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Mineurs en conflit avec la loi : Bobo-Dioulasso a désormais un centre de rééducation et d’insertion professionnelle

mercredi 23 mars 2016.

 

Finie donc l’incarcération des mineurs dans des conditions qui ne répondent pas aux normes nationales et/ou internationales. C’est en effet, le moins qu’on puisse dire avec l’inauguration, ce lundi 21 mars 2016, du Centre de rééducation et de formation professionnelle des mineurs en conflit avec la loi (CERMICOL) à Bobo-Dioulasso. L’initiative est de l’ONG Terre des Hommes/Italie avec le soutien financier de la Coopération italienne, de la Principauté de Monaco et du Programme d’Appui à la Politique nationale de Justice. La cérémonie inaugurale a eu lieu, en présence de René Bagoro, ministre de la Justice.

Le Centre de rééducation et de formation professionnelle des mineurs en conflit avec la loi (CERMICOL) est le fruit d’une grande collaboration entre le Ministère de la Justice du Burkina et la Coopération italienne. Il est bâti sur une superficie de plus de quatre hectares avec une capacité d’accueil de soixante personnes dont 12 filles. Situé à Koumi, village distant d’une quinzaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, il permettra, selon le ministre René Bagoro, de garantir aux mineurs en conflit avec la loi dans le ressort de la Cour d’Appel de Bobo, un accès aux mesures alternatives à l’emprisonnement ferme et leur pleine réinsertion sociale.

Le CERMICOL dispose de tout le confort. Il est composé d’un bâtiment administratif, médical, sanitaire, sécurité, d’un bloc de formation en salle et en atelier, d’un restaurant, d’un site d’hébergement, d’un local technique, d’un moulin et biens d’autres aménagements. Un centre qui offre de grandes opportunités d’apprentissage de métiers tels que la soudure, la menuiserie, la couture, la mécanique, l’électricité. A cela s’ajoutent des cours spécifiques qui pourront être organisés en fonction des orientations individuelles ou collectives, dont entre autres : l’informatique, la restauration, l’élevage, l’agriculture, la savonnerie, le tissage, le batik, la plomberie… Ces connaissances acquises sur la gestion d’une activité professionnelle aideront, sans doute, à une meilleure prise de conscience des mineurs, selon René Bagoro, et partant à la mise en œuvre d’un projet individuel de réinsertion sociale.

Réduire les risques de récidives

Le CERMICOL est un projet muri depuis 2013. Pour mémoire, rappelle Laura Amore, représentante résidente de l’ONG Terre des Hommes/Italie, c’est à la faveur d’échanges entre sa structure et le ministère de la Justice autour des mesures du plan d’action de la Politique nationale de Justice relative à la création et l’équipement de centre d’accueil pour mineur en conflit avec la loi qu’est né l’ouverture de celui de Bobo-Dioulasso dans la région de Hauts-Bassins. « Il est, enfin, une réalité » se réjouit la Représentante et il permettra, poursuit-elle, « à l’Etat Burkinabè à travers ses magistrats d’appliquer les textes nationaux et les conventions internationales en matière de traitement des mineurs en conflit avec les lois ». Laura Amore a, en outre, foi que le Centre va changer en bien la vie de nombreux jeunes destinés à purger une peine dans des conditions non appropriées et surtout exposés au risque de la récidive car non encadrés et non accompagnés au moment de la sortie des maisons d’arrêt.

CERMICOL, un espoir pour l’abolition de la peine d’emprisonnement des mineurs au Burkina

Le CERMICOL, indique Bruno Gentile de la Coopération Italienne, se doit, grâce à la qualité des infrastructures, mais aussi à la compétence de son personnel et l’efficacité de ses stratégies, de devenir un exemple pour la région Ouest-africaine, voire au-delà. « Nous voudrions bien pouvoir dire un jour d’avoir contribué par la dotation à l’Etat Burkinabè d’un pareil centre, à l’abolition de la peine d’emprisonnement des mineurs et à la transformation d’une justice répressive à une justice de réhabilitation pour les mineurs en conflit avec la loi », formule Burno Gentile. Le centre qui est étatique, créé par décret présidentiel devra, à son avis, faire ses épreuves de garantir un parcours éducatif individuel. Et Laura Amore de fonder l’espoir que plus jamais aucun enfant ne sera incarcéré dans les maisons d’arrêt où les conditions de détention ne répondent pas aux dispositions régissant le traitement des mineurs en conflit avec la loi, sur le plan national comme international.

La réussite de cette mission, souligne-t- elle, dépendra de la contribution de la police, de la gendarmerie, des magistrats, des avocats, des travailleurs sociaux, des associations, des ONG, des familles d’origine des mineurs et de bien d’autres pour une bonne réinsertion de l’enfant en conflit avec la loi.

Bassératou KINDO
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