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Rapport d’Amnesty international : Plus de la moitié des filles dans certaines régions se marient avant l’âge de 18 ans

mercredi 27 avril 2016.

 

Amnesty international-Burkina a rendu public son rapport 2015. Les mariages précoces et forcés volent leur enfance à des milliers de filles dont certaines n’ont pas plus de 13 ans, tandis que le coût de la contraception et d’autres obstacles les empêchent de choisir si et quand elles souhaitent avoir des enfants. C’est ce 25 février que le document a été présenté à la presse.

Dans le cadre de la campagne « Mon corps : mon droit », Amnesty international a lancé une campagne au Burkina sur les barrières à l’accès aux droits sexuels et reproductif set leur impact sur la vie et la santé des femmes et des filles, le 15 juillet 2015. Après une année de travail de sensibilisation, l’organisation a publié son rapport 2015, ce 26 avril 2016. Ce document intitulé « contraintes et privées de droits : mariages forcés et barrières à la contraception au Burkina Faso », selon Yves Boukary Traoré, présente les conclusions et recommandations de l’organisation en matière de droits sexuels et reproductifs au Burkina.

En vertu du droit du Burkina Faso, indique le rapport, le mariage précoce et forcé est interdit, mais d’une manière inadéquate et discriminatoire. L’âge minimum légal pour le mariage est de 21 ans pour les hommes et 17 ans pour les femmes. Cette loi s’applique uniquement aux mariages enregistrés par l’Etat-une faible proportion des mariages ayant lieu-, pas aux mariages traditionnels et religieux. Cependant, plus de la moitié (51,3%) des filles âgées de 15 à 17 ans dans la région du sahel sont déjà mariées.

« Bien trop de femmes et de jeunes filles au Burkina Faso n’ont aucun contrôle sur leur vie : elles sont privées du droit de choisir si, quand et avec qui elles se marient et si elles souhaitent avoir des enfants », a déclaré Alioune Tine, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty international.

Aucun choix en matière de contraception

Selon les chiffres officiels, moins de 16% des femmes ont recours à une méthode moderne de contraception. Ce qui contribue fortement à la possibilité de grossesse non désirées et parfois à des grossesses à haut risque. Et près de 30% des filles et des jeunes de 15 à 19 ans en milieu rural sont enceintes ou ont déjà eu leur premier enfant, malgré le fait qu’elles sont deux fois plus susceptibles de mourir durant la grossesse ou l’accouchement que les filles de plus de 20 ans.

« Presque toutes les femmes et jeunes filles interviewées (379) femmes par Amnesty international ont dit avoir été insultées ou agressées physiquement lorsqu’elles ont soulevé la question de la contraception avec leur conjoint » indique le rapport. Aux nombres des obstacles y figurent également le manque de moyen financier, l’ignorance, la distance des centres de santé etc.

« Mon corps : mon droit. Ce n’est pas aux autres de décider à leur place » soutient Gaëtan Mootoo. Voilà pourquoi, tout en reconnaissant les efforts consentis par le gouvernement, l’Amnesty international lui recommande d’intégrer l’ensemble des OSC, les organisations communautaires, qui travaillent sur le terrain pour changer la vie des femmes et des filles victimes de mariage forcé ou qui n’ont pas droit librement à l’accès des contraceptions. Il lui est aussi recommandé de reformer en urgence le cadre juridique de sorte que l’interdiction du mariage précoce et forcé soit applicable à toutes les formes de mariages notamment les mariages coutumiers et traditionnels. Egalement, l’organisation demande au gouvernement de réviser l’âge minimum du mariage en le fixant à 18 pour à la fois les hommes et les garçons et les filles. Une tolérance zéro envers les mariages forcés et précoces, et d’améliorer l’accessibilité à l’information à la santé sexuelle et des services pour les femmes et les filles, sont aussi demandées au gouvernement.

Amnesty s’est enfin appesantie sur le cas des victimes de viol et qui sont tombées enceintes. A cet effet, le rapport suggère la modification du code pénal sur la disposition obligeant les victimes de viol d’obtenir une autorisation judiciaire avant d’accéder à un avortement légal.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 27 avril 2016 à 08:30, par pourmoi En réponse à : Rapport d’Amnesty international : Plus de la moitié des filles dans certaines régions se marient avant l’âge de 18 ans

    "plus de la moitié (51,3%) des filles âgées de 15 à 17 ans dans la région du sahel sont déjà mariées"
    Je puisse vous dire aussi que cette région a le plus bas, je dirais très bas taux de prévalence au VIH/SIDA. Pourquoi ? parce que le taux que vous avez avancé est juste et je le soutien. C’est filles/femmes ne connaîtrons qu’un seul homme dans leur vie sexuelle. Allez y comparer avec Ouaga et Bobo où chaque filles, comme vous savez les conseillé ; Du n’importe quoi.
    Un jour une amie dans la trentaine me disais : a cause des histoires de non au mariage forcé, je n’ai pas de mari. si mon père pratiquait toujours ce type de mariage, a l’heure là j’avais un mari. On nous a laisser de choisir nos hommes, voici que j’ai mon boulot, les hommes ont peur de me faire la cours, les rares qui parviennent, sont déjà mariés, et ne veulent que tirer et fuir." je lui ai répondu, quand tous sera terminé, marchez sur vous même"femme".
    NON AU MARIAGE ARRANGE !
    NON A LA POLYGAMIE !
    OUI A LA PROSTITUTION !
    OUI A LA DÉPRAVATION DES MŒURS !

  • Le 27 avril 2016 à 09:00, par Amelde En réponse à : Rapport d’Amnesty international : Plus de la moitié des filles dans certaines régions se marient avant l’âge de 18 ans

    Je suis en phase avec beaucoup de choses dites dans cet article et au delà je suis en phase avec la majorité des luttes d’Amnesty.

    Néanmoins je pense qu’il y a des relents nauséabonds de suprématie culturelle telle que le problème nous est présenté. C’est peut être aussi pour cela que la sensibilisation ne "sensibilise" pas tellement. Si vous allez vers les gens en disant que c’est leur "mariage" qui est le problème (puisque c’est ce qui fait que la plupart des jeunes filles se marient avant l’âge) ou que la fille est systématiquement victime ; c’est pas la bonne approche ! Il y a que culturellement certaines pratiques se justifient et d’autres non (le mariage forcé par exemple n’est autorisé dans aucune tradition ; ce sont des abus).

    Il faut plutôt voir comment amener les communautés à travailler à la fin des abus justement ; pour cela il faut comprendre ce qui fait que des communautés marient au plus tôt leurs filles. Une bribe de réponse a été avancée et c’est "le manque de moyen financier, l’ignorance, la distance des centres de santé etc". C’est à mon avis ce qu’il faut revoir le plus ; c’est à dire aider les communautés (et les filles en particulier qui ne sont pas scolarisées) à mener des activités qui apportent des revenus, instruire, rendre accessible l’hôpital et l’information sanitaire, ...

  • Le 27 avril 2016 à 09:58, par Le Fair Play Citizen En réponse à : Rapport d’Amnesty international : Plus de la moitié des filles dans certaines régions se marient avant l’âge de 18 ans

    En voilà qui est bien dit. Le combat est loin d’être entamé. Je me rappel qu’après une conférence sur le même thème dans un village, ces mêmes femmes et jeunes filles m’ont taxé de vouloir détruire leur foyer car disent-elles, le corps de la femme appartient à l’homme, la femme ne peut refuser que "l’homme monte la nuit".
    Elle affirment aussi que des cas de contraception sans l’accord du mari ont conduit à des complications de santé, d’où la révolte de tout le village contre ces produits.
    Au village, les femmes estiment que c’est impossible de refuser et il est vraiment impératif qu’un travail de sensibilisation très très très minutieuse et bien conçue soit mis en place.
    BRAVO Amnesty d’avoir levé une fois de plus ce "gros lièvre" ! Que vivement il soit rattrapé cette fois ci.

  • Le 27 avril 2016 à 12:04, par Vision 2070 En réponse à : Rapport d’Amnesty international : Plus de la moitié des filles dans certaines régions se marient avant l’âge de 18 ans

    Le problème émergent et le plus grave c’est la difficulté de se marier aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Quand vous aurez gagné votre lutte contre le mariage précoce il n’y aura que peu de familles stables. A quoi serviront vos bétons, verres, et ferrailles (voitures et autres) quand les gens seront sans assise sociale solide ? Oui pour les droits, oui pour la santé des femmes ? A BAS LA DESTRUCTION PROGRAMMÉE DE NOS SOCIÉTÉS.

  • Le 27 avril 2016 à 16:56, par Abdallah En réponse à : Rapport d’Amnesty international : Plus de la moitié des filles dans certaines régions se marient avant l’âge de 18 ans

    Messieurs de Amnesty International,merci de revisiter l’article combien édifiant de l’Abbé Jean Emmanuel KONVOLBO en date du 25 février 2016.

  • Le 28 avril 2016 à 15:22, par Le Baron En réponse à : Rapport d’Amnesty international : Plus de la moitié des filles dans certaines régions se marient avant l’âge de 18 ans

    Je joins mon écrit à celui de l’internaute 5 ABDALLAH. seulement, ne vous limitez pas à l’article du bien nommé Ab Jean Emmanuel KONVOLBO du 25 février 2016. Consultez également ses écrits du 29 et 30 mars, 1er avril, 8, 16, 20 et 27 avril.