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Santé : Les communautés contre la schistosomiase

mardi 26 avril 2016.

 

Le jeudi 21 avril 2016 a eu lieu à l’école primaire de Panamasso la restitution d’un atelier participatif sur la schistosomiase, son mode de transmission, ses hôtes intermédiaires et la perception locale de la maladie. Présidée par Hamado Ouédraogo, coordonnateur du programme national de lutte contre la schistosomiase, la cérémonie a connu la participation d’éminentes personnalités au nombre desquelles, les chefs de villages, le représentant du médecin chef du district sanitaire de Dafra, les enseignants du village et les inspecteurs d’enseignement du premier degré qui travaillent avec des enfants, principales victimes de la maladie.

Situé à une trentaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, Panamasso est le village où l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE, Burkina Faso) et son partenaire l’Ecole Polytechnique de Lausanne (EPFL, Suisse) mènent des recherches sur la schistosomiase dans le cadre du projet Eau énergie environnement (3E) Piloté par 2iE. Après deux ans d’études, il leur a semblé opportun aux dires de docteur Théophile Mandé, de marquer une halte afin de faire le bilan de leurs activités à travers un atelier participatif avec un échantillon représentatif de la population de Panamasso.

Selon Dr Mande, l’atelier a essentiellement pour objectif de présenter les résultats de la recherche, de recevoir les retours des populations afin d’intensifier ou encore modifier si besoin la méthodologie de travail afin d’aligner les objectifs de la recherche avec ceux des populations.

Il faut noter que cet atelier vient clore une série d’ateliers qui se sont déroulés sur les trois sites de recherche du projet que sont Tougou (au Nord), Lioulgou (Centre-Est) et enfin Panamasso (Ouest).

La schistosomiase communément appelée Bilharziose est une maladie tropicale négligée très répandue qui touche plus de 200 millions de personnes dans le monde dont la grande majorité se trouve en Afrique subsaharienne. Maladie handicapante, elle sévit bel et bien à Panamasso. En 2014, sur 160 prélèvements, 122 enfants étaient atteints de la maladie (Dr Dakoure). Elle peut dans certains cas entrainer de graves complications sur l’arbre urinaire, des cancers de la vessie, causer des avortements et affecter négativement la virilité. Ces révélations ont été faites au cours d’un atelier de restitution des études qui ont été menées sur la maladie.

Madame Mariam Sanou et Monsieur Marius Sanou représentants des participants à l’atelier, ont témoigné de la présence effective du sang dans les urines et les selles. Ils ont présenté le cycle de contamination de la maladie et les activités à fort risque de contamination que sont : la lessive, la vaisselle et le maraichage aux abords du cours d’eau. Ils ont lancé un vibrant appel à la population afin qu’elle prenne en compte les conseils des agents de santé afin de permettre l’élimination de la maladie.

Il est important de préciser que le schistosome, agent pathogène de la maladie vit dans un escargot aquatique hôte, intermédiaire obligatoire de la schistosomiase. Le schistosome est injecté dans l’eau par l’escargot au cours de la journée et peut traverser le corps de l’homme pour y faire sa demeure.

Hamado Ouédraogo, coordonnateur du centre national de lutte contre la schistosomiase se réjouit des activités de 3E. Il a invité la population à fréquenter les formations sanitaires et à soutenir les chercheurs à travers la sensibilisation. « Le gouvernement mobilise plus de 500 millions de francs pour l’achat des médicaments contre cette maladie pour la région des Hauts-Bassins », a déclaré le coordonnateur Hamado Ouédraogo. Au cours de la cérémonie, la population n’a pas manqué de faire cas de sa préoccupation qui semble aussi bien fondée à savoir, l’utilité incontournable du marigot à travers le jardinage, la pèche et même pour servir d’eau de boisson. Le doctorant Javier Pérez Saez (EPFL) et Dr Dramane Zongo (IRSS) en sont bien conscients mais ils prodiguent des conseils dans le but de diminuer le risque de contracter la maladie. Ces conseils se résument entre autres à porter des bottes pour aller au marigot, à éviter de passer un long moment dans le marigot, à éviter d’uriner ou de déféquer au bord du marigot et surtout à recourir rapidement au centre de santé en cas de suspicion de la maladie.

A en croire le coordonnateur, une campagne de don de produits en l’occurrence le praziquentel sera organisée cette année au grand soulagement de la population.

Emmanuel Sombié
Lefaso.net

Légendes

1°)Les chercheurs, Javier Pérez Saez et Dramane Zongo suggère le port des bottes pour aller au marigot
2°) Hamado Ouédraogo, coordonnateur du centre national de lutte contre la schistosomiase
3°)Docteur Théophile Mandé représentant EPFL du projet 3E
4°)Le cycle du développement du schistosome passe obligatoirement par un escargot.
5°) quelques officiels pendant la cérémonie



Vos commentaires

  • Le 26 avril 2016 à 09:34, par Panama En réponse à : Santé : Les communautés contre la schistosomiase

    Monsieur MANDE,

    Je prends contact avec vous après lecture sur Lefaso.net de l’article, " Santé : Les communautés contre la schistosomiase du mardi 26 avril 2016 ".

    Je suis un ressortissant de Panamasso résidant actuellement en France. Je porte les séquelles de la bilharziose. On connaît mon histoire au village : un enfant passionné de pêche. Ainsi je passais tout mon temps à écumer les bords des deux marigots Yacouba et Sangoulou. Même à 52 ans aujourd’hui, je connais au mètre près les bords, les arbres côtoyant ces cours d’eau.

    C’est dans cet environnement que j’ai dû contracté la schistosomiase. Toute l’année 69 j’ai connu la diarrhée, la dysenterie pour finir par une anémie. J’avais été évacué express par mon ami Le Révérend Père Compagnon à l’hôpital de Bobo. De Juillet 69 à mars 70 j’y suis resté.

    Les séquelles ? un foie diminué, des problèmes de circulation veineuse, une plaie variqueuse que j’ai constamment. Mais Dieu merci j’ai pu poursuivre mes études avec. C’est en partie à cause de cet handicap que je suis resté en France.

    Enfin je me rapproche de vous car je suis une exception, peut-être une personne ressource, un témoin.

    J’ ai à ma façon au village participé à la sensibilisation concernant ce mal qui ronge mon village. Mais les gens de Panamasso sont disons-le en nous excusant réfractaires au regard de l’éducation sanitaire.

  • Le 26 avril 2016 à 10:51, par pauvre et malade que faire ? En réponse à : Santé : Les communautés contre la schistosomiase

    Très bonne initiative et bon courage car les maladies négligées sont des dangers laissés aux victimes que sont les franches très pauvres de nos populations. J’espère seulement que votre recherche produira des résultats utiles pour les populations de Panamasso et les pauvres en géneral.