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Santé de la reproduction au Nord : Des filles mères bénéficient de soutiens multiformes de l’ONG AMMIE

samedi 23 avril 2016.

 

L’Association Appui Moral et Intellectuel à l’Enfant (AMMIE) dans le cadre de la mise en œuvre de son projet « Soutien médical, social et de la promotion de la planification » a jugé utile et nécessaire de commanditer une évaluation externe de la 6ème phase du projet (2013-2016). La restitution de l’évaluation qui a eu lieu au siège de l’association à Ouahigouya en fin de semaine dernière a été positivement appréciée par les bénéficiaires, les partenaires opérationnels et les membres de l’équipe du projet.

L’augmentation du nombre de filles mères dans la région du Nord est de plus en plus préoccupante. En effet au vue des données du service statistique de la direction régionale de l’action sociale du Nord, il ressort que 162 cas de grossesses ont été enregistrés en milieu scolaire au cours de l’année 2015. Cet effectif n’est que la partie visible de l’iceberg dans la mesure où dans beaucoup de localités, des cas existent mais par le fait de l’insuffisance de services de l’action sociale, il est impossible de les comptabiliser. Cette situation est aggravée par la faible utilisation des services de la santé de la reproduction existants par les jeunes. Elle est plus marquée dans la province du Yatenga où on dénombre un fort taux de grossesses non désirées avec un nombre relativement important d’avortements spontanés et clandestins : 521 cas d’avortements spontanés et 27 cas d’avortements clandestins selon l’annuaire statistique 2014 du Ministère de la santé.

Des actions concrètes au profit de jeunes filles

Vu que le phénomène prend de l’ampleur, AMMIE avec l’appui financier de son partenaire helvétique IAMANEH mène depuis quelques années plusieurs actions sur le terrain afin de contribuer un tant soit peu à la lutte contre le phénomène. Améliorer la situation sanitaire, économique et psychosociale d’une soixantaine de filles mères et leurs enfants, et limiter les risques de grossesses non désirées chez les adolescentes et les jeunes de 12 à 19 ans dans les communes de Ouahigouya, Séguénéga, Kossouka, et Oula d’ici fin 2016, tel est l’objectif global de départ visé par le projet « Soutien médical, social et de la promotion de la planification » qui a été évalué.

L’évaluation externe commanditée par AMMIE et réalisée par le Dr Korgo Pascal et son équipe a eu pour but d’apprécier le bilan de la mise en œuvre du projet et son adéquation entre les objectifs et les activités menées. En outre, l’étude devait se pencher aussi sur l’acceptabilité du projet par les bénéficiaires mais surtout de formuler des recommandations pour la pérennisation des acquis et la réorientation des activités. Les évaluateurs ont pu s’entretenir avec 34 filles mères du secteur informel et du milieu scolaire et 37 pairs éducateurs qui ont pour rôle d’amener leurs camarades à changer de comportements par des causeries de proximité sur des thèmes liés à la santé de la reproduction.

Un impact avéré du projet sur les bénéficiaires

Sur l’ensemble des filles bénéficiaires enquêtées, plus de 97% affirment que les activités du projet leur ont permis d’avoir une sexualité responsable. L’étude a fait ressortir entre autres que la scolarisation est l’activité qui occupe la majorité des filles mères. En effet sur un effectif de 56 jeunes filles, une trentaine fréquente l’école au primaire et au secondaire, et au niveau de leurs enfants, le taux de scolarisation est de 100%. L’un des principaux axes de la mise en œuvre du projet est de rendre autonomes les filles mères à travers des activités économiques. Bien qu’ayant rencontré des difficultés dans l’exécution de ces activités, certaines filles mères ont réussi à rentabiliser leurs activités. En effet, 82,30% de celles-ci affirment que les activités économiques leur permettent d’être un tant soit peu autonomes et leur permettent d’avoir une petite dignité dans la famille, contre 27,70% qui affirment n’avoir pas tiré de bénéfice de ces activités.

Néanmoins quelques insuffisances ont été relevées et s’articulent autour du nombre limité de filles enrôlées dans le projet alors que le phénomène est important, la fréquentation des sites par certaines filles mères qui rend difficile la mobilisation pour des activités du projet dans les communes rurales notamment à Séguénéga.

Des pistes d’amélioration pour la continuité du projet

Afin de pérenniser le projet, des suggestions ont été faites allant du recrutement des pairs éducateurs à la prise en charge pour les filles démunies dans la mesure où la vulnérabilité est un facteur majeur des grossesses non désirées. En conclusion à la suite de l’exposé des résultats de l’évaluation, le Dr Korgo Pascal en sa qualité de consultant principal a laissé entendre que la plupart des indicateurs du projet affichent un bon taux de réalisation avec un déroulement des activités en conformité avec la planification du projet. C’est pourquoi les consultants ont recommandé la continuité du projet avec une recherche d’autres potentiels bailleurs afin d’élargir le champ du projet aux autres communes de la région du Nord et s’orienter aussi vers d’autres domaines de la santé de la reproduction. Au terme des échanges, Hamidou Salogo coordonnateur du projet au nom de Cécile Béloum présidente de AMMIE et de tout le conseil d’administration s’est dit satisfait du travail réalisé et des résultats avant de remercier les partenaires opérationnels et le principal bailleur IAMANEH/Suisse pour son appui qui a permis de résoudre énormément les préoccupations des filles mères dans la région. « Nous pensons que les apports et suggestions qui ont été faits vont contribuer à renforcer davantage les acquis du projet et nous permettre de reformuler la 7ème phase du projet (2016-2019) », a laissé entendre M. Salogo.

Yann NIKIEMA
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 25 avril 2016 à 12:46, par sidzabda En réponse à : Santé de la reproduction au Nord : Des filles mères bénéficient de soutiens multiformes de l’ONG AMMIE

    généralement venues des villages pour fréquenter en ville ces filles sont confiées à des tuteurs ou sont simplement en location parce que très dévergondées le tuteur a fini par se désengager. loin des parent elles sont livrées aux prédateurs qui abusent d’elles pour un plat de riz ou pour une boule de savon.ce phénomène est très récurant au nord et interpelle la responsabilité des parents pour une éducation de base plus responsable surtout des filles. pour une paternité responsable il est impératif pour chaque parent de prendre en main l’éducation sexuelle de sa progéniture et veiller à subvenir aux besoins des enfants surtout des filles qui sont exposées aux multiples dangers. Quant aux jeunes filles , elles doivent se mettre en tétè que comparaison n’est pas raison ; fille de paysan admise au lycée , n’implique pas que tu es dispensée de la corvée eau, exemptée au tot à la sauce de gombo sec , lessive nocturne car ne disposant pas de plusieurs tenues .Elle doit extirper de sa tête l’envie d’avoir un portable de dernier cri, boire des jus frais à la récréation pour accompagner son sandwich. Quant à l’État il faut se dire la vérité ; il ne suffit pas de créé des lycée tout azimut ; il faut des mesures d’accompagnement. J’ai fréquenté au collège sainte marie dans les année 80 mais les filles enceintes au collèges n’étaient pas légion car l’on y recevait une éducation de qualité et toutes celles qui sont issues de ce milieu sont des femmes responsables aujourd’hui.
    Je préfère garder ma fille auprès de moi faire d’elle une bonne femme au foyer que de l’envoyer en pâture . Une fois dans cette état il est souvent rare de se ressaisir pour une nouvelle orientation.Au milieu moaga certaines pratiques comme la bannissement des filles mères ont été décriées, pourtant ces pratiques contribuaient à règlementer la sexualité des filles au moins jusqu’à l’age mature.