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Incivisme et défiance de l’autorité de l’Etat : Où allons- nous ?

vendredi 18 mars 2016.

 

Ce qui se passe présentement au pays des "Hommes intègres" ne trompe pas les observateurs avertis. L’heure est grave ! Le ver est incontestablement dans le fruit. Entre incivisme plus que galopant et défiance à outrance de l’autorité de l’Etat, on ne peut que se rendre à l’évidence d’une chose : les fondements de notre jeune démocratie sont en danger. Et en pareille situation, seul le respect par tous des principes communautaires auxquels chacun à librement consenti pour vivre dans la société burkinabè doit être de mise.

Le malaise que vit actuellement la société burkinabè est profond. En effet, il suffit de décrypter certains actes et faits qui parlent d’eux-mêmes pour se rendre à l’évidence. L’heure est grave ! Avez-vous déjà rencontré en circulation des citoyens normaux qui parlent et gesticulent seuls ? Cela est symptomatique de la situation de détresse que vivent beaucoup de Burkinabè. Les problèmes socio-économiques quotidiens assaillent les uns et les autres tandis que la possibilité d’y faire face est nulle pour la plus grande majorité des populations. C’est cette réalité entre autres que beaucoup de rapports ont fait ressortir. Pour ce qui est de la répartition équitable des fruits de la croissance, les uns mangent et les autres regardent. Alors que c’est connu que c’est ainsi que naissent les révolutions. Cette situation va-t-elle changer ? Cette injustice sociale entre autres raisons aura réussi à affaiblir considérablement l’autorité de l’Etat. C’est sans doute conscient de cela que le nouveau Président élu dans son premier discours à la nation avait promis une meilleure redistribution des fruits de la croissance, annoncé les couleurs et sifflé la fin de la récréation au sujet de l’anarchie, de l’incivisme et de la défiance de l’autorité de l’Etat.

Cependant, au vu de ce qui se passe actuellement, on attend toujours de voir au-délà des paroles, des actions fortes de réprise en main de la situation et qui montrent véritablement qu’il y a un capitaine à bord du navire battant pavillon burkinabè. En effet, pour un oui ou pour un non, des groupes se constituent pour défier en permanence l’autorité dans ses prises de décisions. C’était encore récemment le cas avec ces élèves de Diapaga et de Fada N’gourma qui ont manifesté en faisant des saccages au passage pour exiger la libération de présumés élèves-violeurs détenus. Que dire des koglwéogo qui n’ont cessé de poser toutes sortes d’actes condamnables comme à Sapouy avec l’assassinat d’un répris de justice, à Léo avec l’arrestation et l’enlèvement d’un catéchiste qui a refusé de leur verser une amende et à Fada N’gourma pour exiger la libération des leurs, allant jusqu’à menacer ouvertement d’attaquer une gendarmerie. Voilà aussi que pour avoir demandé aux Koglwéogo de libérer sa région, la tête du gouverneur de la région de l’Est, Hyacinthe Yoda est mise à prix et Fada Ngourma devenu un "far-west" par suite de manifestations violentes. Et les jours et mois à venir risquent d’être encore plus chauds avec l’ultimatum donné aux vendeurs d’essence installés aux abords des voies et aux taximen utilisant le gaz butane comme carburant à cesser ces pratiques. Qui connaît le raisonnement et la mentalité de cette catégorie de citoyens burkinabè, sait que la tâche ne sera pas aisée pour le ministre Simon Compaoré en charge de la sécurité intérieure.

Le pays dit des "Hommes intègres" a mal à son intégrité et il ne s’agit plus de faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes possibles. Il faut une thérapie de choc pour changer la donne et récadrer les choses. Des valeurs jadis partagées telles la solidarité, le don de soi, la justice et l’honnêteté, l’amour du travail et bien d’autres choses ne sont plus que chimères. Oui,l e pays après avoir vécu son insurrection est à la croisée des chemins. Demain sera-t-il mieux que hier et aujourd’hui ? Les régards sont alors tournés vers le nouveau pouvoir qui n’a pas le droit d’échouer. Car alors, les portes de l’enfer risquent de s’ouvrir grandement pour ce pays comme l’a prédit Laurent Bado. A chacun donc de jouer sa partition pour le développement et la prospérité du Burkina Faso et non ramer à contre courant de l’intérêt général.

Angelin Dabiré
Lefaso.net



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