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Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

jeudi 28 avril 2016.

 

Ce qui s’est passé à Nagaré dans la commune de Logobou, où des élèves ont brutalisé et saccagé des domiciles de leurs enseignants, brûlé le drapeau national, a montré aux yeux de tous, ce que sont en réalité certains élèves, abusivement désignés sous le vocable « relève de demain ». Les consciences se sont réveillées et l’indignation partagée des burkinabè, doit aller au-delà des simples condamnations et sanctions car le mal est plus profond qu’on ne pense.

L’école est d’abord le lieu où les élèves reçoivent le savoir et le savoir-faire. L’éducation à proprement parler, s’acquiert d’abord au niveau de la cellule familiale. D’où la nécessité d’une prise de conscience des parents, du devenir de leurs rejetons.
Si les évènements de Nagaré ont heurté profondément les consciences, l’honnêteté veut qu’on reconnaisse que de tels actes, allaient tôt ou tard se produire en milieu scolaire. Peut-être que nous n’avons pas vu le pire, et que des surprises nous attendent encore. En effet, les prémices et les signes avant-coureurs étaient d’une évidence telle qu’on se demande, ce qu’attendaient les gouvernants pour revoir de fond en comble, les règlements intérieurs de nos écoles, collèges, lycées et universités.

Les exemples de cas d’indisciplines notoires, d’agressions verbales et physiques envers des enseignants sont connus. Ça fait longtemps que certains élèves et étudiants jouent aux caïds, dans les espaces scolaires et estudiantins et même dans les rues dans l’indifférence générale de tous.

Les adultes ont démissionné de leur responsabilité

Les adultes que nous sommes, avons pour la plupart d’entre nous, démissionnés de nos responsabilités de pères et mères ; de frères et sœurs. En effet, combien sommes-nous aujourd’hui à réprimander, voir corriger nos enfants lorsqu’ils sont en faute même pour les cas les plus graves ?

C’est tout comme si les adultes et les parents avaient peur des enfants d’aujourd’hui, de leurs enfants. En effet, on prétexte le changement d’époque (les temps ont changé dit-on) pour démissionner totalement de l’éducation de nos enfants. Alors, le mimétisme des mauvais comportements, la mauvaise compagnie, l’influence des séries télévisuelles, entre autres, deviennent les causes de perdition des jeunes sans caractère et sans repère.

Des élèves voleurs, drogués, pyromanes…

Des élèves voleurs, violeurs, pyromanes, proxénètes, commerçants et consommateurs de stupéfiants, assassins et tout ce qu’on peut imaginer de mauvais et qu’on retrouve généralement dans les milieux de la haute pègre et des parrains de la Mafia Sicilienne, se retrouvent dans nos cadres d’enseignement et d’apprentissage. Certains, sont des récidivistes notoires connus des forces de sécurité.

Qu’on s’étonne aujourd’hui de ce qui s’est passé à Nagaré, s’apparente à de la mauvaise foi et à une fuite en avant. En effet, depuis au moins une dizaine d’années, de la mauvaise graine a germé dans ces espaces. Cette mauvaise graine n’a pas été arrachée et est en train de contaminer tout le champ, occasionnant alors d’énormes dégâts et pertes de la moisson.

Les causes sont profondes et il faut maintenant soigner le mal à la racine

Il ne faut surtout pas se tromper de diagnostic au risque de proposer de faux remèdes et une thérapie inappropriée. Aussi, il faut en premier lieu admettre l’ampleur du mal et lui donner toute l’attention requise. Seulement, on pourra avec une bonne dose de volonté et de solidarité généralisée contre les travers de notre jeunesse, essayer de redresser la barre.

Mais pour ce faire, chacun doit faire son mea-culpa : parents, gouvernement, éducateurs, associations d’élèves et d’étudiants...

Lorsque les parents ratent la première phase de l’éducation au sein de la cellule familiale, il devient très difficile pour l’enseignant ou la société de récupérer l’enfant, qui sauf coup de théâtre ou miracle, est prédestiné à être un déchet de la société.
Que dire où faire lorsqu’eux-mêmes n’ont pas un comportement exemplaire ? En effet, il n’est pas rare de voir des personnes adultes, se délecter des casses, des pillages et autres incendies dans un passé récent, s’ils n’y ont pas pris activement part tout simplement. Peut-on dans ces cas, être des boussoles pour la jeunesse ? Si oui, ils ne font que nous imiter alors dans nos actes et nous ne devons donc pas nous plaindre. Dans le cas contraire, il faut condamner tout acte qui est aux antipodes du bien, qui viole les droits humains ou qui porte atteinte à quelques libertés que ce soit, sans aucun état d’âme.

Ces enseignants qui donnent de mauvais exemples

Il est aussi du devoir des enseignants de se faire respecter par leurs élèves. Comment l’élève peut-il respecter par exemple son enseignant à qui il offre la cigarette ou la bière ou pire, avec qui il écume les maquis et autres lieux, même de dépravations ? C’est dire que l’enseignant doit préserver son honneur et sa dignité dans n’importe quelle circonstance.

Le gouvernement quant à lui, doit véritablement impulser toutes les mesures législatives, et prendre les textes réglementaires qu’il faut, pour sécuriser les enseignants et nos cadres d’apprentissage. De même, les mesures disciplinaires doivent être relues, dans le sens de les rendre plus sévères et donc dissuasives. L’enfant qui ne peut pas s’accommoder de ces règles, devra être remis à ces parents tout simplement. L’État devra aussi revoir le contenu même des programmes pour y insérer des matières obligatoires telles l’éducation morale et civique et le droit, et multiplier les centres pour enfants et jeunes marginaux, et /ou en difficulté d’insertion sociale. Des éducateurs spécialisés seront à l’œuvre dans ces centres afin de récupérer ceux qui peuvent encore l’être. La revalorisation du métier de l’enseignant est aussi un passage obligé.

Redoubler de vigilance et de solidarité

Quant à la société, elle devra être plus vigilante et solidaire pour dénoncer, condamner et corriger les enfants qui, à peine sortis des jupes de leur mère, s’adonnent en public à des actes répréhensibles. Elle doit ensemble, se liguer contre ces jeunes dépravés qui veulent en imposer aux autres.

Nous sommes tous responsables de ce qui nous arrive aujourd’hui. Soit par peur ou par amour, on laisse les plus jeunes devenir les adultes ; l’enfant le père ou la mère ; la femme le mari ; la servante la maîtresse de maison ; l’élève le maître...en un mot, le monde à l’envers. Il faut donc que cela change et que chacun regagne sa vraie place, dans une Afrique et partant, un Burkina Faso débarrassé des tares de l’Occident et pour un retour ou tout le moins, un recours à nos sources.
Une Afrique dans laquelle, le respect de certaines valeurs sont non-négociables tandis que certaines pratiques sont totalement bannies.

Angelin DABIRE
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 28 avril 2016 à 14:49, par Sidzabda En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    cet article n’apporte rien comme solution à la crise de l’école. tout le monde est responsable même toi auteur du présent article surtout que tu ne donne aucune proposition de solution. rien ne sert d’étaler les causes de ces crises, tout le monde les connait. mais maintenant le problème c’est comment y remédier. je ne serai pas étonner qu’on trouver des avocats pour crier sur les toits qu’il faut réouvrir rapidement l’école parce que c’est la période des examens et que sais-je encore. la seule solution c’est des sanctions radicales et là aussi certains parents ou acteurs des droits de l’homme vont crier à l’atteinte des droits de l’homme. que faut-il alors faire ???
    non il faut laisser l’autorité politique et administrative sévir et rien que.
    certains parents sont l’avocat de leurs enfants malgré les graves erreurs qu’ils commettent. alors, monsieur ANGELIN, j’aurai souhaité que vous soyez un ange pour trouver des solutions mais dommage, vous êtes un humain comme moi avec justes des propositions qui ont d’ailleurs leurs limites/

  • Le 28 avril 2016 à 15:36, par Cheikh En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    Très bonne intervention, et bravo à Mr DABIRE ! Mais n’est-ce pas plus réaliste d’enfoncer le clou en le redressant, que de vouloir le remplacer totalement ? Est-ce possible même si on le voulait, de tout arrêter et recommencer à zéro ? Quoiqu’il en soit, il faut sévir avec la dernière énergie, sans fléchir !

  • Le 28 avril 2016 à 15:36, par Jeunedame seret En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    Ma belle chère soeur DABIRÉ ! Vous avez tout bien dit. Et bien fait ?! Je m’en doute, car la parenté est une corvée ; et les enfants se créent des prix. Auriez-vous déjà essayé dans la rue ou dans la vie, une répression à un autre poupon ? À quelle occasion ? Pour quelle correction ? Vous-a-il assimilé la leçon sans diverses plaintives réactions ? J’aimerais bien vous imiter si tout sent toujours bon.

  • Le 28 avril 2016 à 15:37, par KOASSA En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    Le mal est profond. c’est la société toute entière qui doit faire son auto critique. il faut valoriser l’agent de l’état car il represente l’etat dans les limites de sa compétence. les agents de santé , les agents des impôts, les douaniers, les agents de sécurité , de justice , les enseignants, les agents de l’inspection du travail , etc.. sont agressés dans l exercice de leur fonction et l’état qui doit les protéger fait la sourde oreille. c est pourquoi après les agents ce sont les symboles de l’état qui sont attaqués.

  • Le 28 avril 2016 à 15:39, par Guira tiko En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    C est une triste réalité.non seulement les parents ont demissionné comme ponce PILATE mais aussi letat ki vend moins cher ses agent en les depouillant de toute autorité dans les etablissement.Combien dactes de vandalisme envers les enseignant don les rapport restent dan les tiroirs.Pendant kon parle de NAGARE,on apprend kun elève assome son prof avec une planch a ouahigouya.Ce ki demontre une situation epidemique. On gagnerait a prendre des mesure draconienne pour redorer le blason du milieu educatif et revaloriser aussi la fonction enseignante.

  • Le 28 avril 2016 à 15:41, par Amadoum En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées : POUR UNE FOIS, EPARGNONS L’OCCIDENT !

    L’Occident aussi a ces memes problemes, a la seule difference, qu’elle croit avoir les moyens pour son combat. Ce qui n’est pas evident, car, a voir les series de fusillades sur les campus dans certains pays occidentaux, on est tente d’avoir des doutes. Si seulement vous pouviez faire une comparaison contemporaine de l’environement scolaires du Burkina Faso a ceux de France, d’Angleterre ou des Etats Unis, vous seriez surpris. Si nous ne pouvons pas aider l’Occident, ce sera mieux de l’epargner cette fois-ci. Cela ne doit pas nous empecher de nous pencher sur certaines solutions que M. Dabire propose.

    Pour commencer, la morale et l’education civique doivent etre enseignees de la maternelle au CM2, par des enseignants integres et, qui savent ce qu’est l’ethique de la profession d’enseignant. Il faut aussi que les dirigeant politiques comprennent qu’ils doivent donner l’exemple, en se mettant en face de la CORRUPTION, sous toute ses formes.

    Le mal est tres grand et tres serieux. Il faut que nous le prenions a bras le corps MAINTENANT. Ca prendra le temps qu’il faut, mais il nous faut commencer.

  • Le 28 avril 2016 à 17:10, par olivier En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    A cet propos , je suis tout à fait d’accord avec Mr Sidzabda de sa reaction . On dirait que cet mal est devenu contagieux dans chaque provinces .... Quel est la solution pour la calmer....

  • Le 28 avril 2016 à 17:13, par L’Oeil du peuple En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    C’est de l’incivisme notoire ce qui c’est passé à Nagaré. Et l’Etat doit changer le fusil d’épaule de manière énergétique. A grands maux(délinquance, viols, incivisme, banditisme, drogue, impolitesse scolaire) les grands remèdes.

  • Le 28 avril 2016 à 17:19, par Jacques En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    "Les responsabilités sont partagées." On a tellement entendu ça sous l’ère des Compaoré au point que ça frise le foutage de gueule. Dans un manquement, il n’y a JAMAIS de partage de responsabilités. En droit, la responsabilité est individuelle et proportionnelle aux rôles et aux prérogatives de chacun dans le préjudice.
    Avez-vous jamais entendu cette phrase creuse (et qui ne fait qu’encourager l’impunité) en France ou aux Etas Unis ? Il y a eu le scandale du sang contaminé en France ou le 11 Septembre aux Etas Unis mais personne n’est venu dire que les responsabilités sont partagées. Alors basta.

  • Le 28 avril 2016 à 17:36 En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    Cela arrive parce que nous sommes tous responsables, nous copions trop l’occident, droit, par là, droit par ci, NON, à partir de maintenant au pays des hommes intègres il faut enseigner le DEVOIR et la RESPONSABILITÉ au niveau parental, des enfants, des travailleurs, des chefs de services, des maires, des directeurs, députés, ministres, jusqu’au président. Le droit ne construit pas, il aliène, la RESPONSABILITÉ et le DEVOIR ÉLÈVENT.

  • Le 29 avril 2016 à 04:33, par Cholly En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    Hmmm... Les enfants ont réagi de la même manière que le soit disant peuple lors de l insurrection. Brûlés les maisons de certaines autorités, détruire et saccager les biens publiques et privés et saccager l’assemblée qui comme le drapeau est un grand symbole à être respecté. Incivisme partout. Un philosophe disait : Chez les hommes quand tu tués un homme tu es un assassin, tu tue 10 tu es un tyran, tu tues 100 tu es un héros et tu les tues tous tu es un dieu. À réfléchir. J ai l impression que depuis l insurrection populaire on a pas le droit d avoir une pensée critique la dessus. Les victimes de l insurrection sont malheureusement Instrumentalisee et l insurrection elle même mystifiee.

  • Le 29 avril 2016 à 13:17, par S.Moussa Traore En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    les encadreurs exercent aussi de la violence injuste a travers des questions de jalousie d’ou les filles sont la cause,a travers egalement des propos blessants de certains prof qui peut aller a l’injure des parents de l’ecolier ou a la dignite des etudiants et j’en passe.condamnez les apprenants et aussi les enseignant.chacun a sa part ici

  • Le 29 avril 2016 à 14:21, par faber En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées

    Madame Dabiré, je vous admire pour cette éffort de réflexion et je suis parfaitement d’avis avec vous ! Pour cela je souhaite que l’Etat revienne(police, justice) s’impose partout et à tous. Que les enquêtes aboutissent à l’arrestation et à la sanction de tous ces déchets scolaires !
    Que désormais, obligation soit faite aux parents dont les enfants seront à l’œuvre de vandalisme de dédommager, car ils seront tenus aussi comme responsables de ces actes.
    Restauration de la souveraineté du conseil de discipline de chaque établissement, ainsi que de l’autorité de l’éducateur.
    Relire les textes concernant les droit de grève et manifestation des élèves.
    Rappelle des codes de déontologie aux encadreurs.

  • Le 29 avril 2016 à 14:52, par Borè En réponse à : Violences scolaire et estudiantine : Les responsabilités sont partagées.C est très touchant cet affaire.L autorité doit prendre des sanctions concrètes et concrétisables contre ces delinquants scolaires.les elèves ont trop d droits.Eduquons burkinabé...

    C es tres touchant !l Etat doit prendre des sanctions concrètes et concrétisables contre ces delinquants scolaires.Eduquons burkinabè o lieu d nous égarer comme des moutons.