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Eau potable et en assainissement : Le programme présidentiel en marche depuis Kougsin

vendredi 1er avril 2016.

 

C’est sous le thème : « Faire du droit à l’eau potable et à l’assainissement une réalité au Burkina : le Gouvernement s’engage » que le président du Faso, Roch Kaboré a lancé son programme axé sur le volet eau potable et assainissement tranche annuelle 2016. La cérémonie de lancement a eu lieu le jeudi 31 mars 2016, dans le village de Kougsin, commune de Sourgou, province du Boulkiemdé dans la région du centre-ouest.

À la fin de l’année 2015, le taux d’accès à l’eau potable était de 65% en milieu rural et 89,9% en milieu urbain. Celui de l’assainissement de 11% en milieu rural et 34,2% en milieu urbain. Des indicateurs qui indiquent qu’il faut redoubler d’efforts pour l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD).

La réduction des inégalités grâce à une politique de protection sociale, de renforcement du système de santé, de l’accès de tous à l’éducation, à l’eau potable et à l’assainissement est un axe majeur et stratégique du président du Faso dans la mise en œuvre de son programme « Bâtir avec le peuple un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice ». La mise en œuvre de ce programme pour le volet eau potable et assainissement tranche 2016, consistera en la réalisation d’ouvrages d’eau potable et d’assainissement. Il permettra au gouvernement de relever les objectifs en termes d’accès à l’eau potable et à l’assainissement qu’il s’est fixé pour l’année et des mesures d’accompagnement qu’il mobilisera à ce sujet. Faire du droit à l’eau potable et à l’assainissement une réalité, est l’objectif global recherché. Il s’agit aussi de partager les orientations du gouvernement dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement ; susciter l’implication des partenaires techniques et financiers dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable(ODD) dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement ; sensibiliser les populations pour une utilisation rationnelle de l’eau potable et à l’adoption de meilleures pratiques en matière d’hygiène et d’assainissement.

Les moments forts de la cérémonie consacrant le lancement officiel du programme présidentiel, dans son volet eau potable et assainissement étaient constitués par des animations culturelles, d’une visite de stands d’exposition, la matérialisation de l’acte symbolique de lancement, la remise de 06 barriques à des villages, et trois discours.

Et l’honneur est revenu au gouverneur de la région du centre-ouest, Alizeta Dabire de commencer la série des discours. Elle a souhaité la bienvenue au président du Faso ; aux ministres ; aux présidents d’institutions ou leurs représentants ; aux partenaires techniques et financiers... « Dans la région du centre-ouest, la problématique de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement semble trouver une réponse appréciable ces derniers temps grâce aux efforts soutenus du gouvernement, des partenaires techniques et financiers, des ONG(Organisations non-gouvernementales),des associations à travers la mise en œuvre du programme national d’approvisionnement en eau potable...Selon l’inventaire national des ouvrages d’eau potable et d’assainissement effectué en décembre 2015, notre région a enregistré la réalisation de 5667 latrines familiales. Elle compte 3986 pompes et bornes fontaines fonctionnelles et 80 systèmes d’adduction d’eau potable. Le taux d’accès à l’eau potable de la région est de 67,8% en milieu rural » a-t-elle fait remarquer. Elle a lancé un appel en direction de tous les acteurs intervenant dans le domaine de l’eau et de l’assainissement à redoubler d’efforts afin que « Nous puissions faire de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement un droit effectif ».

La représentante de la BAD (Banque africaine de développement) au Burkina Faso, Antoinette Batumbwira, chef de file des partenaires techniques et financiers eau et assainissement au Burkina Faso a salué les efforts du gouvernement : « Les partenaires techniques et financiers félicitent le gouvernement du Burkina Faso pour la création d’un ministère entièrement dédié à l’eau et à l’assainissement en vue de faire face aux grands défis liés à ce secteur. Ce choix est d’autant justifié que les objectifs du développement durable visent entre autres, l’accès universel à l’eau et à l’assainissement en 2030. Les partenaires techniques et financiers voudraient également saluer la relecture de la politique nationale de l’eau et la formulation en cours des programmes y relatifs à l’horizon 2030 ; la constitutionnalisation du droit à l’eau et à l’assainissement... Nous faisons face à d’importants défis pour l’accès à l’eau potable et l’assainissement des populations burkinabè dont les attentes sont énormes en la matière. En effet, en fin 2015, seuls 65% et 12% des populations en milieu rural avaient respectivement accès à l’eau potable et à l’assainissement. Aussi et au vu des expériences vécues dans le cadre de l’exécution des projets et programmes du secteur, voudrais- je rappeler, l’objectif ultime étant de mettre l’eau et l’assainissement à la disposition des populations, que l’amélioration et la simplification des procédures de passation des marchés publics sont indispensables pour une rapide amélioration des taux d’accès, du fait que les investissements sont seulement réalisables neuf mois sur douze dans l’année, si bien que les taux d’exécution physique et financière ne sont pas toujours à la hauteur de nos attentes », a-t-elle fait savoir.

Pour le ministre de l’eau et de l’assainissement, Ambroise Ouédraogo l’eau est : " Une denrée rare pour des pays comme le nôtre dont le contexte géographique et climatique le classe parmi les pays à stress hydrique rendant son accès à tous un défi. Il devient alors impératif d’assurer un approvisionnement durable en eau potable de notre pays ainsi que des services d’assainissement adéquats". Pour lui le choix du thème :" Faire du droit à l’eau potable et à l’assainissement une réalité au Burkina Faso : le gouvernement s’engage" dénote de la volonté gouvernementale : "d’imprimer un souffle nouveau à la dynamique déjà en cours dans ce secteur". Cependant : "Force est de constater qu’en dépit des efforts de l’État et de ses partenaires, malgré les nombreux acquis engrangés dans le cadre de la mise en œuvre du PN-AEPA (Programme national d’approvisionnement en eau potable et assainissement) au cours de la période 2007-2015, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement n’ont pas été atteints au Burkina Faso" dira-t-il. Il a félicité le président du Faso pour son engagement dans la lutte pour l’accès des populations à l’eau potable et à l’assainissement en levant un pan du programme présidentiel. C’est ainsi qu’il a cité : la réalisation de 7500 forages neufs, 306 puits modernes à grand diamètre, 500 réseaux d’adduction d’eau potable simplifiés pour tous les chefs- lieux de communes rurales, la réhabilitation de 2500 forages, 400 réseaux d’adduction eau potable simpliés. En milieu urbain, il est prévu 4000 km de réseaux supplémentaires d’adduction d’eau potable, la production de 85000 m3/j d’eau potable supplémentaires. Dans le sous-secteur de l’assainissement des eaux usées et excrétas, il s’agit de faire en sorte que la population rurale ait accès aux services d’infrastructures d’assainissement.

Il a rappelé l’inscription d’une ligne budgétaire sur ressources propres de l’État à hauteur de 9 milliards de FCFA pour la mise en œuvre du Programme d’urgence 2016 dans le secteur de l’eau et l’assainissement. "Je voudrais vous assurer que les engagements du ministère ne s’arrêteront pas là et consisteront en d’autres actions fortes... Bientôt, il sera lancé le vaste chantier de l’accès universel et durable aux services d’eau et d’assainissement au Burkina Faso. Pour ce faire, nous allons nous atteler au cours des mois à venir, aux actions suivantes : boucler le processus de finalisation et d’adoption de la politique en matière d’eau et d’assainissement à l’horizon 2030 ; valider les programmes sectoriels à l’horizon 2030 afin de rendre opérationnelle la politique nationale de l’eau ; mettre en place une stratégie de partenariat public-privé et assurer une meilleure tarification en vue d’assurer une équité du prix de l’eau ; renforcer la gouvernance du secteur de l’eau et de l’assainissement ; adopter et accélérer la mise en œuvre de la feuille de route pour l’assistance à la maîtrise d’ouvrage communale" foi du ministre Ambroise Ouédraogo.

La cérémonie fut l’occasion pour le chef de l’État, Roch Kaboré de s’adonner à un exercice de lavage des mains en présence des populations. Un exemple qu’elles gagneraient donc à suivre. C’est une visite de stands d’exposition de la littérature et des objets liés à l’eau et à l’assainissement qui a mis fin à la cérémonie.

Angelin Dabiré
Lefaso.net

Propos recueillis

Roch Kaboré, président du Faso  :<<Dans le programme que nous avons mis en œuvre, l’un des aspects qui avait déjà été soulevé, c’est la lourdeur des mécanismes de passation des marchés. Cela fait que le taux d’absorption des crédits que nous avons n’est pas au bon niveau. Le gouvernement s’est déjà engagé avec des instructions qui ont été données aux ministres des finances pour que très rapidement, nous puissions revoir ces mécanismes pour les alléger et faciliter la prise en charge de tous nos engagements. Aussi bien vis-à-vis des partenaires qui nous donnent de l’argent, que du peuple burkinabè qui a beaucoup d’attentes. Dans les prochains jours, vous verrez les nouveaux textes que nous prendrons en la matière.

Est-ce que dans un délai proche, les journalistes peuvent aller sur le terrain pour vérifier si ce qui a été promis est réalisé ?

Nous souhaitons que ce soit comme cela. Parce que, nous pensons que nous devons assurer réciproquement le contrôle des engagements que nous prenons. C’est vrai que nous sommes venus lancer ici à Kougsin le programme d’urgence concernant l’eau et l’assainissement. Mais nous souhaitons que les journalistes puissent également aller sur le terrain dans trois mois pour constater réellement ce qui a été fait. Cela vous permet de nous féliciter ou de nous critiquer pour dire que les choses ne vont pas aussi bien que souhaitées. Mais, je crois que vous pouvez vous rassurer. Nous avons pris des dispositions pour que les engagements soient tenus.

Quelles sont les actions prioritaires que vous comptez mener ?

Nous avons décliné un programme sur plusieurs points. D’abord nous avons pris notre programme sur le plan de l’éducation. Nous devons renforcer la formation et l’éducation des burkinabè. Et de ce point de vue, nous avons un programme qui est mis en œuvre aussi bien par la construction de CEG (Collèges d’enseignements général), de lycées et également dans le fait qu’il ne doit plus y avoir d’écoles sous paillotes dans notre pays. Nous allons donc commencer à régler ces questions dès cette année 2016.

Nous avons également posé les problèmes qui concernent l’eau. C’est le programme que nous lançons aujourd’hui. La santé aussi est une priorité dans le cadre du capital humain que nous voulons renforcer. Au niveau de la santé, nous avons déjà pris un certain nombre de mesures, concernant les femmes. Ce sont les mesures de gratuité de l’accouchement, de la césarienne, la gratuité dans la prévention sur le cancer du sein, du col de l’utérus... C’est pour dire que sur ces points, les engagements sont déjà pris et nous allons poursuivre les cinq ans à venir, la prise en charge d’un certain nombre d’engagements que nous avons prévus.

Enfin, je dois vous dire également que dans le domaine agricole, nous avons déjà commencé l’aménagement d’un certain nombre de sites dont vingt mille hectares que vous avez suivi la fois dernière, le lancement avec le ministre de l’agriculture, qui rentre en parfaite ligne avec les prévisions du gouvernement dans le cadre de l’autosuffisance alimentaire et le fait que il nous faut faire en sorte que les jeunes puissent s’intéresser aussi bien au secteur de l’agriculture que de l’élevage.
Nous avons également en priorité, le chômage des jeunes. Et c’est ainsi que des mesures sont engagées dans le sens de recrutement des enseignants. Plus de quatre mille enseignants seront recrutés.

Nous avons aussi deux personnes que nous recrutons par village en soutien à la prévention contre les maladies. Ce qui va nous permettre de recruter environ seize mille jeunes dans ce cadre. Hier en conseil des ministres dans le cadre de l’activité des infrastructures, un programme qui va permettre de recruter neuf mille jeunes, sans compter ce que la fonction publique recrute annuellement dans notre pays.

Je dois souligner que nous avions hérité d’une situation un peu chaotique au plan de la gestion de l’État, ce qui fait que forcément, cette année va être une année de remise en route du budget de l’État. Nous avons actuellement déposé au niveau de l’Assemblée nationale, un projet relatif à la relecture du budget de l’État. Nous comptons à partir de l’année prochaine pouvoir avoir environ 100% de notre régime d’engagements que nous pris avec les burkinabè

Zéro corvées d’eau d’ici à 2020. Est-ce que cela est possible ?

C’est l’engagement que nous avons pris. Et si vous avez suivi, l’engagement déjà pour nous, c’était de réaliser sur cinq ans mille cinq cent forages. Nous en faisons déjà, mille cent la première année. Ce qui signifie que le programme sera largement dépassé en matière d’eau. En matière d’assainissement, nous allons faire cette année, trente-quatre mille latrines en milieu rural. Ça veut dire que, petit à petit, nous pensons que d’ici 2020, même si nous ne faisons pas les 100% de notre programme national, nous aurons avancé à plus de 80% de ce programme.

Alassane Samoura, fondateur et directeur du Musée de l’Eau :<<Le Musée de l’Eau, c’est un espace dans lequel on essaie de valoriser l’eau, dans toute sa dimension holistique. C’est à dire aux plans culturels, sociologiques, anthropologiques et économiques, historique, cosmogonique etc. Le Musée de l’Eau est aussi un espace de valorisation du patrimoine matériel et immatériel de l’eau. J’entends par patrimoine matériel, tout ce qui est ustensiles, objets, récipients de collecte, de transport, de stockage et de prélèvement de l’eau. La partie immatérielle, c’est l’eau qu’on retrouve dans les contes, les fables, les mythes, les récits...En plus de cela, le musée présente d’autres aspects comme l’eau, l’hygiène et l’assainissement, l’eau et les pompes. Parce que dans le musée de pompe, on a 47 modèles de pompes et de robinets. On collecte aussi les différents robinets et les technologies qui ont permis de faire l’exode de l’eau.

On a également l’eau dans l’art social. C’est à dire, l’eau qui permet d’attirer l’attention des gens sur toute la partie littérature, théâtre, comédie, marionnettes qui permet de sensibiliser les gens sur la problématique de l’eau. Actuellement, on a 500 symboles sur l’eau. L’eau symbole d’inspiration, d’accueil, de génération, de conflit. Il y a toujours la dialectique des symboliques. Quand vous prenez l’eau dans sa phase positive, vous la retrouverez également dans sa phase négative. Exemple, l’eau symbole de paix et l’eau symbole de conflit ; de vie et de mort...C’est un peu ça la force de l’eau. Elle a toujours cette ambivalence, cette dualité à montrer qu’elle est insaisissable, sacrée et mythique.

Le Musée de l’Eau c’est aussi les événementiels. C’est à dire la journée mondiale de l’eau ; des toilettes ; des lavages des mains ; les décorations des grandes salles à partir des ustensiles ; des objets d’eau. C’est aussi attirer l’attention des populations sur tout ce qui peut concerner la collecte ; le gaspillage de l’eau ; sa préservation ; le lavage des mains... Ce sont autant de questions qu’on aborde au Musée de l’Eau. Le Musée de l’Eau, c’est vraiment toute une transversale atypique qui est unique en Afrique et qu’il va falloir booster parce qu’on a besoin de soutien afin que ce musée qui est une initiative privée grandisse.

Wendemi François Régis, hygiéniste sanitaire en fonction à la direction générale de l’assainissement :<<Comme vous le savez, c’est le lancement du programme du président dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Vous savez que c’est le ministère de l’eau et de l’assainissement qui a en charge ces questions. Donc, il était opportun pour nous, d’animer un stand pour faire connaître la direction générale qui s’occupe des questions d’assainissement. On trouve dans notre stand, des documents, des guides, des prospectus...pour faire connaître notre service. Il y a aussi des prospectus pour montrer aux gens, les techniques de lavage des mains. On pense que c’est évident, alors que ce n’est pas sûr que tout le monde sache pourquoi il faut se laver les mains. Il y a un jeu de questionnaire qui accompagne notre présentation. Le visiteur tire une question à laquelle il répond. Lorsqu’il répond juste, il a droit à des cadeaux tels des sacs, des tee-shirts, des documents.

Angelin Dabiré
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