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Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

mardi 3 mai 2016.

 

Décédé le 29 avril 2016 à Ouagadougou, le Pr André Nyamba a reçu les hommages de la communauté universitaire le 02 mai à l’amphithéâtre Nurukior Claude Somda. A cette triste occasion, certains proches et étudiants ont accepté, malgré la douleur, dire quelques mots sur « cette bibliothèque qui a brulé ». Lisez plutôt !

Alima Konaté, sociologue de formation

« André nous a encouragé à poursuivre les études en sociologie »

Nous sommes revenus poursuivre les études. André Nyamba était l’un des professeurs qui nous a accompagné depuis la première année et ce jusqu’à la maitrise. Aussi, il est l’un des initiateurs du troisième cycle en sociologie. Nous avons travaillé plus de dix ans mais nous sommes revenus avec l’ouverture de ce troisième cycle pour poursuivre nos études. Il faut dire que c’est lui-même qui nous a fortement encouragés à revenir pour ce troisième cycle de Master2 en sociologie. C’est vraiment un vibrant hommage que nous pouvons lui rendre et dire par la même occasion que tout ce qu’il nous a appris, nous l’utiliserons comme acquis dans notre vie professionnelle. C’est vraiment avec une grande tristesse que je vous parle ce matin. Nous prions le bon Dieu pour que la terre libre du Burkina lui soit légère. Nous sommes reconnaissantes par rapport à toute la formation que nous avons reçue. Paix à son âme !

Noël Sanou, Maitre-assistant au département de lettres-modernes

« Sa mort est une immense perte pour le monde universitaire »

Le professeur de socio-anthropologie a entrepris beaucoup d’initiatives pour permettre à ces collègues, aux étudiants de pouvoir entreprendre et poursuivre leurs recherches dans des structures qui leur procurent des ressources. On peut citer le projet « Pluri » mais aussi des partenariats de cotutelle ou de codirection avec des universités de la Belgique. Sur le plan humain, je pense que c’était quelqu’un de très sociable, qui aimait beaucoup plaisanter et d’accès facile. Moi je peux me considérer comme faisant partie de ceux qu’il a formés parce que je suis venu le trouver sur le campus. J’ai bénéficié des ressources que par exemple les labos pluri offrent aux étudiants, aux enseignants. J’ai exploité la documentation et je pense aussi qu’en tant que chercheur, il a formé des docteurs. C’est une grande perte.

Jean-Baptiste, directeur de recherche à l’Institut des sciences des sociétés

« Il s’était beaucoup investi pour la formation des enseignants et des étudiants »

André Nyamba est un professeur émérite, un collaborateur que j’ai connu depuis les années 1983. Nous avons enseigné ensemble à l’ex INAFEC. Nous avons continué ensemble à travailler au département de sociologie et animé ensemble -il en était le directeur et moi son adjoint- au laboratoire de recherche sur les identités. Il a largement contribué à la formation des étudiants et même des jeunes enseignants. C’est une immense perte pour le monde universitaire et le monde intellectuel de façon générale. Car en sa qualité de Pr titulaire, il s’était beaucoup investi pour la formation des enseignants et des étudiants. Malheureusement, la maladie le rongeait progressivement et il a dû diminuer son volume de travail pour se soigner davantage et se reposer, récupérer un peu. Mais, on sentait en lui cette farouche volonté de toujours se consacrer aux étudiants parce qu’il avait à cœur la relève des enseignants. La vieille garde est entrain de partir pour ne pas dire les vieux professeurs titulaires sont entrain de partir. Et lui avait à cœur d’encourager les jeunes chercheurs, enseignants et étudiants à se former pour prendre la relève des enseignants d’aujourd’hui. Sur ce plan, c’est une immense perte surtout pour le département de sociologie et le laboratoire que je dirige avec le lieu.

Issiaka Dabéré des Editions Sidwaya

« J’ai côtoyé des personnalités de renom de ce pays grâce à André »

J’ai connu le professeur André Nyamba en 1982 avec le Dr Ki Paulin. On était tous célibataire et moi j’étais leur petit frère qu’ils envoyaient payer entre autres la boisson. Aussi, nous prenions, en son temps, le thé ensemble. C’est ainsi que lorsqu’il a décidé de construire sa maison dans la zone non lotis, il m’a fait confiance en me disant de gérer le fonds pour faire exécuter les travaux de la construction. Les soirs, il venait au chantier pour qu’on se restaure ensemble. Et moi je lui faisais le compte rendu. Le grand souvenir qui m’a aussi plus marqué, c’était la naissance de sa fille qui Dieu merci est aujourd’hui Médecin et mère de famille. Je ne cesserai jamais de le dire, le défunt était d’abord un grand frère mais aussi un conseiller. J’ai beaucoup appris à son ombre car grâce à lui, j’ai côtoyé des personnalités de renom de ce pays. Il s’agit du capitaine Thomas Sankara, Blaise Compaoré, Ali Lingani, Fidèle Toé pour ne citer que ceux-là. L’homme qu’il était avait l’amour pour son pays et c’est ce qui m’a surtout marqué. En plus, il était honnête et digne dans le travail. Le bonheur se construisait avec lui dans le travail. Je me rappel comme si c’était hier, au lancement des Editions Sidwaya, le Pr Nyamba n’arrêtait pas de donner des conseils à travers ma modeste personne à des journalistes. En effet, je l’envoyais les parutions de la semaine, il m’interpellait par moment sur l’écrit de tel ou tels journalistes. Mieux, il disait qu’il fallait que le journaliste en question change sa manière d’écrire. Il y avait certains qui acceptaient les critiques mais d’autres par contre me disaient que je n’avais rien à leur apprendre.

Bruno Jaffré

« Pr Nyamba était quelqu’un qui avait une culture immense et j’étais fier d’être son ami »

Je fréquente très régulièrement le Burkina Faso depuis 1983. André Nyamba c’est mon meilleur ami et mon grand-frère. Pour nous les européens, la culture africaine est assez complexe et difficile à saisir. Et comme outre mes activités politiques, lorsqu’on a décidé d’installer le téléphone dans les villages de sa région et dans d’autres régions d’ailleurs, il était extrêmement pertinent pour m’expliquer comment il fallait faire et il l’a fait. Nyamba était quelqu’un qui avait une culture immense et c’est vrai, j’étais fier d’être son ami. Il ne parlait pas énormément mais il avait toujours des phrases assez courtes qui étaient riches et pertinentes et ça crée des liens y compris très intimes sur notre vie privée. Je logeais chez lui quand je venais au Burkina Faso. André, c’est quelqu’un avec qui on s’amusait beaucoup. Il aimait manger, boire, etc. On a passé de très bons moments, et en France c’était pareille. Chaque fois qu’il venait j’essayais d’acheter les mets qu’il aimait et qu’on ne trouvait pas comme les huitres, la bonne chair, les saucissons (…). Dans la même dynamique, André était extrêmement sensible malgré sa position scientifique et les connaissances qu’il avait. Il avait de la culture française bien supérieure à la mienne. Son intelligence, sa modestie, son engagement et ce côté rebelle m’ont beaucoup attiré. Du reste l’éducation qu’il a donnée à ses enfants était une excellente éducation qui n’est pas tout à fait celle qu’on donne dans la culture africaine. Parce qu’il a donné beaucoup d’autonomie à ses enfants. Ce qui est assez important mais qui n’est pas la chose principale. Je pense qu’en Afrique on enseigne d’abord le respect à ses enfants tandis que lui a travaillé à leur donner une autonomie pour qu’ils soient des personnes qui savent faire des choix dans la vie et ne pas se laisser opprimer. Si je n’étais pas là ou s’il n’était pas là, on était toujours au téléphone pour échanger. Ça nous faisait du bien à tous les deux.

Propos recueillis par Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 4 mai 2016 à 07:50, par Raogo En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    Un homme de bien même mort reste toujours un homme de bien !

  • Le 4 mai 2016 à 08:11, par observateur01 En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    Pr André Nyamba etait reellement quelqu’un de bien. Nous avons beneficié de ses connaissances qu’il dispensait avec beaucoup de plaisir et d’enthousiasmes. En 2003, au moment ou nous etions entrain de nous demander si nous avons fait le bon choix en s’incrivant en sociologie, il est l’un des professeurs à nous avoir encourager à perseverer. De surcroit, la bibliotheque "pluri" nous à fourni la documentation necessaire pour l’elaboration de nos documents de fin de cycle.
    De ce monsieur, je retiens un homme très aimable, sociable, plein d’humour et sans aigreur aucune !
    Je souhaite que la génération actuelle de professeur s’inspire de son exemple. Paix à son âme !

  • Le 4 mai 2016 à 09:37, par douèssaa En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    Repose en paix Pr.

  • Le 4 mai 2016 à 11:36, par Bamos En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    C’était simplement le père de tout le monde. Mais comme chacun doit faire son temps et partir, alors<< SAMO DE TOUS LES MOSSE, DORT EN PAIX>>

  • Le 4 mai 2016 à 19:45, par Mechtilde Guirma En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    Je me rappelle que lors de la rencontre internationale sur l’ethnicité, identité et processus démocratique en 1998 (la conférence avait été organisée par la faculté de sociologie de l’Université libre de Bruxelles et la faculté des Sciences politiques de l’Université de Ouagadougou), le professeur Nyamba dans sa communication s’est bien payé de la tête des Mossé en reprenant de façon ludique la description du « colporteur Mossi » (par un auteur français et consigné dans nos livres de « morceaux choisis » et sujet de nos dictées dans les lycées et collèges de l’époque coloniale). Il l’a fait de façon très subtile sans même prononcer le mot mossi de telle sorte que personne ne puisse contre attaquer. Mais chaque phrase provoquait le rire de l’assistance. Le professeur en quittant la chaire fut longuement applaudi et par moi aussi d’ailleurs. Cependant, le professeur se doutait-il d’une éventuelle réponse par quelqu’un d’autre qui s’y serait reconnu et réagirait ? Moi en tout cas je n’en ai pas douté puisqu’il a quitté immédiatement la salle après sa communication. Mais le mystère n’était que pour les étrangers qui étaient là.

    Puis vint mon tour où je devais présenter à l’assemblée mes recherches sur « La case des ancêtres, démocratie et valeurs culturelles ». J’avais évidemment préparé ma flèche. Donc avant de commencer ma communication, je fis cette parenthèse à peu près en ces termes : « Il faut que notre yamba là (yamba en moré veut dire esclave) sache que nous les mossé nous ne pouvons pas nous contenter de figues sauvages comme cela se passe peut-être chez eux, mais il nous faut aller à Salaga (origine, au même titre que Gambaga, de l’ethnie moagha, la case des ancêtres en territoire ghanéen) chez nos parents maternels chercher la noix de cola (la friandise qui prime toutes les autres friandises du fait de son importance socio-culturelle dans les activités, qu’elles soient économiques politiques ou religieuses). La mention de parents maternels dans ma réaction « contre » le professeur NYamba le Samogo, rangeait également derrière moi les professeurs de l’Université, des grandes ethnies : Dagara, Birifor, Lobi, Gan, et d’autres dans la salle. Alors les autres professeurs (surtout les Mossi requinqués) qui étaient là se précipitèrent chez lui et lui dire fièrement qu’une réponse lui avait été bel et bien appliquée.

    Nyamba ne s’avouant pas vaincu, revint à la séance suivante, et en prenant la parole pour une éventuelle question il commençant par un « rectificatif » de son nom pour expliquer qu’il ne faudrait confondre l’orthographe du nom N Yamba, à celle du vulgaire mot de yamba, parce son nom indique un grand maître (des Mossé sous-entendu). Rire de toute la salle

    Moralité, le professeur savait que dans les us et coutumes burkinabé, on peut attaquer verbalement son ennemis, mais tant qu’on ne le fait pas nommément, ce dernier ne peut répondre sinon il y aura risque de conflit, et en cas de jugement il ne peut y avoir raison.

    Dans le cas de ma réponse tout aussi subtile que la sienne, il a trouvé la réplique adéquate mais en la déclassant sur une autre séance d’un autre sujet et sur un terrain neutre qui lui donnait toute latitude en raison du fait qu’il fallait d’abord se présenter avant de prendre la parole.

    Vous l’auriez tous compris tout de suite, le professeur de façon pédagogue, aurait introduit ce langage de sourd de nos traditions et l’aurait intégré dans le principe premier de la parenté à plaisanterie qui est un ciment politique très fort entre les ethnies au Burkina-Faso.

    Nous étions alors au début des réflexions sur la question de la démocratie à partir des concepts ethniques qui, s’ils posent problème dans de nombreux pays d’Afrique, le Burkina reste par excellence le modèle parfait de ce dialogue interculturel pour la paix et la stabilité politique.

    « Heureux les artisans de paix car ils seront appelés Fils de Dieu » (Mathieu, 5, 9)

    Aussi le professeur Nyamba n’a donc pas manqué l’occasion de proclamer au monde ce message divin de la paix en utilisant son talent d’orateur tribun dans les prétoires des temples du savoir du Burkina, d’Afrique toute entière… et du monde international.

    Certes le Burkina vient de perdre un trésor immense en la personne du professeur Nyamba, mais ce que nous ne devons pas oublier, c’est qu’il a laissé un gros héritage en traçant avec tous ses autres collègues de nos universités (auxquels d’ailleurs je présente mes condoléances) les sillons des voies d’or vers l’émergence du continent. Et c’est sur ces objectifs, désormais, que nous devons fixer notre attention si nous voulons garder le professeur Nyamba toujours vivant parmi nous.

    Que la terre de « ses maîtres » lui soit légère, et que son épouse, ses orphelins et tous ses parents y prospèrent à jamais.

  • Le 10 octobre 2016 à 22:45, par Ids En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    Mes sincères condoléances à toute sa famille et tous ses proches.

  • Le 3 décembre 2017 à 20:25, par Joelle En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    André Pardon de te retrouver maintenant...Une vie et parfois difficile ,ont oublie pas le passer les rencontres, mais l’on oublie les non des personnes qui ont croisé nos route.Et toi tu a croiser la mienne dans les années 1970 pour plus précisément 1976 ou 77 je ne s’est plus trop car je ne remettais d’un grave accident.Je me souvient et me souviendrais toujours de la première fois que je t’es aperçus ...Tu sortais d’une douche juste ta serviette au tour de ta taille et le soleil était déjà parti.
    Je t’es vue a la lueur de la lune... Cher André , je pensée a toi si souvent essayent d’avoir de tes nouvelles mais sens résultat .J’aurais t’en voulue te revoir,mais la vie en a décidée autrement.Se soir après la préparation d’une autre vie pour moi j’ai décidée de faire un vide maison ..(vendre tout se que j’ai. Tout les anciens souvenirs) Et après de nombreux déménagement cette boite ou tes lettres était caché me revient et avant de la jetée j’ai regardé toute ces cartes entassées ,et là je tombe sur ta correspondance et ton non et apparu alors je me suis précipité sur inter-net ...Et je voie que tu nous a quitté l’année dernière ....je pleure de rage auprès de cette vie qui nous a séparée et qui nous a pas permis de nous retrouver...J’espère que tu repose en paix...Je d’oublirais pas .Et que quand cela sera a mon tour de quitter cette terre nous nous retrouveront....Joelle un souvenir de vendange en Dordogne...

  • Le 3 décembre 2017 à 20:28, par Joelle En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    André Pardon de te retrouver maintenant...Une vie et parfois difficile ,ont oublie pas le passer les rencontres, mais l’on oublie les non des personnes qui ont croisé nos route.Et toi tu a croiser la mienne dans les années 1970 pour plus précisément 1976 ou 77 je ne s’est plus trop car je ne remettais d’un grave accident.Je me souvient et me souviendrais toujours de la première fois que je t’es aperçus ...Tu sortais d’une douche juste ta serviette au tour de ta taille et le soleil était déjà parti.
    Je t’es vue a la lueur de la lune... Cher André , je pensée a toi si souvent essayent d’avoir de tes nouvelles mais sens résultat .J’aurais t’en voulue te revoir,mais la vie en a décidée autrement.Se soir après la préparation d’une autre vie pour moi j’ai décidée de faire un vide maison ..(vendre tout se que j’ai. Tout les anciens souvenirs) Et après de nombreux déménagement cette boite ou tes lettres était caché me revient et avant de la jetée j’ai regardé toute ces cartes entassées ,et là je tombe sur ta correspondance et ton non et apparu alors je me suis précipité sur inter-net ...Et je voie que tu nous a quitté l’année dernière ....je pleure de rage auprès de cette vie qui nous a séparée et qui nous a pas permis de nous retrouver...J’espère que tu repose en paix...Je d’oublirais pas .Et que quand cela sera a mon tour de quitter cette terre nous nous retrouveront....Joelle un souvenir de vendange en Dordogne...

  • Le 18 février 2018 à 00:59, par MARIE-JEANNE Jocelyne En réponse à : Décès du Pr André Nyamba : Témoignages émouvants des proches

    Je suis originaire de l’île de Martinique aux Antilles et je viens juste de découvrir le décès de André et je suis profondément attristée par cette nouvelle.
    J’ai eu a le cotoyer, à Bordeaux et à cette occasion je l’ai aider à son mémoire de doctorat d’Etat.
    Je garde l’image d’un homme qui avait un grand respect des autres, une joie de vivre et surtout un grand sens de l’humour.

    Je souhaite mes sincères condoléances à toute sa famille.