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‘’Des efforts sont demandés à tout le monde ; du ministre à l’agent d’exécution’’, exhorte le ministre de l’économie…, Hadizatou Rosine Coulibaly

vendredi 27 mai 2016.

 

Les ministres de l’économie, des finances et du développement, Hadizatou Rosine Coulibaly et celui des transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière, Souleymane Soulama. Modernisation des régies, pénurie des timbres fiscaux, mobilisation des recettes et mouvement des syndicats ont été les points abordés par la patronne des finances tandis que celui des transports s’est penché sur la sécurité routière, les mesures de prévention et l’encombrement des rues des villes. C’était ce jeudi, 26 mai 2016 dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères.

C’est par le mouvement d’humeur au sein de son département, que la patronne de la bourse, Hadizatou Rosine Coulibaly, est entrée dans le vif de son sujet. « Cela montre aussi que notre démocratie marche bien et cela est très important. On n’est pas dans un système où il n’y a qu’une voix, où il y a un monologue ; on est dans un système où il y a un dialogue entre les acteurs », a-t-elle campé à ce sujet, notant que cela témoigne qu’à l’intérieur de son département, les représentants des syndicats ont leur voix.

« Je suis disponible à la participation des syndicats, et du personnel en général, à la bonne marche du ministère », a-t-elle affirmé. Elle a indiqué, dans le même ordre d’idées, avoir rencontré certaines centrales syndicales représentées dans son ministère et les autres sont en projet. Cette vision s’est également déployée en des rencontres directes avec le personnel ; que ce soit au niveau central que déconcentré via des visites de terrain dans le Centre-est. « J’ai commencé (sortie de terrain) par le Centre-est parce que, c’était d’ailleurs au lendemain de la saisie de produits prohibés et d’or, etc. », a-t-elle justifié, précisant qu’il s’est agi d’aller adresser à ce personnel non seulement des félicitations pour cette opération mais également pour parler de leurs conditions de travail. Ce« style de management participatif » a, dit-elle, pour but d’impliquer tout le personnel à la poursuite des objectifs fixés.

Le Fond commun,point d’achoppement !

Sur le point d’achoppement, le Fond commun, le ministre Coulibaly explique : « Lorsque l’on regarde l’historique et les fondements de ce Fonds commun, je me suis juste rendue compte qu’au début, le Fonds commun a été accordé par les ressources issues des recouvrements contentieux. Ça, c’était le début. Exclusivement, je dis bien exclusivement. Mais, chemin faisant, le niveau de recouvrements contentieux n’était plus très élevé et donc, on était obligé de trouver d’autres ressources pour alimenter ce Fonds. C’est cela la question. Et en tant que responsable, il est important que, lorsque vous observez une tendance soit à la baisse soit à la hausse…, vous puissiez effectivement vous posez la question ».

Pour le ministre, Hadizatou Rosine Coulibaly, c’est un débat qu’il faut mener avec les acteurs sociaux pour trouver ensemble des solutions qui permettent à la fois d’encourager le personnel et d’assurer la durabilité.Si le fonds commun vise à encourager la performance et susciter une saine émulation, son évolution suscite cependant des interrogations, a-t-elle relevé.
Elle indique également disposer de tous les chiffres d’évolution dudit fonds depuis 2001 « et c’est cela qui m’a interpellé ».

Abordant les actions au niveau de son département,Hadizatou Rosine Coulibaly a d’abord précisé : « Nous ne sommes pas un ministère de dépenses mais d’abord un ministère qui traduit les priorités nationales dans un cadre de référence » avec en ligne de mire, une croissance forte et inclusive basée sur les secteurs porteurs de croissance. « C’est un budget d’objectifs, un budget qui veut atteindre des résultats », rappelle-t-elle. Il s’agit donc d’un travail d’ensemble (même si son département est la cheville-ouvrière) pour traduire les priorités du programme présidentiel dans un cadre référentiel.

« Les priorités au niveau du PNDES (Programme national de développement économique et social), c’est que nous voulons que ce soit un programme de croissance accélérée, forte et inclusive. L’histoire a montré, malheureusement y compris dans notre pays, qu’il y a des pays qui enregistrent de forts taux de croissance mais qui s’accompagnent de sous-emplois de la jeunesse, de destruction de l’environnement, etc.

Toutes ces considérations font que nous voulons une croissance bien partagée parce qu’il y a des croissances fortes avec des inégalités malheureusement qui s’observent par-ci et par-là », étaye le ministre de l’économie, des finances et du développement, Hadizatou Rosine Coulibaly. Cette croissance va donc se baser sur les secteurs porteurs de croissance (le secteur agricole, les TIC…) en tenant compte aussi de ce qu’elle a appelé « facteurs bloquants » à savoir l’énergie, les infrastructures.

Une moralisation dans la gestion de la chose publique !

Pour que cette vision s’incarne, le ministre soutient qu’il faut des réformes courageuses à plusieurs niveaux ; énumérant des « réformes fortes » engagées par le gouvernement au niveau de la douane (pour rendre transparentes les opérations de dédouanement), des impôts (où des initiatives sont en train d’être prises au niveau des régies) et du Trésor, etc.

Elle estime qu’en même temps que l’on travaille pour accroître les recettes, il faut faire en sorte d’avoir une bonne rationalisation des dépenses publiques. Et le ton a été donné par le gouvernement à travers l’initiative de réduction du coût de fonctionnement de l’administration. ‘’Des efforts sont demandés à tout le monde ; du ministre à l’agent d’exécution’’, invite-t-elle.

En plus des réformes sur l’angle des revenus et dépenses, il est aussi question de revoir toute la chaîne des marchés publics. Pour le ministre, les marchés publics posent un problème important lié aux délais longs. Toute chose qui a un impact négatif sur l’efficacité de l’action publique (les constructions d’infrastructures sociales de base par exemple). D’où la réduction des délais et l’introduction d’éléments de transparence et d’équité. Il s’agit aussi, ici, de travailler à professionnaliser les ressources humaines et faire en sorte que le circuit puisse être amélioré.

Entre autres éléments d’amélioration, le ministre notel’éthique pour imposer les déclarations de biens et d’impartialité aux personnes impliquées dans la chaîne de passation des marchés. Une vingtaine de mesures ont donc été prises dans ce sens au Conseil des ministres du 25 mai 2016.

Sur la rupture des timbres fiscaux, le ministre Coulibaly a relevé qu’elle est liée au manque d’anticipation et aux insuffisances relatives aux passations des marchés publics. Une situation qui entraîne unmanque à gagner pour l’Etat estimé à environ 79 millions FCFA. Pour éviter de tels désagréments, le ministre annonce que les contrats seront signés sur un long temps, deux ans par exemple.

Tout en réitérant les excuses du gouvernement aux populations pour cette situation, elle a affirmé que les failles sont à placerà tous les niveaux et des responsabilités seront situées parce que, quelque part, le manque à gagner sera payé par l’Etat et le contribuable qui va devoir aussi payer encore plus.


Le transport en commun subit une baisse de 250 à 500 FCFA

C’est par une pensée pieuse en la mémoire des victimes de l’accident survenu dans la nuit du 19 mai sur la route nationale N°1 que le ministre des transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière, Souleymane Soulama a entamé ses propos. « Le sous-secteur des transports routiers en particulier, est marqué par un certain nombre de dysfonctionnements qu’il faut corriger.

Ce sont : le faible degré de professionnalisation des opérateurs qui se traduit par la forte atomicité de la profession (plus de 80% de transports-artisans), le faible degré de qualification professionnelle, la vétusté du parc roulant, et l’inadaptation du parc de véhicules poids lourds et de véhicules de transport public », a déclaré le ministre Soulama. Il revient sur des chantiers engagés par le gouvernement aux fins de répondre aux attentes des populations par la réduction significative du nombre et de la gravité des accidents de la circulation routière, la professionnalisation, la modernisation du secteur des transports et l’amélioration de la mobilité urbaine.

Egalement, un décret du 24 mai 2016 fait obligation d’installation de dispositifs de limitation de vitesse (50 km /h pour les cars en agglomération et 90 km/h hors agglomération tandis que les camions doivent observer 80 km/h hors agglomération), de contrôle des temps de conduite et de repos dans les véhicules de transport routier, ainsi que l’interdiction du transport mixte.

Par cet arrêté, il est désormais imposé l’installation de dispositif de limitation de vitesse, l’installation de dispositif permettant de déterminer les temps de conduite et de repos des conducteurs afin de lutter contre la fatigue au volant et bien d’autres mesures tels que la possession des triangles au sol, les feuilles de route, l’obligation de changer les pneus lisses.

Dans la même vision, le gouvernement a relu les conditions d’ouverture et d’exploitation des établissements de conduite (auto-écoles). Pour soutenir toutes ces actions, l’exécutif a décidé du renouvellement du parc de véhicules de transport routier et des véhicules auto-écoles. Ce qui justifie également l’exonération d’importation de 900 véhicules de transport de marchandises et d’hydrocarbures annoncés au Conseil des ministres du 25 mai 2016. Des arrêtés vont être pris et une commission mise en place pour faire la sélection. A partir de là, les promoteurs auront 24 mois pour acquérir les véhicules.

La complexité de la lutte contre le transport mixte …

Cette mesure de renouvellement des parcs automobiles pourrait s’étendre aux taxis en 2017. « Le principal problème dans ce genre d’opérations est que les taximen n’ont pas assez de garantie pour approcher les banques pour acquérir les nouveaux taxis. C’est ce qui a été constaté en 2012 », a rappelé le ministre.
Pour ce qui est de l’interdiction des transports mixtes, le ministre relativise en faisant observer qu’il faut tenir compte des réalités de certaines localités. Tout le pays n’étant pas désenclavé, les compagnies de transports n’acceptent pas desservir toutes les contrées. Par conséquent, interdire strictement le transport mixte signifierait freiner l’économie...

Sur le prix des transports en commun, le ministre a fait savoir que le gouvernement ‘’a dû négocier dur avec les promoteurs pour obtenir une baisse parce que,ces derniers évoquaient d’autres raisons pour ne pas diminuer le prix des tickets’’. Ainsi, pour tous les trajets inférieurs à 120 kilomètres, l’usager obtient une baisse de 250 FCFA sur le prix initial. Au-delà de 120 kilomètres, l’usager paie moins 500 FCFA sur le prix initial. Cette mesure devra être effective d’ici à la fin de cette semaine, annonce M. Soulama.

« Affaire des 57 véhicules de la Présidence » !

Réagissant à une préoccupation sur ce qu’il convient d’appeler « Affaire des 57 véhicules de la Présidence », le modérateur du point de presse, le porte-parole du gouvernement, RémisFulganceDandjinou, afait savoir que le fait n’est pas quelque chose de nouveau. « Dès que le Président du Faso a pris fonction, il a demandé à la Police et à la Gendarmerie de faire des actions de recherches sur ces éléments. Ce n’est pas nouveau, c’est un processus qui est engagé depuis le mois de janvier », a-t-il dévoilé.

Sur la question, le ministre des transports a précisé que tous les véhicules sont immatriculés à la DGTTM (Direction générale des transports terrestres et maritimes). La liste des 57 véhicules a donc été tirée et remise à la Police et à la Gendarmerie pour les recherches. Dans la même dynamique de recherches, le ministre Soulama a lancé un appel aux populations à dénoncer auprès de la Gendarmerie ou la Police, tout véhicule suspect.

« Nous avons pu, dans un certain nombre de garages, identifier et récupérer des véhicules que nous avons ramenés au Parc. Des véhicules fond rouge qui étaient sur cale, on a enlevé les pneus mais dès qu’on a mis la clé, le moteur a démarré ; donc tout neuf », a informé le ministre des transports sans préciser le nombre de véhicules retrouvés à ce jour. ‘’D’ailleurs, nous le savons, les anciens de la Présidence continuent toujours de circuler et je pense qu’on va les appréhender très bientôt parce qu’il y en a qu’on connaît, quand la police les arrête, ils ne s’arrêtent pas. Et comme on a instructions de ne pas poursuivre quelqu’un, on sait où ça y est et on vales récupérer’’, a informé le ministre.

Occasion pour le porte-parole du gouvernement, Remis FulganceDandjinou, de lancer un appel général au sens de responsabilité individuelle et collective des Burkinabè.‘’ Je pense que chacun de nous doit s’assumer de façon entière et honnête. Nous sommes dans un Etat qui se construit sur la base du droit, de valeurs et chacun doit faciliter l’incarnation de l’Etat de droit. Il faut que chacun s’assume pour faire en sorte que l’ensemble des Burkinabè puissent vivre en toute quiétude’’,a-t-il dit en substance, se référant particulièrement aux questions d’incivisme et d’insécurité.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net



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