir si une action commune ne pourrait pas être envisagée. Merci pour votre adresse et courage à votre maman.

  • Le 1er juin 2016 à 17:28, par oeil pour oeil dent pour dent En réponse à : Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

    MES CHERS PARENTS, CETTE FRANCE N’A PAS D’AMIS. CETTE HISTOIRE ME RAPPELLE LE CAS D’UN ANCIEN COMBATTANT DU NOM SEYDOU TRAORE " SURNOM : BAMBARA SEYDOU" DOMICILLIE A MAHON PROVINCE DU KENEDOUGOU AU BURKINA. IL A FAIT PLUSIEURS GUERRES ET MEME CELLE D’ALGERIE. SES CAMARADES DE GUERRE DE MON VILLAGE ONT PERCU LEUR PENSIONS JUSQU’A LEUR DERNIER JOUR ET LUI , JUSQU’A SA MORT N’A RIEN PERCU. IL EST MORT EN 2013 LAISSANT 2 VEUVES. LA GENDARMERIE DE ORODARA AVAIT ETE CONTACTE DE MEME QUE LE PREFET DE KANKALA. SES PAPIERS ONT ETE BRULES LORS D’UN INCENDIE DANS SA COUR.
    QUE SON AME REPOSE EN PAIX.

  • Le 1er juin 2016 à 19:48, par Samory En réponse à : Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

    Bonjour grande mère ,
    Je dois dire que je suis désabusé face à tant d’ingratitude de la France !
    Cela n’est pas un fait nouveau soit , mais que cela se traduise même là ou cela est inadmissible ça ne peut que me mettre dans un désarroi totale !
    La France a toujours été le boulet de l’Afrique et aujourd’hui encore elle sévit par ses actions !
    Gardez courage , votre lutte à travers nous sera pas vaine ! Nous triompherons pour vous , pour eux , pour elles et pour toute l’Afrique entière ! La jeunesse , la nouvelle génération que nous sommes lutterons toujours ! Encore bon courage grande mère , Dieu vous accorde une longue vie afin de voir aboutir votre action !!

  • Le 1er juin 2016 à 19:55, par Samory En réponse à : Anciens combattants : Depuis cinq ans, veuve Mayaga Sanou attend la pension de son défunt mari

    Bonjour grande mère ,
    Je dois dire que je suis désabusé face à tant d’ingratitude de la France !
    Cela n’est pas un fait nouveau soit , mais que cela se traduise même là ou cela est inadmissible ça ne peut que me mettre dans un désarroi totale !
    La France a toujours été le boulet de l’Afrique et aujourd’hui encore elle sévit par ses actions !
    Gardez courage , votre lutte à travers nous sera pas vaine ! Nous triompherons pour vous , pour eux , pour elles et pour toute l’Afrique entière ! La jeunesse , la nouvelle génération que nous sommes lutterons toujours ! Encore bon courage grande mère , Dieu vous accorde une longue vie afin de voir aboutir votre action !!